« La courtoisie ne coûte rien, mais achète tout » (Proverbe ukrainien)

L'un des principes fondamentaux du droit
diplomatique est l'immunité accordée aux diplomates. L'article 29 de la
Convention de Vienne sur les relations diplomatiques stipule que les
agents diplomatiques ne peuvent être soumis à aucune forme d'arrestation
ou de détention. Le traitement hostile de Zelensky par Trump dans le
Bureau ovale pourrait être considéré comme une violation de ce principe,
même s'il ne constitue pas nécessairement une infraction légale
De plus, l'article 22 de la Convention établit l'inviolabilité des
locaux de la mission diplomatique. Bien que l'incident ne se soit pas
produit dans une ambassade, le principe d'inviolabilité souligne
l'importance du respect et de la protection accordés aux représentants
diplomatiques.
L'article 3 de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques
définit les fonctions d'une mission diplomatique, qui comprennent la
représentation de l'État accréditant, la protection des intérêts de cet
État et de ses ressortissants, et la négociation avec le gouvernement de
l'État accréditaire. Le comportement de Trump envers Zelensky pourrait
être interprété comme entravant ces fonctions diplomatiques.
De même, l'article 5 de la Convention de Vienne sur les relations
consulaires énumère les fonctions consulaires, notamment la protection
des intérêts de l'État d'envoi et l'assistance à ses ressortissants.
L'approche de Trump pourrait être perçue comme compromettant ces
fonctions.
L'article 40 de la Convention sur les relations consulaires stipule que
"L'État de résidence traite les fonctionnaires consulaires avec le
respect qui leur est dû et prend toutes mesures appropriées pour
empêcher toute atteinte à leur personne, leur liberté et leur dignité". L'attitude agressive de Trump envers Zelensky pourrait être considérée comme une violation de ce principe
Implications pour les relations internationales
Cet incident met en lumière la tension entre la realpolitik et les
principes du droit diplomatique. Il soulève des questions sur la manière
dont les dirigeants interagissent sur la scène internationale et sur le
respect des normes diplomatiques établies.
Le comportement de Trump pourrait potentiellement affecter la confiance
dans les institutions internationales et les pratiques diplomatiques
établies. Il rappelle l'importance de maintenir des normes de conduite
diplomatique, même dans des situations de conflit, pour préserver
l'ordre international fondé sur des règles.
Ne constituant pas nécessairement une violation directe du droit
diplomatique, ce clash soulève des questions importantes sur
l'interprétation et l'application des principes diplomatiques dans le
monde moderne. Il met en évidence la nécessité de réaffirmer
l'importance du respect mutuel et de la courtoisie dans les relations
internationales, principes fondamentaux du droit diplomatique et
consulaire par définition, le traitement des chefs d'État étrangers.
Ce comportement a donc été problématique à plusieurs égards :
- La Convention de Vienne sur les relations diplomatiques de 1961
établit des normes de respect mutuel entre représentants d'États. Le
fait de de "crier" sur un chef d'État étranger et de l’invectiver dans
le Bureau ovale va à l'encontre de ces principes de courtoisie
diplomatique.
- L'article 29 de la Convention de Vienne stipule que la personne
de l'agent diplomatique est inviolable. Bien que Zelensky ne soit pas un
diplomate au sens strict, en tant que chef d'État, il bénéficie d'une
protection similaire. Le traitement hostile qu'il a subi pourrait être
interprété comme une atteinte à sa dignité.
- Les pressions exercées sur Zelensky pour qu'il négocie avec la
Russie selon des termes spécifiques pourraient être considérées comme
une ingérence dans les affaires intérieures de l'Ukraine, ce qui est
contraire aux principes du droit international.
Un “bullying" qui ne dit pas son nom.
Bien que le terme "bullying" ne soit pas un concept juridique précis
en droit international, le comportement décrit présente des
caractéristiques qui s'apparentent à effectivement à de l'intimidation
ou du harcèlement :
- Utilisation d'une position de pouvoir pour exercer une pression indue
- Comportement agressif et hostile
- Tentative de coercition pour obtenir un résultat spécifique
Ces éléments correspondent aux définitions courantes du bullying.
La notion de contrepartie représente un élément central dans l'analyse du bullying, constituant souvent la motivation sous-jacente aux comportements d'intimidation. Cette dimension mérite une attention particulière car elle permet de distinguer entre négociation légitime, inhérente à la diplomatie, et coercition abusive relevant du bullying. La récente confrontation entre Trump et Zelensky, notamment concernant des allégations de demandes relatives aux terres rares ukrainiennes, offre un cas d'étude révélateur des problématiques éthiques et juridiques soulevées par de telles pratiques.
Si l'on compare cette situation à d'autres cas historiques, on peut établir un parallèle avec les pressions exercées par des puissances coloniales pour l'accès aux ressources naturelles de territoires plus faibles. Plus récemment, on peut évoquer les accusations portées contre la Chine concernant sa "diplomatie du piège de la dette" en Afrique, où des prêts considérables seraient accordés en échange d'accès privilégiés aux ressources naturelles. Ces cas partagent une caractéristique commune avec la situation Ukraine-États-Unis : l'asymétrie de pouvoir entre les parties et l'utilisation de leviers de pression (aide militaire, prêts financiers) pour obtenir des avantages économiques.
La particularité du cas ukrainien réside dans le contexte de vulnérabilité extrême du pays, engagé dans un conflit existentiel avec la Russie et donc vitalement dépendant du soutien américain. Cette dépendance crée une situation où le refus de la contrepartie demandée pourrait avoir des conséquences catastrophiques pour la sécurité nationale ukrainienne, renforçant considérablement le caractère coercitif de la demande. De plus, la forme même de la demande, présentée non comme une proposition de partenariat économique normal mais comme une exigence formulée dans un contexte d'intimidation verbale, accentue sa nature problématique du point de vue du droit diplomatique.
La communauté internationale dispose de plusieurs moyens pour réagir à ce type de comportement :
- Condamnation diplomatique : Les autres pays et organisations internationales peuvent exprimer leur désapprobation par des déclarations officielles.
- Résolutions de l'ONU : L'Assemblée générale ou le Conseil de sécurité pourraient adopter des résolutions condamnant ce type de comportement.
- Médiation : Des pays tiers ou des organisations internationales pourraient proposer leur médiation pour apaiser les tensions.
- Renforcement des normes : La communauté internationale pourrait travailler à renforcer les normes de conduite diplomatique.
- Soutien à l'Ukraine : Les autres pays pourraient accroître leur soutien diplomatique et matériel à l'Ukraine pour contrebalancer la pression américaine.
La communauté internationale a un rôle important à jouer pour condamner et décourager de telles pratiques, afin de préserver l'intégrité des relations internationales basées sur le respect mutuel et la courtoisie diplomatique.
Quelle stratégie pour les pays africains ?
Cet incident souligne l'importance pour ces les pays africains et les
pays en développement de repenser leurs stratégies diplomatiques et de
sécurité afin de naviguer dans un environnement international de plus en
plus complexe et imprévisible.
Une stratégie clé pour ces pays serait de diversifier leurs alliances et leurs partenariats internationaux.
En s'appuyant trop lourdement sur une seule grande puissance, comme les
États-Unis, les pays en développement se rendent vulnérables aux
caprices de la politique étrangère de cette nation. Par exemple,
imaginons un pays africain hypothétique, le Zambezi, qui a
traditionnellement compté sur l'aide militaire et économique américaine.
Suite à l'incident Trump-Zelensky, le Zambezi pourrait décider de
renforcer ses liens avec l'Union européenne, la Chine et l'Inde, tout en
développant des alliances régionales plus solides avec ses voisins
africains. Cette approche multidirectionnelle permettrait au Zambezi de
maintenir une position plus équilibrée et résiliente sur la scène
internationale.
Une autre stratégie cruciale serait de renforcer l'autonomie nationale et régionale.
Les pays africains et en développement pourraient investir davantage
dans leurs propres capacités de défense et de sécurité, ainsi que dans
le développement d'industries stratégiques. Prenons l'exemple fictif du
Sahelia, un pays d'Afrique de l'Ouest qui, inspiré par les événements
récents, décide de lancer un ambitieux programme de modernisation de son
armée et de développement de son industrie technologique. En
collaborant avec des pays voisins et en attirant des investissements
ciblés, le Sahelia pourrait réduire sa dépendance aux importations
d'armes et de technologies, renforçant ainsi sa position stratégique.
La diplomatie multilatérale offre également une voie prometteuse pour les pays en développement. En s'engageant plus activement dans les forums internationaux comme l'ONU, ces nations peuvent faire entendre leur voix et influencer les décisions mondiales. Imaginons un scénario où un groupe de pays africains, menés par le Nigeria et le Kenya, forme une coalition pour pousser à la réforme du Conseil de sécurité de l'ONU.
Cette initiative pourrait viser à obtenir une représentation
permanente pour l'Afrique, changeant ainsi la dynamique des relations
internationales et donnant aux nations africaines un poids accru dans
les affaires mondiales.
La médiation et la résolution des conflits représentent un autre domaine où les pays africains et en développement peuvent
jouer un rôle crucial. En se positionnant comme médiateurs neutres dans
les conflits internationaux, ces pays peuvent accroître leur influence
diplomatique. Un exemple hypothétique serait celui de l'Éthiopie prenant
l'initiative de médier un conflit complexe au Moyen-Orient, en
s'appuyant sur son expérience de gestion des tensions régionales en
Afrique de l'Est. Cette démarche pourrait non seulement contribuer à la
paix mondiale, mais aussi renforcer le statut de l'Éthiopie en tant
qu'acteur diplomatique majeur.
Enfin, le renforcement de la coopération Sud-Sud offre de nombreuses
opportunités. Les pays en développement peuvent partager leurs
expériences, leurs technologies et leurs meilleures pratiques pour
relever des défis communs. Imaginons un partenariat innovant entre le
Brésil, l'Inde et plusieurs pays africains pour développer des solutions
agricoles durables adaptées aux climats tropicaux. Ce type de
collaboration pourrait non seulement améliorer la sécurité alimentaire
dans ces régions, mais aussi créer de nouveaux modèles de coopération
internationale qui ne dépendent pas des grandes puissances
traditionnelles.
En adoptant ces stratégies multidimensionnelles, les pays africains et
en développement peuvent aspirer à une plus grande autonomie et à une
influence accrue sur la scène internationale. Bien que les défis restent
nombreux, ces approches offrent des voies prometteuses pour naviguer
dans les eaux troubles de la géopolitique mondiale, tout en poursuivant
leurs propres intérêts et objectifs de développement.
Pr ELY Mustapha
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