« Quand deux éléphants se battent c’est l’herbe qui souffre » (Proverbe africain)
La situation actuelle dans la région du Sahel, en particulier au Mali et en
Mauritanie, est complexe, marquée par des défis sécuritaires et l'influence de
grandes puissances telles que l'OTAN et la Russie.
L'Alliance cherche à renforcer sa coopération avec la Mauritanie dans un contexte où la région du Sahel est confrontée à des défis sécuritaires complexes. L'OTAN voit en la Mauritanie un partenaire essentiel, ce qui se reflète dans les programmes de coopération et de renforcement des capacités militaires entre les deux parties. La Mauritanie, de son côté, bénéficie de ces initiatives pour améliorer ses capacités de défense et de sécurité face aux menaces régionales, notamment le terrorisme.
D'autre part, les développements du côté malien révèlent une dynamique différente, avec une implication de la Russie via la société militaire privée Wagner. Les opérations militaires mal coordonnées et les actions brutales contre les Mauritaniens dans la zone frontalière semblent indiquer une volonté de démontrer une présence et une efficacité accrues dans la lutte contre le terrorisme. Cette implication russe à travers Wagner suggère un intérêt de la Russie à étendre son influence dans la région sahélienne, potentiellement au détriment des intérêts occidentaux, y compris ceux de l'OTAN.
Dans ce contexte, les récents incidents frontaliers entre la Mauritanie et le Mali exacerbent les tensions et soulignent les défis auxquels sont confrontés les deux pays. Les allégations d'actions militaires mal coordonnées et les accusations mutuelles de soutien à des groupes terroristes alimentent la méfiance et la frustration. Cependant, les efforts diplomatiques déployés par les autorités maliennes, notamment la décision d'ouvrir une enquête et d'envoyer une délégation à Nouakchott, témoignent d'une volonté de désamorcer la situation et de maintenir des relations de bon voisinage.
Sur le plan stratégique, il est crucial de reconnaître les intérêts divergents des acteurs impliqués. Alors que l'OTAN cherche à consolider sa présence dans la région en coopérant avec la Mauritanie, la Russie, à travers Wagner, semble chercher à renforcer son influence au Mali. Ces dynamiques concurrentes pourraient compliquer davantage la résolution pacifique des tensions entre la Mauritanie et le Mali et nécessiter une approche multilatérale concertée pour garantir la stabilité et la sécurité dans la région sahélienne.
Deux éléphants…
Pour éviter d'être pris dans les feux croisés des intérêts et de l'influence de ces puissances, le Mali et la Mauritanie se doivent avant qu’il ne soit trop tard de prendre les mesures stratégiques qui s’imposent.
En effet, au-delà du factuel qui fait la prédilection des médias (« tensions ; convocation d’ambassadeurs, discours à demi-mots etc..), les deux pays devront se recentrer sur leurs intérêts régionaux commun à travers la résolution de leurs différents locaux., notamment frontaliers.
En somme comment tout en gardant leurs alliances militaires, contre lesquelles d’ailleurs , ils n’ont ni la volonté, ni les moyens de se défaire, comprendre qu’ils risquent de faire les frais de deux géants qui s’affrontent sur leurs propres territoires , l’OTAN et la Russie.
Tout d'abord, les deux pays se doivent renforcer leurs partenariats existants avec les organisations régionales et internationales, telles que l'Union africaine et les Nations unies. Ces organisations peuvent fournir une plateforme de dialogue et de coopération, ainsi qu'un soutien technique et financier pour la réforme du secteur de la sécurité et le renforcement des capacités. Par exemple, le Mali a déjà réalisé des avancées significatives dans ce domaine en rejoignant le Programme d'amélioration de l'éducation militaire de l'OTAN (DEEP) en 2013, qui vise à renforcer les institutions d'éducation et de formation militaires du pays.
Deuxièmement, le Mali et la Mauritanie peuvent renforcer leur coopération bilatérale dans des domaines tels que la défense, la sécurité et le partage du renseignement. Cela peut inclure des exercices militaires conjoints, des programmes de formation et des accords de partage du renseignement pour contrer des menaces communes telles que le terrorisme, la criminalité organisée et la traite. Par exemple, le Mali et la Mauritanie ont déjà coopéré sur plusieurs projets de développement, tels que l'OMVS et un plan visant à améliorer les routes entre Nouakchott et Bamako.
Troisièmement, les deux pays peuvent adopter une approche plus proactive et inclusive de la résolution des conflits et de la consolidation de la paix. Cela peut impliquer l'engagement de toutes les parties prenantes pertinentes, y compris les organisations de la société civile, les leaders communautaires et les autorités locales, afin de renforcer la confiance et de promouvoir la cohésion sociale. Cela peut également inclure le soutien à des mécanismes de justice transitionnelle, tels que les commissions vérité et les programmes de réparations, pour aborder les abus passés et promouvoir la réconciliation.
Enfin, les deux pays peuvent investir dans le développement économique et les services sociaux, en particulier dans les zones marginalisées et affectées par les conflits. Cela peut contribuer à résoudre les causes profondes de l'insécurité et de l'instabilité, telles que la pauvreté, le chômage et l'exclusion sociale, et créer des opportunités de développement pacifique et durable. Cela peut également contribuer à réduire l'attrait des idéologies extrémistes et des efforts de recrutement des groupes armés.
Le Mali et la Mauritanie sont confrontés à d'importants défis sécuritaires et à des pressions géopolitiques, mais ils disposent également de plusieurs options stratégiques pour naviguer dans ces défis et protéger leur souveraineté et leurs intérêts. En renforçant leurs partenariats, en améliorant leur coopération bilatérale, en adoptant une approche plus inclusive de la résolution des conflits, en diversifiant leurs partenariats internationaux et en investissant dans le développement économique et les services sociaux, les deux pays peuvent renforcer leur résilience et promouvoir la stabilité dans la région du Sahel.
Mais
faudrait-il qu’à l’ambition aveuglante de putschistes et la vindicte de gouvernants, croyant à la
pérennité des alliances avec des puissances dominantes, succède un retour à la
raison avant qu’ils ne soient écrasés et que le chaos voulu par les puissances,
ne s’installe pour assujettir l’Afrique
et piller ses richesses… Et c’est cela, de l’OTAN à la Sibérie, la sagesse des
impérialismes. Deux éléphants…
ELY Mustapha