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Un documentaire fascinant réalisé par l'aventurier Josh Cahill révèle l'hospitalité exceptionnelle de la compagnie nationale mauritanienne envers ses passagers à six pattes.
Sur le vol Conakry-Dakar, le Boeing 737-800 (un modèle vintage de 19 ans) offre des conditions idéales pour la clientèle entomologique : interstices confortables entre les sièges, miettes abondantes et coins sombres parfaitement aménagés.
Les cafards : passagers VIP à six pattes
Il est 12h passé, et le vol Conakry-Dakar de Mauritania Airlines est prêt (enfin, après trois heures de retard – classique). Josh Cahill, qui s’attendait à un vol économique classique, a été surpris par la "faune locale" à bord. Non, il ne parle pas des passagers turbulents (nous y reviendrons), mais des cafards qui semblaient parfaitement chez eux dans ce Boeing 737-700.
« Ils grimpaient le long des sièges et se baladaient sur les hublots », raconte Cahill dans une vidéo devenue virale. Pendant que certains passagers tentaient de coincer discrètement leurs "nouveaux amis" sous leur chaussure, d’autres semblaient totalement insensibles à leur présence. Une scène ordinaire, diront les habitués de la compagnie.
D’ailleurs, ces insectes ne sont pas les seuls à s'adapter. Coincés dans cet avion à l’entretien minimaliste, les passagers mauritaniens eux-mêmes rivalisent de créativité pour passer le temps : discussions animées, repas improvisés, voire parfois des "petites siestes collectives" à même le sol.
Les Mauritaniens en avion : l’incivilité comme art de vivre
Le comportement des passagers de Mauritania Airlines offre un spectacle digne d’un stand-up. Pendant que les cafards s’installent tranquillement, une autre forme de chaos s’installe dans la cabine. Certains passagers se lèvent sans raison, discutent bruyamment, ou déposent leur plateau-repas sur les genoux des voisins sans même demander (hommage à Josh Cahill qui en a fait les frais).
Mais ce n’est pas tout. Sur ce vol, la règle non écrite semble être : "Pourquoi respecter les consignes quand on peut faire ce qu'on veut ?".
Pendant l’atterrissage, une poignée de passagers s’éloignent des consignes de sécurité, décidant d’aller faire un tour... aux toilettes. D’autres, plus audacieux, grimpent sur les sièges pour attraper leurs bagages AVANT que l’avion ne touche le tarmac. L’équipage, stoïque face à tout cela, adopte une philosophie bien mauritanienne : Inshallah, tout ira bien.
Et que dire des fumeurs clandestins ? Oui, même à 10 000 mètres d’altitude, certains passagers trouvent le moyen de griller une cigarette aux toilettes. "C’est leur manière de manifester leur indépendance", ironise Cahill. Qui peut , hélas ! être explosive !
Dans tout ce chaos, personne ne semble vraiment préoccupé par la sécurité, ni par les cafards qui trottinent joyeusement sous les sièges. Après tout, à quoi bon s’énerver ? Comme diraient les Mauritaniens : "On est là, c’est déjà ça ! El hamdou lillah. »
Une économie circulaire entre humains et insectes
Le plateau-repas, un moment fort du vol. Sur Mauritania Airlines, tout est sujet à improvisation, y compris la restauration. Certains passagers n’hésitent pas à piocher dans le plateau de leur voisin, tandis que les cafards, eux, se contentent des miettes tombées au sol. L’esprit de partage règne à bord – que ce soit volontaire ou non.
Le Boeing 737, avec ses interstices mal nettoyés et ses sièges usés, est un paradis pour les cafards. Mais ces derniers ne se contentent pas de squatter : ils participent à un écosystème aérien bien rodé. Quand les passagers renversent du riz ou laissent traîner un morceau de pain, la colonie s’active immédiatement pour nettoyer. Une forme d’économie circulaire en plein ciel.
D’ailleurs, Josh Cahill résume l’affaire avec humour : "Le plus drôle, c’est qu’ils sont plus rapides à ramasser les miettes que le personnel de cabine ne l’est pour nous servir de l’eau !"
Les cafards comme métaphore de la résilience mauritanienne
Alors que l’opposition mauritanienne accuse le gouvernement de laxisme, les cafards de Mauritania Airlines prouvent que tout est une question de perspective. Eux aussi résistent aux intempéries de la politique et trouvent un moyen de survivre… ou plutôt, de s’envoler.
En Mauritanie, même les cafards ne supportent plus les problèmes du sol et préfèrent chercher des horizons plus cléments. À défaut de manifester dans les rues, ils choisissent la voie des airs pour exprimer leur ras-le-bol. Peut-on leur en vouloir ?
En Mauritanie, le cafard n’est pas qu’un simple insecte. Il est une métaphore ambulante, un symbole que l’on brandit à tort ou à raison dans les débats politiques. Pourtant, au-delà de son rôle imaginaire, les cafards ont pris une dimension bien réelle et inquiétante. Non seulement ils ont envahi les avions de Mauritania Airlines, mais ils semblent également avoir infiltré la dynamique politique et sociale du pays.
Le mot "cafard", est (hélas !) issu de l’arabe kafir, signifie "mécréant". Dans la rhétorique politique mauritanienne, le terme est souvent utilisé pour désigner ceux jugés déloyaux ou corrompus. Mais alors que des parlementaires sont actuellement enfermés pour avoir qualifié leurs adversaires de "cafards", les véritables blattes prospèrent dans les airs et au sol.
Dans une société où le terme kafir (mécréant) est utilisé pour stigmatiser et réduire au silence des adversaires, l'ironie est totale : les véritables cafards ont trouvé leur place parmi les interstices des Boeing 737 vieillissants, mais aussi dans les rouages du pouvoir mauritanien. Et si cette invasion était plus qu’une simple anecdote aérienne ? Si elle reflétait une infestation métaphorique – voire littérale – du système politique mauritanien ?
Du ciel à la politique, Cafards et kafirs : une invasion coordonnée
Imaginez les cafards comme une force invisible mais omniprésente. Dans les avions, ils se cachent sous les sièges, grimacent derrière les accoudoirs et ramassent les miettes des passagers négligents. Dans la sphère politique, ils sont ceux qui survivent aux scandales, aux controverses, et à l’indignation populaire, tout en continuant à s’ancrer dans les structures du pouvoir.
Les opposants emprisonnés pour avoir traité certains leaders de "cafards" pourraient méditer sur ce paradoxe :
- Opposant emprisonné : "Je suis derrière les barreaux pour avoir dit la vérité."
- Cafard politique : "Nous, on est bien installés dans les bureaux ministériels... et maintenant dans les avions !"
Mauritania Airlines : un microcosme du chaos politique mauritanien
Une cabine transformée en espace anarchique
À bord des Boeing antiques de Mauritania Airlines, l’ambiance est un mélange d’incivilité humaine et d’invasion insectoïde. Pendant que les passagers humains transgressent les règles – fumant dans les toilettes ou ouvrant leurs bagages avant même que l’avion n’ait atterri – les cafards, eux, observent et s’organisent dans un silence méthodique.
Dans une société où les institutions peinent à maintenir l’ordre, l’avion devient le reflet parfait du pays :
• Certains passagers s’improvisent leaders anarchiques, imposant leurs propres lois dans la cabine.
• D’autres ignorent totalement les consignes, prouvant que même à 10 000 mètres d’altitude, la désobéissance est culturelle.
• Et parmi tout ce chaos humain, les cafards prospèrent dans une organisation quasi-militaire (métaphore devenue réalité) – un modèle efficace que certains hommes politiques pourraient envier.
Les cafards métaphoriques qui ravagent la politique mauritanienne
Le cafard comme symbole des survivants du système
Dans un pays où les scandales politiques se multiplient et où les débats s’enlisent, les cafards incarnent une résilience inquiétante. Ces créatures – que ce soit au sens littéral ou figuré – résistent à tout :
• Aux appels au changement démocratique.
• Aux réformes promises mais jamais réalisées.
• Et même à l’indignation populaire.
Mais contrairement aux citoyens ordinaires, les cafards ne se contentent pas de survivre. Ils prospèrent dans les failles du système, s’infiltrant dans les structures politiques et économiques pour y établir leur "siège permanent".
La cabine, ou une Assemblée nationale volante
À bord des Boeing 737 vieillissants de Mauritania Airlines, le comportement des passagers offre un miroir comique – mais inquiétant – de la politique mauritanienne. Si vous pensiez que les débats à l’Assemblée nationale étaient chaotiques, attendez de voir ce vol.
Dans la cabine, les règles sont ignorées :
• Certains passagers ouvrent leurs bagages en pleine phase d’atterrissage, comme s’ils vérifiaient si des fonds publics dérobés y étaient …pour les dénoncer dans un débat parlementaire à venir.
D’autres fument tranquillement aux toilettes, défiant les lois aériennes comme certains politiciens ignorent celles des finances publiques
• Et puis il y a ceux qui partagent bruyamment des plateaux-repas avec leurs voisins, dans une alliance de fortune qui rappelle les pactes politiques improvisés.
La leçon des cafards politiques
En traitant leurs adversaires de "cafards", certains opposants ont peut-être involontairement résumé la situation politique mauritanienne. À l’instar des cafards dans les avions, les cafards politiques sont :
1. Multiples : Ils se reproduisent dans toutes les sphères, des ministères aux conseils municipaux.
2. Silencieux mais efficaces : Ils avancent sans bruit, profitant des miettes laissées par leurs prédécesseurs.
3. Insurmontables : Peu importe les scandales, ils trouvent toujours un moyen de rebondir – ou de s’envoler, si nécessaire.
Les cafards dans les airs comme miroir des cafards au sol
Incivilité et désordre dans la cabine
Dans un espace confiné comme un avion, les comportements humains deviennent amplifiés. Ajoutez à cela des retards interminables, des sièges usés, et une maintenance approximative : vous obtenez un microcosme du chaos mauritanien.
Les cafards, eux, restent impassibles et prospèrent grâce à cette désorganisation. Au sol, les cafards politiques font de même :
• Ignorant les appels à la justice sociale.
• Exploitant les ressources publiques avec la même voracité qu’un cafard ramassant des miettes.
• Et surtout, survivant là où tout semble s’effondrer.
De la pratique à la théorie : l’analyse sociologique
Théorie du "Cafard Panoptique" : quand l’insecte devient miroir social
Le Boeing 737, un parfait microcosme de la théorie de Foucault
Le philosophe Michel Foucault l’avait prédit : tout espace clos génère des rapports de pouvoir. Dans l’avion mauritanien, le cafard incarne le "surveillant involontaire". Son omniprésence crée une forme de panoptique inversé : les passagers savent qu’ils sont observés par des créatures qu’ils méprisent, mais qu’ils ne peuvent contrôler. Résultat ?
Une désinhibition collective.
• Exemple : Le passager qui fume aux toilettes sous le regard impassible des cafards agit comme un adolescent rebelle – persuadé que personne (de respectable) ne le voit.
• Ironie : Les cafards, en se moquant des normes, deviennent les garants d’un chaos libérateur.
La "Désublimation répressive" d’Herbert Marcuse en action
Le sociologue Herbert Marcuse explique que les sociétés oppressives canalisent les frustrations vers des plaisirs triviaux. À bord de Mauritania Airlines, ce concept devient tangible :
• Les passagers, frustrés par les retards et l’inconfort, compensent en transgressant les règles (vol de miettes, siestes hors sièges, discussions bruyantes).
• Les cafards, eux, profitent de cette libération anarchique pour prospérer.
L’Effet Cafard : mécanisme de survie dans un espace d’anomie
Anomie durkheimienne et buffet gratuit
Émile Durkheim voyait dans l’anomie (absence de règles) un risque de désintégration sociale. Mais à 10 000 mètres, les Mauritaniens réinventent la théorie :
1. Anomie structurelle : L’équipage, débordé, laisse les passagers s’auto-gérer.
2. Création de normes parallèles :
• Règle n°1 : Si ton voisin a faim, prends son plateau (prédation).
• Règle n°2 : Un cafard sur ton siège ? C’est désormais ton colocataire.
Les cafards, en tant que résidents primaires, bénéficient d’un statut privilégié – comme une aristocratie invertébrée face à des humains en perte de repères.
La Prophétie auto-réalisatrice du "Cafard-Kafir"
Le mot cafard venant de l’arabe kafir (mécréant), une boucle symbolique se referme :
• Mécanisme : En traitant l’opposant de "cafard", on le déshumanise.
• Effet pervers : Les vrais cafards, eux, s’émancipent et envahissent l’espace aérien – comme si l’insulte avait libéré leur potentiel révolutionnaire.
Sociologie des foules aériennes : pourquoi Sidi est plus grossier que M’boudou le cafard (M’bot pour les intimes)
La "Désindividualisation" de Gustave Le Bon en cabine
Le Bon expliquait que dans une foule, l’individu perd son libre arbitre. Ajoutez-y des cafards, et vous obtenez l’effet "Polar Bear Challenge" (qui est un événement organisé en hiver où les participants plongent dans une eau à très basse température):
• Plus les insectes sont visibles, plus les passagers adoptent des comportements extrêmes (fumer, ignorer les consignes), comme pour affirmer leur humanité menacée.
L’Étalage de la "Dé-civilisation" selon Norbert Elias
Le sociologue Norbert Elias décrivait la civilisation comme un processus de contrôle des pulsions. À bord de Mauritania Airlines, c’est l’inverse :
• Régression : Les passagers rotent, partagent bruyamment des ragots, et marchent sur les plateaux.
• Raison : Le cafard, en symbolisant l’effondrement de l’ordre, légitime cette régression. "Si même eux font ce qu’ils veulent, pourquoi pas moi ?"
En observant les Mauritaniens et leurs colocataires à six pattes, une évidence s’impose: le cafard est un sociologue de terrain.
Il prospère là où les normes se dissolvent, où le politique échoue à structurer l’espace, et où les humains, en réaction, inventent un nouvel ordre… désordonné.
Alors que les opposants croupissent en prison pour avoir traité des politiques de "cafards", les véritables insectes offrent une leçon : la survie appartient à ceux qui savent s’adapter au chaos.
En nous Inspirant des théories de Foucault, Durkheim, Marcuse, Le Bon, Elias, et d’un cafard anonyme en siège 12B, les locataires à six pattes de la Mauritania airlines nous apprennent deux choses :
1) Ne jamais manger un plateau-repas posé sur ses genoux.
2) En politique mauritanienne comme en sociologie-entomologie, c’est toujours celui qui observe (sans agir) qui se fait dévorer (peuple qui observe, opposition dialogante ) ."
Une Classe économique repensée pour nos amis arthropodes.
En Mauritanie, les cafards ne sont pas donc pas un problème aérien. Ils sont le reflet d’un système politique où les véritables cafards métaphoriques prospèrent malgré les crises, les révoltes et les défis.
Dans les avions de Mauritania Airlines, ils ramassent les miettes et grimpent sur les accoudoirs.
Dans les bureaux gouvernementaux, ils manipulent les budgets et ignorent les revendications populaires.
Dans les deux cas, ils représentent un modèle de survie qui effraie autant qu’il fascine.
Alors que certains parlementaires sont derrière les barreaux pour avoir qualifié leurs adversaires de "cafards", les véritables cafards – qu’ils soient insectes ou politiciens – continuent à s’épanouir dans les interstices du système.
Nous donnant ainsi une conclusion amère :
"Si les cafards prospèrent dans les airs, il est grand temps de s’interroger sur ce qui se passe au sol."
Pr ELY Mustapha
Lien de la vidéo (pour ceux qui , à la suite cet article, auraient le cafard) :
https://youtu.be/3kvdqUmDlDg?si=uekA2hyWSW_BXYzj