dimanche 27 janvier 2019

Le sinistre des finances mauritaniennes : Eponger une créance de l’Etat de 189 milliards d’UM. Voilà pourquoi il faut s’y opposer


La gabegie qui s’est instaurée en Mauritanie depuis l’arrivée des régimes militaires trouve son fondement dans l’accaparation des ressources publiques à travers des individus au sein de l’Etat ou en dehors de lui mais en connivence avec ses hauts décideurs. Le Ministre de l’Economie et des finances en est, donc, venu tout simplement à requérir des députés d’éponger une créance de l’Etat de plus de 189 Milliards d’ouguiyas à l’égard de la Banque Centrale de Mauritanie.
La raison de s’opposer à une telle requête est d’autant plus justifiée que les 189 milliards, dont il s’agit, ne sont ni la résultante d’une perte de l’Etat lui-même, ni le fait d’une force majeure mais le résultat de la mauvaise gestion et de la gabegie à travers la mise à contribution forcée d’institutions devant garantir l’efficacité et la transparence dans la gestion publique.
Quelle est l’origine de cette créance ?
L’analyse des créances de l’Etat auprès de la Banque centrale, nous montre qu’elles sont faramineuses et qu’elles progressent d’année en année ! Avec une inertie réelle de l’Etat pour les rembourser ou les régulariser. Elles se situent, en 2017,  à 215.011.269.000 (plus de 215 milliards d’ouguiyas) contre 206 499 148 163,27 en 2016,  soit une augmentation de 8 milliards et demi d’UM, en 2017.
Ce que le ministre de l’économie et des finances a voulu, c’est tout simplement faire entériner,  par le Parlement, l’annulation des créances de l’Etat vis-à-vis de la BCM soit exactement 189 900 062 266,86 UM (quasiment 190 milliards d’UM) .
D’où vient ce montant que brandit le Ministre de l’Economie et des finances ?
Ce montant est la somme des créances de l’Etat suivantes (hors comptes chèques postaux et allocations DTS BCM-Etat) :

-  Créances sur l'Etat à régulariser (36 929 463 764,56 UM)

  - et les Créances issues de la convention entre l'Etat et la BCM de 2013 d’un montant de 152 970 598 502,30 UM

Soit donc un total de :  189 900 062 266,86 UM  
Comment s’expliquent ces montants gigantesques ?
Le premier montant de 152 970 598 502, 29 UM est le résultat de la consolidation de diverses facilités accordées par la BCM à des entreprises publiques bénéficiant d’une garantie de l’Etat ayant fait l’objet d’une convention signée entre l’Etat et la BCM le 30 décembre 2013.
Ce montant de 152 970 598 502, fixé en 2013, figure toujours en 2017 aux créances de l’Etat pour le même libellé soit 6 ans plus tard !
 Il est l’expression même du laxisme caractérisant la gestion des créances publiques. Car si la BCM a accordé les facilités aux entreprises publiques, se chiffrant en milliards, c’est bien parce que l’Etat en était le garant. Or nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude et encore moins de sa mauvaise gestion des biens de la collectivité nationale.
C’est donc un boulet au pied du ministre de l’économie et des finances qui recherchant l’aval du Parlement voudrait faire éponger la créance de l’Etat à l’égard de la BCM.
C’est autant dire que l’opposition à cette proposition est hautement justifiée, car son acceptation validerait la gabegie, induite par la gestion des entreprises publiques dont l’Etat assurait la garantie auprès de la BCM, notamment pour le montant précité de 152 milliards d’UM.
Quant au second montant de plus de 36 milliards d’UM, il s’agit principalement des impayés échus sur la gestion des bons du trésor et que l’Etat voudrait éponger alors que ce montant a servi à gérer les bons du trésor finançant son besoin de trésorerie durant sa calamiteuse gestion des deniers publics.
En effet, les bons du trésor étant des titres représentant une dette à court terme de l'Etat, ils sont achetés par des particuliers ou par des banques et autres institutions financières (bons en compte courant ou certificat de trésorerie). Cela permet à l'Etat de couvrir une partie de ses besoins de trésorerie.
Plus simplement encore, l’Etat mauritanien a émis des bons trésors qui ont généré une créance de 36 milliards à l’égard de la BCM (pour leur gestion) et que le Ministre de l’Economie et des finances vient de demander d’effacer !
Que se passerait-il si les créances de de la BCM sur l’Etat sont supprimées ? 
Ce serait un détournement de biens publics puisque les montants devant être dégagés pour les régulariser, ont bien bénéficié à l’Etat et aux entreprises publiques (par des voies incontrôlées) et ni la BCM n’a reçu la contrepartie de sa gestion, ni la collectivité nationale (le peuple) n’en connait la destination. La première se voit transformée (comme la SNIM et autres entreprises publiques) en vache à lait, la seconde, en peuple infantilisé.
Au niveau de l’institution d’émission, la BCM, cela grèvera lourdement son Actif, causant un déficit de son bilan et de son Etat de résultat, avec les conséquences sur sa gestion et son endettement. Et il n’est pas certain que cela dissuadera l’Etat de continuer sa mauvaise gestion des ressources publiques.
Le cas de ce ministre de l’économie et des finances, qui vient requérir d’un Parlement d’éponger une créance de l’Etat,  est l’exemple même de la mauvaise gestion qui caractérise l’Etat et son incapacité à faire face à ses obligations malgré tous les revenus de ressources naturelles, de l’imposition, d’emprunts nationaux et internationaux dont il dispose.
Si l’Etat n’a pu honorer ses créances à l’égard de la Banque Centrale (à l’égard de toute la collectivité nationale d’ailleurs), c’est à cause des détournements, de la corruption, des malversations et l’enrichissement illicite par personnes et compagnies interposées qui siphonnent les ressources nationales et obligent l’Etat à s’endetter encore et encore et à appauvrir encore, et toujours, le peuple mauritanien.
Par son acte et par une telle proposition, ce ministre qui est censé être l’argentier sûr et fiable de l’Etat, des deniers publics, avilit l’Etat et offense les parlementaires.
Les députés se doivent de renvoyer ce ministre à ses casseroles et lui demander de trouver les moyens d’honorer les engagements de l’Etat.  Il y va du respect des institutions, de la crédibilité de l’Etat, de celle, fort entamée, de ceux qui le servent et surtout du salut des finances publiques mauritaniennes. Finances publiques prises en otage par une poignée d’individus au service de leurs propres intérêts. Le pauvre peuple a déjà tellement souffert de la gabegie des pouvoirs publics qu’il ne manque plus qu’à l’outrager directement en offensant ses représentants au Parlement. Ce qui vient de se faire.
En somme, un ministre, sinistre des finances publiques mauritaniennes.
Pr ELY Mustapha

jeudi 17 janvier 2019

Lettre au successeur d’Aziz : Héros ou prochain vilain ?


Toi qui remplaceras Aziz, 


Ou lui succéderas à la tête de l’Etat mauritanien.
 
Toi qui viendras par les urnes, 

Ou sur le capot d’un camion militaire, 

Cher(e) inconnu(e), je t’écris cette lettre.

N’ayant jamais écrit à Aziz lui-même, que je n’ai jamais considéré comme un Président, mais comme un putschiste-récidiviste légalisé supporté par un parti-pris de laudateurs et autres applaudisseurs du ventre, je t’écris cette lettre pour que tu saches ce qui t’attend…que tu viennes par les urnes ou sur le capot d’un camion militaire (bis).

Cher(e) inconnu(e) (sauf d’Aziz lui-même), 

Sache, qu’Aziz ne lâchera pas le pouvoir, prépare donc toi à être soit un héros, soit un vilain.
En héros, tu te débarrasseras de l’influence d’Aziz et de la proximité de ses laudateurs (qui deviendront certainement les tiens, aussitôt élu).

 En vilain, tu mueras en épouvantail dudit personnage, tu ne serviras alors qu’à effrayer les moineaux mauritaniens qu’Aziz terrorise depuis son putsch contre le vénérable Sidi Ould Cheikh Abdallahi.

Cependant, en héros ou en vilain tu n’échapperas pas aux vérité suivantes :

En faisant un double putsch, Aziz s’est comporté en brigand et même s’il a déclaré qu’il n’est pas briguant d’un troisième mandat (avilissant par là même cette cohorte de parlementaires qui voulait en refaire un brigand constitutionnel), il ne faudrait pas le croire. Même si cette déclaration, applaudie par les naïfs de tous bords, semblerait faire croire en l’assagissement du putschiste quant à ses velléités plénipotentiaires, il n’en est rien. Le naturel, on le sait, revient au galop…et en treillis.

Aziz sait très bien qu’il ne pourra pas quitter la scène politique, car, de par sa catastrophique gestion humaine et socioéconomique du pays, il ne prêtera pas le flanc aux procès et autres recours qui ne manqueront pas d’être intentés contre lui, ses ouailles, ses courtisans et autres spoliateurs de la nation et de ses richesses dont il fut le protecteur. Car durant tous ses mandats, il n’a fait qu’accroitre la haine, le dénuement, le désespoir de populations entières et le sous-développement de tout un pays. Sur ce plan, il sait qu’il doit rendre compte et à cette redevabilité, tu ne pourras pas t’opposer et si tu ne t’y opposes pas, ce sera contre toi un coup d’Etat pour la raison qu’explique ce qui suit.


Aziz ne laissera pas son bébé BASEP orphelin. Ce bébé armé jusqu’aux dents, aux frais du contribuable, par lequel Aziz tient en respect toute une armée et ses généraux. 

Détrompe-toi, successeur d’Aziz, tu ne gouverneras point. Le Basep te tiendra en joue, comme une cible à abattre à la moindre incartade.

En effet, le BASEP, est une unité qui ne pourra se passer d’Aziz, car il est le premier pourvoyeur de ses armes et de ses commodités. Et si même Aziz l’envisageait, il se mettrait lui-même en péril. C’est autant dire que le scénario « Ould Cheikh Abdallahi » est toujours à la mode : « il a voulu me démissionner...je l’ai démissionné. ». 

Alors successeur d’Aziz, tant que le BASEP existe, ton mandat est compté. Surtout si tu gagnes par les urnes et que tu es sortant d’un parti politique autre que l’UPR (ex. Tawassoul ou une coalition de l’opposition). 

C’est donc autant t’avertir tout de suite, successeur d’Aziz, que tu seras certainement un vilain :

-          si le BASEP existe toujours (et te tient en joue),
-          Si tu n’es pas un militaire (un général de préférence),
-          Si tu n’es pas venu sur le capot d’un camion militaire (conduit par Aziz),  
-          Si l’UPR, le parti du ventre, n’est pas dissous.
-          Si le parlement n’est pas réélu avec une majorité autre que celle du parti du ventre.
-          Si Aziz ne s’exile pas au bout du monde (dans un émirat ou un royaume du bout du monde),

Or, comme tu le vois, les contraintes de l’asservissement du peuple mauritanien, de son pillage et de son sous-développement sont toujours là : le BASEP, l’UPR et AZIZ.

Alors, les élections présidentielles prochaines, ne seront qu’une mascarade, si ces contraintes ne disparaissent pas.  Ainsi, il est fort probable, à moins d’un miracle, pauvre successeur, que tu seras un vilain…président.

Pr ELY Mustapha

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Poésie de la douleur.