mercredi 26 septembre 2007

De la pauvreté politique

Un Essai pour comprendre… autrement.


Y’a-t-il une « pauvreté politique »?
Curieuse question, n’est-ce pas ?
Cependant, cette question n’est pas une simple vue de l’esprit. C’est un concept qui me semble important à inventer et à déterminer dans sa définition pour répondre à des interrogations sur des réalités fugaces. En effet, la situation actuelle de pays comme la Mauritanie se doit d’être appréhendée avec de nouveaux concepts et instruments qui sortent du champ classique de l’analyse.
Aussi aux fins de l’analyse, nous nous proposons d’établir ce concept de « pauvreté politique » à travers une définition et des caractéristiques fondamentales.
Si, en effet, l’on considère la politique dans sa définition originelle, la question ne devient plus aberrante. La politique étant « la gestion de la cité ». La pauvreté politique ne peut donc qu’être la pauvreté de gestion de la cité. Ce qui est pauvre est justement lacunaire et c’est ce qui, au sens propre et figuré, « laisse à désirer ».
La pauvreté politique pourra permettre de mieux comprendre les difficultés de la gouvernance. Si celle-ci s’appréhende de la façon avec laquelle les gouvernants peuvent « mieux » gouverner, la « pauvreté politique » peut se concevoir comme la carence de participation à cette gouvernance.
La pauvreté politique c’est l’état de dénuement conceptuel, stratégique et institutionnel dans le lequel se trouvent les citoyens pour faire face à leur besoin de participer à la gestion de leur pays.

Il n’existe actuellement aucun indicateur permettant d’apprécier le niveau de « pauvreté politique »
d’un pays puisque nous venons d’inventer le concept. Nous allons nous y essayer. Mais d’ores et déjà en adoptant la définition que nous avons donnée plus haut, « la pauvreté politique », comme la pauvreté économique, va couvrir un large spectre de situations. De la pauvreté politique tolérable, d’un système libéral, à l’extrême pauvreté politique des populations qui vivent en dessous du niveau de subsistance politique notamment dans les régimes dictatoriaux et autoritaires, en passant par la « pauvreté politique » en baisse des nouvelles démocraties, l’éventail est large.

Les caractéristiques de la pauvreté politique

La pauvreté politique induit les mêmes effets humains et sociaux que la pauvreté économique : frustration, marginalisation, incompréhension et révolte.

La pauvreté politique est favorisée par l’existence d’une pauvreté économique qui y participe à travers l’enchainement du citoyen dans une existence de lutte pour la subsistance l’empêchant de participer à la vie politique notamment dans les pays démocratiques sous développés.

Dans un pays non démocratique, et contrairement à la pauvreté économique, la pauvreté politique est indépendante du niveau de développement économique.

Peut-on proposer un indicateur de « pauvreté politique » (IPP)?

Cet indicateur (IPP) doit prendre en considération un paramètre important qui est celui du degré d’activisme politique du citoyen et la nature du régime politique de l’Etat. Cet activisme politique présente plusieurs variantes : un activisme libre dans le cadre d’un pays démocratique, pluripartisan, un activisme conditionné dans un régime à parti unique, un activisme clandestin dans un régime autoritaire ou dictatorial.
Si l’on prend les variables politiques nécessaires à l’activité politique : disponibilité, engagement, participation, cadre partisan, démocratie… certains pays qui se targuent d’être riches sont en fait dans une pauvreté politique extrême.
Et l’indicateur de pauvreté politique se doit d’être pris en considération, à l’instar de l’indicateur du développement humain (IDH) ou de l’indicateur de pauvreté humaine (IPH) du PNUD, dans l’évaluation du niveau de développement d’un pays. Le développement n’étant pas seulement une question de croissance économique.

Ainsi défini, peut on appliquer ce concept à la situation de la Mauritanie ?

La démocratie fut instaurée en Mauritanie, et la Mauritanie fait désormais partie des pays à régime démocratique. Mais si la démocratie est un vecteur de lutte contre la « pauvreté politique » elle n’en est pas la solution. Tout comme la correction des inégalités sociales permet de lutter contre la pauvreté mais elle ne la résout pas.
Et actuellement en Mauritanie la pauvreté politique existe et prend des allures spécifiques. Si l’on se réfère aux caractéristiques de la pauvreté politique posées plus haut, il reste indéniable que cette « pauvreté politique » prend sa source dans trois facteurs :

- le désintéressement originel de la majorité des citoyens de la vie politique,
- L’attentisme actuel du peuple face aux nouveaux gouvernants
- l’interaction entre pauvreté économique et pauvreté politique,

I- le désintéressement fondamental de la majorité des citoyens de la vie politique

Au second tour de l'élection présidentielle de mars 2007 sur le 1.132.877 d’inscrits seuls 764.045, ont voté et seuls 706.705 suffrages ont été exprimés. En terme de pourcentage cela fait 24% , sur une population estimée 3 177 388 habitants! Et le Président de la République a été élu par 11,7 % du peuple Mauritanien (contre 10,4% pour son concurrent) .

Déjà à ce niveau apparaît la « pauvreté politique », puisque 76 % du peuple mauritanien, soit plus des trois quarts, n’ont pas participé aux élections. L’afflux vers la démocratie n’est pas la préoccupation première du citoyen. Cela s’explique en se référant à la définition que l’on a donnée de la « pauvreté politique » par le dénuement institutionnel dans lequel s’est trouvé le citoyen désireux d’exprimer son vote. Impossibilité de contester les recensements, de rejeter la période trop courte impartie au recensements par les autorités, de dénoncer l’exclusion des Mauritaniens à l’étranger du vote etc. Un ensemble d’handicaps institutionnels sous la transition qui accrurent cette « pauvreté politique »

A cela s’ajoute le dénuement conceptuel lui permettant de formaliser et de surmonter la méfiance que lui ont inspiré durant des décennies les pratiques électorales de l’Etat. Pratiques qui ont réduit son besoin démocratique à une frustration réprimée qui s’est manifestée à travers la baisse de participation aux dernières élections.

II- L’attentisme actuel du peuple face aux nouveaux gouvernants

Le manque de réactivité politique des citoyens pour dénoncer les difficultés qu’ils vivent particulièrement la cherté de la vie, les privations et l’instabilité des services domestiques (eau électricité), la baisse du pouvoir d’achat, les scandales et les menaces narcotiques, la mauvaise gestion des ressources publiques, économiques et humaines, ne s’explique que par les effets de cette pauvreté politique.
Pauvreté politique qui se manifeste par un attentisme qui dans d’autres pays aurait été assimilé à une contestation silencieuse ou à un boycott des institutions, or en Mauritanie cet attentisme n’est qu’un dénuement stratégique des citoyens qui n’ont ni la culture politique ni les cadres partisans adéquats, dynamiques et actifs leur permettant d’agir. Les partis politiques auxquels sont assignés les rôles d’encadrement politique et de sensibilisation des citoyens aux fins d’exercice du pouvoir ne les jouent pas. Ils sont davantage intravertis vers leurs adhérents et tous tendus vers la conquête d’un pouvoir dans lequel le citoyen n’est qu’un faire-valoir électoral et conjoncturel.
La situation actuelle dans laquelle se trouve l’opposition traditionnelle qui semble avoir baissé les bras, aggrave la pauvreté politique du pays. Et le citoyen le ressent.
La démocratie, comme mentionné, est un environnement favorable pour la résorption de la pauvreté politique , mais elle peut aussi en être un élément aggravant lorsque la sphère politique ayant « engrangé » sa légitimité se détache de la sphère populaire et s’enferme dans une bulle qui fonctionne et ne se justifie que par elle-même. Tout en s’étant immunisée, contre l’opposition prise au piège du « leadership institutionnalisé » et des « concertations périodiques » qui lui donnent l’impression de jouer un rôle.

Cette neutralisation de l’opposition et la légitimation d’un pouvoir assis sur une classe ancienne déjà vue à l’œuvre sous un régime précédent, ont donc aggravé la « pauvreté politique » du pays et ont enlevé au citoyen un outil important de satisfaire un besoin politique urgent. Non pas celui de faire entendre sa voix, mais celui d’être écouté. L’indice de « pauvreté politique » s’en trouve fortement détérioré.

III- l’interaction entre pauvreté économique et pauvreté politique.

La pauvreté politique contrairement à la pauvreté économique ne se définit pas par la rareté des biens ou leur absence. La pauvreté politique peut être grave dans un pays d’opulence. Il suffit que ce pays ait un régime autoritaire ou dictatorial. La pauvreté politique se réduit dans la liberté et la démocratie. Toutefois, même en la présence de ces éléments, la pauvreté politique peut subsister durablement lorsque le niveau de vie des populations ne leur permet pas de vaquer à des occupations politiques ou de s’intéresser à la vie politique... Entièrement pris par la recherche des moyens de subsistance, il sont « pauvres politiquement », mais cela est principalement dû à leur pauvreté économique.
Le cas de la Mauritanie est ici illustratif de cette situation. Le niveau de vie des populations, dont certaines vivent en dessous du seuil de subsistance les empêche, malgré l’ouverture démocratique du pays, de participer à la vie politique. Ni d’être à l’écoute de la superstructure politique. « Un ventre vide, dît-on n’a pas d’oreilles ».

Le rapport 2006 du PNUD sur le développement humain classe la Mauritanie dans sa partie « faible développement humain », à la 153ème place sur 177 pays ! Loin derrière les iles Comores et même la Guinée équatoriale.

Aussi malgré la démocratie naissante, les espoirs qu’elle a suscités et les élans qu’elle a engendrés il n’en demeure pas moins que son handicap réside fondamentalement dans l’amélioration du niveau de vie et du bien être des populations ce qui a contribué à une détérioration de l’indice de « pauvreté politique ». Un indice dont l’amélioration reste fondamentalement dépendante dans notre pays de l’évolution de celui de la pauvreté économique.

En définitive, l’introduction de la notion de « pauvreté politique», permet une meilleure compréhension, à travers des facteurs non économiques et non sociaux, de ce qui handicap la démocratie dans notre pays. Elle me semble novatrice car elle est la seule à même de consacrer , une approche de la gouvernance qui ne se focalise pas exclusivement sur le centre de décision politique, les gouvernants, mais sur les gouvernés (les citoyens). L’établissement d’un indice de pauvreté politique pour chaque pays aidera à mieux comprendre la réalité des choses.

Pr ELY Mustapha
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Picture: Hands up: The University helped to make a stand in the Make Poverty History campaign. cf: http://www.ed.ac.uk/annualreview/0405/poverty-history.html

mardi 25 septembre 2007

Le discours de Ahmed Najad à l’université de Columbia

La foi, la science et la lumière...nucléaire
.
Il fut applaudit par les étudiants de l’Université de Columbia, il fut fustigé dans une allocution introductive par son doyen, mais il est resté imperturbable.
Une ligne directrice dans la pensée, une ligne de conduite exemplaire. Il est venu pour dire ce qu’il voulait dire et il l’a dit. Ahmed Najad, le Président Iranien n’a pas changé un piètre mot de son discours et les mises en garde du doyen de l’université de Columbia, le sommant de ne pas aborder certains sujets et de ne pas en renier d’autres relatifs à la question juive, passèrent comme un souffle sur ses oreilles .
Il n’était pas là pour faire de la complaisance même si l’université de Columbia était un haut lieu de la présence juive aux Etats-Unis. Et de la complaisance, il n’en fit pas et semblait ne pas en attendre. L’homme était égal à lui-même.

Et son optique discursive, le lieu s’y prêtant, prit les envolées théoriques du professeur qu’il était. Envolées teintées d’une spiritualité profonde qui parfois alourdissait le décollage de l’idée vers une rationalité qu’attendait son auditoire.

Son discours d’une linéarité apparente, appréhendait la science, le scientifique, la recherche, le chercheur, la foi, le croyant , l’ombre et la lumière. Un fil directeur : la science , c’est la lumière. Et elle n’est lumière et dans le cœur du chercheur qui a la foi. Et celui qui a cet lumière ne peut qu’utiliser la science pour le bien de l’humanité. Du prophète Moise(PSL), au prophète Mohamed (PSL) à Jésus (PSL), tout ce que Dieu révéla est un message de paix et de respect pour l’humain. C’est ainsi que Dieu demanda aux anges de se prosterner devant Adam, et les premières paroles qu’il révéla au Prophète Mohamed (PSL) furent celles de la quête du savoir. Un savoir à partager avec l’humanité, un savoir que seuls ceux qui ont la foi peuvent l'utiliser à bon escient.

C’est pourquoi lorsque la foi manque au savoir, il est mis au service de l’oppression de la volonté de soumission de nations entières par des nations puissantes qui utilisent leur science, leur recherche scientifique à des fins de domination. Voilà pourquoi depuis 60 ans le peuple palestinien a été déporté de ses territoires et massacré par des puissances utilisant un savoir au service du mal, voilà pourquoi on refuse à l’Iran son droit reconnu par le traité de l’Agence internationale pour l’énergie atomique de posséder l’énergie nucléaire à des fins civiles, parce que l’on ne veut pas que ceux qui disposent de la foi disposent du savoir, ni de se développer pour un avenir meilleur.

La science utile est une lumière , elle ne s’épanouit qu’à travers ceux qui ont la foi, quand elle l’est dans les cœurs sans foi , elle devient un danger pour l’humanité. Hiroshima et Nagasaki, sont là pour le prouver. Ainsi argumenta le professeur Ahmed Najad et ainsi conclut le Président iranien.

Quelles leçons en tirer sur les plans théoriques et pratiques?

Malgré la beauté de l’argumentaire, le raisonnement ne pêchait, pour des esprits cartésiens, que par l’appel qu’il faisait à la spiritualité. A l’Université Columbia cela a dû certainement se faire sentir. Cette fine combinaison entre ce qui relève de l’ approche divine, la foi, et ce qui relève de la rationalité humaine, la science, demandait de se plonger non pas dans le discours manichéen occidental mais dans une fusion entre le spirituel et le temporel. Sans le spirituel, le temporel est un espace perpétuel de conflits. Et la science est l’arme du conflit.

Si on transpose cet argumentaire dans le non-dit à la situation actuelle de l’Iran qui cherche à maîtriser l’énergie nucléaire, l’argumentaire théorique justifierait alors que l’Iran est une nation spirituelle qui voudrait détenir la lumière, la science, et ne peut donc en user pour le mal, puisqu’ayant la foi. Et, rappelons-nous que la science utile, selon Najad, ne naît que dans le cœur du chercheur qui a la foi.

Subtile en effet. Mais dans le parterre d’universitaires qui suivait le discours d’Ahmed Najad, combien seront convaincus par ce raisonnement ?

Fort peu, si l’on sait que la foi n’est pas une culture de laboratoire ni une formule de laborantin et qu’elle nécessite pour être comprise de se placer à l’échelle d’une nation , de son âme, de sa culture, de son histoire et de son devenir. Jamais dans les dimensions d’un amphithéâtre.

Pr ELY Mustapha

lundi 24 septembre 2007

Sidi aux States

Gone With The Wind


Sidi aux States. Un menu chargé, participer à la 62ème session ordinaire de l’Assemblée générale des Nations unies et figurer le 25 septembre parmi les 25 chef d’Etat qui s’entretiendront avec Bush de la Démocratie dans le monde.
Cette dernière rencontre est plus importante que tout le système des Nations-Unies, il rencontrera bush et l’Amérique c’est plus important pour le renforcement de l’amitié entre le peuple américain et le peuple mauritanien. Car les mauritaniens connaissent bien ce grand pays à travers la mention « don du peuple des Etats-Unis » sur les sacs de riz .
C’est une occasion donc pour sidi de se ressourcer auprès de la première puissance mondiale. Le Niger, le mali, tout ça c’est pas le développement. Il a choisi de prendre la voie du développement. Pour que l’on ne dise plus qu’on est pas en pays en voie de développement.


Il a donc décidé de sauter le pas, il va renforcer les relations avec ce pays ami, les States… Les renforcer davantage , c’est ce qu’on veut dire. Car ces relations sont déjà tellement renforcées qu’elles vont craquer. C’est donc une visite de renforcement de relations renforcées que va faire Sidi aux States.

Mais la réalité est toute autre et soyons moins cafardeux, Sidi va aux States parce qu’un chef d’Etat va où il veut. Du moment que le budget de la présidence le lui permet. Et pour lui c’est une aubaine. Il faut bien qu’il change de Tintane et de ses inondations et même de la Mauritanie, avec ses villes poubelles, ses mouches et son Mithaq. Sidi va aux states pour se ressourcer pour se détendre et surtout il pourra dire ce qu’il veut loin du cliquetis des armes du Basep. Loin des doléances de tant de visiteurs hâbleurs du palais ocre et des chicaneurs de postes de sa majorité. Même le brouhaha de l’Avenue la plus bruyante de New York lui semblera un havre de paix.

Sidi aura à discuter de l’importance que revêt la Mauritanie pour les Etats-Unis, l’importance stratégique que l’on sait. Qui se manifeste visiblement par les manœuvres militaires conjointes (défense de rire) entre les forces américaines et mauritaniennes et moins visiblement par la présence de l’ambassade d’Israël ( défense de se lamenter) à Nouakchott.
Il parlera donc aussi de financement et du soutien que les États-Unis pourraient apporter au développement de la Mauritanie, d'un côté et …d’Israël, de l'autre. Mais politiquement c'est du pareil au même.

Disons plutôt que même s’il n’en parle pas ils lui en parleront. Ils lui parleront de cette ambassade qu’il faut qu’il laisse là-bas, qu’il conserve et qu’il doit oublier….s’il veut que la Mauritanie ait de l’importance pour les States, s’il veut que les States financent la Maritanie pour qu'elle reste sur la voie du développement.

A l’américaine, ils mettront en balance, ce qu’il perd et ce qu’il gagne. Et sidi à ce moment là choisira entre être président ou être Marabout. Il n’aura pas le choix comme c’est le cas chez lui en Mauritanie, ou l’amalgame est toléré. Les américains sont sur ce point très pragmatiques et une demi-réponse ne suffit pas. Et soit Sidi reviendra avec dans ses bagages les institutions financières internationales soit il reviendra et repartira aussitôt du côté du Koweit ou de Paris... Aussi paradoxal que cela puisse paraître c’est son voyage de demain qui nous dira tout de son voyage d'aujourd'hui . S’il a été au States Président …ou marabout.


Mais Sidi a un atout dans sa poche. Car dans ce voyage aux States qui se sent le plus lésé ? Les Français bien-sûr. Sidi ne les a pas gratifié de ce voyage. Et cela plaira aux américains. Les « froggies », court-circuités . La coopération franco-mauritanienne s’en fera sentir. Tout dépendra de ce que sidi rapporte, Koweït et Paris sont à vol d’oiseau de Nouakchott.


En définitive Sidi aux States qu’est-ce que cela rapporte à la Mauritanie ?


Il faut dire que les States ce n’est pas le Niger, le seul haoussa que ces gens là parlent c’est le donnant-donnant. Et qu’est-ce que la Mauritanie peut donner aux States ? Certainement pas un allègement de notre balance commerciale excédentaire avec ce pays, ni le remboursement de son insupportable dette à notre égard, ni les licences et les brevets de hautes technologie et nos modèles industriels sur lesquels nous lui devons une incommensurable richesse en royalties.
Rien de tout ça. Mais nous avons ce qui vaut plus que tout ça : une ambassade avec laquelle les States, avec leurs alliés israéliens, dament le pion aux pays arabes.


Donc Sidi aux states peut tout demander, mais ne pas demander l’impossible. Et l’impossible, c’est de déménager l’ambassade d’Israël en Mauritanie à Tel-Aviv. Cela gâcherait un voyage et une amitié. Pour le reste, gone with wind.Autant en emporte le vent.

Pr ELY Mustapha

Le tableau illustratif de cet article est de Lydiel. Il s'intitule "Coup de vent" . Son blog : "http://blabladuneblonde.canalblog.com/albums/peintures/photos/2051184-coup_de_vent.html"

dimanche 23 septembre 2007

De quoi est coupable Maouiya ould Sid’Ahmed Taya ?

Qu’est-ce qu’un président ? c’est un chef d’Etat qui préside. Qui préside aux destinées d’un pays. Et comment le fait-il? A travers son gouvernement, ses conseillers, son parti politique...et ses courtisans.
Est-ce que tout ce beau monde est au Qatar avec Ould Taya? Evidemment que non. Et où est-il? En Mauritanie, évidemment. Et que fait-il ? Il est dans le gouvernement , dans les ambassades, dans les conseillers, dans le parlement, dans le parti pris et à prendre.

Alors pourquoi en veux-t-on à Taya si tous ceux qui l’on conseillé, qui ont été ses influents ministres, ses partisans, se courtisans et qui sont les responsables de premier rang de ce qui advînt au pays, sont toujours là?

Va-t-on nous faire croire que tant de détournements de fonds publics, de corruption, de blanchiment d’argent de drogue en circulation, de mauvaise gestion publique, de l’Etat de délabrement du pays, de la misère des populations, c’est Ould Taya et lui seul qui l’a voulu et exécuté.
Qu'on le veuille ou non, un Président est ce que son entourage en fait, et c'est l’entourage de Ould Taya qui est la cause première et le bras exécutant et souvent concepteur de tout ce qui s’est passé de malheurs dans le pays, est toujours là. Mieux , il s’est confectionné une nouvelle légitimité.

Mieux encore, celui qui l’a renversé était son directeur de la sûreté. Et qu’est-ce qu’un directeur de la sûreté ? C’est celui qui sait tout qui entend tout et qui donne les ordres pour poursuivre, incarcérer et , dans une dictature, réduire les citoyens au silence. Combien de faux dossiers préparés par la police ont permis de traduire des opposants devant la justice dans des procès infinis pour complots et autres crimes contre la sûreté de l’Etat ? Combien de citoyens ont été torturés dans les commissariats et à l’école de police ?

Est-ce Taya qui a inventé le « jaguar » ? Non. Mais son directeur de la sûreté le sait. Et pourtant c’est ce directeur de la sûreté qui le renversa au nom de la Démocratie et…de la justice.
Et nous eûmes une transition dans laquelle on fustigeait l’ancien régime corrompu et despote par la bouche du premier ministre de l’ancien régime corrompu qui était redevenu ..premier ministre de la transition.
Qui véhiculait à l’échelle gouvernementale la politique de l’Etat? Le premier ministre.

Un directeur de la sûreté de Taya devenu chef de l’Etat et un premier ministre de Taya qui devient premier ministre et l’on continue à accuser Taya de tous les crimes. Un Système autrement composé sans Taya. Et qui se recomposa après le élections de mars 2007. On eût un nouveau président, un nouveau premier ministre et on garda le reste. Deux personnes face à un régime ancien qui se reconstitue.

La personne qui s'est refugiée au Qatar n’est rien d’autre que le reflet d’une gigantesque toile qu’elle a participé à construire, mais elle n’est pas moins coupable que tous ceux qui l’ont portée aux nues, qui ont profité de sa présence pour piller le pays, déporter les populations, torturer les citoyens et mettre le pays à genoux.

Et ceux-là n’échapperont pas à tout procès qui se sera fait à Taya. Et celui que les avocats de l’organisation non gouvernementale basée à New York City, « Refugee Defense Alliance » viennent de lancer contre Maouiya ould Sid’ahmed Taya en saisissant officiellement les autorités du Qatar, ne manquera pas de faire des remous. Car à la première question du tribunal à venir qui sera certainement celle-là : « Monsieur le président Maouiya ould Sid’ahmed Taya, plaidez-vous coupable ? » la réponse sera soit celle-ci : « Oui monsieur le juge, mais je ne suis pas seul. », soit celle-la : « Non monsieur le juge, voici les coupables.. »

Et dans les deux cas de réponse, la liste sera longue, très longue. A l’image de tous ceux qui "l’on trahi", qui l’ont aidé à maintenir son régime, qui ont exécuté ses ordres ou qui ont agi par eux-mêmes.

En fait de quoi serait coupable Maaouya ould Sid’ahmed Taya si ses collaborateurs ne le sont pas aussi ?

Et on le sait, en droit international, en matière de crimes contre l’humanité, la responsabilité du chef n’exclut pas celle de ses subordonnés même agissant sous ses ordres. Qu’ils soient civils ou militaires.

Pr ELY Mustapha
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* Le tableau illustratif de cet article s'intitule "Justice et injustice" .

vendredi 21 septembre 2007

Le Secret de la Mauritanie Heureuse

Mon dernier roman a été publié.
OUALATA
Le Secret de la Mauritanie Heureuse

(cliquer sur l'image pour plus de détails)

Les Editions Cultures Croisées
1, av. Maurice de Vlaminck - P.64
77680 Roissy-en-Brie - FRANCE

Présentation de couverture

Aux confins de l’actuelle Mauritanie, la belle et antique cité de Oualata, au fort tristement célèbre, est le champ d’une incroyable aventure. Un voyage dans le temps nous fait traverser les époques qui jalonnèrent l’édification d’une nation heureuse.

La fiction, dans cette œuvre, se fait continuellement satire de la mauvaise gouvernance, du racisme et de l’état de la Mauritanie à la triste époque du “Podocène”.

Sur le même ton, l’auteur nous propulse, dans sa formidable voiture, non sans ironiser sur les avatars d’une technologie très avancée, à travers une Mauritanie Heureuse, harmonieusement pluriethnique.

Au-delà de la fiction se dessinent des constats et un idéal politique de “citoyen d’un pays heureux”. Le récit, dense et désopilant, tient le lecteur en haleine et lui donne envie de relire certaines pages pour réfléchir aux grandes questions abordées, auxquelles la satire confère une puissante visibilité.

Nul doute que les fondateurs de Oualata ont, comme ils le font à travers les fresques des femmes sur les maisons, inspiré à l’auteur ces messages de sagesse, d’harmonie et d’amour qu’il nous lègue dans un sourire malicieux.

Les finances publiques de l’Etat mauritanien

Fragilité et dépendance

Lorsque l’on examine les finances publiques de l’Etat Mauritanien on ne peut que se rendre compte de la fragilité économique du pays et de l’aléa de ses ressources financières.
En effet lorsque l’on analyse le budget de l’Etat deux caractéristiques apparaissent :
- Des ressources fiscales qui constituent quasiment la moitié des ressources budgétaires
- Des ressources non fiscales qui en constituent la seconde moitié et proviennent de revenus de ressources naturelles.

I- Des ressources fiscales pénalisant une économie fragile
Au niveau de ressources fiscales l’on pourrait penser que l’Etat se finance sur des recettes fiscales donc des ressources propres et que c’est une bonne chose. Mais l’examen de ces recettes fiscales montre qu’elles sont issues d’une ponction budgétaire réalisée sur les agents économiques par l’Etat et qui n’a rien a voir avec les capacités de création de richesse et donc de plus-value réalisées par le tissu économique. Un tissu économique fragile. Cette ponction fiscale outre qu’elle pénalise de façon durable le développement économique, constitue l’un des facteurs majeurs de la cherté et de la baisse du pouvoir d’achat du citoyen.
Ainsi lorsque l’on examine les recettes fiscales de l’Etat pour le budget 2007on constate la part importante qu’occupent les taxes sur les biens et les services (52%) suivis des impôts sur le bénéfices et les revenus nets (28%) et par les impôts sur le commerce et les transactions internationales (19%).
Si l’on sait que les entreprises mauritaniennes sont des petites entreprises qu’elles sont essentiellement des entreprises commerciales et de services on se rend compte de l’influence négative qu’une telle imposition peut engendrer pour l’économie mauritanienne. En effet, les entreprises industrielles et manufacturières sont à peine une centaine. Elle ne créent pas de valeur ajoutée significative pour l’économie et les bénéfices qu’elles réalisent se décomposent en marge commerciale acquise sur un bien importé et vendu sur le territoire national. La transformation industrielle y est limitée, et la valeur ajoutée technologique ou immatérielle est inexistante .

Cherté de la vie et besoin de financement structurel
La valeur ajoutée réelle dans l’économie étant faible, comment le tissu économique peut-il supporter une telle pression fiscale ? En effet, ce que l’entreprise paye au fisc c’est une part des bénéfices qu’elle réalise (l’Impôt sur les sociétés étant calculé sur le bénéfice net imposable) or le bénéfice est un retour financier de la valeur ajoutée économique créée par l’entreprise. En fait le bénéfice nait davantage d’une marge commerciale fixée par l’entreprise sur un produit souvent importé vendu au consommateur que d’une véritable création de richesse. Ce qui signifie que la ponction fiscale réalisée sur l’entreprise est répercutée sur le consommateur car l’entreprise peut moduler ses marges commerciales face à la variation du taux d’imposition, ce que le consommateur ne peut pas faire puisqu’il est dépendant d’un revenu qu’il ne peut moduler à la hausse ou à la baisse par lui-même. Le consommateur est donc nécessairement dans une situation d’achat d’un bien dans le prix duquel l’entreprise a déjà répercuté ses charges fiscales. D’où la formidable flambée des prix , facilement manipulables par les entreprises dans un système de contrôle des prix défaillants et où la concurrence ne joue pas pour établir un quelconque prix du marché. Ainsi lorsque 52% des recettes fiscales de l’Etat proviennent des taxes sur les biens et services et 28% des impôts sur les bénéfices et les revenu, on comprend alors le drame de l’économie mauritanienne . Le drame de sa stagnation auquel participe cette politique fiscale.
Pression fiscale irrationnelle, confiscation de l'épargne et appauvrisssement
En effet, dans cette perspective, il n y a ni épargne (par les ménages) ni investissement par les entreprises.
Il y a un appauvrissement du consommateur par une confiscation de son revenu entièrement tendu vers la consommation empêchant toute possibilité d’épargne et pénalisation des entreprises dans leurs investissements car l’épargne n’étant pas disponible , le financement de leurs investissement est fortement compromis. C’est en effet, la part de revenu non consommée (Epargne) déposée par les agents institutionnels, notamment les ménages dans les institutions financières et de dépôt qui participe à financer l’économie (crédits aux entreprises, pour favoriser l’investissement et crédit aux ménages pour relancer la consommation etc.).
C’est ainsi que l’économie mauritanienne se trouve dans un besoin de financement perpétuel dû à la ponction des liquidités sur le marché monétaire à travers la politique fiscale et à l’absence d’épargne due à la cherté de la vie et à la faiblesse du pouvoir d’achat. Le entreprises limitées dans leurs investissements ne peuvent participer à la création de valeur ajoutée, d’emploi et de revenus distribuables.

Dilapidation des ressources publiques: schizophrénie budgétaire.
Cette situation aurait pu être améliorées si côté dépense publique, la gestion budgétaire se caractérisait par l’efficience et l’efficacité . C’est-à-dire donner une contrepartie aux prélèvements fiscaux à travers l’amélioration du niveau de vie des populations (cadre de vie, santé, culture ), le soutien au tissu économique (maitrise de compétences de qualifications, mise à niveau commerciale, industrielle et technologique des entreprises) la formation brute de capital fixe (grands projets d’infrastructure et d’aménagements de zone industrielles, de pôles technologiques etc.). Tout cela aurait eu un impact favorable sur l’entreprise nationale, sur sa compétitivité, sur le rendement de son investissement , sur la satisfaction de ses besoins en ressources humaines qualifiées etc.
Or on sait ce qu’il en est. Outre que le budget de fonctionnement absorbe une part importante des ressources de l’Etat, s’ajoutent dans le budget d’investissement les détournements de fonds publics, les concussions, malversations et autres déperditions des ressources nationales qui pénalisent durablement tout développement économique.

L’Etat prend d’une main ce qui ne tombe jamais dans l’autre. Une gestion « schizophrénique » des ressources publiques. La schizophrénie est dit-on « lorsqu’une main ne sait pas ce que fait l’autre ». Un état de dysfonctionnement avancé.
L‘examen à ce niveau du cadre comptable de la loi de finances à savoir le budget de l’Etat exprime bien une fragilité structurelle des finances publiques mauritanienne qui apparaît davantage au niveau de la dépendance des ressources non-fiscales.

II. La dépendance structurelle des ressources naturelles

Lorsqu’on examine la place qu’occupent les recettes non fiscales dans le budget de l’Etat on se rend compte de la dépendance des finances publiques de ressources qui ne sont ni créées par des unités économique (véritable valeur ajoutée de la croissance) ni renouvelables : des revenus de l’exploitation de ressources naturelles. Un financement par une rente.



En effet 51% des ressources budgétaire de l’Etat sont non fiscales. Elles se détaillent en recettes diverses (41%) et en revenus des entreprises et de la propriété (59%)

Les recettes diverses soit un peu moins du quart du budget proviennent des recettes pétrolières c’est-à-dire les retraits du compte pétrolier (96%) et une part non significative de 4% provenant de la dette rétrocédée La dette rétrocédée ou avalisée étant celle contractée par l’Etat au profit entreprises publiques. Elle est gérée par la Direction de la dette extérieure (DDE) avec la dette publique extérieure de l’Administration publique.

Quant aux 49% restants de recettes non fiscales de l’Etat, ils sont constitués par le « Revenu des entreprises et de la propriété. » soit à 75% de redevances, de 20% de revenus des entreprises publiques et des institutions financières et de 5% de revenus divers.
Les redevances sont constitués uniquement des redevances et des amendes de pêche.

Quant aux revenus des entreprises publiques et des institutions financières, Elles proviennent de la Banque centrale, du port autonome de Nouakchott(panpa), de Mauritel et de la Snim. Cette dernière y contribue pour 74 %.
On se rend compte donc que les recettes non fiscales de l’Etat sont constituées essentiellement par les revenus du pétrole, les redevances de pêche et les revenus de l’exploitation du fer (SNIM). Soit des revenus de ressources naturelles non renouvelables.
Si l’on considère maintenant la part des recettes de l’Etat provenant de revenus de ressources naturelles (mines, pêche, pétrole) par rapport à l’ensemble de ses recettes propres (fiscales et non fiscales on se rend compte qu’elles constituent 47 % ! Quasiment la moitié des recettes de l’Etat mauritanien proviennent de ce qu’il ne produit pas ! une manne de la nature par laquelle il se finance et qui en plus n’est pas renouvelable.
Quelles conclusions peut-on tirer de la situation des finances publiques actuelles?

C’est que l’Etat mauritanien est dans une situation de dépendance financière structurelle et que cette dépendance n’est pas celle au moins d’un Etat appuyé sur une économie industrielle et qui tirerait ses recettes de l’activité de création de valeur ajoutée, d’enrichissement et d’expansion de ses entreprises mais de revenus perçus principalement sur de ressources naturelles à savoir une rente qui finira par se tarir. L’autre part des recettes perçue, savoir les recettes fiscales se fait dans le cadre d’une politique fiscale pénalisante pour une économie fragile qui a besoin de ressources pour investir. Une pression fiscale, mal étudiée , s’exerçant essentiellement sur les biens et services qui entraine une cherté de la vie exponentielle, qui prive les entreprises de moyens d’investissement qui annihile l’épargne des agents institutionnels notamment les ménages privant le système financier de ressources d’épargnes essentielles pour le concours à l’économie (crédits aux entreprises et aux ménages).
Des finances publiques structurellement fragiles appuyée essentiellement sur une économie de rente qui ponctionne à travers une fiscalité les maigres ressources des individus et des entreprises.
Une économie qui ignore la croissance et dont les lendemains à l’image de ses ressources naturelles sont incertains. Si l’on ajoute à cela l’incommensurable dilapidation des biens de l’Etat et de ses ressources financières (détournement, malversation..) et les processus d’endettement intérieur (bons du trésor ) et extérieur ( prêts auprès du système bancaire international) que l’Etat utilise pour combler le gap de ses ressources et pour financer ses grands projets publics, on comprend la fragilité de ses finances et la dépendance qu’elles entrainent pour toute une nation.

Pr ELY Mustapha

mercredi 19 septembre 2007

Un Faucon pour la Mauritanie.

Voilà pourquoi on ne peut lutter contre la corruption


Un document du Ministère de l’Economie et des Finances largement distribué sur son site nous fait l’état des lieux, des engagements internationaux de la Mauritanie en matière de lutte contre la corruption, des voies et procédures administratives, financières, juridictionnelles, institutionnelles etc. pour lutter contre la corruption.
En somme un déluge de bonnes intentions qui verse dans l’étalement d’une vision panoramique et en technicolor de la corruption en Mauritanie. La seule chose qu’on en retient c’est que l’administration, y compris celle qui a élaboré ce document, reconnait sa corruption.
Non, la lutte contre la corruption n’a pas besoin d’un document à palabre qui ressasse en long et en large ce que l’on retrouve dans tous les documents internationaux et nationaux de lutte contre la corruption. De l’ONU à l’OCDE, de l’EU à la banque mondiale, de la Biélorussie au Benin, tous on élaboré des textes juridiques pour la lutte contre la corruption. Et Après ? Ni l’ONU, Ni les pays de l’OCDE et de l’Union européenne qui disposent de tant de moyens pour lutter contre la corruption n’ont pu la vaincre , ne parlons même pas de la Biélorussie , bu Bénin et de la centaine d’autres Etats du monde qui ont décidé de lutter contre la corruption.
Le rapport du ministère de l’économie et des finances pourrait se résumer en un mot : « la corruption en Mauritanie existe à tous les échelons de l’Etat , du simple policier au haut commis en passant par toute l’administration publique, les corps constitués, les organes politiques, juridictionnels, économiques, sociaux et militaires …»

Un constat sans appel et un aveu sans détour d’une administration minée par la corruption. La corruption un monstre d’Etat que l’on veut combattre avec des tigres en papier : des rapports et des textes à profusion fussent-ils une synthèse au petit bonheur de tout ce que les organisations internationales nationales ont cogité jusque-là.

Cessons de nous leurrer, la corruption n’est pas affaire de textes à proclamer, ni de conventions internationales à signer, ni de bonnes intentions à déclarer, mais d’action.
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Qu’ajouterons-nous alors de neuf en Mauritanie à tout ce qui existe pour lutter contre la corruption ?

Sur le plan du droit tous les codes existent du code pénal au règlement général sur la comptabilité publique en passant par la pléiade de codes qui régissent le devoir et les obligations du fonctionnaire et les sanctions afférentes...
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Sur le plan des organismes de contrôles, la Cour des comptes existe, L’Inspection générale des finances existe, les inspections départementales des ministères existent, l’Inspection générale d’Etat existe , la direction du contrôle des impôts existe, les juridictions de tous ordres existent…
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Alors qu’est-ce qui manque pour lutter contre la corruption ?
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Ce qui manque c’est justement ce que aucun texte ne résout : trouver des personnes non corrompues pour mettre en œuvre toute réforme contre la corruption. Des personnes compétentes, dévouées, incorruptibles, bénéficiant d’une indépendance financière, protégées par leur statut et par les autorités .
Des personnes indépendantes de leur tribus, indépendantes de leur clan , indépendantes de leurs opulence et n’ayant pas un passé mafieux ou judiciaire quelconque…des personnes capables de travailler sous haute pression 20 heures d’affilée et de pouvoir dire « non » à toutes les instances du pouvoir.
Guidées par le seul devoir de justice et la volonté de réussir; aguerries à la lutte contre la corruption, par leur expérience, et par leur courage.

Ces personnes là, ce ne sont pas les textes qui les inventent, ce ne sont pas les stratégies élaborées au fond d’un département ministériel ou d’un conseil consultatif qui les inventent, elles naissent dans un système qui a la volonté de lutter contre la corruption , une volonté acquise depuis longtemps , il les recrute dans des corps judiciaires et administratifs, magistrats et fonctionnaires, qui furent affectés à cette lutte dans les tribunaux et dans les administrations. Et qui réussirent avec plus ou moins de bonheur cette mission. Or on n’en connait pas et personne ne s’est illustré dans cette fonction et pour cause. La corruption était le lot de tout le monde y compris ceux-là même qui était sensés en être les boucliers .

Le juge italien Giovanni Falcone débutait toujours ses interrogatoires par cette phrase :

« Dites ce qu'il vous plaira, mais sachez bien que cet interrogatoire sera pour vous un calvaire, car j'essaierai de vous faire tomber dans tous les pièges possibles. Si par hasard, vous parvenez à me convaincre de la vraisemblance de vos propos, alors et alors seulement, je pourrais envisager de soutenir votre droit à vivre et à être protégé face à la bureaucratie et face à Cosa Nostra ».
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Qui en Mauritanie est capable aujourd’hui de tenir ce langage ?
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Combien de Falcone dans nos administrations ? Combien de Borrelli dans nos juridictions ?
C’est ce qu’il faut se demander. Se demander qui a les mains propres pour lutter contre la corruption et surtout remettre au placard « cette stratégie nationale de lutte contre la corruption (2007-2010) » qui si elle a une valeur quelconque c’est de montrer que l’on cherche encore à figer dans les textes et dans les procédures ce qui, on le sait, ne se fait qu’avec des hommes qui y consacrent leur temps et souvent y laissent leurs vies. Des Falcone, des faucons.
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Contre la corruption et tout ce qui a la nation nuit, on pense stratégie, mais on agit. Et là où les faucons ne volent pas, les pigeons font leurs nids.
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Pr ELY Mustapha
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* La peinture illustrant cet article est intitulée "Faucon pélerin et perdrix rouges" elle est du peintre animalier, lithographe et sculpteur Pierre Roussia. Son site: http://www.pierre-roussia.com/v2/index.php

lundi 17 septembre 2007

L’opposition mise en cage

Où est Ahmed Daddah ?

Y’a-t-il un capitaine à bord ? Pourrions-nous dire. Ahmed Daddah a disparu de la scène politique. Une brève apparition lors des inondations de Tintane et c’est tout. Va-t-il limiter ses apparitions aux inondations ? Ce qui est certain c’est que le calme plat règne sur le parcours politique récent de cet homme politique.
L’homme qui était de toutes les situations, qui pourfendait vents et moulins s’est assagi d’un seul coup. La scène politique mauritanienne le désole-t-il à ce point ou a-t-il trouvé que tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles ?
De toute évidence, Ahmed Daddah, n’est plus de toutes les guerres, il semble avoir choisi le front de la paix. Mais est-ce là le rôle d’un opposant historique ?

On aurait pu le croire, si arrivé au pouvoir il avait été satisfait des réformes entreprises et si convaincu de ses réalisations, il s'était refugié dans le calme, celui de la satisfaction d’un travail accompli. Or on le sait, il n’en est rien.

Le paysage socio-économique est en déliquescence avancée et le pouvoir n y a pas apporté des solutions convaincantes, la scène politique se repeuple d’ombres mystérieuses de jadis, le paysage politique se recompose à la hussarde en une mosaïque partisane à l’allure de déjà-vu. La drogue sévit et la mafia s’est appropriée les créneaux du système économique, le pauvre citoyen peine sous le poids d’une économie de la cherté, de l’endettement, du besoin et de la pauvreté.

Et dans tout cela où est Ahmed Ould Daddah? Où est, à travers lui, toute l’opposition qu’il haranguait ?

C’est aujourd’hui et maintenant que l’opposition se doit de jouer son rôle. C’est aujourd’hui et maintenant que le système politique en place a besoin d’interlocuteurs dynamiques et capables de redresser la barre à travers une opposition contrepoids au dérapage.

Le vide du paysage politique laisse perplexe ces 47,15% de Mauritaniens qui ont voté Ahmed Daddah, aux élections présidentielles, et qui se retrouvent aujourd’hui devant un homme qui semble peiner à continuer cette lutte qu’ils lui ont confiée.

Ahmed Daddah a-t-il baissé les bras ?

Tout semble le faire croire à travers sa disparition du paysage médiatique.

L’opposant aguerri s’est-il laissé prendre par le confort institutionnalisé de sa « fonction » de leader de l’opposition et s’est, à travers cet office, imposé un droit de réserve ?

On ne saurait le dire mais si l’on compare l’homme dynamique, virulent, actif, dénonciateur et pourfendeur de l’ordre d’avant mars 2007 et celui d’aujourd’hui, assagi, prudent, épisodique dans ses déclarations, effacé on peut dire qu’Ahmed Daddah n’est plus ce qu’il était. Car rien ne justifie une telle attitude. Ni la situation économique et financière, ni la situation politique du pays ni sa situation sociale ne sont des motifs de satisfaction . Et l’opposition semble avoir disparu de la scène politique.

Quelles conclusion en tirons-nous ?

Une conclusion qui se base sur un constat amère : l’opposition et son leader se sont laissés piéger par l’institutionnalisation de leurs fonctions.

D’un côté le leader de l’opposition s’est trouvé enfermé dans une fonction aux devoirs et aux rôles législativement bien définis le transformant en une institution statique qui se meut avec le pouvoir , qui l’accompagne, qui se concerte mais ne s’oppose pas. Une forme de « ministère de l’opposition » qui a institutionnalisé une neutralité de fait basé sur une gestion « concertée » de l’opposition. On ne s’oppose plus : on discute. Une opposition à palabre.

De l’autre côté une opposition prise dans l’enceinte du parlement et qui avec ses quelques députés s’évertue chaque jour à discuter, à amender des lois oubliant que ce n’est là qu’une infime part de son rôle.
Une opposition qui s’est complètement réduite à un rôle en aval de pronunciamiento sur des actes qu’elle aurait du plutôt moduler en amont par l’influence qu’elle doit exercer sur le pouvoir à travers son opposition sur le terrain social et économique. En somme auprès du peuple. Et à travers ses méthodes de sensibilisation populaire, ses dénonciations, ses manifestations, ses négociations et son poids dans la scène politique partisane.

L’institutionnalisation de l’opposition , « parlementarisée » et réduite à amender des lois dont la confection et l’essence lui échappe, la fonctionnarisation de son leader, le réduisant à un gestionnaire de l’opposition, explique pour une large part cette léthargie dans laquelle l’opposition est tombée.

Or l’opposition a besoin de liberté, elle a besoin de n’être liée que par des principes qu’elle défend. Elle doit être présente dans le peuple et avec lui . Défendant pied-à-pied et au jour le jour ses intérêts. Haranguant les foules quand il le faut , appelant à la résistance quand c’est nécessaire. Bref une opposition qui s’oppose.

Or en entrant dans le jeu de l’institutionnalisation et de la « fonctionnarisation" , l’opposition a été prise au piège. Elle est devenue une partie du système auquel elle est sensée s’opposer. On l’a mise en cage..dorée.

Pr ELY Mustapha
* La calligraphie illustrant cet article est de Moustapha Al-Arabi elle reproduit en Calligraphie un proverbe russe: "Pour le rossignol, cage dorée n'est pas une joie". Site Web: http://www.kaosmos.be/oeuvres/artistes/moustafaalarabi.htm

mercredi 12 septembre 2007

Pour une Mauritanie plurilingue





Esquisse d’une solution



1. La pratique de la solution

Les constats :

- La langue française est une langue étrangère et ne peut servir de langue officielle.
- Les langues nationales vue leur pluralité ne peuvent jouer le rôle de langue officielle
- La Langue arabe est une langue parlée par une majorité de la population
- La langue arabe peut jouer le rôle de langue officielle
- La langue officielle et les langues nationales se doivent d’être apprises par tous les Mauritaniens

Les impératifs :

- La langue officielle, l’arabe doit être obligatoirement enseignée à tous le mauritaniens
- Les langues nationales doivent être obligatoirement enseignées à tous les mauritaniens.

Les objectifs :

- Tous les mauritaniens doivent utiliser dans leurs relations officielles la langue arabe
- Tous les mauritaniens doivent à terme parler toutes les langues nationales.

Les moyens :

Mettre à contribution le système éducatif et l’enseignement pour asseoir une politique de maîtrise aussi bien de la langue officielle, l’arabe, que des langues nationales.
Ainsi la langue arabe sera obligatoire pour tous les cursus d’enseignement (primaire, secondaire, universitaire et professionnel). Tous les mauritaniens apprendront obligatoirement la langue arabe. Cette obligation d’enseignement de la langue arabe est accompagnée des mesures suivantes :

- Programmation d’une langue nationale obligatoire à enseigner pour tous les mauritaniens, à côté de la langue arabe (même charge horaire, même coefficient).

- A chaque cycle d’enseignement sera affecté l’enseignement d’une langue nationale obligatoire . Une langue nationale au cycle primaire, une seconde langue nationale au premier niveau cycle secondaire (collège), une troisième au second niveau du cycle secondaire programmée etc.

Par ce moyen le Mauritanien scolarisé qui aura terminé l’un quelconque de ces cycles (primaire, secondaire etc.) aura appris la langue arabe, langue officielle, et une, deux ou trois langues nationales. A l’université, l’apprentissage des langues sera approfondi de façon équivalente.

Résultats :

- Le Mauritanien, pourra à chaque étape de son cursus éducatif apprendre une langue nationale et en fin de parcours, il sera plus à même de dialoguer avec ses compatriotes dans leur propre langue.
- Les craintes de « discrimination » et « d’assimilation » à travers le choix de la langue arabe disparaîtront par elles-mêmes. Car chaque mauritanien est obligé d’apprendre la langue de son compatriote et finira par l’adopter.
- Après quelques années de ce régime d’enseignement des langues, la langue arabe, langue officielle, sera parlée par tous les mauritaniens et l’utiliseront pour tous leurs actes officiels et les langues nationales seront, avec l’arabe, les langues du peuple parlées par tous.
-
2. La théorisation de la solution

Si l’on veut théoriser cela pour plus de visibilité on dira que grâce à cette stratégie le processus des langues en Mauritanie suivra trois étapes principales en partant d’une situation d’origine.

Avant la réforme (situation d’origine) : actuellement la langue arabe ne touche pas les negro-mauritaniens tout comme les langues nationales ne touchent pas les arabes mauritaniens. Ces langues évoluent dans deux sphères sociales séparées. Ce qui éminemment négatif pour l’unité et l’intégration nationale de communautés ayant le même destin.


Au Début de la réforme : D’abord, destiner la langue arabe à être une langue « horizontale » devant assurer la communication entre tous les mauritaniens (langue officielle). Transcendant les communautés. Ensuite, présenter les langues nationales comme étant des langues « verticales » ne touchant que les communautés qui les parlent. Le système éducatif va donc assurer l’interpénétration des langues à travers leur apprentissage obligatoire pour tous les mauritaniens.




En cours de réforme : lorsque les premières générations auront terminé le cursus de l’école primaire ou du collège. La tendance va aller dans le sens de « l’horizontalité » des langues nationales pour rejoindre la langue arabe et auront tendance à devenir des langues parlées par tous.




A la fin de la réforme : Application complète de la reforme aux premières générations de scolarisés. Les langues nationales auront acquis la même « horizontalité » que la langue arabe. Elles seront parlées par tous les mauritaniens en même temps que la langue arabe.


Si cette réforme est appliquée sur une période de 10 (pour ses premiers résultats) à 18 ans (pour un résultat définitif) , alors à la fin de cette période, on aura une Mauritanie plurilingue, aux couches sociales mieux intégrées entre-elles à travers le dialogue car l’apprentissage des langues aura facilité la communication. Toutes les langues seront les langues de tous le Mauritaniens.



Simple Simulation :




Mes convictions personnelles :

Après la période de réforme, il sortira du système éducatif une génération de mauritaniens qui parle indifféremment ses langues nationales accroissant ainsi ses capacités de dialogue, de tolérance et de fraternité. Chacun découvrira la langue de l’autre et chacun saura que sa langue est équivalente en richesse en humanisme et en sensibilité à celle de l’autre. Alors il l’adoptera, l’apprendra davantage et c’est là où nous arriverons à une Mauritanie plurilingue où tous ses enfants auront compris la valeur du proverbe : « qui ignore une chose a tendance à la haïr ».



Pr ELY Mustapha

mardi 11 septembre 2007

Bienvenue sous la tente ocre

Le Marabout-président



De L’avis de tous ceux, y compris les étrangers, qui ont rencontré le Président Sidi ould Cheikh Abdallahi, le sentiment est le même : c’est un homme affable, qui vous écoute attentivement qui ne vous interrompe jamais et qui vous donne cette impression de tranquillité. Ses gestes sont mesurés et posés. Il interroge plus qu’il n’expose avec un sens de la mesure donnant à celui qui l’écoute cette impression qu’il a toujours bien répondu a ses interrogations. Tous ceux qui ont rencontré Sidi ould cheikh Abdallahi, sont repartis avec la ferme conviction qu’il y avait chez cet homme une qualité réelle de conciliation et un vouloir inné de ne point irriter.

Un homme sage qui cherche dans la satisfaction de certains la satisfaction de tous. Satisfaire tout le monde sans irriter personne. Parler sans aller au-delà de ce qui peut être dit , se suffire de faire comprendre. A la profusion de mots il préfère le peu de mots justes. Aux mots qui dérangent, ceux qui concilient . Et quand chacun y va de ses doléances, il rencontre l’avis d’un interlocuteur qui lui laisse de l’espoir en de jours meilleurs.

En replaçant toutes ses remarques dans leur contexte socioculturel mauritanien, Sidi ould Cheikh Abdallahi, apparaît comme l’envers d’une image d’Epinal : un Marabout sous une tente ocre. Avec lui, comme on sied à le dire dans les grandes zouaya, la présidence est une « tente de grande famille ».

Sidi Ould Cheikh Abdallahi dispose de qualités certaines qui sont sans conteste, en diplomatie, un atout majeur, mais le sont elles dans la gestion de l’Etat ?

La conciliation d’intérêts est une œuvre que justifient les relations humaines, elle est souvent utile dans les arbitrages de groupes, de personnes, d’autorités mais elle devient inefficace sinon même dangereuse dans la gestion publique. Les acteurs de la gestion publique ont besoin d’ordre et de commandement, de fermeté dans la direction et de choix solides dans les hommes et les objectifs. Ils ont besoin de sécurité tant dans leur encadrement que dans la constance et l’unicité de la prise de décision. En somme, une rigidité à l’image des outils qu’ils utilisent.

Il est impossible de gérer l’Etat en recherchant de façon permanente la conciliation. Toute volonté de gouverner nécessite au préalable d’avoir choisi un option de développement. Un programme politique visant à appréhender, en fonction de la vision du leader politique et l’idéologie qui le guide, tous les secteurs de la vie sociale, politique et économique. En somme un programme à exécuter et à défendre. Et l’on voit bien dans cette optique que la conciliation doit servir ce programme et non l’annihiler en gérant de façon continue, à travers une recherche permanente de conciliation, les conditionnalités et les résistances posées par les autres forces politiques de l’opposition notamment.

En ce domaine Sidi Ould Cheikh Abdallahi, pèche par excès, il veut gouverner l’Etat dans une paix institutionnelle qui éviterait les frictions politiques en associant à ses efforts toute force contraire. C’est la raison pour laquelle ceux-là même qui devaient jouer avec des forces institutionnelles, un contre-pouvoir à savoir les partis d’opposition se sont mis à rechercher un « gouvernement d’unité nationale ». La personnalité du nouveau locataire du palais ocre s’y prêtait à merveille. C’était cependant sans compter sur les engagements qu’en homme d’honneur Sidi Ould Cheikh Abdallahi a pris à l’égard de ceux qui l’on soutenu. La droiture sans concession, voilà encore une qualité de cet homme qui l’empêche d’aller à contre-courant de ses engagements même s’ils sont en contradiction avec les intérêts de la gestion publique. Les nominations fort contestables et critiquées par un pan non négligeable de la classe politique et de l’intelligentsia, illustrent dramatiquement bien cette difficulté pour cet homme à arbitrer entre l’intérêt d’un groupe qui l’a soutenu et l’intérêt d’une nation qui a voté pour lui. Arbitrage qui met en balance la personnalité de l’homme de principes pour qui le respect de la parole donnée est sacré et le statut de l’homme d’Etat pour qui l’intérêt de tous doit primer l’intérêt de quelques uns. Et la balance pencha dans le sens que l’on sait.

Aujourd’hui, l’Etat Mauritanien ne souffre pas de son président, il souffre d’un état d’esprit, d’une forme de gouvernance « molle » qui s’affaisse sous le poids d’une gestion publique minée par les défauts hérités.

L’attitude conciliante du Président dans la gestion des affaires publiques trouverait son impact favorable dans un terroir politico-institutionnel spécifique. A savoir un régime traditionnellement démocratique ayant développé des us et coutumes d’une gestion saine et contrôlée et où la responsabilité des agents publics et hauts commis de l’Etat est passée en force de chose partagée et où le respect des lois prime l’intérêt personnel, tribal et clanique.
Or l’Etat mauritanien ne répondant pas par définition à cette description que se passera-t-il si le président persévère dans la gestion conciliante des intérêts publics ?

Outre la lenteur déjà fortement remarquée dans le processus de décision publique, s’ajoutera une complexité qui prendra sa source dans la tendance naturellement héritée d’un régime de gabegie, de profiter au maximum de l’inexpérience politique des décideurs. Ainsi, profitant d’une volonté conciliatrice, toute décision défavorable à leurs intérêts est présentée par des lobbies constitués comme vitale et doit suivre le méandres des consultations des acteurs sociopolitiques avec ce que cela entrainera comme lenteurs et blocages.
Cependant ce qui est certain, c’est que le Président Sidi Ould Cheikh Abdallahi gère l’Etat à sa manière. Lente, conciliatrice à l’excès ou conciliante des intérêts, il n’en demeure pas moins qu’il a cette qualité de gérer en son âme et conscience.

Avec le temps changera-t-il de stratégie ? Nul ne le sait. Mais ce qui à craindre n’est pas vraiment ce que la nature profondément honnête de cet homme puisse imprimer à la gestion de l’Etat, c’est plutôt ce que la nature profondément malhonnête de certains pourrait, malgré lui, lui faire faire contre son âme et conscience.

Pr ELY Mustapha
* La peinture illustrative s'intitule "l'échiquier" est du peintre Francis Boutleux. Son site: http://boutexpo.free.fr/gallery/

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Poésie de la douleur.