dimanche 30 octobre 2011

Daddah Iznogoud

La valse des émirs 
------
IZNO_CRIAhmed Daddah serait-il myope?  Ne voit-il pas venir la vague qui risque de l’emporter? Pourtant, sans être devin, nous lui avons récemment adressé une lettre ouverte (voir ici) . Même Sarkozy nous avons répondu à la lettre ouverte que nous lui avons adressée (voir ici). Daddah non. Pourquoi ? Parce que c’est Daddah. Un homme à œillères politiques qui a raté des virages historiques et croit toujours que la route à la présidentielle est droite. Il sait qu’il n’est plus dans la course et pourtant il cavale toujours.
Nous avions écrit en l’occurrence : « Nous savons pourquoi vous êtes opposant mais vous êtes-vous posé la question: “pourquoi suis-je toujours dans l’opposition?”.
A moins que vous n’ayez décidé d’inventer l’opposition professionnelle, vous devez savoir qu’une opposition ne peut être que conjoncturelle et que vous devez forcément en sortir et en sortir ceux qui depuis des décennies militent avec vous et qui croient en vous. Sinon laisser la place. »
Aujourd’hui, même les émirs prennent la poudre d’escampette. Et pas n’importe lesquels. Parmi eux l’émir du Trarza. Le chef traditionnel du fief de Daddah.
Au-delà de la migration opportuniste que ce genre de comportement inspire, il n’en reste pas moins que la symbolique d’un tel geste est fort « cruelle » politiquement. Un lâchage de ce type ne passant pas inaperçu, Daddah, n’a-t-il pas vu venir une telle défection ? Nous ne saurions le dire. Ce qui est certain c’est que le RFD fuit quelque part. Un émir s’en va, dix de retrouvés, pourrait-on dire, mais quand il s’agit de l’émir de son fief, bien des questions se posent. N’ont pas que l’émir soit une force politique en soit mais qu’il peut générer un sentiment local de désaffection programmé du RFD dans les populations de l’intérieur tant les alliances et les préjugés tribaux sont encore forts.
Un émir pour Aziz
Ce qui est curieux c’est que l’émir du Trarza s’en est allé directement se jeter dans les bras d’Aziz. Curieux ? Pas autant que cela si l’on connait la politique de « la terre brulée » inaugurée par le général depuis qu’il est au pouvoir (voir l’article à ce propos ici ). L’émir est victime de la phagocytose du général et de la « satisfactose » de l’opposant. Alors il a plié bagage et s’est rendu chez le personnage le plus « idéologiquement »…rentable. Aziz a le Trésor public et Daddah, le Trésor à vide. Et tous les deux sont avides de pouvoir. Donc choisir celui qui a les moyens de s’y maintenir, à défaut de choisir celui qui promet d’y arriver, est une sagesse politique qui dicte désormais les « alliances » politiques mauritanienne.
On appelle cela « retournement de veste » et juste retour des choses à l’égard de Daddah , qui depuis l’arrivée des militaires en 2005 essaye de la retourner sans grands succès.
Et depuis le temps que Daddah  déclare  qu’il veut “être Calife à la place du Calife”, il a fini par faire fuir même son émir. C’est sûr, Daddah Iznogoud (1).
Haroun el-Poussah reste le bien aimé de Baghdad à… Dar Ennaim. Et l’émir se Dilat Laraht.
---
Pr ELY Mustapha
____________
Note :
(1) Iznogoud est une série de bande dessinée créée par René Goscinny (scénario) et Jean Tabary (dessin) en 1961 dans Record sous le titre Les aventures du calife Haroun El Poussah.
Au temps des Mille et une nuits, Haroun el-Poussah est le Calife bien aimé de Bagdad, et Iznogoud son dévoué vizir. Iznogoud est assisté de Dilat Laraht, son homme à tout faire. Iznogoud a une idée fixe : « devenir calife à la place du calife ! ». (Wikipédia)

jeudi 27 octobre 2011

Lois à l’attention de nos compatriotes en France

-----

Si nul n’étant censé ignorer la loi, à l’étranger c’est insensé .

---

codeAussi pour nos compatriotes en France (et pour tous ceux qui s’y trouvent), les textes fondamentaux à garder auprès de soi et chez soi (en format PDF universel, Epub pour iphone, et Ipad et en Xhtml pour l’édition web). (Clic droit sur le format pour télécharger.)

Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile  PDF | ePub | xHTML

Code de déontologie de la police nationale  PDF | ePub | xHTML

Code de déontologie des agents de police municipale  PDF | ePub | xHTML

Code de l'organisation judiciaire  PDF | ePub | xHTML

Code pénal  PDF | ePub | xHTML

Code de procédure pénale  PDF | ePub | xHTML
Code civil  PDF | ePub | xHTML
Code de procédure civile  PDF | ePub | xHTML

Code du travail  PDF | ePub | xHTML

Code du travail maritime PDF | ePub | xHTML
Code de justice administrative PDF | ePub | xHTML

Code de justice militaire (nouveau) (PDF | ePub | xHTML

Code des juridictions financières PDF | ePub | xHTML

Code de l'action sociale et des familles PDF | ePub | xHTML

Code de la famille et de l'aide sociale PDF | ePub | xHTML
Code de la sécurité sociale PDF | ePub | xHTML
Code de la santé publique PDF | ePub | xHTML

Code de l'éducation PDF | ePub | xHTML

Code des pensions civiles et militaires de retraite PDF | ePub | xHTML

Code des pensions militaires d'invalidité et des victimes de la guerre PDF | ePub | xHTML
Livre des procédures fiscales PDF | ePub | xHTML
Code de la route PDF | ePub | xHTML
Code de la voirie routière PDF | ePub | xHTML
Code général des collectivités territoriales PDF | ePub | xHTML
Code des communes PDF | ePub | xHTML
 
Code général des impôts PDF | ePub | xHTML
Code de commerce PDF | ePub | xHTML

Code des assurances PDF | ePub | xHTML

Code des douanes PDF | ePub | xHTML

Code de l'urbanisme PDF | ePub | xHTML
Code de l'environnement PDF | ePub | xHTML
Code de la construction et de l'habitation PDF | ePub | xHTML
Code Rural nouveau  PDF | xHTML
Code monétaire et financier PDF | ePub | xHTML
Code de la consommation PDF | ePub | xHTML
Code de la propriété intellectuelle  PDF | ePub | xHTML
Code de la mutualité PDF | ePub | xHTML

Code général des impôts, PDF | ePub | xHTML
Code général des impôts, annexe 1 PDF | ePub | xHTML

Code général des impôts, annexe 2 PDF | ePub | xHTML

Code général des impôts, annexe 3 PDF | ePub | xHTML
Code de l'expropriation pour cause d'utilité publique PDF | ePub | xHTML
Code général de la propriété des personnes publiques PDF | ePub | xHTML
Code du tourisme  PDF | ePub | xHTML
Code du patrimoine PDF | ePub | xHTML
Code forestier PDF | ePub | xHTML
Code des postes et des communications électroniques PDF | ePub | xHTML
Code minier PDF | ePub | xHTML

Code du domaine de l'Etat PDF | ePub | xHTML
Code de déontologie des professionnels de l'expertise comptable PDF | ePub | xHTML

Code de la recherche PDF | ePub | xHTML
Code des pensions de retraite des marins français du commerce, de pêche ou de plaisance PDF | ePub | xHTML
Code disciplinaire et pénal de la marine marchande PDF | ePub | xHTML
Code de déontologie des architectes PDF | ePub | xHTML
Code de la légion d'honneur et de la médaille militaire PDF | ePub | xHTML
Code de l'artisanat  PDF | ePub | xHTML
Code du service national PDF | ePub | xHTML
Code du domaine public fluvial et de la navigation intérieure PDF | ePub | xHTML
Code forestier de Mayotte PDF | ePub | xHTML
Code du domaine de l'Etat et des collectivités publiques applicable à la collectivité territoriale de Mayotte PDF | ePub | xHTML
Code des douanes de Mayotte PDF | ePub | xHTML
Code du travail applicable à Mayotte PDF | ePub | xHTML
Code des communes de la Nouvelle-Calédonie PDF | ePub | xHTML
Code des instruments monétaires et des médailles PDF | ePub | xHTML

Code du sport  PDF | ePub | xHTML
 
Code électoral PDF | ePub | xHTML

Code de la défense  PDF | ePub | xHTML
Code des ports maritimes PDF | ePub | xHTML
Code des marchés publics (édition 2006) PDF | ePub | xHTML

Code de l'aviation civile PDF | ePub | xHTML

Industrie cinématographique  PDF | xHTML

Cette compilation est l’œuvre du site Droit.org faisant partie du mouvement pour l'accès libre au droit, sur lequel figurent aussi les textes parus au Journal officiel français.

Pr ELY Mustapha

mardi 25 octobre 2011

Mission du FMI en Mauritanie :« Bonnes performances macroéconomiques »

--

Performances macro…mensongères et micro…fallacieuses

---

FMI_MauritanieComme à l’accoutumée le Fonds monétaire international fait sa visite à Nouakchott pour rencontrer les responsables et débiter à travers sa mission sa litanie, toujours la même quel que soit le régime et quelle que soit la période :Tout va bien.

Cette mission entrant dans le cadre de la troisième revue de l'accord triennal 2010-2012 ne tarit pas d’éloges :

- un taux de croissance porté par les bâtiments et TP et l’industrie manufacturière qui devrait atteindre cette année 4,8%

- des réserves de change qui ont atteint des niveaux record avec 522 millions de dollars en fin septembre qui correspondent à 3,8 mois d’importation, malgré la contreperformance du secteur agricole liée au retard de la saison des pluies ;

- l’inflation contenue à un taux de 6, 1% en septembre et a moins de 06% en juin

- les comptes courants de la balance des paiements devraient atteindre d’ici la fin de l’année, 05,5% du PIB . Un niveau record du à la bonne tenue des recettes minières.

- taux de croissance en 2012 à 5, 5% du à la bonne tenue du secteur minier malgré les incertitudes, la sècheresse…

- taux d’inflation, il devrait être maintenu à 7% malgré l’envolée des prix grâce à la politique prudente de la BCM.

- en 2012 les réserves de change pourront atteindre quatre mois d’importation.

 

Une croissance jugée “admirable” par le chef de la mission qui met la cerise sur le gâteau-Mauritanie « Vu ces résultats, vu la performance à fin juin, la mission recommandera a la direction du FMI de soumettre a l’examen du conseil d’administration les conclusions de la troisième revue et il y aura un décaissement en décembre 2011 après approbation de ce conseil. »

Et voilà. Même discours, mêmes constats d’année en année et même désinvolture. Tout pour plaire aux autorités en place , justifier les frais de mission , accorder les DTS (Droits de tirages spéciaux) au gouvernement, justifier  d’autres endettements, d’autres réajustement, d’autres assistances et maintenir le pays dans la dépendance du système de Bretton Woods.

Comparez le constat précédent avec celui de 2008 ci-après:

“La mission a aussi revu l’exécution du programme qui continue de se dérouler d’une manière satisfaisante. Tous les critères de performance et les repères pour fin décembre 2007 ont été atteints. Les évolutions macroéconomiques au quatrième trimestre 2007 ont été globalement conformes aux objectifs du programme malgré une conjoncture difficile. La croissance du PIB non-pétrolier a atteint presque 6% sur l’année 2007 bénéficiant du rebond de la production agricole et du développement de nouveaux projets miniers. Le niveau des réserves extérieures a dépassé légèrement l’objectif fixé pour fin 2007. Le déficit budgétaire a été maintenu dans les limites prévues par le programme.” source FMI, cliquer ici )

Comparez avec ceux de 2010 ci-après:

“Le, chef de division du FMI au cours d'une conférence de presse a déclaré que les résultats macroéconomiques enregistrés en 2010 ont été dans l'ensemble satisfaisants", et que "le taux de croissance du produit intérieur brut (PIB) réel s'est chiffré à 5,2% (en 2010), et, enfin, pour la même période le "taux d'inflation a été contenu à 6,1%”

Une croissance à deux chiffres quasiment tous les ans, c’est un peu gros nom comme mensonge pour un pays qui traine dans la liste des pays sous-développés et dont les citoyens crèvent la misère et l’endettement suivant tous les indicateurs de développement.

Le FMI poursuit une politique aveugle qui a défaut de pouvoir assoir ses objectifs inhérents à sa philosophie libérale (ajustement générant la misère), s’est mis, à travers ses missions à justifier sa propre existence et la survie de sa bureaucratie.

De l’autre côté ce que recherchent les autorités mauritaniennes (et les pauvres pays  “ajustés” par le FMI), c’est un satisfécit. Les missions du FMI le leur donnent. Chacun y trouve son compte. Les premières s’en servent pour faire croire en la « bonne santé » de l’économie nationale et la “justesse” de leur gestion. Les secondes justifieraient leur déplacement et le profit du FMI.

Celui qui n’y trouve pas son compte c’est bien le pauvre pays qui est la dinde de la farce. Un pays qui croît dans la misère. C’est pourtant élémentaire l’on ne peut croitre et rester petit.

Toutes les appréciations que débitent les experts de la mission du FMI sont fallacieuses tant au point de vue macroéconomique que microéconomique.

En effet sur le plan macroéconomique, le FMI fait une confusion flagrante (mais volontairement entretenue) entre « Croissance » et “rente”. A cette question nous avions consacré plusieurs articles ( voir notamment : « Croissance quelle croissance ? ») où nous avions montré que le chiffre avancé par le FMI est trompeur et porte sur la croissance au sens de "l’expansion du revenu national", c’est-à-dire ce "fourre-tout" dans lequel on fait figurer le revenu de la Nation quelle que soit sa provenance!

La croissance est ainsi celle du "revenu national" pas celle de la somme des valeurs ajoutées des unités économiques du pays et qui s'exprimeraient par des variations du Produit Intérieur Brut (PIB) réel (corrigé de l'inflation) ou nominal (exprimant la valeur marchande des biens et des services produits par un pays.).

Donc la croissance dont il s'agit est bien celle du Revenu National et non pas de l'économie nationale!

En effet, la croissance économique, telle qu’elle est calculée, ne mesure que la variation quantitative d’un agrégat économique, elle n’est donc pas synonyme de développement. Le développement est généralement associé à la croissance, mais il peut y avoir croissance sans développement. C'est le cas de la Mauritanie où les taux de croissance affichés ne sont que ceux du revenu national (rente nationale).

D’ailleurs il suffit de remarquer que dans son appréciation de la croissance économique, la mission du FMI ajoute toujours : « grâce à la bonne tenue du secteur minier » (voir déclaration plus haut). Or le revenu des ressources naturelles, n’est pas une « croissance économique » mais une véritable rente épisodique, épuisable et non générée par un tissu industriel et manufacturier, un savoir-faire, une technologie nationale. Un don de la nature éphémère (et vite détourné) ne compte pas dans la croissance.

Sur le plan micro-économique (duquel d’ailleurs le FMI n’a jamais rien eu à cirer ! ), l’appauvrissement de la population est ostensible, le délabrement des infrastructures publiques (sociales, sanitaires…) est visible et la dégradation du niveau de vie des ménages est un réalité palpable. A ce niveau, les fameuses recommandations du FMI de “mesures sociales d’accompagnement” qu’il indiquent à l’Etat ne sont que des chimères. Nous avions consacré plusieurs articles à l’appauvrissement de la société mauritanienne à travers la cellule économique de base, le ménage (voir notamment « l’équation qui empoisonne l’économie mauritanienne »)

Au cours de ces dix dernières années deux facteurs on détruit cet équilibre instable du revenu des ménages. Le premier est celui inhérent à la cherté de la vie dont les fondements sont à chercher aussi bien dans l’absence de compétitivité, de production et de productivité de l’économie nationale que dans des facteurs inhérents à l’économie internationale (flambée des prix des prix des céréales et de l’énergie). Et ce n’est pas le FMI qui pourra dire le contraire malgré sa déclaration permanente d’une croissance économique à deux chiffres. L’autre facteur étant le surendettement des ménages (voir notre article précité :”l’équation…”)

Quant au FMI lui-même , l’on avait déjà consacré plusieurs critiques à son intervention néfaste ( à travers notamment ses prises de position quant à la santé d’économie fragiles), intervention qui souvent est tronquée et qui aboutit à des résultats ahurissants que les gouvernement dans leur quête de reconnaissance font tout pour acquérir en utilisant même les falsifications les plus odieuses. (Voir notre article : « Faut-il croire le FMI ? »)

L’histoire récente de la Mauritanie nous montre que de janvier 2006 à juin de la même année la Mauritanie s’est vue refusée l’effacement de sa dette pour ces six mois, du fait que le FMI… a été induit en erreur par les chiffres falsifiés de l’économie mauritanienne fournis par les autorités mauritaniennes depuis 2003 !

Cette attitude a couté à la Mauritanie environ 86 millions de dollars de dette non épongée pour les six mois et le remboursement des montants reçus durant la falsification (toute l'année 2003 et la première moitié de l'année 2004.

Des millions de dollars perdus par la Nation par la faute de personnes qui aujourd'hui, publiquement, encore se portent au mieux de leur carrière...

Voici une institution internationale pullulant d’experts, disposant des moyens statistiques les plus fournis sur tous les pays, y compris la Mauritanie et qui se laisse mener en bateau par des chiffres fournis par des institutions nationales sans possibilité de les vérifier sur le terrain, de les recouper avec des données historiques, de les analyser par référence au contexte international de l’évolution économique internationale et des données fleuve des institutions et des observatoires économiques internationaux.

Le Fond monétaire international, induit en erreur ! Ce que d’ailleurs, dans une conférence restée dans les annales de l’inconscience de la gestion publique, un gouverneur de la banque centrale mauritanienne, un ministre des finances mauritanien révèleront lors d’une conférence en 2006 à Nouakchott.. Et cela a couté à la Mauritanie des Millions de dollars de dette non épongée du fait du report de l’effacement de la dette de six mois. Une poignée d’individus a faussé les données fournies au Fonds monétaire international.

Alors au vu de tout cela, fallait-il vraiment accorder tant d’importance à la conférence de la mission du FMI à Nouakchott ? Si ! Si ! Le ministre des finances et le gouverneur de la Banque centrale en avaient bien besoin pour berner l’occupant du Palais présidentiel.

Un pays criant sa famine à une tête roulée dans la farine.

Pr ELY Mustapha

lundi 24 octobre 2011

La politique d’Aziz : la terre brûlée

Phagocytose

une-77La stratégie d’Aziz est celle de la « terre brulée ».Elle consiste à saper devant tout mouvement qui se crée, la possibilité de progresser et de se développer. Et cela en lui enlevant ses moyens, en les corrompant ou en les attirant à lui.

Cette politique est à la base d’une stratégie militaire qu’Aziz à redéployée dans le monde politique.

« La politique de la terre brûlée est une tactique consistant à pratiquer les destructions les plus importantes possibles, impliquant, en cas de conflit militaire, de détruire ou d'endommager gravement ressources, moyens de production, infrastructures, bâtiments ou nature environnante, de manière à les rendre inutilisables par l'adversaire. Cela peut concerner une tactique offensive, consistant à ravager les territoires de l'adversaire afin de l'empêcher de reconstituer ses forces ou de trouver un refuge, ou bien une tactique défensive consistant, face à une armée d'invasion, à se déplacer ou à se retirer (retraite) en détruisant ou en brulant tout derrière soi (habitations, récoltes, bétail, routes, ponts, moyens de communications et de production), afin d'ôter à l'ennemi toute possibilité de ravitaillement.

Au sens figuré, cette expression désigne aussi l'attitude d'une personne qui, risquant de perdre face à un adversaire, saccage la place que celui-ci s'apprête à prendre afin de minimiser ses gains et de gêner toute progression ultérieure. »[1]

Les exemples sont à ce propos fort illustratifs depuis l’arrivée d’Aziz au pouvoir et amplement relayés par les médias. Pour les islamistes (I), le mouvement du 25 février (II), le mouvement estudiantin (III), l’opposition (IV) c’est la même stratégie.

I) L’assagissement des intégristes : La raison sans raison

L’on se rappelle la volonté du pouvoir de ramener à la « raison » les intégristes emprisonnés en leur envoyant les oulémas en prison et en leur dispensant des montants financiers en contrepartie de leur renoncement à leurs activités. Aziz pensant ainsi récupérer le mouvement intégriste en amadouant certains de ses membres virulents. Sur ce plan, l’échec a été cuisant. Refusant sa « raison » ils ont été expédiés dans un coin du désert au mépris de tous les principes des droits de l’homme. N’ayant pu les « phagocyter », il s’en est débarrassé.

II) Le mouvement du 25 février : manipuler pour diviser

Lorsque les jeunes mauritaniens, à l’instar de ceux de la sous-région se révoltèrent, Aziz trouva le moyen de les diviser à travers des jeunes recrutés à cet effet et qui se constituèrent en « partis » soutenant Aziz et dénigrant le mouvement, allant même jusqu’à s’identifier faussement à d’anciens membres de ce mouvement pour entrainer son éclatement. La politique de la terre brûlée, a consisté à mobiliser une partie de la jeunesse désœuvrée et intéressée pour contrer une autre qui menace son régime. La première a été présentée comme le véritable moteur du mouvement du 25 février entrainant ainsi des difficultés de déploiement pour ce dernier.

III) le mouvement estudiantin : nommer pour neutraliser

Lorsque le mouvement revendicatif s’est amplifié à l’université, Aziz s’est aussitôt entouré d’un recteur et d’un étudiant dirigeant d’un des mouvements. Le premier fut nommé chef de cabinet, le second conseiller au cabinet. Ces deux “nommés” firent un travail de fond pour assagir le mouvement dont on n’entend plus guère parler aujourd’hui. Aziz a pris les devants en intéressant des acteurs du mouvement.

IV) L’opposition : diviser pour régner.

Si, aujourd’hui et à juste titre, un bon nombre de partis de l’opposition crie au « scandale et à la trahison », c’est parce que Aziz a su phagocyter certains partis pour assoir ses desseins de pouvoir.

L’accord signé, avec Boidiel et autres compères (dont Ould Boulkheir) n’avait d’autres objectifs que de mettre en quarantaine le reste de l’opposition et fortifier le pouvoir du général. C’est un accord qui n’est que l’expression de la politique de la terre brûlée : diviser l’opposition et la priver de ses moyens dont le premier est son unité face au pouvoir. Sans unité et divisée à propos d’un accord, l’opposition sombre dans les chamailleries et les coups bas. Et cela arrange le pouvoir. Il en profite à travers le temps qu’il gagne (continuant ainsi à « gérer » le pays ) et à jouer « l’arbitre » du match qu’il a gagné d’avance.

Quel est l’instrument de cette stratégie de la « terre brûlée » ? Simplement la « phagocytose ». Connue dans le monde cellulaire, la « phagocytose » est une forme de capture d’éléments à détruire se trouvant dans le milieu ambiant. Soit que ces éléments menacent l’organisme soit qu’il s’en nourrit.

Depuis l’arrivée d’Aziz au pouvoir, son régime ne fait que « phagocyter » les mouvements, les biens et les personnes. Il happe tout mouvement partisan ou populaire qui le menace, et produit immédiatement son contraire (partis et jeunesse manipulés) pour le neutraliser, il s’approprie les biens de l’Etat (à travers les privilèges qu’il octroie à ceux qu’il phagocyte) et immobilise les personnes qui le contredisent (à travers son système judiciaire et pénitentiaire).

Pr ELY Mustapha


[1] Wikipédia.

Rapport critique du bâtonnier sur la Justice mauritanienne

Mais les avocats n’y sont-ils pas pour quelque chose ?

Wooden gavel and law bookUn rapport du bâtonnier de l’ordre des avocats était-il vraiment nécessaire pour prouver les errements de la justice mauritanienne ? Un rapport pour prouver ce que chacun sait n’est-il pas redondant ?

En fait Me Ould Bouhoubeiny, nous invite à regarder à travers les yeux d’un avocat averti, l’état de la Justice et du système judiciaire en Mauritanie. Et c’est en cela que son rapport est utile car si les évidences sont…évidentes, elles restent les plus difficiles à démontrer.

Le rapport du bâtonnier comme on s’en doutait a mis sur les dents la machine judiciaire et, à travers elles, ses commanditaires de l’exécutif en la personne du ministre de la Justice. Pour lequel, et on le comprend (s’il tient à son poste) la justice mauritanienne est celle du « meilleur des mondes possibles » et les prisons, sont des Beverly Hill en grandeur nature.

En fait, en Mauritanie, un ministre de la Justice, ne connait son département que s’il va en prison et souvent en détenu. C’est d’ailleurs pourquoi Aziz envoie souvent les responsables en prison pour s’imprégner de sa vision politique. Le Ministre de la Justice n’a pas encore goûté à ce privilège.

Quant à Me Ould Bouhoubeiny, son rapport est cinglant mais ayant moi-même pu visiter nos tribunaux et nos prisons (en incognito et en ONG ), j’avais déjà dénoncé en 2007 , les dérives du système carcéral mauritanien ( voir l’article : « Les enfants de Bayla : A quoi rêvent nos enfants ? »). Quant à la prison centrale que j’ai visitée en compagnie d’une ONG la situation était des plus alarmantes. La promiscuité, la surpopulation, l’insalubrité et la criminalité intramuros, étaient le lot quotidien des détenus. Et cela n’a pas changé depuis, sinon de mal en pis. Aujourd’hui encore croupissent des innocents dont les dossiers manuellement tenus, sont introuvables, des individus mis en dépôt suivant des procédures douteuses, au faciès et à la mauvaise humeur de magistrats commandités ou incompétents - ou les deux à la fois.

Ce que dénonce le bâtonnier, à travers son rapport, c’est le constat commun de tous ceux qui ont eu à recourir au « service public » de la Justice et qui en ont pâti jusque dans leurs biens et leur personne. Les jugements expéditifs, les vices de fonds et de formes, les jugements tronqués et mal rédigés, les exécutions dilatoires et les audiences de complaisance etc.

L’on pourrait dire que le rapport du bâtonnier des avocats n’est que la transcription d’une réalité de tous les jours du justiciable mauritanien. Toutefois, ce rapport ne montre que la partie visible de l’iceberg. Le mal est plus profond. Il est dans l’incompétence d’une frange des magistrats auxquels on a confié de hautes responsabilités et qui utilisent leurs fonctions pour couvrir leur carence et celle de leurs subordonnés. Il est aussi dans le manque de moyens dont disposent les juridictions qui sont sous le dictat financier de l’exécutif et dans l’inertie intéressée de leur administration qui gère le fonctionnement des tribunaux (de l’enregistrement des requêtes par les greffes à la préparation des audiences en passant par la transmission des dossiers aux magistrats, conseillers et rapporteurs via les présidents des juridictions).

De la responsabilité de l’avocat dans la situation de la Justice mauritanienne

La justice mauritanienne, organiquement et fonctionnellement est malade. C’est un état ostensible. Le bâtonnier le constate. Toutefois, il ne nous dit pas quelle est la responsabilité des avocats dans cet état de fait. Je sais que nul n’est tenu de témoigner contre lui-même, donc l’on ne peut s’attendre du bâtonnier de rapporter une preuve négative contre son ordre.

Cependant, si la justice mauritanienne est erratique c’est aussi à cause de la façon avec laquelle la profession d’avocat est exercée par certains membres de la profession qui se soucient davantage de bas intérêts que de la bonne marche de la justice.

Cette situation qui touche bon nombre d’avocats est à la foi due au système politique en place (compromission, favoritisme, copinage, pressions, corruption, trafic d’influence, laisser-aller), à la formation (diplômes douteux, connaissances éclectiques, stages de complaisance) et à l’inexpérience et le non professionnalisme (dossiers négligés, bâclés, mal préparés et mal rédigés, clients rabroués, absence continue du bureau, audiences et comportements dilatoires…).

Si l’image du juge en Mauritanie est exécrable celle de l’avocat n’est pas non plus encensée. Loin de là. Il souffre d’une image d’opportuniste, de boite à Pandore financière et surtout d’inefficacité. Cette dernière « qualité » est due à la fois, à sa compétence mais aussi au système judiciaire auquel il fait face.

Ceci dit, ce tableau n’est pas celui de toute la masse des avocats mauritaniens. Mais ceux qui ont opté pour le professionnalisme, pour l’honnête, et la probité, qui n’ont pas voulu se fourvoyer avec le pouvoir ou s’acoquiner avec les dictateurs d’un jour, ceux-là ont souffert de cette situation, ils sont soit pauvres à en mourir et tirent le diable par la queue, soit ils se sont exilés ou tournés vers l’international et sont perdu pour le système judiciaire interne. Mais combien sont-ils ?

Le bâtonnier ne peut nous le dire, ce qui est certain c’est que se sont ceux-là qui participent au maintien d’une certaine intégrité du système. L’on a pu voir en effet, des collectifs d’avocats mauritaniens quitter les audiences pour protester contre les abus au sein des audiences contre le non-respect des procédures de formes ou de fonds. Protestations et autres revendications légitimes qui, hélas, ne sont pas soutenues par la masse des avocats mauritaniens. Car qu’on le veuille ou non l’ordre des avocats mauritaniens est une mosaïque d’intérêts dont certains ne disent pas leurs noms. Et le pouvoir, comme à l’accoutumée, s’accorde bien des divergences s’il ne les anime pas.

Le fonctionnement des tribunaux, la probité des magistrats et la qualité de l’acte juridictionnel sont intimement liés à la façon avec laquelle, cet inestimable auxiliaire de justice, qu’est l’avocat, exerce sa fonction.

Le constat que nous dégageons donc est : Si la magistrature mauritanienne boite d’un pied c’est parce que aussi “l’avocatie” mauritanienne boite de l’autre et la justice mauritanienne n’en est plus que cul-de-jatte.

Le ministre de la Justice pourrait bien faire un rapport sur les dysfonctionnements de la profession d’avocat en Mauritanie.

Mais en le faisant, il témoignerait contre lui-même, ce que le bâtonnier a déjà fait contre lui-même dans son propre rapport sur la Justice en vertu du constat précédent. Comme quoi la preuve négative, contre soi-même, n’est pas toujours irrecevable. Elle profiterait même à l’accusé. Le rapport du bâtonnier en est un brillant exemple.

Pr ELY Mustapha

samedi 22 octobre 2011

La diplomatie mauritanienne frappe très Faure.

 

Vive la diplomatie mauritanienne !

faureLa Mauritanie a la meilleure diplomatie du monde. On est sidéré par son efficacité depuis que le Togo lui a ravi un siège de membre non permanent au Conseil de Sécurité et que le Maroc, dans le même registre, lui a fait un pied-de-nez. Autant dire qu’Aziz n’est pas si Faure.

Vive notre diplomatie ! Mais à quoi sert-elle ?

A organiser des matchs de boxe au sein des ambassades (le chargé d’affaires boxeur de son ministre des affaire étrangères à Tunis est élogieux à cet égard), à vouloir vendre le patrimoine des ambassades (Paris) à réhabiliter les ambassades à des prix faramineux (Tunis) à couter cher au contribuable pour une inefficacité légendaire (toutes les ambassades mauritaniennes confondues).

Vive la diplomatie mauritanienne ! Mais laquelle ?

Celle qui végète dans des ambassades et des consulats improductifs et qui ne sert qu’à bloquer les compétences mauritaniennes dans les organisations gouvernementales (le cas de Cheikh Sid’ Ahmed Ould Baba Mine nommé à la tête de la mission d’observation  des élections Tunisiennes par l’UA et dont la nomination a été annulée en est un exemple. Ce qui n’est pas sans prouver, encore une fois, le ridicule de l’UA).

Bref, la diplomatie mauritanienne est un instrument aux mains de politiques nommés qui s’arrangent des intérêts personnels sous les auspices de l’Etat (trafic d’influence, connivence et incompétence).

Faudrait-il cependant s’étaler sur des telles « qualités » de notre diplomatie, l’on en avait longuement traité sur ce blog. Voir notamment :

· Ce que nous coûtent nos ambassades.

· L’ambassade qui a perdu la mémoire

· Du rififi à l’ambassade de Mauritanie

· Le danger du verbe « limoger » pour la nation

· L’ambassade de Mauritanie à Tunis a brûlé

· La grande arnaque de la junte

· L’erreur diplomatique de la junte

· De la gestion du patrimoine de l'Etat

Vive notre diplomatie, le visage d’un Etat en déliquescence (voir : L’Etat Mauritanien est-il en déliquescence ? ) d’une Mauritanie qui peine à exister et l’on se demande si elle survivra à la bêtise de ses dirigeants ( voir: La Mauritanie existera-t-elle encore dans 50 ans ? ).

Pr ELY Mustapha

jeudi 20 octobre 2011

L’homme qui putsche plus vite que son ombre

Approche psychique d’un général emprisonnant

Plus_vite_que son_ombreAvant qu’il ne devienne Président (pour ceux qui le reconnaissent sous ce titre) et même général (grade qu’il a acquis de haute lutte… contre un vieil homme), nous avions consacré au personnage des analyses sur ses tendances politiques à divers moments de ses actes glorieux contre l’Etat. Ainsi avant le putsch (voir l’article : « Le général limogé ou la solution à la crise » ) au moment même du putsch ( Voir : « Analyse psychique d’un général (deux fois) putschiste, chef d’Etat ».) une analyse contextuelle lui fut consacrée. Tout comme des analyses furent consacrées aux victimes de ses collègues en Mauritanie (voir l’article « Sur le Divan : Analyse psychique d’un peuple qui se démène »)

Aujourd’hui, qu’il est au pouvoir malgré ceux avec qui il dialogue (opposition du désespoir), le général a acquis une tendance fâcheuse de mettre à l’ombre (en prison) tout ce qui bouge.

Ainsi, le « pauvre-riche » ould Khattri vient enfin d’être jugé. Il est libéré (jusqu’à nouvel ordre). Le « riche-pauvre » Ould Dadde croupit encore en prison. Sera-t-il un jour libéré (en attendant les ordres) ? (Voir l’article « le Bouc Commissaire »). D’autres suivront.

Mais au-delà de l’espèce de « justice » qu’ils subissent, la question est : Pourquoi le général Aziz garde les gens sans jugement à l’ombre si longtemps ?

La réponse est simple. Aziz aime l’ombre. Et à défaut d’y être il y place les gens.

Aziz est un militaire qui a fait sa carrière militaire dans la soie. A l’ombre du palais. C’est un putschiste de palais. Qui n’agit que dans l’ombre. La lumière le gène. Et la lumière en tout. La nature est ainsi faite qu’il y des dirigeants des lumières et des dirigeants de l’ombre.

En effet, c’est un personnage qui fut dans l’ombre de Taya, qu’il renversa. Dans l’ombre d’Ould Mohamed Vall, dans l’ombre de Sidioca, qu’il renversa. Avec Sidioca il accomplit (c’est dire l’exploit!) de renverser sa propre ombre. N’est-ce pas inimaginable ?

Bref, il fut dans tous les coins d’ombre du palais. On comprend donc que cet homme qui a toujours vécu dans l’ombre  et aujourd’hui en pleine lumière, se sent à découvert. Et comme, depuis qu’il a pris le pouvoir, il n’a plus d’ombre puisqu’il a renversé la sienne, il en cherche. Alors il met les gens à l’ombre assouvissant ainsi inconsciemment, son vœu intérieur d’être lui-même à l’ombre.

Pourquoi le général Aziz affectionne-t-il l’ombre, pour lui et pour les autres ? La réponse est à chercher dans la psychanalyse.

La psychanalyse jungienne nous donne la signification de « l’ombre » :

« L'ombre est la personnification de tout ce que le sujet refuse de reconnaitre et d'admettre en lui. Se mêlent en elle les tendances refoulées du fait de la conscience morale, des choix qu'il a faits pour sa vie ou d'accéder à des circonstances de son existence, et les forces vitales les plus précieuses qui n'ont pas pu ou pas eu l'occasion d'accéder à la conscience »[1]»

Dans l’analyse Jungienne « L'ombre est la personnification de tout ce que le sujet refuse de reconnaitre et d'admettre en lui ».

Effectivement Aziz ne veut pas admettre qu’il n’est  qu’une « ombre » et refuse de reconnaitre qu’il ne peut ni ne sait gouverner. Qu’il s’est contenté de s’assoir sur un fauteuil usurpé et pense gérer les affaires de l’Etat en les confiant à des individus acquis à sa vision limitée du devenir de la Nation. De même qu’il « refuse d’admettre » que les mesures qu’il prend (à part les inévitables permis de prospection minière qu’il entérine dans son conseil des « ministres ») sont néfastes et impopulaires ( le recensement en cours en est l’illustration la plus absurde). En poursuivant son ombre, il pense personnifier l’Etat, alors qu’en fait sa politique n’est que l’ombre de lui-même… et d’elle-même.

Toujours dans l’analyse Jungienne   « les tendances refoulées du fait de la conscience morale » prennent une place très importante dans « l’ombre » du sujet. Quelles sont, alors, celles qui sont refoulées dans le subconscient du putschiste de 2009 ?

L’on sait en effet, que le subconscient peut se manifester à travers les actes dominants du sujet, lorsqu’il doit, à travers ses actes, s’exprimer dans une situation critique. Or la première des mesures ostensibles que tout le peuple mauritanien a constatées c’est la prolifération des goudrons. Aziz s’est mis à goudronner les voies, à bitumer à tour de bras. C’est l’attitude d’un homme qui cherche à ouvrir une voie, un chemin. En somme une route.

Déjà au début de son mandat forcé il veut s’en sortir. C’est l’ombre, sa « conscience morale » qui le poursuit. Qu’à-t-il tant fait dans l’ombre pour que l’ombre semble pour lui le refuge idéal et dans laquelle il confine tous ceux qui, pour lui, auraient quelque chose à se “reprocher” ?

Toujours est-il qu’il craint que son ombre ne le rattrape. Pour preuve la dernière volonté de modifier la Constitution pour empêcher les coups d’Etat.

Ainsi on apprend, cette semaine, que « les dirigeants et des opposants en Mauritanie sont tombés d'accord pour modifier la Constitution afin d'interdire les coups d'Etat et favoriser le changement du pouvoir par voie démocratique, à l'issue mercredi d'un mois de dialogue à Nouakchott.

Les deux parties sont convenues d'inscrire dans la Constitution la criminalisation des changements anticonstitutionnels et des coups d'Etat militaires, selon le texte des accords lus et signés lors de la cérémonie de clôture du dialogue qui s'était ouvert le 17 septembre.

Les auteurs (de coups d'Etat), les personnalités et les partis politiques qui y auront contribué ou les auront encouragés ou facilités seront passibles de peines prévues par la loi, ajoute le texte. Il précise toutefois que ces nouvelles dispositions ne pourront pas avoir d'effet rétroactif et que les précédents coups de force ne pourront faire l'objet de poursuites et seront considérés comme étant définitivement prescrits. ».Le-Reve-de-joe-dalton(AFP)

Le général craint désormais son ombre comme le traduit bien le proverbe maure : «إخاف من ظـــــلٌّ ) ». Il est sur le qui-vive. August Jung n’est donc pas loin.

Criminalisation des coups d’Etat  sans effets rétroactifs. L’ombre se protège du soleil. Mais il n y a point d’ombre sans lumière. Et beaucoup de monde attend sa place au soleil.

Car même si elle les refoule, l’ombre sait que les «  forces vitales les plus précieuses qui n'ont pas pu ou pas eu l'occasion d'accéder à la conscience », finiront par y accéder.

Pr ELY Mustapha


[1] Elisabeth Leblanc, la psychanalyse jungienne, Collection Essentialis, éd. Bernet-Danilot, avril 2002, p. 34

vendredi 14 octobre 2011

Elections tunisiennes

La femme avenir de l’Homme

clip_image002Observateur indépendant de la politique tunisienne depuis plus de 35 ans et face aux évènements actuels qui secouent la scène politique et la rue tunisiennes je puis dire, sans me tromper, que l’avenir politique de la Tunisie dépend désormais de la Femme tunisienne.

Face aux intégrismes aux dérives idéologiques, à l’intolérance et à la discrimination qui pointent à l’horizon dans une société tunisienne imbue de paix et tournée vers l’ouverture, le modernisme et le développement, le salut n’est autre que la femme tunisienne. Cette femme qui connait ses acquis civils, sociaux, économiques et politiques, qui s’est battue jusque dans les affres de la Révolution, c’est cette femme-là qui aujourd’hui fera la différence dans les élections à venir en Tunisie. Que ce soient les élections pour l’Assemblée Constituante, que pour toutes celles à venir, municipales, législatives et présidentielles.

N’en déplaise à ceux qui ne le pensent pas, je le dis haut et fort, l’avenir démocratique de la Tunisie de demain est entre les mains de la femme tunisienne. C’est ce qu’elle fera de son vote qui déterminera l’avenir de la Tunisie et de l’Homme tunisien. Ici, Aragon est bien Tunisien et moi aussi.

Majoritaire dans son pays, hautement qualifiée et cultivée, ouverte sur le monde et sur ses droits, la Femme tunisienne est sans conteste la pierre angulaire du devenir de la Révolution tunisienne.

C’est pourquoi il est impératif que toutes les organisations nationales démocratiques sensibilisent sur la nécessaire participation massive de la femme tunisienne aux élections, qu’elles dénoncent les intimidations dont les femmes risquent d’être l’objet et saisissent qui de droit à ce propos.

Que les organisations internationales, impliquées dans les élections, à titre d’observateurs notamment, surveillent la participation de la femme tunisienne, qu’elles soient représentées massivement dans les bureaux de vote particulièrement dans les régions et les zones reculées du pays.

C’est à ce prix que la femme tunisienne, aujourd’hui sous pression politique, sociale et culturelle et prise dans un dilemme, qu’entretiennent mille et un cancans idéologiques, pourra exercer son plein de droit au vote et exprimer sa volonté.

La Révolution tunisienne a été déclenchée par l’immolation d’un homme, paix à son âme. L’avenir de cette Révolution dépendra d’une femme qui ira voter pour la paix de toute une nation.

Paraphrasant Winston Churchill, nous dirons que «  Jamais le destin d’un si « petit » nombre d'hommes n'a dépendu d'un si « grand » nombre d' entre eux. »

La femme est l’avenir démocratique de l’Homme en Tunisie. Et ailleurs.

ELY Mustapha

jeudi 13 octobre 2011

Anniversaire

Ce 12 octobre c’est l’anniversaire de ma fille ainée Mariem. C’est aussi un 12 octobre (2007) que disparut ma mère, Mariem, dont elle porte le nom.

Aujourd’hui, ma fille ainée à 16 ans, tout autant que je luis dédis ce livre en hommage à ma mère, sa grand-mère, je l’offre aussi à tous les lecteurs de ce blog.

C’est donc un anniversaire, que je partage avec vous et avec tous ceux qui croient que la différence entre l’homme et la femme tient plus des préjugés que de la réalité de ces deux êtres égaux, par leurs actes, devant Dieu et devant les hommes.

Ce livre libre de droits pourra être tiré et vendu par toute association de bienfaisance au profit de sa cause, en Mauritanie ou ailleurs.

Les sanglots de ma mère

Hommage à la femme au travail

LIVRE3Plusieurs années sont passées depuis la disparition de ma mère mais je ressens encore ses sanglots. Au décès soudain de mon père, ma mère nous éleva à la force de ses bras et nous donna une éducation et une affection qui firent de nous ce que nous sommes. Elle s’était battue, sans diplôme et sans moyens, contre l’adversité, se consacrant à ses enfants. Face aux difficultés elle peinait, mais cachait ses sanglots. Mais savait-elle que nous les ressentions au plus profond de nous-mêmes ? Je ne saurai le dire. Mais une chose est certaine, ses sanglots expriment encore pour moi, malgré leur douleur, le plus grand hommage que l’on puisse rendre à la femme au travail.

Ce livre lui est dédié.

Copie de SP_A0310 Télécharger le Livre ici. 

La couverture du livre ici

Pr ELY Mustapha

mardi 11 octobre 2011

L’Etat sans nation

La Démocratie « opium du peuple »

peupleLes révolutionnaires de 1789 le savaient déjà : « Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la Nation ». Et pourtant 222 ans après, nos Etats sont induits en erreur par une pseudo-souveraineté qu’ils pensent détenir parce que justement ce sont des « Etats ».

Toute l’erreur est là. Une erreur entretenue par la communauté internationale qui voit les Etats à travers la définition qu’en donne le droit international entrainant une confusion manifeste entre l’Etat qu’elle reconnait, un collectif d’âmes (I) et une coquille vide, sans âme puisque sans nation (II) et par la même un terroir où la Démocratie à défaut de servir une nation, sert une poignée d’individus constituée en Etat (III).

I- L’Etat dans le droit international : la nation ignorée.

L’Etat se définissant en Droit international par le territoire, la population, le gouvernement et la souveraineté est la pierre angulaire de toutes les relations internationales autours desquelles la communauté internationale tisse son tissu de reconnaissances, d’appuis, d’aides, d’interventions (militaire et humanitaire). Et ce à travers ses regroupements à formes multiples- universelle (ONU), continentales (UA, OEA…), régionales (UE…) - qui justifient les actes d’Etats puissants qui y trouvent les cadres légaux de leur action (salvatrice ou hégémonique) qu’ils modulent en s’appuyant justement sur ceux qu’ils mettent à contribution aux sein de ces instances au nom de leur statut « d’ Etat », les pays du Tiers-monde.

S’il ne fait pas de doute que l’existence de l’Etat a permis d’aboutir aux indépendances, de circonscrire les conflits à travers les notions de souveraineté nationale, d’intégrité des frontières succédanés du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, de leur souveraineté sur leur ressources naturelles, de susciter la coopération internationale etc. il n’en demeure pas moins que l’Etat est devenu aujourd’hui un puissant moyen d’assujettissement des peuples avec la bénédiction de la Communauté internationale et les tractations fort intéressées d’un bon nombre d’Etats ex-puissances coloniales (le cas de la ‘’ Françafrique’’, n’est plus à citer).

Si Le droit international a érigé l’Etat en sujet, lui affectant tous les attributs de la personnalité morale, il est par contre devenu, un prisme déformant des réalités des peuples et constitue même le justificatif que s’érige la communauté internationale pour entretenir et entériner des gouvernements dictatoriaux et despotiques. Alors que ce ne sont que des gouvernements qui se sont entourés d’une légalité usurpée (souvent avec l’appui de la communauté internationale) et d’une légitimé forcée et violente (coups d’Etats notamment).

Le récent exemple est le coup d’Etat de Mohamed Ould Abdel Aziz contre Sidi Ould Cheikh Abdallahi, Président de la république démocratiquement élu . Et qu’est-il advenu du Putschiste ? Il est devenu Président de la République. Alors que la charte africaine « de la Démocratie, des élections et de la gouvernance » du 30 Janvier 2007 mentionne bien en son article 23 :

« Les Etats parties conviennent que l’utilisation, entre autres, des moyens ci-après pour accéder ou se maintenir au pouvoir constitue un changement anticonstitutionnel de gouvernement et est passible de sanctions appropriées de la part de l’Union:

1. Tout putsch ou coup d’Etat contre un gouvernement démocratiquement élu. (…) »

Où sont aujourd’hui les sanctions qui ont été « prononcées »au lendemain du Coup d’Etat en Mauritanie (suspension de la participation à l’Union Africaine et à l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), restriction de voyage d’officiels membres ou proches de la junte par les Etats-Unis etc…) ? Rien. Oubliées.

C’est autant dire que dans les relations internationales, tout autant qu’il ne tuent pas, l’entêtement (du délinquant usurpateur de pouvoir) et l’intéressement (de la communauté internationale) sont payants. Non seulement le putschiste mauritanien s’est fait élire mais il est devenu quelques mois plus tard le chef d’un panel de chef d’Etat africains et l’émissaire de l’UA pour des offices de paix en Afrique (Côte d’ivoire, Libye). C’est ce que la charte de l’UA appelle : « passible de sanctions appropriées de la part de l’Union ».

De la Guinée au Niger, les exemples sont nombreux mais ce qui préoccupe davantage ce n’est pas qu’un putschiste ait fait son putsch, ce qui préoccupe c’est qu’il se dissimile sous le couvert des attributs internationaux de l’Etat pour se protéger et s’en servir comme bouclier pour continuer son forfait c’est-à-dire terroriser le peuple qui finit par se soumettre et accepter son dictat. Le putschiste utilisant tous les moyens que lui offre l’Etat à l’interne (vidage du trésor public pour soudoyer, coercition armée et policière) et à l’externe (utilisation de la mécanique diplomatique et des institutions de l’Etat commerciales et financières) pour forcer la reconnaissance de son régime

Le putschiste usant et abusant de la « souveraineté » de l’Etat travaille le peuple “au corps” pour en extraire une légalité que ce dernier, las et trahi, finit par accepter. Aussi paradoxal que cela puisse paraitre, le bouclier constitué par les attributs internationaux de l’Etat est le premier ennemi de la Démocratie.

Mais si l’Etat est le creuset des violences qui sont faites au peuple, il n’en demeure pas moins qu’il est extrêmement dangereux de remettre en cause les attributs de l’Etat (territoire, population, gouvernement, souveraineté) avec ce que cela peut entrainer comme incertitudes, conflits et drames. Cependant (et malheureusement), cette définition que donne le Droit international de l’Etat est aussi utile à la préservation de l’intégrité des Etats qu’elle peut servir les intérêts des antidémocrates.

Le contrepoids à cette situation ne peut être que la « Nation ». C’est le seul contrepoids aux dérives de l’Etat et à ceux qui se saisissent un jour de ses rênes. La démesure de l’Etat ne peut trouver un frein que dans l’existence d’une Nation.

Or le droit international dans sa positivité n’a pas retenu, dans sa définition de l’Etat, le concept de « nation ». Et Il n y a pas même pas de définition juridique de « nation », le droit international se référant à la notion « d’Etat » et souvent à la notion de « peuple ». Cette dernière plus neutre a supplanté celle de nation plus subjective et moins saisissable. Ainsi, le Préambule de la Charte des Nations Unies exprime les idéaux et les buts communs de tous les peuples dont les gouvernements se sont réunis pour former l'Organisation des Nations Unies.

Ainsi, la charte de l'ONU traite des « des États Membres » et fixe « leurs droits et obligations ». Elle ne se réfère pas au concept de « nation. ». L’Etat est devenu pour l’ensemble des organisations internationales le sujet et l’objet de leur intervention et le critère de compétence de leurs organes juridictionnels.

La présence de l’Etat et cette absence manifeste de la référence à la « Nation » fait qu’il y a un « chainon » manquant dans l’appréciation qui peut être faite de la Démocratie. Celle-ci est alors faussée du fait de son rattachement exclusif à l’Etat et à travers lui au peuple, alors qu’elle ne peut être une réalité que si elle en est détachée et rattachée à la « Nation ».

II- Un peuple sans nation : la démocratie impossible

La fameuse définition de la Démocratie, « le gouvernement du peuple par le peuple » se doit d’être revue et corrigée. Elle est basée, à notre avis, sur un concept qui en fausse la portée même : le peuple.

Curieusement le rattachement de la gouvernance au peuple datant des Grecs a justement entrainé la confiscation de la Démocratie au nom du peuple. Il convient aujourd’hui de l’en détacher pour qu’il y ait une véritable gouvernance ou tout au moins pour que la gouvernance puisse être réellement être appréciée. Et cela en privilégiant la notion de « Nation » à celle de « peuple », tout au moins en ce qui concerne la gouvernance.

La Démocratie, n’existe que s’il y a une nation. L’existence du peuple n’est pas le véritable moteur de la Démocratie. Or il peut exister un peuple sans être une nation alors que l’inverse n’est pas vrai.

Mais pourquoi doit-on rattacher la Démocratie à la Nation et non au peuple ?

Du constat que la Démocratie reste un vœu pieu des peuples malgré l’avènement des Etats africains à l’indépendance, pour ne retenir que ceux-là, il convient désormais de la rattacher à un concept plus explicatif de son inexistence. Si la démocratie se faisait simplement par le peuple, elle se serait instaurée depuis longtemps. Or il est évident que ce n’est pas le peuple qui en est le moteur mais la nation.

Ceci s’explique par le fait que le « peuple » constitué d’un ensemble d’individus vivant sur un territoire, ne peut être un élément moteur de la démocratie que s’il est uni, solidaire et lié par une histoire et un avenir communs. En somme, un peuple dont les différences ethniques, raciales, tribales et régionales ont été « gommées » ou fortement réduites au profit d’une cohésion nationale. En somme l’instauration d’une nation.

En effet seul l’appartenance à une « nation » génère une prise de conscience d’une identité nationale opposable à l’Etat et à son hégémonie.

C’est la raison pour laquelle les Etats africains n’ayant pas construit des nations continuent à dominer des peuples qui, non constitués en nations, sont divisés ethniquement, tribalement et claniquement.

Et l’Etat continue à instrumentaliser le « peuple » dans ses différentes composantes pour arriver aux fins que l’on connait. Car sans être une nation, le peuple n’a pas de poids politique et ne constitue pas une force. En somme il n’est pas une « entité politique »

On comprend donc que la « démocratie » doit, pour embrasser les réalités de nos pays sans nations, être étymologiquement revue pour se référer à la « nation » et non au peuple.

Il convient ici de mentionner qu’il ne s’agit pas ici de lier la démocratie au concept de « nationalisme » primaire , impérialiste, chauviniste et de domination d’une classe ou d’une idéologie politique quelconque, mais de nationalisme au sens d’une appartenance à un communauté humaine ayant une identité historique, , linguistique , culturelle ou religieuse.

C’est sur ce concept de nation que se sont bâties les démocraties occidentales. Une nation, qui a transcendé les divisions régionales, tribales, ethniques pour rassembler toutes les franges toute la communauté humaine constitutive du peuple. Ainsi, il  y a des peuples breton, normand, corse, basque etc. Mais il y a une Nation française. Une nation qui a forgé ses liens et sa solidarité à travers les hautes luttes historiques du peuple et ses représentants contre les régimes arbitraires et dictatoriaux qu’ils soient monarchiques ou républicains. La nation, force immatérielle est le rempart de la démocratie, dont le peuple n’est que l’expression physique.

III- L’Etat sans nation : la démocratie « opium » du peuple

Pour emprunter à Karl Marx[1] cette expression, et en l’appliquant à la Démocratie telle qu’actuellement prônée dans nos pays en développement, cette dernière est sans conteste un véritable « opium » du peuple.

En effet, lorsque l’on essaye d’introduire la démocratie dans un pays où le peuple ne s’est pas encore constitué en nation, on est en face non pas d’une collectivité humaine unie autours d’idéaux, de vision nationale, en somme une entité politique, mais de collectivités humaines éparses se regroupant en tribus, ethnies, castes. Cette situation est non seulement défavorable pour la démocratie mais elle sert les intérêts du pouvoir en place qui va jouer sur les sensibilités ethniques, tribales et claniques, sur les ressources économiques et financières à distribuer pour s’acquérir les faveurs (vote, soutien) des uns et des autres. Ce « peuple » est malléable et corvéable à merci, sans cohésion, sans solidarité et sans vision commune.

Les peuples africains, notamment, sont encore à ce stade. Ils peuplent les Etats mais ne sont pas encore des nations. L’appartenance à la caste, à l’ethnie ou à la tribu est beaucoup plus forte que l’allégeance à l’Etat et l’identification à une nation. La « démocratie » est alors un justificatif pour continuer à maintenir les gouvernants en place. Car de Démocratie il n’y en a pas, puisque chaque tribu, chaque clan, chaque ethnie monnaye sa participation et son vote au mieux de ses intérêts financiers. Si l’on ajoute à cela la pauvreté des populations, on comprend la dimension de « l’erreur » démocratique.

Cette situation fort commode pour les régimes africains explique pourquoi depuis l’indépendance, les Etats africains ne se sont pas investis dans la construction des nations mais dans le maintien du statu quo racial, tribal et ethnique.

En obtenant leur indépendance, les Etats ont cru qu’il suffisait d’être “Etat” pour que la Démocratie puisse s’instaurer. Or l’Etat peut être le pire ennemi de la Démocratie et le peuple sans nation son meilleur allié. C’est ainsi que les peuples africains ont été drogués aux slogans démocratiques et sevrés aux urnes bourrées. Et dans leurs divisions autoentretenues, la démocratie est un puissant hallucinogène.

Les Etats et autres organisations internationales, appuyant souvent, à travers leurs institutions de financement, les élections « démocratiques » commettent l’erreur de croire que la Démocratie peut exister ou perdurer dans des pays où la nation n’existe pas. La démocratie ne s’instaure pas par le vote du peuple, mais par le vote de la nation. Le vote du premier, en Afrique, c’est le vote du pauvre dont le vote est aliéné, c’est le vote du votant ethnicisé, c’est le vote du parti pris, souvent le parti au pouvoir en place car dans la division et par ses moyens il règne. Par contre, le vote de la seconde, la nation, est le vote d’un citoyen acquis au devenir de sa nation, d’un citoyen solidaire et conscient de l’importance de son geste pour la communauté nationale tout entière à laquelle il sent son appartenance. C’est le vote de la Nation qui soumet l’Etat à la volonté du peuple , ce n’est pas le vote du peuple qui soumet l’Etat à la volonté de la nation.

C’est la raison pour laquelle tout investissement national ou international dans l’instauration de la Gouvernance démocratique se doit avant d’être un investissement dans des urnes, d’être un investissement dans le renforcement des nations. Aider un peuple donné d’un Etat donné à connaitre et développer sa culture, son histoire, à renforcer sa solidarité et à éliminer les barrières et les discriminations entre ses composantes.

C’est là une mission que les Etats africains ont failli à remplir et c’est de cette faillite à construire leurs nations que résultent tous les drames politiques et sociaux qui secouent ces pays.

Le peuple divisé, se méconnaissant lui-même dans ses franges et ses ethnies, est étranger à lui-même. Le cas de la Mauritanie en est un exemple fort illustratif puisque le dernier recensement de la population a montré l’inexistence d’une Nation et l’existence d’un peuple divisé (voir ici : La nationalité sans Nation[2] ). Raison pour laquelle toute volonté d’instauration de la Démocratie est vaine.

En conclusion

Pour établir la « démocratie », il faut la lier à la Nation et non au Peuple.

Nous pensons que l’étymologie même du mot « Démocratie » ( « le gouvernement du peuple par le peuple) » doit changer et être remplacée par des expressions politiquement plus justes. Ainsi nous proposerions la « Natiocratie » (« le gouvernement de la Nation par elle-même ») puisque, comme démontré, sans Nation il n y a pas de démocratie. Cependant la consonance très « nationaliste » pouvant prêter à confusion, aussi préférions-nous le terme « Ethnocratie », mais dans le sens de « l’Ethnos » grec.

Les grecs n’avaient pas de mot spécifique pour désigner la nation mais ils utilisaient le terme « ethnos » (έθνος) qui désignait un « ensemble homogène ». Il est convenu que ce terme “est utilisé actuellement dans la langue parlée comme équivalent du terme « nation »[3]

Aussi à la Démocratie - du grec dêmos (peuple), et kratos ( pouvoir/autorité)-, nous proposons de substituer le terme « Ethnocratie » - du grec Ethnos (ensemble homogène/nation) et Kratos ( pouvoir/autorité).

En définitive, nous dirons que le peuple réclame la « Démocratie », mais il ne saura l’obtenir sans être d’abord une Nation. Car la démocratie n’existe que pour l’intérêt de l’Etat, seule l’Ethnocratie existe dans l’intérêt du peuple.

« Toute souveraineté réside essentiellement dans la Nation » ; on l’a dit il y a 222 ans déjà !

N’est pas révolutionnaire qui veut; mais, curieusement, c’est dans les révolutions que naissent les nations. Suivez mon regard.

Pr ELY Mustapha


[1] "La religion est le soupir de la créature opprimée, l'âme d'un monde sans coeur, comme elle est l'esprit des conditions sociales d'où l'esprit est exclu. Elle est l'opium du peuple." (Karl Marx & Engels, Critique de "La philosophie du droit" de Hegel, 1844)

[2] http://haut-et-fort.blogspot.com/2011/07/la-nationalite-sans-nation.html

[3] Vassilis Gounaris et Yannis Frangopoulos « La quête de la nation grecque moderne et le « cas grec » comme un cas paradoxal de la construction du fait national contemporain » in Revue « Socio-anthropologie » N°s 23-24/2009. L'Anthropologie face au moment historique. p. 115-153

Nombre total de pages vues

Nombre de visiteurs

Poésie de la douleur.