vendredi 31 juillet 2009

Le calme avant la tempête.


Un phare pour nos rivages


Aziz est élu. Aziz est devenu président. Mais Aziz n’est pas autre chose que Aziz . Un putschiste. Un non légaliste. Un « légalisateur » d’un coup d’Etat. Mais Aziz est désormais « adulé ». Les éternels groupies du pouvoir s’agglutinent à ses bottes qu’il peine à enlever. Il sera bientôt « le tout ,l’unique et l’éternel ». L’indécrottable. L’infaillible. Le « supra-ultra-divin » de la courtisanerie scotchante des « plébiscités » à leur fauteuil roulant pour leurs intérêts. Aziz a légalisé son putsch. Aziz, un putschiste-président. Ou un président-putschiste, au choix et au désarroi de ceux qui le récusent.

Son plébiscite il le doit moins , cependant, au peuple que la misère et la supplique des gouvernants forts et opulents poussent à copuler avec les chimères électorales qu’à cette opposition qui à chaque putsch brade jusque ses principes . Cette opposition qui « prend note », qui « entérine », qui « enregistre » et qui « dialogue » avec tout putschiste qui passe, avait-elle vraiment le mérite et la dignité d’accéder à un pouvoir devant lequel elle se pliait à chaque coup de force et dont « elle prend acte » dans une humiliante et déconcertante attitude qui n’avait d’égale que la cupidité mythomane de ses dirigeants qui pensaient arriver au pouvoir « sur le capot d’une jeep militaire »?

Aujourd’hui cette opposition dont une partie a certes essayé de défendre la légalité (le FNDD , notamment) a été très vite empoisonnée par son autre aile «enregistrante» et rampante, à laquelle elle s’est alliée et qui l’a poussée à ce compromis de « Dakar » qui ne fut en fait que « le ticket » pour une course effrénée et inconsciente vers un pouvoir dont l’accès a été déjà verrouillé par celui qui le détenait depuis le 6 août dernier.

Mais alors que reste-t-il à cette opposition qui a tout perdu ? Rien. Un spasme de contestation d’une élection que personne ne pense plus contester, et même si cela était, le simple bon sens dicterait déjà que Aziz ne renoncerait plus jamais à son « bon droit » d’être président. Alors vaines tentatives de vouloir contrer celui qui est arrivé au pouvoir par la force des baïonnettes et qui s’y maintient par la force des urnes.

L’opposition perdante n’ayant pu contrer par une cohésion et une lutte digne de ce nom , l’accaparation du pouvoir par la baïonnette, n’est plus autorisée aujourd’hui à lutter contre le verdict des urnes. Et pourtant nous avions ici même appelé (et très tôt) à la prise de conscience de la nécessité de cette lutte avant le drame électoral ( voir : « Ahmed Daddah pouvait-il agir autrement ? oui ! » )

Cependant, contrairement à ce que chacun penserait, la balle n’est plus dans le camp de l’opposition mais bien dans celle de Aziz.

En effet, si Aziz a gagné les élections, il n’est toutefois pas sorti de l’auberge. Ceux qui l’on élu tout autant que ceux qui ne l’on pas élu l’attendent au tournant de ses engagements et promesses clamées de Dar Ennaïm à Hay essaken et au-delà, à travers tout le pays

Une opposition responsable se doit alors se réorganiser et très vite autour d’un thème fédérateur de défense de ses positions acquises durant le dernier putsch et les valoriser en prenant rapidement le contrepied du pouvoir sur ses promesses électorales et en prenant à témoin le peuple que le général a su si bien ameuter par ses déclarations. En sommes prendre le pouvoir à son propre jeu politique.

En effet, si les 52% et poussières que le général a acquis sont bien réels, alors il en découle une conséquence dont la portée est d’une extrême importance pour l’opposition : le peuple a cru aux promesses de « pain », « de santé », « de dignité », « d’honnêteté » que lui a miroitées Aziz.

Le peuple est alors dans une expectative, en attente de la concrétisation de ces promesses et si elles ne se réalisaient pas, alors cela pourrait être une déception sur laquelle l’opposition se devrait d’apprendre très vite à « surfer » et à récupérer pour contrer le pouvoir et jouer son rôle d’une opposition forte.

C’est autant dire que durant ces 12 mois de putsch, le peuple s’est grandement appauvri, qu’il a craint le pire des sanctions internationales, et qu’il s’est agrippé au fil d’espoir que lui a miroité Aziz à travers son discours du « ventre » teinté d’un nationalisme latent auquel il a cru. C’est autant dire le caractère explosif d’une telle croyance si celui en lequel elle est fondée n’assure pas.

C’est pourrions-nous donc dire que c’est certainement le calme face à une tempête à venir.

Une opposition intelligente serait celle qui déjà allumerait un phare sur les rivages obscurs vers lesquels l’espoir d’un peuple risque de s'échouer.

Tant il est vrai que le capitaine-général qui a pris possession du bateau-nation n’ayant eu , jusque-là, d’intérêt que pour sa propre gouverne, se devra de bien tenir les gouvernes . Faut-il cependant que sur son sextant, il ait bien calculé les coordonnées exactes de son port d’espérance populaire, car il ne lui est pas permis de revenir à son port d’attache.

Pr ELY Mustapha

mercredi 22 juillet 2009

Le jour où les extraterrestres ont bouffé les bulletins de vote

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Enquête incroyable sur les bulletins volants non identifiés

Les traces relevées dans les différents bureaux de vote du territoire montrent effectivement qu’une espèce de poudre presque invisible, sauf au mauvais œil expérimenté, recouvrait les urnes où les bulletins de vote ont été introduits. Et les analyses de cette poudre dans nos laboratoires spécialisés a révélé…. l’incroyable.

Oui, vous entendez bien : l’incroyable vérité que personne ne peut démentir. Il s’agissait…il s’agissait de poussière d’étoile ! Rien de moins que ça.

En effet, durant la nuit allant du 17 juillet au 18 juillet 2009, les extraterrestres avaient échangé les véritables urnes de la CNI par de fausses urnes qui leur ressemblent en tout point à la différence près que leur fond était directement connecté à l’espace intergalactique. C’est-à-dire, concrètement, lorsque un électeur jette son bulletin dans l’urne, il tombait directement sur la planète des extraterrestres qui , elle, est située à 18 années-lumière de notre système solaire.

Aussitôt tombé sur ladite planète, deux extraterrestres appelés « grab 1 » et « grab2 », qui sont chargés de la surveillance de l’opération électorale criaient, en même temps ; « Koubeniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii ! » et aussitôt intervenait un troisième extraterrestre moustachu et qui avait le grade de général et qui disait à haute voix : « c’est pour qui ? » quand on lui disait : « FNDD » ou « RFD », il criait à tue-tête : « bouffez ! ».

C’est ainsi que le pauvre électeur mauritanien qui jetait son bulletin dans l’urne ne se rendait pas compte que son bulletin servait de bifteck à une horde d’extraterrestres à 18 années lumière de aouienat ezzbel.

Mais lorsque les extraterrestres ont suffisamment bouffé, leur chef leur dit : « maintenant vous allez remonter dans les urnes et dégueuler tous les bulletins avalés ». Et l’on sait, depuis les explorations cosmiques récentes, que les extraterrestres quand ils bouffent quelque chose, ils le dégueulent toujours à l’envers. C’est ainsi que les croix qui portaient sur les noms de Boulkheir et de daddah, furent reportées sur Aziz.

Tout désormais s’explique. D’ailleurs ce sont ces mêmes extraterrestres qui révélèrent à ould Daddah que c’étaient eux qui avaient bouffé les bulletins de vote.

Hélas c’était trop tard. Les extra terrestres avaient déjà tout dégueulé dans les urnes. Et dans leur vaisseau qui les ramenait vers leur lointaine galaxie, ils avaient inscrit sur le grand tableau sur lequel ils enregistrent (toujours!) la fin de leur mission :

« Opération koubeni 2 réalisée avec succès. Vote vraiment dégueulasse. Retourneur de veste informé des résultats. Prochaine digestion 2014.»

Pr ELY Mustapha

mardi 21 juillet 2009

Et maintenant...

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Plus de 52 % des suffrages ! Aziz a réussi à être démocratiquement élu.

Battue à plate couture, l’opposition se doit d’entériner sa défaite et non pas crier aux diable Vauvert. Elle ne doit, en fait, ses défaites qu’à elle-même. La première défaite est d’avoir accepté que, dans la précipitation, Daddah rejoigne le front après qu’il l’ait par deux fois roulé, en 2005 et en 2008. Et que cette opposition opte pour une candidature dispersée au gré d'intérêts personnels.

Sa seconde défaite s’est de s’être précipitée pour se débarrasser, en le forçant à démissionner, le président militairement renversé. En contrepartie elle entérinait des élections anticipées dont les délais de tenue ne lui permettaient même pas de se préparer et d’aller contrer le dangereux populisme que Aziz a su si bien générer à l’échelle nationale.

Il faudrait dire que l’opposition était déjà mal partie en négociant et en cédant sur le très court terme du terrain. Le coup fatal a bien été l’accord de Dakar et la démission de Sidioca. Il ya une semaine nous avions prédit cela, en écrivant qu’aller à ce vote c’était entériner :

« Que le coup d’Etat de Ould Abdel Aziz a bien atteint son but, destituer le président
- Que le Président pour lequel tout un front s’est uni pour le restaurer dans ses fonctions a été obligé de renoncer à cette mission
- Que le FNDD, n’est en fait qu’un ramassis d’opportunistes qui va aux élections la queue basse en ayant négocié un accord forcé pour sortir de la crise mais ce n’est que pour sortir de sa propre crise
- Que Ould Abdel Aziz est le véritable gagnant dans ce putsch, puisqu’il a organisé des élections, qu’il accaparé le Trésor public pour financer campagne et s’est vu redorer le blason par la communauté internationale, lui et ses sbires ministériels.
En effet, si l’on va au vote, c’est plier l’échine (n'en déplaise à Messaoud)et dire que ni le FNDD n’a de principes, ni ceux qui vont avec lui aux élections n’en ont. » (voir l’article : « Du dada de Daddah à l’échine de Boulkheir »).

Maintenant, il faut tirer les leçons du succès d’Aziz et réfléchir à l’intérêt de sa contestation.

Si les organisations présentes et les observateurs à ces élections ne présentent aucun argumentaire à l’encontre de l’élection de Aziz, il faut faire avec et viser autre chose. Les élections législatives et municipales, en somme, penser à l’avenir d’un contre-pouvoir qui, lui, s’inscrirait dans la légalité.

L’élection d’Aziz est un sérieux coup de semonce pour l’opposition qui doit opter soit pour l’alternance pacifique au pouvoir et attendre 2014 pour présenter de nouveaux candidats ou rejoindre le maquis. La première alternative nous semblant la meilleure. Le pays a besoin de paix, de stabilité et d’une opposition responsable.

Toutefois, cela ne serait possible que si Aziz gouverne avec un profond sens de l’Etat, des enjeux nationaux et des intérêts des différents groupes politiques et sociaux en place. En somme, renoncer à toute attitude vindicative et opter pour la conciliation, chercher le compromis et non pas la rigidité dans ses relations avec ces groupes, appeler à la conciliation et non pas au tiraillement partisan; alors il se pourrait que chacun s’insère dans une vison commune des intérêts du pays et œuvre pour cela.

Dans le cas contraire où la nature du système politique mauritanien dénaturé par des dizaines d’années de corruption, de népotisme et de soif d’autorité reprenne le dessus ou se réinstaure , à la faveur de l’élection de Aziz, alors tout devient imprévisible et le pays sombrera très vite dans le chaos civil ou militaire.
Tant il est vrai que ceux qui, aujourd’hui, contestent ces élections ou sont frustrés d’avoir perdu une part de leur vie ou de leur âme dans une course effrénée, difficile et épuisante, humainement et matériellement, vers le pouvoir peuvent devenir une force de résistance active ou passive à tout changement et c’est la Mauritanie qui va en pâtir.

En effet, celui qui perd aujourd'hui est plus important que celui qui gagne pour l'avenir de la Mauritanie.
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Comme on l’avait écrit dans un précédent article d’avant les élections (« qui est prêt à perdre ?) :

« En vérité, la question que chacun se pose, n’est pas la bonne. Dans ce jeu électoral, la vraie question n’est pas de savoir « qui va gagner ? », mais plutôt « qui acceptera de perdre ? ».
En effet, l’examen des principaux candidats en lice, ne laisse pas indifférent ; non pas quant à leur capacité de gagner, chacun, qui comme on le sait, ayant ses atouts, mais à leur capacité de perdre sans plonger le pays dans la zizanie.

Au lendemain du 18 juillet 2009, une personne sera élue. Il n ya qu’un seul fauteuil pour un unique président. C’est alors moins la connaissance du vainqueur qui compte que l’attitude qu’auront les vaincus. Et je crois que l’avenir de la Mauritanie dépendra beaucoup moins de celui qui sera élu que de ceux qui voudront bien le reconnaître. »

C’est dans les instants difficiles que les hommes valeureux savent reconnaître leur défaite personnelle et la transformer en une victoire collective pour le bien de leur pays.

Pr ELY Mustapha

jeudi 16 juillet 2009

Le manuel du parfait putschiste

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Après le «Manuel à l’usage de ceux qui veulent s’enrichir en toute impunité »,(que vous retrouverez en cliquant ici) , voici le « manuel du parfait putschiste.»

En effet, après le 6 Août 2008, le monde n’est plus ce qu’il était, il est devenu ce que nous voudrions tous qu’il soit: un monde à visage découvert. En cela le putsch de Ould Abdelaziz a déjà fait jurisprudence. En guinée, au Niger l’Azizanie institutionnelle est en train de devenir un mode de passation du pouvoir. C’est pourquoi pour conforter cette jurisprudence de la baïonnette, nous vous livrons ici pour nos heureux putschistes à venir, le manuel du parfait putschiste.


Règle n°1 : Fais ton coup et prend ton pied
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Lorsque tu veux faire un coup d’Etat n’hésite pas. vas-y et ne pense pas aux lendemains. Ils seront toujours enchanteurs. Ne pense pas au peuple. Il suivra. Il suffit de savoir l’alimenter au propre et au figuré et d’entretenir une poignée de courtisans qui le tiendront, pour toi, en laisse.
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Règle n°2 : Tiens bon et ne lâche rien
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L’art du putschiste est de savoir fatiguer ses adversaires. Accroche-toi et ne démord point. Le temps joue en ta faveur. Plus tu passes du temps au pouvoir plus tu gagnes les cœurs et les esprits qui, ne pouvant rien contre toi, commenceront à t’aimer. La nature humaine est ainsi faite que devant l’adversité irréversible elle se prend à s’y complaire.
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Règle n°3 : Lâche-toi et mets les pieds dans le plat
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Choisi les grands maux de tes prédécesseurs et fait semblant de les combattre. Gabegie, injustice etc. etc. A ton choix et tu peux même en inventer pourvu que cela mobilise le petit peuple et fasse vibrer son éternelle âme revancharde. Va dans les bidons-villes, déclame de longs discours pathétiques sur les nids de poules et l’eau verdâtre des robinets publics, bref soit populiste et jette quelques ponctions du trésor public par-dessus ton épaule.
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Règle n° 4 : L’opposition tu feras souffrir et baver à volonté
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L’opposition, c’est un pis-aller. Ça va, ça vient, ça se trémousse dans tous les sens, ça se cherche, ça dénonce à l’interne et à l’international, mais c’est inoffensif. Il suffit, de coffrer quelques unes de ses ouailles impénitentes pour lui coller la frousse , le temps pour toi de souffler et de choisir une autre manœuvre dilatoire. Et il y aura toujours un leader de l'opposition que tu meneras en bateau.
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Règle n°5 : Le trésor , c’est toi
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Fais du trésor public ton compte personnel et dépense. Dépense à volonté. Achète les hommes et la marchandise. Enrichis-toi à satiété et vire, vire dans tes poches le maximum, car c’est la l’imparable assurance de ta pérennité et de « l’indéfectible »attachement que te voueront tes supporters. Plus tu possèdes de bien, plus personne ne peut rien contre toi. On ne touche pas aux riches, on les adule.
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Règle n°6 : Sois arrogant et exige ton droit de putschiste
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N’oublie pas qui tu es. Et clame-le très fort. Ce que tu es doit forcément se terminer en « eur ». A toi le bon choix : « sauveur », « réformateur », « rectificateur », « libérateur » etc. L’essentiel c’est d y croire dur comme fer et d'exiger le respect que l’on doit à ton rang. Et pour se faire respecter, rien de mieux que de jeter au gnouf les récalcitrants à ton titre ou qui veulent négocier avec toi ta place.

Règle n°7 : Gère les étapes de ton règne

Sache qu’un bon putschiste pour arriver à ses fins doit bien manœuvrer pour rester à la tête de l’Etat au moins une année. C’est le temps minimum nécessaire pour acquérir le maximum de « son » peuple à sa cause. 12 mois c’est la durée de gestation politique d’un putsch parfait. En effet, le degré d’acquisition du peuple à tes nobles idéaux est proportionnel au temps que tu passes aux rênes du pouvoir et inversement proportionnel au temps que tu donnes à l’opposition pour s’exprimer.
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Règle n°8 : Fais des alliances avec le diable
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Choisis les pires ennemis de l’occident et fait semblant de t’allier à eux. Même du bout des lèvres, ça fait de l’effet. Chatouille la sensibilité nationaliste de quelques pays arabes en les submergeant de tes émissaires portant des missives vilipendant la démocratie qu’ils abhorrent pour que leur ligue régionale inutile plaide pour toi dans l’organisation continentale africaine assoupie.

Surtout sois sûr que la communauté internationale, c’est du bidon. Elle n’est contre que celui avec lequel elle n’a pas d’intérêts partagés. Renforce ses intérêts. Achète-là. Fais sillonner le monde de tes hommes d’affaires dans les espaces du pouvoir des autres Etats. Intéresse les proches des présidents, fais des concessions aux industriels de leurs pays et tu auras leur soutien tacite entre les mains. Ainsi va la France et autres pays du sous-continent européen.
Quant aux africains, ne t’en soucie, guère. Leurs dirigeants et ceux qui s’y préparent t’envient en silence et leur organisation c’est du vent. Ça condamne, ça condamne et ça se tait, lorsque la « mère patrie » hausse le ton ou actionne sa France-Afrique.
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Règle n°9 : Fais poireauter et livre ta carotte
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Lorsque tu auras fait poireauter toute la communauté nationale et internationale et que tu sens qu’elles sont mûres à point pour accepter n’importe quoi, alors sort ta carotte.
Pour savoir si ces communautés sont à point pour être cueillies, il suffit de prêter l’oreille. Ça commence toujours par des paroles (« il faut négocier », « ll faut un accord de compromis », « nous voulons dialoguer », « il faut un médiateur » etc.) et par des actes perceptibles (les émissaires commencent à pulluler, des hommes d’affaires commencent à arriver ).

La fatigue gagnant les esprits alors frappe dur en donnant quelques concessions sans céder sur l’essentiel. Tu récolteras alors les fruits de ton labeur de putschiste : on obligera le président élu à démissionner, tu seras candidat aux élections dont tu as dicté la tenue, tu verras la communauté internationale muselée et toute reconnaissante, on oubliera la liste noire du putschiste et de ses soutiens, on enverra des observateurs reconnaître tes élections. Tu auras les poches pleines et des électeurs qui te seront fidèles. Bref tu n’es plus putschiste tu seras devenu un candidat aux présidentielles, légalement reconnu, respectable et respecté.
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Règle n°10 : Remets tes bottes au bon moment.
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Et si ces « ingrats mal gouvernés » ne t’élisent pas, remets tes bottes et rebelote. Et si tu gagnes aux élections, tu sais ce qu’il te reste à faire.
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Pr ELY Mustapha

mardi 14 juillet 2009

Rancunes et rancœurs : le pacte introuvable





Qui est prêt à perdre ?

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En vérité, la question que chacun se pose, n’est pas la bonne. Dans ce jeu électoral, la vraie question n’est pas de savoir « qui va gagner ? », mais plutôt « qui acceptera de perdre ? ».

En effet, l’examen des principaux candidats en lice, ne laisse pas indifférent ; non pas quant à leur capacité de gagner, chacun, qui comme on le sait, ayant ses atouts, mais à leur capacité de perdre sans plonger le pays dans la zizanie.

Au lendemain du 18 juillet 2009, une personne sera élue. Il n ya qu’un seul fauteuil pour un unique président. C’est alors moins la connaissance du vainqueur qui compte que l’attitude qu’auront les vaincus. Et je crois que l’avenir de la Mauritanie dépendra beaucoup moins de celui qui sera élu que de ceux qui voudront bien le reconnaître.

En effet, les dissensions qui existent actuellement entre les candidats du fait de leur background politique et leurs divergences d’antan présage bien d’une situation dans laquelle, il serait probable qu’un consensus sur l’élu ne se fasse que difficilement.

Aziz, accepterait-il d’être vaincu ? Accepterait-il que ELY soit élu ? Daddah malgré son alliance avec Ould Boulkheir accepterait-il d’être coiffé au poteau au dernier tour par ce dernier ? Ould Boulkheir se fera-t-il à l’idée que Aziz ou ELY soit élu ?

Autant de questionnements dont la réponse se trouve déjà dans la façon avec laquelle chacun appréhende ses chances de gagner et donc d’écarter les autres.

Les sempiternels cris aux « élections truquées » et autres « boycotts d’investitures », vont-ils réapparaître au lendemain du 18 juillet ? Va-t-on revoir pointés les canons aux portes de la présidence et un énième reniement d’élections?

On se dira que c’est trop tôt pour en parler. Mais il est des menaces qui se doivent d’être fixées avant qu’elles n’adviennent.

Aziz : « l’Etat c’est moi ! »

Aziz, sur cette lancée électorale, au vu de ses propos et de sa façon de tenir encore l’armée dan son giron est dans notre opinion, un candidat qui n’acceptera pas de perdre. Les enjeux pour lui sont éminemment importants. « Son » coup d’Etat, son objectif de conquérir la présidence du fait des concessions « qu’il a bien voulu accepter » pour permettre ces élections et son investissement personnel, humain et matériel dans sa campagne présage qu’il ne souffrira pas d’être battu. Sa situation d’être l’instigateur de cette élection, d’en être le pourvoyeur et le « maître » d’œuvre, ajoutés à son tempérament du « j’y suis j’y reste » (l’éviction de Sidioca en témoigne), ne facilite pas l’idée de croire qu’il lâchera de sitôt les brides d’un Etat dont il n a jamais quitté les alcôves et qu’il a même décidé depuis 2007, avec l’élection de Sidioca d’en être le mentor.

Voyez-vous cet homme là du jour au lendemain céder la bride de son Leviathan, au profit du premier venu ?

Il faut être naïf pour le croire. Aziz, a appris, le jeu de la force et il sait qu’elle a sa disposition. Il n’a jamais en vérité quitté son habit de militaire. C’est toujours un candidat en kaki et qui ne renoncerait pas à continuer à squatter le sommet de l’Etat. N’en déplaise aux autres candidats : Aziz a le plus investi dans le pouvoir. Il a fait des coups d’Etat, il a « maintenu » un président démocratiquement élu au pouvoir, il l’a destitué à ses risques et périls, il a défié la communauté internationale et enfin il a gagné en forçant des élections en y impliquant toutes les tendances opposantes confondues.

Croyez-vous que cet homme-là va laisser « sa » place, chèrement gagnée à une opposition qui n’est même capable de présenter un candidat unique ?

Aziz dispose de la force, des fonds de tiroir de la république, de quelques centaines de sous-fifres chèrement nommés dans les rouages de l’Etat et de cette formidable capacité de notre classe politique courtisane à faire volte-face au premier froissement d’un billet de banque. Dans la politique du ventre, idéologie de nos élites politiques, Aziz tient la cuillère et la soupière.

Daddah : « C’est moi, c’est moi ! »

Quant à Daddah, le voyez-vous battu pour la énième fois ? Si après le 18 juillet, il accuse encore une défaite exponentielle, va-t-il encore aller « féliciter » l’heureux élu ?

On en doute fort. Et même s’il le faisait (il en est bien capable) rappelez-vous ses félicitations à Sidioca lors de son élection et la reconnaissance qu’il lui avait publiquement accordée. Le jour du coup d’Etat du 3 août 2008, il était parmi les premiers à soutenir le putsch.

Il pourra bien se courber encore une nouvelle fois et reconnaître le vainqueur, à moins que ce ne soit Aziz qui comme ses prédécesseurs l’on mené en bateau. Saura-t-il accepter sa défaite et s’en retourner à son RFD ?

Rien n’est moins sur. Le syndrome de Koubenni, pourrait très vite revenir infester la scène. A moins que Ould Boulkheir gagne et que Daddah, lui propose d’être son…Premier ministre. Mais cela calmera-t-il Aziz ? Ferait-il patienter ELY ?

Et si Daddah gagnait les élections, il est fort probable que Ould Boulkheir serait un digne perdant qui récolterait les fruits de ses voix pour entrer au gouvernement ou le diriger mais il n’aura pas le réflexe revanchard de renier les élections à moins que, encore, Daddah, n’ait rejoué le « coup bas » de la dernière transition.

ELY : « l’espoir c’est moi ! »

Quant à ELY ould Mohamed Vall, perdre les élections serait encore pire. Pour cet homme « artisan » de la « démocratie en Mauritanie », se voir renié aux élections c’est toute son aura qui disparaît. Cela démontrera le peu d’attachement que le peuple lui a accordé et le peu de cas qu’il a fait de sa fameuse transition par laquelle il s’est présenté au monde comme « l’homme qui a remis le pouvoir aux civils et instauré la démocratie ». Son image en prendra un sérieux coup et tous ses espoirs de regagner un pouvoir qu’il avait si minutieusement convoité s’effriter.

ELY ould Mohamed n’est pas prêt de renoncer à la victoire ; mais il a la capacité de s’allier avec le premier qui accéderait au second tour. Il le fera avec Daddah, affinités durant l’avant dernière transition aidant. Rappelons-nous que ELY ould Mohamed avait miroité durant toute la transition le siège de président à Daddah qui y a cru dur comme fer et ce jusqu’à la déception « Sidioca » (candidat dit-on de Aziz) .

Si ELY réunit quelques pourcentages intéressants au premier tour, il aura à s’allier avec un probable vainqueur du second tour. ELY est sans doute un homme de compromis, faudrait-il cependant qu’il puisse le mettre sous le label « sauver la nation », « consolider la démocratie » et autres expressions de défaites mais qui préservent une part de dignité et une portion du gâteau.

Et si, par miracle, ELY accède au second tour sans Aziz, alors le pire est à craindre au propre et au figuré. Au civil et à l’armée. Toute son énergie sera de maintenir ce dernier dans ses quartiers.

Ould Boulkheir : «un cheval pour mon royaume»

Ould Boulkheir ne craint qu’une seule chose que le ciel ne lui tombe sur la tête ou qu’il tombe de son cheval FNDD. Je ne crois pas que la défaite sera pour lui un prétexte de semer la zizanie ou de prendre en otage les élections à travers les contestations paralysantes du scrutin ou de rejet de leur issue.

A moins que de véritables fraudes ou irrégularités n’entachent ces élections , il est certain que Ould Boulkheir respectera le verdict. À moins qu’Aziz ne gagne et que Ould Daddah n’attrape sa crise de Koubenni entrainant ainsi la contestation ou que le vainqueur ne propose pas un quelconque compromis gouvernemental connaissant les prédilections que l’opposition a pour « le gouvernement d’union nationale ».

Ould Boulkheir s’il est élu pourra entrainer autour de lui un consensus à deux conditions que Aziz ne montre pas les dents et que ould Daddah ne montre pas les dessous de sa veste.

Ce sont là les deux pôles desquels peut provenir la déstabilisation de ould Boulkheir, ce qu’il n’acceptera pas et qui peuvent le mener à tout contester. Face à Daddah ould Boulkheir pourrait être un cheval gagnant à la seule condition que Daddah… accepte de perdre. Et Aziz de le suivre.

En définitive l’avenir dira si la féroce volonté de chacun de ces candidats de gagner les élections cédera la place à un consensus sur le vainqueur en oubliant les rancunes et les rancœurs du passé.

La politique, dît-on souvent, est l’art du compromis. En Mauritanie on l’a souvent trop compris dans le sens du « tout pour moi et rien pour les autres ». Ce qui est l’ingrédient principal de la dictature qui peut naître aussi bien d’un gouvernement civil que d’un gouvernement militaire.

Aussi ce qu’il aurait fallu c’est, avant ces élections, d’engager toutes les parties dans un pacte national de respect des résultats des élections et le faire adopter par tous. Un pacte civique qui permettra de faire prendre chacun ses responsabilité dans l’intérêt du pays tant il est vrai que ces élections plus que toutes autres portent en elles-mêmes une charge émotionnelle et une tension contenue depuis bien longtemps par les différentes parties et qui nee demandent qu’à surgir à la faveur du moindre incident électoral.

Mais déjà aux portes des élections, il ne reste qu’à souhaiter que celui qui perd, bien plus que celui qui gagne, prenne en considération le devenir de la nation. C’est la première présidentielle mauritanienne ou le vaincu sera certainement plus important que le vainqueur.

Pr ELY Mustapha

vendredi 10 juillet 2009

Le candidat recto-verso



Un Ambitieux pour la Mauritanie

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Si, dans toute cette campagne des éclopés, il ya un candidat qui a choisi , depuis belle lurette, un slogan qui lui va bien (mais pas à la campagne), c’est Ahmed Ould Daddah !

Tenez le voilà le slogan du Président ( toujours du RFD,pas de l'Etat) : « Une ambition pour la Mauritanie ».

A l’image des retournements de veste de son titulaire, ce slogan est lisible de gauche à droite et de droite à gauche. Il est totalement réversible.

« Une ambition pour la Mauritanie » ou « La Mauritanie pour une ambition », c’est du pareil au même. Pourvu que l’ambitieux reste toujours le même. Et rien que lui.

Belle expression de la capacité du titulaire de ce slogan à montrer ses performances politiques recto verso. Côté militaire, côté société. Côté hiver, côté été.

Lorsque le vent a tourné en 2005, ce fut le côté militaire, lorsque la brise démocratique revînt en 2007, ce fut le côté société et quand le vent a encore tourné en 2008, ce fut le côté militaire…

En tout état de cause ce slogan, « une ambition pour la Mauritanie », ne démentit pas le personnage. Recto- verso ou pile et…face.

Il ne tombe jamais pile quand il faut faire face. Et ne fait jamais face quand tout est pile.

Mais un président réversible, cela peut toujours servir...car les saisons se suivent mais ne se ressemblent pas. Côté hiver, côté été.

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Pr ELY Mustapha

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Poésie de la douleur.