« La rengaine sur la colonisation et l’esclavage est devenue un fonds de commerce[1] » (Fatou Diome).
Il existe une diaspora, digne et fière,
représentant son pays par son savoir, sa science et sa culture et qui fut
acceptée dans les pays hôtes et qui reçut son statut de résidence, et même sa
double nationalité grâce à cet apport à ces pays. Dans cette diaspora se retrouvent
de véritables patriotes qui ont subi des exactions, individuellement ou à
travers leur communauté et qui utilisent les moyens de dialogue et de
conciliation permettant de trouver des solutions dans l’intérêt de la patrie.
Et cela sans violence et sans heurts.
Il existe, par contre, une autre
Diaspora qui ne doit sa présence dans les pays-hôtes que grâce une
« victimisation » permanente et auto-entretenue. Une victimisation qui
a ses « gestionnaires », qui la capitalisent dans des objectifs
d’intérêts personnels et d’instrumentalisation pour obtenir des statuts, politiques,
sociaux et économiques indus et surtout les justificatifs de leur séjour dans
les pays-hôtes. Entrainant avec eux une masse de personnes exilées (sans
ressources et sans papiers) dont ils acquièrent le soutien à travers les
« services » qu’ils leur rendent.
Son objectif n’est ni la conciliation, ni la paix mais
l’instrumentalisation de la victimisation pour continuer à séjourner à
l’étranger et bénéficier des mannes du pays-hôte.
Cette diaspora contrairement à la
première est toute tournée vers la tension et la vindicte.
Il y a ainsi deux diasporas qui, hélas,
font l’objet d’un amalgame qu’il convient de lever afin de séparer le bon grain de l’ivraie.
La Mauvaise Diaspora : Achalandage
et victimisation
C’est un réseau d’individus qui
utilisent les grands idéaux humains pour entrainer dans leur sillage, une masse
d’individus acquise à une « cause » qu’ils brandissent et qui la leur
font apparaitre sous un jour toujours plus sombre, pour émuler chez-eux un
esprit de persécution sur lequel ils surfent en permanence. En somme, une diaspora recrutant dans ses
rangs des zombies qu’elle utilise pour contester, tout et n’importe quoi pourvue
que la zizanie persiste et profite à ses intérêts
Pour s’en convaincre, Il suffit d’émettre
une opinion sur des sujets nationaux partagés (langue officielle, langues
nationales, l’esclavage, discrimination…) ou sur tout sujet à débattre pour qu’une
horde de la mauvaise diaspora bien entrainée à la vindicte se met en action et se met à
se plaindre et à gémir. Et crier au « racisme », à la
« discrimination », à « l’apartheid » etc. etc…. D’ailleurs
cette armée de diaspora-zombie, à tout des réflexes pavloviens, elle est
conditionnée pour dénoncer, brouiller et entretenir les tensions sur des sujets
qui, cependant, pourrait bien être résolues.
Cette réaction s’explique par le fait
que ces sujets sont en fait un fonds de commerce, qu’il ne convient d’aborder
que dans le sens que cette diaspora a défini. Et comme tout fonds de
commerce, il se doit d’être achalandé, étalé, brandi, pour en accroitre la
valeur. Et c’est justement ce que cette diaspora fait en relançant de façon
perpétuelle ces « sujets » en les présentant sous l’éclairage d’une
« victimisation » savamment capitalisée.
C’est effectivement, une forme avancée
de capitalisation à l’étranger de ces sujets qu’elle travaille avec ruse pour qu’ils soient mis en
contradiction avec des valeurs humaines (droits de l’homme…) et générer
donc la sympathie et l’empathie envers ceux qui les agitent pour en tirer bien
des profits qui vont de l’octroi de statuts d’opposants politiques, de
réfugiés, d’opprimés, , et donc, matériellement, de permis de séjour, de travail et d’ assistance sociale du
pays-hôte ; bref de
tout un spectre de privilèges qui leurs permettent de trouver asile et de
continuer à « fructifier » leur fonds de commerce.
Leur stratégie est de créer des tensions
et des provocations pour continuer à entretenir et justifier le statut souvent
erroné qui leur est octroyé dans le pays d’accueil. Ils n’hésitent pas à
déformer la réalité sur leur véritable situation dans leur pays d’origine ;
à désinformer les médias et à envahir de plaintes, de doléances et
d’accusations la société civile du pays hôte ; créant, chez cette dernière, une culpabilité
qu’ils mettent à profit pour qu’elle plaide en leur faveur. Profitant de n’importe
quel évènement pour capitaliser et entretenir cette « victimisation »
permanente.
Cette frange de la diaspora s’est créée
des sites web, des moyens de désinformation, a tissé des réseaux à l’étranger qu’elle
utilise pour manipuler l’opinion et les médias. Son intérêt n’est pas,
véritablement, que ce qu’elle dénonce trouve solution, car cela mettra en faillite
son fonds de commerce, mais plutôt œuvrer à attiser les dissensions pour
continuer à profiter des statuts et privilèges mentionnés.
Pour continuer à pérenniser son action,
cette diaspora marchande avec son environnement de résidence pour continue à y
séjourner.
Il en est ainsi par exemple de cette
diaspora qui a fait de la langue française un fonds de commerce. Et qui a
adopté cette langue non pas pour sa beauté, mais parce qu’elle l’utilise pour
s’attirer les faveurs de la France et de la francophonie et de ses agences de
soutien financier et de coopération. Elle tire de cela, des financements à
travers les institutions françaises de promotion de cette langue et elle leur
sert de fer de lance pour pérenniser le français dans leur pays d’origine. Le suivisme
linguistique de cette diaspora, est présenté sous le couvert, encore, d’une
« victimisation » qui se présente sous l’argumentaire du refus
d’assimilation qu’entrainerait l’usage de la langue arabe, et, donc, le
français serait le « bouclier » contre cette assimilation.
Il en est de même d’une frange de la
Diaspora arabophone qui fait exactement la même chose en s’acoquinant avec des
courants panarabes et qui n’hésite pas à se faire financer par des structures de
pays de résidence pour continuer à influencer
l’opinion interne et les membres de la diaspora à l’étranger. Cette Diaspora trouve
même un prolongement dans des structures partisanes internes qui lui servent de
relais. Cette diaspora se caractérise par une fermeture plus importante à tout
dialogue, ne considérant que l’arabité à
l’exclusion de toute autre vocation non arabe. Elle dispose aussi de son réseau
et de ses zombies qui opèrent sur internet et qui n’hésitent pas à produire une
littérature totalement partisane et complétement déconnectée de la réalité
socio-culturelle et ethnique du pays.
Cette diaspora développe un fonds de
commerce connu et typique celui de « l’envahissement négro-africain de la
Mauritanie », « la perte de la Mauritanie de sa vocation arabe »
sous l’impact de la langue française et de l’aliénation des mauritaniens
négro-africains aux colons. Elle trouve une oreille attentive et souvent de
soutien dans les pays-hôte. Une diaspora de diabolisation du négro-mauritanien.
Cest ainsi que beaucoup des membres de cette mauvaise
diaspora, ont pris conscience de cette manipulation et se sentent pris au piège
d’une situation dont ils ont compris qu’elle n’avait pas d’issue. Ceux-là ont,
depuis, pris le parti du silence ou du retrait, alors qu’ils étaient bien en vue
dans les rangs de cette diaspora. Certains d’entre-eux ont d’ailleurs fait
l’objet d’attaques en règle quand ils ne jouent pas le jeu ou dénoncent la manipulation.
A côté de cette mauvaise diaspora,
intéressée manipulatrice et instrumentalisante des revendications et des
idéaux, figure une diaspora, honorable, travailleuse et militante.
La bonne diaspora : Travail et
militantisme
Cette diaspora est constituée d’individus,
qui ont réellement subi, eux-mêmes et ou
leurs communautés les affres de la déportation et de la répression des années
quatre-vingt et des crimes perpétrés par le Régime de Taya et ceux qui l’ont
précédé et suivi. Et cela justifie que ces individus demandent justice,
réparation et reconnaissance des faits et des droits des ayant-droits des
victimes emprisonnées et fusillées…en somme le règlement de ce passif
humanitaire de façon complète et acceptée.
Cette Diaspora, très honorable se retrouve
dans certaines organisations constituées, qui ont pris le parti de la concertation et du dialogue pacifique.
Elle fait des conférences, publie et sensibilise sur ces questions. Elle est
ouverte et met les intérêts de son pays avant celui des autres. Contrairement à
la mauvaise diaspora, dont les membres sont mus par un « militantisme du
ventre », la bonne diaspora puise sa crédibilité dans les individus qui la
composent et qui sont respectées, par leur travail, leur savoir et l’apport à
la communauté du pays-hôte dans laquelle il se trouvent. Ce ne sont pas des
parasites vivant uniquement sur l’assistance sociale et publique que leur
apporte le pays-hôte du fait d'un faux statut de réfugié ou de persécuté
politique tel que mentionné plus haut, mais de leur travail et de leur valeur
ajoutée reconnue dans leurs pays de résidence
L’une des caractéristiques principales
de la bonne diaspora, c’est qu’elle est toute tendue vers le retour au pays et prépare
ce retour par le déploiement de tous les efforts pour que les problématiques et
les dissensions soient solutionnées dans la dignité et la fraternité. Elle n’instrumentalise
pas ses membres, ne les harcèle pas et plus encore ne les exploite pas, et
surtout pas dans leurs faiblesses (notamment matérielles) ou dans leur
situation juridique (sans-papiers etc.)
J’ai durant ces trente dernières années
à l’occasion de mes voyages dans beaucoup de pays du nord, du Sud de l’Est
et de l’Ouest pu rencontrer et croisé nos compatriotes dont beaucoup souffre de
cette diaspora du « militantisme du ventre », vivant sur des fonds de
commerce (racisme, ségrégation, discrimination, esclavage etc.) , tout comme j’ai
rencontré des compatriotes appartenant à une diaspora responsable, consciente
et bien intégrée par sa plus-value aux pays-hôte et qui est consciente que la solution à trouver aux
problèmes dont d’autres font des fonds de commerce, existent mais qu’il faut
les solutionner dans l’intérêt de la nation. A savoir par les rencontres, le dialogue,
la concertation, la tolérance et surtout la proposition de solutions
acceptables et acceptées, sans préjugés, ni ressentiments, ni agressivité. Et
que si nos communautés ont vécu des drames humains, ceux-ci doivent recevoir juste solution et ne pas
servir à diviser plus encore le peuple et détruire la nation.
Cette bonne diaspora c’est celle qui est
la véritable ambassadrice des idées de paix et des valeurs dans le pays-hôte. C’est
en cela qu’elle se doit d’être associée au devenir du pays, au règlement de ses
problèmes (de l’esclavage au passif humanitaire), car elle est indépendante de
toute influence, de la mauvaise diaspora (avec ses réseaux du ventre et des
fonds de commerce « humanitaires ») et des autorités du pays-hôte (auprès
desquelles elle doit le séjour de ses membres de façon légitime et transparente.)
Entre ces deux diasporas, laquelle
devrait nous représenter et laquelle sert le devenir de la nation ?
La réponse sera évidente pour celui ou
celle qui croit, en son âme et conscience, que le pays a besoin de la
contribution de tous ses enfants de valeurs pour le bâtir, y compris ceux de
l’étranger qui ont dans leurs esprits et dans leurs actes la volonté de
résoudre les difficultés de leur pays, dans l’honneur, la tolérance et le
respect de leurs semblables.
La réponse ne sera pas évidente pour
celui ou celle qui croit que c’est dans la fuite en avant et le refuge dans le
giron des autres nations que les fils et les filles de ce pays pourront le
bâtir en misant sur une éternelle victimisation qui ne justifie que leur
mauvaise conscience.
Pr ELY Mustapha
[1] https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/08/25/fatou-diome-la-rengaine-sur-la-colonisation-et-l-esclavage-est-devenue-un-fonds-de-commerce_5502730_3212.html?utm_term=Autofeed&utm_medium=Social&utm_source=Facebook&fbclid=IwAR2P9erMO0bgHIFeE6HBT7UuCexAhp-ubtz2qbEcLyczeQ1wx3YdZ3argUA#Echobox=1566750951
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