vendredi 27 juin 2008

Crise, quelle crise ?


Se soumettre ou se démettre

Tout le monde parle de crise en Mauritanie. Et l’on se met à penser (à rêver ?) de quelque chose qui va changer.

Espoirs certainement déçus car il ne sagit pas en fait de « crise », mais d’une « pseudo-crise, » qui sera bien plus que décevante pour l’avenir du pays.

En effet, une poignée de personnes d’un parti d’un ancien régime reconstitué sous un nouveau nom, qui démisionne, et l’on parle de crise. PRDS, PRDR et autres transfuges partisans, Adil et autres Mithaq, indépendants-dépendants …

Démissionnaires d’un parti , Adil, hétéroclite, constitué par un Premier ministre, à carrière plus hétéroclite encore, au profit d’une majorité qui l’est devenue par « déclaration » et suite à une élection présidentielle. Une majorité née après-coup.

Pour comprendre le peu d’intérêt qu’il faut accorder à la supposée « crise », il faut d’abord comprendre ce qu’est cette majorité de laquelle certains membres ont décidé de faire dissidence.

La majorité actuelle, qu’elle s’apelle « ADIL » ou autre chose n’est pas un parti au sens institutionnel, mais simplement au sens légal. C'est un parti à récipissé, pas un parti de lutte et de convictions idéologiques. C’est une collection d’individus qui viennent de tous bords et principalement de ces « indépendants « (« un fourre-tout ») qui soutinrent le Président de la République lors des dernières élèctions et qui sont eux-mêmes un foisonnement de personnes de tous bords, et particulièrement du parti de l’ancien régime et des politiciens satellites qui gravitent avec leurs formations et structures partisanes éphèmères autours du pouvoir.

Aussi, ADIL, est un parti qui fut constitué de ce ce magma, non identifiable qui s’auto-appelait « Majorité présidentielle » (et qui n’avait pas de nom auparavent), et qui regroupait les indépendants, les transfuges du PRDS, du PRDR et des opportunistes de tout bord .

En battant trompettes et tambours, l’actuel premier ministre a su regrouper ce microcosme politique et constituer un parti nommé « Adil ». C’est autant dire que les conditions qui ont poussé à sa création expliquent largement la présupposée crise qui « semble » le secouer.

Adil est un « parti d’intérêts bien négociés ». Des intérêts dans lesquels l’intérêt personnel rivalise avec l’intérêt national. Survivance de pratiques récentes et qui dominent encore les esprits.

La constitution de ce parti est l’expression même d’une volonté de « partage de l’Etat ». Aussi ce qui se négocie au sein de ce parti, c’est la part de chacun dans le pouvoir. La crise vient de là. Les dernières nominations gouvernementales, ont laissé pour « compte » beaucoup de ceux qui s’attendaient à trouver « le (ou les) sièges promis », « les postes ou les avantages attendus ».
Leur déception que d’autres les aient dévancés et qui n’étaient pas meilleurs qu’eux dans le passé, ni du point de leur gestion des deniers publics, ni dans leurs aptitude à s’enrichir, leur est restée de travers.

Pourquoi « eux et pas moi » !

Alors pourquoi « eux et pas moi » ? Voilà une simple phrase qui explique toute la pseudo-crise qui semble secouer le système. Cette pseudo-crise n’est pas née d’une volonté d’améliorer les choses ni de préserver les intérêts supérieurs de la nation. C’est une pseudocrise de la frustration de certains à l’égard d’autres. Une réaction de gens qui se connaissent bien et qui voudraient regagner les terrains de chasse et de cueillette d’autrefois perdus.

Dans cette guerre larvée, autour d’un président en contemplation, s’affrontent les barons d’Adil.
D’un côté, ceux qui mordent la main de celui qui, par soif de pouvoir, a essayé de les rassembler sous la houlette d’un président passif, à savoir le Premier Ministre afin d’en faire une force qui le soutiendrait dans ses ambitions politiques.

De l’autre côté, ceux qui après avoir reçu de plein fouet les dernières nominations, ont trouvé chez les militaires des alliés déçus avec lesquels ils partagent les préoccupations d’influence.

Entre le marteau et l’enclume, l’actuel premier ministre se trouve pris au piège d’un parti qu’il a par mille et une entourloupettes constitué et qui aujourd'hui le met en difficulté.

En effet, ce que n’a pas compris l’actuel premier ministre, c’est que le parti qu’il a constitué , est un amalgame d'individus dont certains ont pour seule conviction politique partisane unificatrice l’ambition de rompre avec un passé qui les taraude et un avenir qu’ils veulent influencer dans le sens de leurs intérêts. Et le premier ministre est devenu un frein à cette ambition car il n’a pas su gérer le flux des influences intéressées. Il est devenu la cible à abattre. Car on le sait certains de ces individus ont déjà montré par le passé qu’ils pouvaient s’allier avec le diable.

Alors crise, quelle crise ?

On parlerait de crise,si le moteur de la crise venait d’un vent salutaire contraire . Une réaction de l’opposition. Une destabilisation politique due à une opposition forte qui pourrait imposer aux pouvoirs politiques une direction à suivre. Une réaction positive à la crise politique et socio-économique du pays. Or cela n’est pas le cas. Même si les membres de la dissidence de « Adil », font à l’opposition un appel du pied en se déclarant son « alliée objective ». Cela pourrait réveiller les vieux démons de qui l’on sait.

Ce à quoi nous assistons aujourd’hui , n’est rien de tout cela. C’est une pseudocrise, initiée par ceux qui sont au centre du sytème et qui continuent à le gérer. Des membres mécontents d’un parti qui ne doit son existence qu’à un rassemblement d’individus agglutinés autour d’un pouvoir et à la recherche du pouvoir. Et qui par leurs « pseudos» coups de gueule, veulent faire croire, qu’ils agissent dans l’intérêt de la nation.Il n’agissent en fait que dans leur propre intérêt bien connu.

Que sortira-t-il de cette pseudocrise ?

Certainement pas un Etat aux structures gouvernementales et politiques assainies. Certainement pas un revirement par rapport à la politique de la gabégie et de l’influence militaro-commerçante en place.

Ce qui en sortira, on le sait déjà, tient en deux options. Le premier ministre, (comme disait un certain Gambetta –qui lui n’est pas mauritanien), devra soit « se soumettre, soit se demettre. » (voir mon article précédent intitulé "A quoi sert et ne sert pas un premier ministre" en cliquant ici )

En se soumettant, ce qui n’est pas improbable, vue sa carrure politique, il consacrera les influences de ceux qui ne sont pas mieux que ceux qui sont déjà en place , avec en prime un poids militaro-politique encore plus lourd. Avec beaucoup davantages aux frais de l’Etat et du Trésor public, pour faire taire la pseudo-dissidence.

En se demettant, ce qui n’est pas improbable non plus, vue son incapacité à gérer les institutions qui lui firent confiées, il laissera sa place à un autre premier ministre, qui négociera encore une autre crise qui consacrera encore l’autre aile de la gabégie en attente d’être assouvie.

Dans tous les cas, se sera toujours turban blanc et blanc turban

Et qu’aurions-nous gagné dans tout cela ? Rien.

Ou plutôt si. Nous aurions admiré pendant quelques jours une autre mascarade de celles qui , depuis la transition (inclue), s’égrennent en chapelets entiers sur la tête d’un pauvre peuple méprisé.

Alors crise, quelle crise ?

Pr ELY Mustapha

1 commentaire:

  1. Entierement d'accord avec vous Prof. C'est une pseudo-crise instiguee par des parasites a la solde des militaires. Rien qu'a voir la liste de ceux qui font defiance, on a envie de vomir.

    Question: en ramenant les RV, Ould Waghef voulait-il faire du Sarkozy qui a ramené quelques socialistes dans son gouvernement de droite et appuyé un socialiste à la tete du FMI?

    Comme l'avais dit une fois un candidat a la vice-presidence democrate au vice president Dan Quayle le republicain qui se prenait pour John Kennedy: "You are not Jack. Jack is a friend and you are not Jack definitively".

    Je me demande bien si on donne des cours de logique a l'ecole des statistiques au Maroc. Wagef a fait montre d'une mauvaise logique et a sabote Sidioca. Il doit partir avec armes et bagages.

    A-

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Pr ELY Mustapha

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Poésie de la douleur.