samedi 16 août 2008

Pour demain...après-demain.

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Que pourrait-on offrir à ses compatriotes en ces temps troubles? Sinon un idée, une pensée ou un livre qui leur permettrait de refléchir à ce qui nous arrive, et ce qui arrive à notre nation.

Aussi pour tous mes compatriotes, voici, en téléchargement libre, mon livre "Pour demain". ( Pour télécharger, cliquer droit sur l'image du livre à gauche.)


Ce livre écrit au lendemain du coup d'Etat du 3 Août 2005, est, aujourd'hui, plus que jamais d'actualité.


En voici un extrait qui fut, et demeure, un avertissement prémonitoire.






Des chiffres et des lettres...

La question est: comment faire pour que les militaires n’épuisent pas toutes les lettres de l’alphabet au sommet de l’Etat. Jusqu’à présent ils ont une forte prédilection pour les consonnes. CMRN, CMSN, CMJD... mais qui garantit qu’en épuisant les consonnes, ils ne s‘en prendront pas aux voyelles ?

En d’autres termes, il serait naïf de croire qu’en Mauritanie, les putschs s’arrêteront à celui du 3 août... Des comités et des acronymes on en verra venir encore tant qu’il y aura des militaires qui ne croient pas que leur vraie place est au service du pays... dans les casernes. Tant que d’autres militaires en veulent à d’autres militaires et se disputent le pouvoir au dessus de la tête des civils...

Alors comment faire pour que ces cruciverbistes de la baïonnette aillent continuer leur scrabble en dehors des institutions étatiques ?

La question est de taille.

Le nouveau régime (transitoire) en Mauritanie a depuis sa prise du pouvoir développé une communication ciblant trois points essentiels :

- nous venons rétablir la démocratie,
- nous ne resterons pas plus de deux ans,
- nous ne nous briguerons aucun mandat présidentiel.

La satisfaction d’un tel discours pour le citoyen mauritanien, habitué « au j ’y suis, j ’y reste », est plus qu’évidente.
Mais les bonnes intentions, ne portant que sur le court terme, ne suffisent pas. Voyons comment.
Le 3 Août 2007, les militaires quittent le pouvoir après des élections libres et démocratiques.
Qui empêcherait que le lendemain d’autres militaires ne reprennent le pouvoir? CMLP ou CMRP ou CMVC ... avec l’invariable argumentaire : « nous Comité Militaire pour la Liberté et le Progrès ou Comité Militaire pour la Réconciliation et le Pardon ... venons. . .etc. etc. ».

Et c’est encore le pays qui va trinquer...

Communiqués... Manifestations de joies dans les rues, soutien populaire... qui sait ? Un certain avenir, que nous ne souhaitons pas, le dira.

Le plus urgent donc est de réfléchir à des mécanismes institutionnels qui empêcheront dorénavant les coups de force.

Pourquoi y « réfléchir » ? Parce que a priori on n’ y pense pas. Tout le débat ne tourne qu’autour du départ des putschistes, de l’instauration de la Démocratie mais jamais sur la question de savoir ce qui arrivera après leur départ. Y a-t-il d’autres militaires aux aguets ?

Y a-t-il une possibilité de garantir la continuité du système politique mis en place ? Une solution existe-t-elle ? Il n’y en a pas. A moins de créer des murs infranchissables autour des institutions de l’Etat, la solution est introuvable.

Il est vrai que beaucoup d’organisations internationales ou régionales ont développé des mécanismes d’exclusion et de sanctions à l’égard des instigateurs de coups d’Etat. Mais on sait ce qu’il en est advenu.
La solution est ailleurs, car nulle organisation internationale ne peut venir au secours d’un peuple si ce n’est lui-même.

La solution donc ne doit venir que du peuple lui-même. Une forte cohésion nationale autour de principes majeurs :

- le sacrifice collectif et individuel pour défendre les institutions démocratiques étatiques, contre toute agression intérieure ou extérieure est un devoir impérieux pour tous les citoyens.

- l’opposition systématique et populaire par la désobéissance civile à tout régime qui accapare les institutions de l’Etat est un devoir sacré.

Voilà des attitudes qui dissuaderont tout coup de force. Principes dont l’inscription dans la Constitution est impérative.

Mais le peuple mauritanien a-t-il cette culture de la violence ? Violence pourtant légitime pour préserver ses acquis démocratiques et la stabilité nécessaire à tout développement économique et social.

Quant l’individu mauritanien, transformé en citoyen, saura s’ériger en barrière (par son corps et son esprit) pour défendre l’Etat et dire « non » aux putschistes de tous crins, alors ce sera le seul véritable et unique mécanisme de préservation de l’avenir de la nation.

Pour arriver à ce stade, les nations démocratiques ont eu leurs révolutions et ont assis leurs déclarations de liberté et de droits. Les révolutions ont permis aux peuples de s’imposer et de protéger leurs institutions démocratiques, aux citoyens de prendre possession de leurs droits et de les préserver au prix de leur sang. Ceux qui les gouvernent le savent. Et ceux qui menacent l’Etat le savent aussi.

En Mauritanie, il n y eut jamais de révolution.

Et le Mauritanien continue encore à voir sa « révolution » dans chaque coup d’Etat. En témoignent ses élans de joie. Il en sort toujours déçu car (finira-t-il par le comprendre ?) la seule révolution qui compte c’est la sienne...
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Pr ELY Mustapha. Extrait du livre "Pour Demain" . page 20-22. Ed. NBCOM. 2005.

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Lorsque je relis ce chapitre de mon livre trois ans après l'avoir écrit, je me rends compte que les évènements ont fini par me donner raison. Mais qui, à l'époque, écoutait et refléchissait à ce qui lui arrive?

J'avais préconisé une prise de conscience des dangers d'un système démocratique non protégé et mis en garde contre le caractère éphèmère de la neutralité de l'armée. Mais qui écoutait et qui y réfléchissait?

Aujourd'hui, en 2008, la seule chose qui engendre l'optimisme est que les militaires ont désormais introduit dans leur jeu de scrabble, une voyelle (HCE). Les cruciverbistes de la baïonnette ont donc évolué.

Mais combien de combinaisons reste-t-il encore pour les 26 lettres de l'alphabet, avant que le peuple ne consente à se réveiller?
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Pr ELY Mustapha

6 commentaires:

  1. Un grand merci. Vous avez vu juste. Personne ne pense à l'essentiel.

    Merci encore pour ce livre que j'ai déja commencé à lire.

    J'espère avoir le plaisir devous rencontrer un jour pour sa dédicace .

    Amicalement.

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  2. Les cruciverbistes de la baionnette, sont le mal de la Mauritanie.

    Très drole et à la fois très sérieux la façon avec laquelle vous posez le problème.

    Ils viennent de découvrir les voyelles et ils en utilisé une, donc soyons patients...beaucoup d'humour.

    S.l

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  3. Bonjour cher ami,
    Je crains que nous n'en soyons pas encore au bout de nos peines avec le nouvel acronyme de notre énième (10ème) "comité machin chose..."!
    Tiens toi bien ,cette fois leur choix s'est porté sur HCE soit l'anagramme de HEC (hautes Etudes Commerciales!)!
    Bonjour donc la "braderie" à ciel ouvert et les soldes non stop!
    Quand les soldats se mettent à solder celà devrait ressembler à coup sûr à une foire surtout si les bradeurs à la criée s'entendent parfaitement "comme des larrons en foire" justement!Et bonjour le bazar dans le souk Mauritanie!!

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  4. Chers amis,

    Trois ans n'ont pas suffit et ne suffiront pas à nos militaires pour savoir qu'ils ne sont qu'une institution comme les autres de la République.
    Il est assez incompréhensible d'entendre dire par le nouvel homme fort du pays que l'armée est la seule institution du pays qui marche!
    C'est tout simplement faux et archi-faux!
    L'armée est aussi mal gérée et mal tenue que l'administration, l'éducation, la santé, etc.
    Le seul avantage de l'armée, c'est la force qu'elle détient, sans plus.
    D'ailleurs, en voyant les quelques pick up de la garde présidentielle et en se référant à un certain 8 juin 2003, on ne peut pas dire qu'il y a une vraie force de défense...
    L'attitude américaine actuelle et celle de la France notamment mettent la junte en difficulté. Tous les démocrates du pays doivent le savoir et agir dans le bon sens, celui du retablissemnt de la légalité. Et la légalité, c'est toujours l'avis du peuple qui passe par des élections libres et démocratiques.

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  5. Professeur bonsoir.


    Nous sommmes un groupe de personnes et nous voulons entrer en contact avec vous.
    Si pouvez bien nous écrire vos mails et surtout si possible votre identité Skipe, Yahoo messanger...

    Ce sera un grand plaisir de discuter ensemblr.
    Au passage merci pour vos idées qui nous encouragent beaucoup.

    Pour mes amis
    Hamada

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  6. cher Hamada et mes autres frères, merci pour cet intérêt. Voici mon adresse mail :

    kafernaum@yahoo.ca

    et mon skype:

    pr_ely_mustapha

    (les traits sont des soulignés - 8 sur le clavier- et non des tirets )

    Fraternellement

    Pr ELY Mustapha

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Pr ELY Mustapha

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Poésie de la douleur.