mercredi 13 mars 2013

Vert et pas mûr.

 

Le « parrain » de Mamère

aziz drogueDécevant Noël Mamère. Décevant communiqué de ce vert laconique où l’excuse à peine voilée surnage des justificatifs qui ne font pas honneur à celui qui déclara haut et fort que le « Président Mauritanien est un parrain de la drogue »en Afrique de l’Ouest.

Un communiqué qui fait froid dans le dos… de la libre expression. Il suffisait que le général accusé demande des excuses qu’il en soit ainsi. Si ce dernier est en droit de les demander, Mamère était-il en droit d’accuser ce général juché à la tête de l’Etat mauritanien ?

« Suite à divers contacts et échanges avec des amis et camarades militants - y compris mauritaniens - je découvre que j'aurais accordé bien plus d'interviews et tenu plus de propos que je ne dois et peux pas avoir tenus au sujet du malheureux malentendu qui me vaut le courroux du président mauritanien» (Mamère)

Curieux n’est-ce pas ? Le militant Mamère qui aurait été ramené à la raison par « des amis et camarades militants - y compris mauritaniens ». Une raison qu’il a subitement recouvrée et qu’il lui permet de découvrir qu’il a accordé bien plus d'interviews et tenu plus de propos qu’il ne doit ou n’ait pu avoir tenus !

Comment appelle-t-on déjà cela en psychologie ?

Est-ce une “attaque de panique” (crise momentanée qui se traduit par une peur intense, une sensation de malaise) ?

Une “bouffée délirante” (apparition brusque et momentanée d’épisodes délirants chez une personne jusque-là sans problème) ?

Ce qui est certain c’est que Mamère a bien vécu un trouble psychologique dit de « l’anxiété » face aux effets de sa déclaration. Le message clef de son communiqué n’était-il pas de dire : « je ne veux pas être instrumentalisé » ?

Instrumentalisé par qui et par quoi ? Certes une certaine opposition s’est saisie de ses déclarations mais le fait est bien là. Noël Mamère a bien déclaré en bon français sur ARTE que Le président Mauritanien est un parrain de la Drogue » (http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=N-kel-_h8CY) (video censurée depuis.)

Pourquoi s’est-il rétracté en justifiant ses paroles de la façon suivante :

« je tiens à préciser que mon propos télévisuel - tenu lors de l'émission «28 minutes» du 21 janvier 2013 - n'avait pas vocation à stigmatiser le président mauritanien dans sa personne ni lui faire porter la responsabilité des trafics de drogue ou d'influences qui gangrènent la Françafrique au sens plus large(…) lors de mon intervention sur Arte, j'ai évoqué le président mauritanien, sans doute, abusivement. Comme j'aurais pu dire «tchadien», «malien» ou «algérien»....Tant je ne visais pas l'homme lui-même mais plutôt les dysfonctionnements des appareils judiciaires (…) »

Le ridicule ne tuant pas, Mamère l’a échappé belle. Ainsi le Président Mauritanien est un parrain de la drogue, mais pas en personne!

Car Mamère ne visait pas Ould Abdel Aziz mais le système judiciaire. Ce qui rend Mamère encore bien plus responsable de son accusation car s’il visait réellement le dysfonctionnement de l’appareil judicaire mauritanien pourquoi a –t-il accusé le Président Mauritanien ? Simplement parce qu’il sait que la Justice mauritanienne n’est pas indépendante et que les décisions de libération des trafiquants ne pouvaient se faire sans l’aval en haut lieu.

Les excuses à peine voilés de Mamère ne font pas honneur à la démocratie, si elle existe et encore moins à la libre expression.. celle d’un politique ou tout au moins d’un homme libre.

Oui, la drogue existe en Mauritanie, elle a circulée librement, elle bénéficie de ses parrains et des franges entières de magouilleurs dans l’Etat et dans le secteur économique qui en a profité par personnes interposées.

Oui, des trafiquants de drogues en tout genre ont traversé la Mauritanie sous la bénédiction d’autorités publiques depuis plusieurs années. Et une masse de commerçants s’est enrichie sur ce trafic.

La réalité de la drogue en Mauritanie et dans les pays limitrophes ne fait pas de doute. La saisie permanente de stocks de drogues traversant le pays et la disparition inexpliquée de leurs convoyeurs sont des faits avérés.

Personne en Mauritanie ne veut s’attaquer au trafic de drogue y compris les autorités publiques à la fois par manque de moyens et sous l’effet de la pression intéressée des trafiquants.

Ce que Mamère aurait dû faire en voulant s’exposer aux projecteurs c’était de ne pas exprimer une réalité en s’attaquant à une personne mais de s’armer de preuves tangibles. Son communiqué le met sur une défensive qui lui fera voir politiquement des vertes et des pas mûres.

Pr ELY Mustapha

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Poésie de la douleur.