jeudi 24 juillet 2008

Jeux de Dame et d'échecs

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Bienfaisance et malfaisance

C’est la fin des haricots diront certains, d’autres diront que ce n’est que le début de la récolte. En tout état de cause la dame a parlé. L’épouse du chef de l’Etat s’est exprimée sur ce qui la préoccupe: sa Fondation de bienfaisance. Mais il ne s’agissait pas de faire le bilan de la bienfaisance mais celui de la malfaisance de certains sénateurs dont , dit-elle, elle regrette « l’élection ».

Car si la bienfaisance est très difficile à faire, la malfaisance est à la portée de tous. Cette dernière n’a pas besoin de tout-terrains, une simple commission (au sens propre et figuré) peut suffire.

Mais la présidente , aurait certainement mieux gagné à garder le silence. Pour trois raisons essentielles :

- D’abord la première dame d’un pays est tenue de discrétion et de réserve à l’égard de toutes les affaires de l’Etat. Ce n’est point à elle que revient le droit de se prononcer sur la vie de la nation. Ce rôle est réservé au Président de la république . Y interférer c’est outrepasser son rôle avec de graves conséquences institutionnelles.

- Ensuite, la première dame , n’apporte pas l’eau au moulin de son mari. Elle met un grain de sable dans sa roue. Or le Président de la République a plus que besoin de calmer les esprits, d’engager un dialogue démocratique avec ses contradicteurs qui veulent le mettre en échec, et non point de voir la situation s’envenimer.

- Enfin, la première dame, remet sa Fondation au centre d’un bras de fer exécutif-législatif qui va encore entrainer mille et une représailles, mille et un blocage des institutions dont le pays n’a que faire. Pauvre, misérable et attendant un développement qui ne vient pas.

Si la première dame, lors de sa visite en Espagne , s’en est pris aux sénateurs-frondeurs, c’est probablement parce que le Parlement est en période de répit ; et que les vacances parlementaires ne prenant fin qu’en Novembre, d’ici-là pensera-t-elle, beaucoup de dunes se seront formées.

Mais l’absence du parlement sera de courte durée alors que le mandat du Président est encore bien long. Et il est certain que les sénateurs visés par ses propos se disent déjà qu’elle ne perd rien pour attendre. Sans compter les réactions qui vont bientôt submerger le paysage médiatique.

Madame la Présidente, ne fait que sacrifier à une attitude irresponsable de nos responsables.

Mais le véritable questionnement n’est pas là où on le pense. Car il est "normal" que dans notre pays , une personne , fasse fi de son statut et finit toujours par s’exprimer sur un sujet sensible ou qu’elle empiète sur le pouvoir d’une autre autorité mettant ainsi en danger le pays ou entrainant des conflits potentiels. Les cas sont nombreux. On peut en citer récemment :

- Les accusations portée par le Ministre des affaires étrangères du gouvernement de Zine ould Zidane, à l’encontre d’un juge d’instruction lors de l’évasion d’un présumé terroriste pendant son interrogatoire. Ignorant par là même que ce magistrat ne relève pas de son autorité.

- Les déclarations du Président de l’Assemblée nationale Messaoud Ould Boulkheir lors de sa visite au Maroc, sur le programme d’autonomie du Sahara occidental, empiétant ainsi sur les pouvoirs des autorités diplomatiques.

- Les déclarations de Ahmed Ould Waqef, alors Sécrétaire général du Gouvernement sur la Sécurité de l’Etat et sa minimisation de la menace terroriste (voir notre article ici) alors que de telles déclarations relèvent de fait du Ministre de l’intérieur .


- La signature de la convention Winfield, en ignorance de toutes les procédures législatives et réglementaires par le Ministre du Pétrole du gouvernement Zine ould Zeidane, en court-circuitant justement son premier ministre. Scandale financier, dont l’auteur d’ailleurs vient d’être reconduit comme ministre du pétrole dans le gouvernement de Waqef.

C’est autant dire que les autorités ne respectent pas leurs prérogatives, ni celles des autres. Au contraire, elles s’empiètent mutuellement et au pire des cas…elle sont récompensées ?

C'est dans cette optique , que l’on explique que l’épouse du chef de l’Etat puisse s’exprimer sur un dossier sensible, le financement de sa fondation que le Président lui-même est en train de gérer difficilement dit-on.

En interférant avec l’autorité législative, madame la Présidente a franchi le Rubicon.

Quelles conséquences pour les jours à venir ?

Certainement pas une tranquillité des esprits , ni une paix institutionnelle qui sera consacrée au travail et au développement. Ni à penser son avenir ni à panser ses blessures.

Rien de tout cela, les sénateurs et leurs alliés monteront au créneau et ce sera encore le recours généralisé aux mécanismes institutionnels de blocage du pays et de mise en échec du chef de l'Etat, qu’une démocratie, mal comprises, a mis entre leurs mains (voir l'article « la Démocratie assassinée » ici)

Pourquoi ? Parce que la Première dame a parlé mais aussi et surtout parce que dans ce pays, vivant en dessous du seuil de pauvreté, le patriotisme et la retenue pour le bien de la Nation n’existent pas. Car peut-il y avoir une Nation sans Etat respecté et respectable?

Or, en Mauritanie, l’Etat est une addition de personnes résultat de la somme d’une longue gabegie après soustraction de l’intérêt national.

Un Etat pris entre les errements d’une bienfaisance et les affres de la malfaisance.
Entre un Jeu de Dame et une partie d’échecs.

Pr ELY Mustapha

2 commentaires:

  1. Prof, tout ce que vous écrivez est respectable. Et personnellement chaque fois que je vieens sur votre blog je suis enchanté.

    Pour cet article, je crois qu'il faut pardonner à la grande dame acr cel afait vraiment mal qu'on l'attaque tous les jours. et ell a fini par craquer.

    C'est vrai que sa déclaration n'est pas bien venu pour le moment mais qu'est ce que vous voulez , c'est comme vous dites en Mauritanie on ne fait pas attention aux conséquences sur le pays.

    Bien à vous

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  2. Merci Prof. Espere que Khattou va se calmer et ne plus parler. Elle a ete victimisee par ses propres cousins qui l'ont financé et les autres ont suivi, sachant que pour survivre, il faut suivre ce que font les cousins de Madame. Ils l'ont appris avec la parentele sacree de MOST au temps de Ould Taya. Ould Hamza a ete elu sans oppositon (en fait une seule abstention) comme President de la CUN. C'etait quand Ely etait encore au pouvoir. Qui trompe qui?

    Vivement l'audit et elle pourra dire qu'elle a ete manipulee par les gens qui lui ont offert des cadeaux, venant de fonds publics. La guerre comme a la guerre. Une dose de mechancete est necessaire. Pas contre les jourmnalistes, mais contre son entourage. A-

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Pr ELY Mustapha

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Poésie de la douleur.