lundi 7 juillet 2008

Fondation KB

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Audit et Règlements de comptes

Pour lever toute équivoque, il serait de bonne stratégie que la fondation KB autorise son audit.

Même si la « Commision d’enquête sénatoriale sur la fondation KB » est encore un projet (car nécesssitant une procédure constitutionnelle non encore entreprise), il faut croire que les dés sont jetés pour cette fondation et quels que soient les communiqués apaisants que fera cette fondation, il ne semble pas y avoir de retour en arrière.

A supposer même que ceux qui ont l’intention de demander cet audit se retractent. La fondation restera toujours sous l’ombre de suspicions (fondées ou pas) mais qu’elle ferait mieux de lever au plus tôt. (cette situation n'étant pas propre à cette fondation, bien des ONGs mauritaniennes ont des difficultés de transparence, voir mon article intitulé "Des valises et des cartables" en cliquant ici)
En effet, lors que l’on se place dans le champ du public, toute organisation se doit de rendre compte pour que les rumeurs qui animent les soupçons disparaissent et que les réalités soient connues (I) mais aussi parce que la remise en cause , non contrée, d’une fondation créée par la première dame du pays peut avoir des conséquences graves sur les institutions de la République (II)

I - Rumeurs et Réalités

Dès les premiers jours de son fonctionnement la fondation de Khatou mint El Boukhari s’est vue attribuée plusieurs ressources publiées ostensiblement dans la presse locale et qui n’ont pas fait l’objet de démentis.

Exemple : « l’affaire Madame Wade »

« Viviane Wade la femme du président sénégalais est venue à Nouakchott, pour signer un contrat et empocher la somme de 800 millions d'ouguiya.

Qu'est ce que la Mauritanie a récupéré en contre partie de cette somme ? des vivres ? un générateur électrique ? des pompes à eau ? pas du tout, vous n'y êtes pas, notre pays a récupéré un lôt de ... pesticide !!! Manquerait plus que la marque des pesticides soit ZZ !!!Pour payer Madame Wade, ordre a été donné au trésorier général de puiser dans le compte pétrolier destiné aux générations futures. L'ordre venait de la Présidence.

Commission de Madame Khatou : 250 millions d'ouguiya, qu'elle a viré dans un compte à Las Palmas, avant de s'envoler vers Dubaï pour chercher des financements pour sa fondation, et accessoirement faire quelques emplettes pour sa boutique de luxe, située au coeur du marché des femmes. (Voir le lien ici )
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Exemple : « les donateurs nationaux »

Le journal le véridique : « Pour mener à bien ses missions, cette Fondation caritative a déjà reçu le soutien de plusieurs personnalités. Il s’agit de : - Mohamed ould Bouamatou, président du Groupe Bouamatou, - Isselmou ould Tajedine, président du Conseil d’administration de la BCI, - Bahaye ould Ghadda, du groupe Ehl Ghadda, - Ahmed Baba ould Azizi, du groupe Ehl Azizi ould El Mamy, - Ahmed ould Mogueya, PDG de la BACIM, - Dy ould Zeine de IDS, - Mohamed Salem ould Dahi de la Nosomaci, - Mariem Fall de la SAPAD, Yaye Diaw Mbengue de Styles Boutique et -Abdel Ghouddous ould Abeidna de la Sogeco.
Ce à quoi un commentateur de l’article du véridique avait ajouté les précisions suivantes :

"le veridique n`a pas donne aux visiteurs de Cridem l`information complete ; dont voici :

Mohamed ould Bouamatou président du Groupe Bouamatou 350.000.000
Isselmou ould Tajedine, président du Conseil d’administration de la BCI, 200.000.000
Bahaye ould Ghadda, du groupe Ehl Ghadda, 175.000.000
Ahmed Baba ould Azizi, du groupe Ehl Azizi ould El Mamy, 160.000.000
Ahmed ould Mogueya, PDG de la BACIM, 130.000.000
Dy ould Zeine de IDS 100.000.000
Mohamed Salem ould Dahi de la Nosomaci, 90.000.000
Mariem Fall de la SAPAD 250.000 (credit emprunte au niveau de la CAPEC)
Yaye Diaw Mbengue de Styles Boutique 150.000 ( mandat lui envoye par son petit frere au USA )
Abdel Ghouddous ould Abeidna de la Sogeco.60.000.000
"
Voir le lien ici.
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Exemple : « les 4X4 »

Le journal la tribune : « La Fondation KB qui est naissante il est vrai, a bénéficié du mécénat de quelques hommes d'affaires comme Bahaye Ould Ghadde qui a gracieusement fourni des produits alimentaires destinés à combler le déficit alimentaire dans certaines zones sinistrées, Mohamed Ould Bouamatou qui a offert des 4×4 pour acheminer les produits sur place et Ahmed Baba Ould Azizi qui a offert des citernes pour le ravitaillement en eau des zones assoiffées. D'autres donations ont été enregistrées. Une offre qui a permis d'équiper la Fondation et de la lancer sur le terrain de l'action (MFO « La Tribune » )
Voir le lien ici
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Serait-ce là des faits ou des ragots ? Toujours est-il que la Fondation a entrepris depuis sa cration un certain nombre d’activités humanitaires et d’assistance aux personnes déshéritées qu’elle ne pouvait réaliser sans des ressources propres.

Exemple : « l’aide aux refugiés »

« Madame khatou mint El Boukhary, épouse du président de la république a supervisé, mercredi à Rosso, en présence de M. Abdallahi Ould Mohamed Mahmoud, wali du Trarza, des autorités locales et du président de l'agence nationale d'insertion des réfugiés regagnant le pays, une opération de distribution d'aides aux réfugiés mauritaniens revenant du Sénégal .

De cette aide, composée de 6 tonnes de divers produits alimentaires, de couvertures, de moustiquaires et de machines à coudre, ont profité les populations du Kilomètre 6, du quartier de "Toug Tghir" et de "Medina Salam" relevant de l'arrondissement de N'Tekane . » Le lien est ici
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Exemple : Incendie dans la Moughataa d’El Mina (Le 17 juin 2007)

« Très vite informée de l’ampleur de cet incendie, la Fondation Khatou Bint Boukhary a dépêché immédiatement des émissaires pour s’enquérir sur l’état des familles touchées. Après la présentation d’un rapport détaillé sur les conséquences de l’incendie, la Première Dame et Présidente de la Fondation Khatou Bint Boukhary a donné les instructions nécessaires pour la reconstruction dans les plus brefs délais d’habitations aux familles précitées ; »
Exemple : les sinitrés de Tintane :
« La Fondation Khatou Bint Boukhary a décidé d’envoyer une importante quantité de produits alimentaires composés de : riz, huile, lait, pâtes, couscous marocain, biscuits, ustensiles, nattes, torches, bougies, fûts… »
Exemple : Distribution d’eau potable à Nouakchott
« Pour alléger la souffrance des habitants de ces quartiers, Madame la Présidente, à travers sa Fondation, a mis à leur disposition 3 citernes d’une capacité totale de 42 Tonnes (2 citernes de 15 Tonnes et 1 citerne de 12 Tonnes). Depuis le mois de mai jusqu’à ce jour, ces citernes font 3 ou 4 rotations journalières, soit l’équivalent d’une distribution quotidienne de 126 à 168 tonnes »
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Exemple : Journées de sensibilisation sur la maladie des "fistules obstétricales" Délégation de Wilaya de Nouadhibou et dans la Délégation des Wilaya de l’Adrar, de l’Inchiri et du Tagant

Exemple : « Lancé par la fondation Khattou bint El Boukhary, le prix récompense les meilleures créations et vise à participer à la renaissance culturelle de notre pays. »

Exemple : les dégâts à Kaëdi

« Après les pluies diluviennes qui ont frappé la ville de Kaédi et ses environs le 29, 30 et 31 août et les dégâts matériels considérables qui en ont résulté, la Première Dame et Présidente de la Fondation Khatou Bint Boukhary s’est dirigée le 1e septembre sur les lieux à la tête d’une importante délégation de son organisation de bienfaisance pour s’enquérir de l’ampleur de la catastrophe et distribuer les vivres et tentes aux familles sinistrées. »
Le lien est ici.

Les rumeurs et les réalités ne peuvent trouver leurs explications que dans un travail d’audit, et d’enquête s’il ya lieu, qui permettrait de revèler la vérité.

En effet, notre presse nationale perd souvent en crédibilité au détriment de l'objectivité car certains de ses organes passionnent les faits et amplifient les évènements.
D’autre part, les méthodes élèmentaires de l’enquête et de la vérification des faits (par croisement, comparaison, réevaluation etc) sont souvent négligées par certains journalistes. Il en résulte une atteinte aux personnes et aux institutions. La fondation KB, n’a pas échappé à une telle pratique.

Exemple :

« M. Ould Ebbe, qui avait été laissé en liberté après son inculpation le 18 août, est accusé d'avoir rapporté dans deux articles des informations indiquant que la Première dame utilisait son statut pour mobiliser des financements pour l'organisation caritative qu'elle dirige.

Dans son édition de mardi, le journal a présenté des excuses à Mme Mint El Boukhari. "Nous nous sommes rendu compte que nos informations étaient relatives et inexactes (...) Nous demandons à la Première dame des excuses pour tout préjudice moral ou matériel que ces articles lui auraient causé", a annoncé le quotidien en Une dans un billet signé par "la rédaction". »
C’est autant dire que les accusations quelconques appuyées uniquement sur une information générale se doivent d’être prises à leur simple valeur. Celle d’une information à vérifier autrement.

C’est la raison pour laquelle toute institution ayant fait l’objet d’un tel « intérêt »journalistique se doit au plus tôt de rétablir la situation.

Il est absolument évident que si l’information non traitée ne préoccupe pas le public averti, elle peut générer chez celui qui ne l’est pas, une importante source de contestation ou au moins de médisance.

C’est la raison pour laquelle nous croyons que l’audit de la fondation KB est une nécessité pour éclairer le public. Non pas parce qu’une « commission parlementaire (en constitution ou non constituée formellement) l’aurait demandé pour des raisons spécifiques , mais surtout parce que l’initiatrice de cette fondation est l’épouse du Président de la République.

II- L’audit de la fondation pour éviter le dysfonctionnement des institutions

L’audit de la fondation KB, n’est pas en lui-même une gageure. Toute institution peut être soumise à un audit pour évaluer mille et un aspects de son activité. De l’audit social, à l’audit financier en passant par l’audit du système d’information , technique ou technologique, toute fonction de l’entreprise peut faire l’objet d’un audit.

L’audit « désigne l'examen et la vérification formels, le plus souvent périodiques, des comptes ou états financiers afin de vérifier leur authenticité et leur exactitude. Mais plus généralement, un audit désigne un examen approfondi ou une évaluation complète d'un problème. Le principe de l'audit est d'examiner les données et de les recouper afin d'établir leur sincérité. En ce sens, un audit diffère d'une inspection, car celle -ci n'implique pas nécessairement de recoupement des informations. Dans le contexte du monitoring et de la vérification, un audit est un examen formel des conditions de travail sur un site ou dans une entreprise à partir d'informations corroborées. Il vise à vérifier ces pratiques par rapport à un ensemble de normes du travail, suivant un protocole convenu (règles et procédures définies) de collecte et d'évaluation de différents types de données. Un audit peut donner lieu à un rapport. » (Guide terminologique du monitoring et de la vérification – version du 10 juillet 2003)

Toutefois, si l’on examine, l’objet de la commission d’enquête sénatoriale (qui pourrait se constituer ou qui n’est qu’une simple intention), il s’agit davantage d’un audit financier et matériel (ou plus encore, d’une enquête) pour établir l’origine des ressources dont a bénéficié la Fondation KB.

Et jusque-là, l’argumentaire fourni par la fondation KB pour faire face à la supposée requête des sénateurs est quasi-inexistant. Ce qui n’est pas en faveur de son image de transparence.

En effet, le seul document portant sur l’affaire est un communiqué de cette fondation. Communiqué dont la lecture montre qu’il est absolument en déphasage par rapport aux préoccupations de la commission sénatoriale en constitution. Celle-ci réclamerait une enquête financière, la fondation lui arguant que « ses portes sont ouvertes ». L’audit et l’enquête ne sont pas des visites de courtoisie.

Ce qui serait plus stratégique c’est que la fondation KB, lance elle-même auprès d’un cabinet d’audit indépendant une mission d’audit de ses ressources et qu’elle la publie afin de prouver sa volonté de collaboration et de transparence.

Elle bénéficiera ainsi d’un argumentaire fiable pour contrer d’autres velléïté de la remetttre en cause. Il est aussi bien entendu que tout audit doublé d’une enquête ou d’une vérification de comptes peut aboutir à des irrégularités. Il suffit alors pour la fondation, comme pour toute entreprise, de les couvrir par les solutions adéquates (compensation, virement de fonds, réintégration de resssources dans le patrimoine, restitution de biens non utilisés ou non affectés etc). En somme une régularisation suivant les régles et procédures financières et comptables. Ceci entre dans la gestion normal d’un patrimoine.

Toutefois, il se pourrait que l’enquête supposée contre la fondation vise davantage à faire apparaître non pas de simples dysfonctionnements comptables ou de gestion, mais de véritables infractions pénales (délictuelle ou criminelle).
Des infractions naissant de l’abus des biens sociaux de la fondation, de détournement de ses ressources ou du traffic d’influence pour entrer illégalement en possession de biens publics.

Cependant et même dans ce cas, la fondation se devra de faire patte blanche et présenter toute son activités et les ressources objet des infractions. Faire amende honorable pour deux raisons essentielles :

- D’abord, cela permettra à la fondation de régulariser sa situation à l’égard de l’Etat et se défendre ses droits en justice, comme le ferait toute organisation,
- Ensuite en se prenant en main en tant que fondation autonome par rapport à l’Etat, elle n’éclaboussera pas l’image du président. Affaire de laquelle il pourra prendre ses distances . L’affaire suivant son cours en justice.

En effet, il est absolument nécessaire que l’affaire de la Fondation KB serve à établir des comptes (d’une ONG), et non pas à régler des comptes (au premier des magistrats).

Nous adhérons absolument à un audit financier , une vérification comptable et une enquête sur les ressources de la Fondation KB dans un but d’établissement de la vérité à propos de la gestion de cette institution publique . Et donc lever toute équivoque eut égard à la qualité de sa fondatrice.

Cependant, nous dénonçons toute volonté visant à destabiliser le pays, à paralyser ses institutions publiques et à installer une crise politique sur la base d’un évènement collatéral , tel que la fondation KB.

La dénonciation des activités et des ressources d’une institution ne doit pas servir à hypothéquer le fonctionnement de l’Etat, à entrainer le pays dans des discordes internes qui n’ont qu’une seule et unique conséquence : empêcher ce pays de sortir de sa misère politique, économique et sociale.

Pr ELY Mustapha

1 commentaire:

  1. prof ely

    Vous posez bien le problème, il faut enquêter sur la fondation de Khatou, c'est normal, mais il ne faut pas qu'ils en profitent pour leurs affaires personnelles.
    Il faut se mobiliser pour faire quelque chose.

    Merci pour vos articles très sages et très bien reflechis.

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Pr ELY Mustapha

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Poésie de la douleur.