mardi 8 juillet 2008

Ce que nous coûtent nos gouvernements

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Désastre financier, désastre temporel.

Pendant que l’on forme et déforme le gouvernement mauritanien, combien toutes ces manœuvres ont coûté au contribuable mauritanien ?
Combien la collectivité nationale paye-t-elle pour que ces politiques se livrent à leur jeu de girouette ?
Combien de temps perdons-nous sur la voie du développement et combien de programmes économiques et sociaux sont suspendus en attendant la nomination d’hypothétiques décideurs ministériels? Alors que des pans entiers du pays attendent que l’on se décide, que l’on investisse et que l’on aboutisse à lever la chappe de la misère qui frappe le pays en entier.

Combien les gouvernements waqef et précèdent ont couté au budget de l’Etat ?

Composé de 27 ministres et de 3 Sécrétaires d’Etat , le gouvernement Waqef aura coûté en terme de rémunération nette de ses ministres (le salaire d'un ministre se situe, suivant certaines sources, autour de 950 000 ouguiyas), 28 millions et 500 000 ouguiyas. Si l’on y ajoute celui du Premier ministre cela bouclera certainement les 30 millions d’ouguiyas, mensuellement.

Ce gouvernement qui a tenu quatre mois environ, aura donc globalement couté à la Mauritanie : 120 millions d’ouguiyas ! Sans compter les autres avantages qu’il faut recenser et qui s’évaluent en allocations budgétaires non moins importantes. Et qu’a-t-il réalisé ? Rien.

Pas plus d’ailleurs que celui qui l’a précédé et qui, lui, a duré plus d’un an ! Premier ministre et ministres inclus, soit environ 360 Millions d’ouguiyas !

Voici ce que nous coûtent financièrement ces jeux gouvernementaux. Et le pays avance-t-il pour autant ?

Si l’on ajoute à ces salaires leur accroissement dû aux avantages et au traffic d’influence que certains membres de ces gouvernements auraient fait jouer en leur faveur, alors probablement que la charge financière supportée est bien supérieure à ces chiffres.

Ils confisquent un temps précieux pour le développement du pays

La perte sèche dûe à ces gouvernements stériles est encore amplifiée par les périodes ou tout est gélé pour absence de gouvernement, ce fut le cas lors du départ de l’ancien premier ministre du premier gouvernement Sidioca, c’est le cas au moment de la nomination de l’actuel premier ministre il y a quatre mois et c’est encore le cas actuellement après sa reconduction et les tractations infinies entreprises depuis une semaine.

Pendant ce temps les institutions sont en rade. Les départements flottent. Les projets sont laissés au bon vouloir de ceux qui les dirigent, car ni la tutelle ni la hièrarchie ne sont présentes. Les programmes sont ralentis et chacun réagit à sa façon. Soit il attend que « son » ministre soit nommé pour reprendre les choses au début, soit il en profite. Et c'est la gestion anarchique.

Car chaque nouveau ministre qui arrive est potentiellement « un bleu » qui devra tout reprendre dès le début. Et il lui faudra du temps pour connaître les ficelles de son travail.
Difficile travail car il risque d’être un dindon d’une farce longtemps préparée avant sa venue. En effet, un nouveau ministre c’est toujours une aubaine. Car ne connaissant pas les « dossiers» il sera longtemps dépendant de ceux qui les « maîtrisent ».
Et le pouvoir appartiendra réellement à ceux qui tiennent le « terrain » du ministère depuis des années (les directeurs, les chefs de projets, les administratifs dans tous les circuits du département) et qui constituent le « noyau » dur avec lequel le ministre devra pendant des mois composer. Et suivant son aura et sa personnalité, il saura prendre en charge véritablement son département, ou au contraire devenir une boite d’enregistrement.

C’est autant dire que pour réellement remplir sa fonction, un ministre nouvellement nommé, se doit d’avoir le temps de remplir sa mission. Ainsi un minimum de quatre ans serait juste pour au moins réaliser un projet à moyen terme ou tout au moins une part cohérente d’un projet à long terme. Projet qu’un nouveau ministre pourrait valablement reprendre.

Or nos gouvernements se font et se défont sur l’année sinon sur le mois donnant ainsi une image de l’ampleur de la stérilité de leur action économique et sociale et du désastre financier qu’ils font supporter à la nation. Désastre financier, désastre temporel. Car le développment n’attend pas. Mais s’en soucient-ils vraiment ?

Ce qui les intéresse c’est leur image, leurs intérêts partisans et claniques. Car s’ils se souciaient vraiment du pays et eut égard à l’Etat de délabrement dans lequel il se trouve, ils se seraient précipités pour s’organiser, se soutenir, oublier leurs dissensions mesquines et se mettre au travail.

Mais que l’on dilapide des centaines de millions d’ouguiyas en émoluments pour des gouvernements stériles qui ne peuvent tenir leurs promesses, qu’on les compose de ministres- Roumouz el Vessad- pour déclancher la vindicte, alors sérieusement l’Etat mauritanien travaille dans le sens contraire des intérêts de son peuple. Et cela ouvre des voies inextricables vers l’illégitimité . Une illégitimité qui peut expliquer bien des désastres institutionnels.

Si l’on sait qu’en plus, l’Etat n’a même pas encore de gouvernement et que ce gouvernement est hypothéqué par des intérêts inavoués, bloquant ainsi tout le processus de développement, alors on comprend qu’il ne s’agit plus d’un « jeu » mais de l’avenir d’un pays que l’on est en train de réduire à neant. Et rien que pour cela, tous ceux qui participent à maintenir ce jeu se doivent de rendre compte de l’acte criminel qu’ils entreprennent à l’égard de leur pays. Pays privé de tout, maintenu dans le sous-développement à cause de bandes de « politiciens » véreux et de leurs alliés qui cherchent des aires gouvernementales d’influence au mépris des souffrances de toute une nation.

Alors ce que nous coûtent financièrement nos gouvernements, c’est des centaines de millions d’ouguiyas alors que des secteurs économiques et sociaux entiers souffrent du manque de moyens. Mais ce que nous coûtent encore ces gouvernements stériles, est davantage plus grave : c’est le temps précieux qu’il font perdre à tout un pays sur la voie du développement.

Alors continuez messieurs les premiers ministres, d’aujourd’hui et de demain, à « négocier » vos ministres sur les marchés de la république, mais s’il y a une chose que vous ne pourrez jamais négocier c’est la place misérable qu’occupe votre pays dans le concert des nations.

Pr ELY Mustapha

3 commentaires:

  1. Cher Prof comme d'hab, une aanlyse pertinente et riche d'information.

    Qu'ils soient gouvernement ou autres, il vont tout détruire car ce qui les intéresse c'est l'argent et tant qu'il de l'argent de l'économie de ce pays, ils vont rester là à tout rafler.

    cela vous le savez et merci pour votre travailet votre sérieux qui nous manque.

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  2. bon dieu quand tout cela va s'arréter!!!!!!!!!!!!!!!!

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  3. La machine infernale de la gabegie,de la corruption ,des detournements du bien public et autres fleaux a demarré depuis l'arrivée des militaires et ne s'arretera que quand ils retourneront á leurs casernes.Sidioca n'est decidement qu'un mannequin á leur solde.Quel dommage nous y avons cru un bref moment.

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Pr ELY Mustapha

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Poésie de la douleur.