lundi 20 juin 2016

De la phraséologie du général : Un lapin à baïonnette

L’on se rappelle de ce président mauritanien qui bégayait et qui tout au long de ses longs (très longs) vingt ans au pouvoir, n’a parlé qu’un quart d’heure (du côté de Kiffa) et qui parle tout seul maintenant au Qatar.

On se rappelle du moustachu qui assura une transition en 2005 et qui parlait dans ses moustaches en caressant le peuple dans le sens du poil. Et qui, aujourd’hui, continue ses caresses depuis l’étranger.

On se rappelle, enfin, du tout dernier président soufi, qui dura 15 mois et qui ne parlait qu'en planant... dans les avions.

Et, enfin, le tout dernier qu'on aurait aimé fourguer dans le passé mais qu'on supporte encore (hélas !) aujourd’hui et qui parle tout le temps...

Sa dernière sortie, à Néma, sur la reproduction « lapinesque » des harratines, reste mémorable.

Tout comme les harratines portés sur la « chose », il est lui-même porté sur la « chose publique ». Un peu trop d’ailleurs, car comparé à la « libido » pudique des harratines, la libido publique du général serait une vraie perversion.

Ainsi, contrairement aux autres chefs d’Etat « putschistiquement » installés, il dispose d’une phraséologie « remarquable », qui mérite attention car elle exprime la pensée profonde du personnage.

Ainsi on lui attribue cette phrase remarquable durant la dernière transition (eh, oui, il y aura encore d’autres transitions !) à propos d’Ahmed Daddah :

« Il ne sera jamais président même si les chinois votaient pour lui ».

Ainsi donc le général avait déjà une haute opinion de Daddah.

En effet, Ahmed Daddah pour être Président y mettrait non seulement les chinois, mais aussi les khmers rouges.

Toutefois, la question absurde mais à laquelle le général devra répondre (puisqu’il a réponse à tout) est : sachant qu’Ahmed Daddah ne reculera devant rien pour être président, comment ne serait –il pas président si les chinois (et les khmers rouges) votaient pour lui ?

La réponse du général est simple : Si les chinois votent pour Ahmed Daddah, je le prendrai en otage. J’ai pu prendre tout un peuple en otage en lui faisant croire que c’est pour son bien, J’ai pris son président en otage en lui faisant croire que ce qu’il a fait ce n’est pas bien, pourquoi ne prendrai-je pas en otage un leader de l’opposition qui ne fait plus rien de bien dans l’opposition qui n’est opposé à rien et qui ne pense qu’à son bien ?

Autre phraséologie intéressante, durant l’un des tout premiers conseils des ministres à l’ère de la junte qu’il menait, le général aurait coupé d’un revers de la main la parole à son ministre des affaires étrangères qui exposait les probables sanctions que l’Union Africaine prononcerait contre la Mauritanie en disant : «Passez, passez… lui-dit-il , ce n’est pas important …c’est l’Algérie qui est derrière tout ça».

- Autre phraséologie rapportée par les médias, le généralissime aurait dit, s’adressant à la communauté nationale et internationale opposée à son putsch : « si ce qui vous intéresse c'est seulement la personne de Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdellahi, nous sommes capables de vous exposer sa dépouille dans les rues de Nouakchott. »

Depuis cette pensée « lumineuse » exprimée par le généralissime, on savait qu’on était en face d’un putschiste doublé d’un hâbleur.

La perle de toutes est celle prononcée par le généralissime, à l’encontre d’Ould Waqef après l’avoir jeté en prison pour une question d’aval de riz importé avarié :

"Si Ould Waqef mange le riz avarié, je le libère."

Alors en définitive, le président bégayant qui n’a parlé que 15 minutes durant toute sa présidence de 20 ans, celui moustachu qui parlait transitoirement dans ses moustaches et celui mystique qui ne parlait, qu’en planant dans les avions ont au moins cela de responsable : n’avoir jamais voulu entrainer par leurs propos le pays dans la vendetta.

Alors si ce généralissime putschiste se complait dans une phraséologie inepte, à proposer des solutions aberrantes et développer des scénarii de parrain à la hollywoodienne, alors non seulement sa mise en scène est déjà bien compromise et sa réalisation lui coûtera éminemment bien plus cher.

Et si toute cette phraséologie est arbitrairement attribuée au général, alors qu'il prouve qu'il déteste l'arbitraire en rendant le pouvoir arbitrairement confisqué. Cela lui est-il impossible ?

« L’impossible est le refuge des poltrons » disait Napoléon Bonaparte.

Mais entre Bonaparte et bon à rien, cela ne tient qu’à... une baïonnette.

.... Et le peuple mauritanien est, depuis 1978, assis dessus.

Pr ELY Mustapha

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Poésie de la douleur.