vendredi 3 juin 2016

Entomologie de littérature mauritanienne francophone


« Tu ris, tu ris chameau... Et tu as tort. Parce qu’au fond cette vie me plaît. Parce que ce n’est qu’une transition. Parce qu’elle disparaîtra d’elle-même. Parce que la situation est difficile mais pas désespérée…Parce que des hommes et des femmes croient toujours en leur pays, malgré la rhétorique imbécile, malgré le discours nébuleux, les idéologies périmées, les analyses tautologiques » (« Lettre ouverte à mon chameau » .Habib Ould Mahfoud)


La récente « Anthologie de littérature mauritanienne francophone », serait-elle « boguée » ? 

Y aurait-il, dedans, trop d’insectes que, pour la désigner, « entomologie » serait mieux adaptée ?

Certains y ont attrapé la mouche, d’autres se sont invectivés comme s’ils avaient des araignées au plafond. 

Une anthologie, marché aux puces, où ceux qui n’y sont pas hélés ont attrapé la guêpe. 

Une logorrhée en tous sens, pas piquée des hannetons, où ceux taxés d’écrire comme des mouches ont attrapé le cafard.

 Ses promoteurs, universitaires, en nœuds papillon, assurent qu’il n y a pas de lézard et que ce n’est pas à eux que l’on apprendra à attraper, avec du vinaigre, les mouches. 

Mais alors,  à qui cette anthologie, cherchait-elle des poux ? Qui en a eu puce à l’oreille ? Et qui a voulu titiller le mini-phasme ?

Toujours est-il que de mémoire de fourmi et cigale on a peu vu ça !


-          T’as vu ? T’as vu, ils se sont crêpés le chignon...

-          Qui ça ?

-          Ceux de l’anthologie et ceux de l’anti-anthologie de littérature mauritanienne francophone.

-          Mais, est-ce que nous autres en avons fait un plat ?

-          Mais en quoi sommes-nous concernés, madame la cigale ?

-          Chère amie fourmi, dans leur anthologie-là, ils ne citent même pas l’œuvre de monsieur de La Fontaine et pourtant, la langue française il en connaissait un rayon...

-          Mais, La Fontaine n’est pas Mauritanien !

-          C’est vrai j’oubliais... confondu avec Machiavel... Mais l’autre-là, la soufie, elle a attrapé la mouche...

-          La soufie ? Tu veux dire la Derwich... madame Derwich.

-          Oui, celle-là, pourquoi est-elle sortie de ses gonds ?

-          Eh bien, ils l’ont oubliée....

-          Mince alors, une poétesse !

-          Et le Khalidou, Coordinateur de l’Anthologie, lui a même écrit, texto : « Tu peux toujours pleurer, chroniquer, appeler à la rescousse tes amis de la presse ! Je reste de marbre ! »

-          Il a écrit ça ? Il reste de « marbre » ?

-          Oui comme c’est mon cas, quand tu viens me voir pleurnichant après avoir chanté tout l’été.

-          Et à quand une prochaine anthologie avec Derwich dedans ?

-          Il faut attendre un nouveau comité, un nouveau financement de l’ambassade de France et une nouvelle-ancienne littérature française à « anthologiser »...

-           « Tout dort... Même les puits...L’étal de sang a assiégé les canaris »

-          C’est de Derwich, çà ?

-          Non, poésie de Monsieur Bios Diallo !

-          Ah, celui, sans lequel tout cela ne serait pas arrivé...

-          Il a lancé ses canaris, plein de sang, sur le comité qui dort dans un puits ?

-          Non, non, tu as trop d’imagination pour un insecte.

-          Alors ?

-          Avec toutes ces « traversées mauritanides », il faut bien que ça chavire à un certain moment. A cause de ce passeur de la glotte, il y a un trop plein de français en Mauritanie...et il faut « anthologiser » tout ça.

-          Si avec cette anthologie, il y eut une bataille rangée, qu’adviendra-t-il du pays, si un comité s’aventurait, à ses risques et périls, à écrire une anthologie de la littérature mauritanienne arabophone ?

-          Ce sera la fin des haricots.

-          Suppose qu’on traduise en arabe les envolées de la Derwiche, ce sera l’hallali...

-          Et celle de Khalidou....

-          Etre ou ne pas être « anthologisé », avoir ou ne pas avoir été « anthologisable » dans une anthologie, cela justifiait-il ces joutes enflammées et souvent irrespectueuses entre intellectuels ?

-          Alors que pourrais-tu déclamer pour ceux que l’entomologie francophone a fait se tortiller comme des asticots attrapant le bourdon ?

-          « Ma beauté, quoique médiocre, n'a pas besoin du fard de vos louanges : la beauté s'estime et se prend sur le jugement des yeux, et non sur l'humiliant éloge de la langue intéressée à la vanter. »

-          Qui a dit ça ?

-          William Shakespeare. C’est une tirade de l’une de ses premières comédies.

-          Ça ne va pas ? Tu cites un anglais dans une entomologie francophone ?

-          Tu vois entre Anthologie et Entomologie, il y a comme un air de similitude : on peut y chercher la petite bête. 


Pr ELY Mustapha

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Pr ELY Mustapha

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Poésie de la douleur.