lundi 27 juin 2016

Une fatwa contre le blé texan : de quoi vit la Mauritanie?



De la charité internationale et de la vertu perdue
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: عن المقدام رضي الله عنه عن رسول الله صلى الله عليه وسلم قال
" ما  أكل  أحد  طعاما  قط  خيرا  من  أن  يأكل  من  عمل  يده ، وإن  نبي  الله  داود  عليه  السلام  كان  يأكل  من  عمل يده"
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De l’aveu même des autorités publiques mauritaniennes, la Mauritanie “importe 70% de ce qu’elle consomme”. Bien que ce chiffre nous semble en-deçà de la réalité, prenons-le pour tel et posons-nous la question d’où viennent les 30 % restants ?

La réponse ne se fait pas attendre : de l’aide alimentaire internationale.

Jugez-en par les déclarations officielles (d’hier et d’aujourd’hui) :

“L’Arabie saoudite va apporter une aide de 75 millions de rials saoudiens à la Mauritanie pour sa sécurité alimentaire ”. Mais les exemples de l’assistance ne manquent pas :  

“La France a alloué  un financement de 500 000 euros au PAM Mauritanie en complément des 650 000 euros versés début 2010 pour contribuer à la prise en charge de la malnutrition aiguë modérée.
La Mauritanie a reçu des Etats Unis d’Amérique une aide alimentaire de 310 tonnes de vivres dont des huiles végétales et des lentilles. 

Cette aide, d’une valeur de 273.000 dollars, a été stockée dans les magasins du Commissariat à la sécurité alimentaire à Nouakchott et sera distribuée dans le cadre des programmes de nutrition de Counterpart International. Les populations de 4 régions mauritaniennes en bénéficieront.
Elle s’ajoute à une autre cargaison de 6810 tonnes de blé américain d’une valeur de 1.371.900 dollars, réceptionnée par les autorités mauritaniennes. Les deux dons américains entrent dans le cadre de la subvention d’un programme quinquennal de 20 millions de dollars accordés par l’USAID Mauritanie.

L’Italie va financer, pour 288 millions d’ouguiyas (environ un million de dollars), 55 microprojets et la mise en place de 65 nouveaux centres de nutrition communautaires au nord de la Mauritanie 

Le PAM a fourni une aide alimentaire à 11 500 habitants de Rosso.  L'UNICEF collabore avec la compagnie nationale des eaux pour installer des pompes hydrauliques, tandis que le Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) a distribué 1 350 conteneurs d'eau. 
La dernière phase du programme d’aide alimentaire de l’Ambassade de France vient de s’achever avec succès. Ce programme d’aide alimentaire et de relance vivrière communautaire (PROFAREVCO), d’un montant de 500 000 €, soit plus de 180 millions d’ouguiyas, a été mis en œuvre par un consortium de trois opérateurs (GRDR, Action Contre la Faim et ECODEV), en relation avec le Commissariat à la Sécurité Alimentaire.

Un programme d'aide alimentaire d'urgence du Secours populaire français dans la région de l'Hodh El Gharbi, cofinancé par le Centre de Crise du Ministère des Affaires Etrangères et le Ministère des Affaires Européennes, permettra la distribution de 105 tonnes de nourriture à plus de 6000 personnes”

Les exemples sont nombreux, de cette charité internationale qui ne dit pas son nom, mais posons-nous sérieusement la question :  voyez-vous un pays qui se targue d’une croissance à deux chiffres et qui importe 70% de ce qu’il consomme et vit pour le reste de la charité internationale.

En effet, un pays qui croît est un pays qui produit. Car nous le rappelons, le produit intérieur d’un pays n’est que la somme des valeurs ajoutées de ses agent économiques. Alors à 70% de dépendance du commerce extérieur (pauvre balance commerciale) et à dépendance structurelle de l’aide internationale, où est la production de la Mauritanie et donc la croissance ?

Les mamelles de l’aide internationale

Mais au-delà des considérations purement économiques, nos décideurs se sont-ils rendu compte qu’ils poursuivent un développement chimérique et que leur pays ne survit que parce qu’il tête aux mamelles de l’aide internationale ?
Cela n’offusque-t-ils pas nos oulémas qui voient leur pays se nourrir à la sueur du front du “mécréant “ agriculteur” américain ou européen? Ne doivent-ils pas interdire de faire que, nous musulmans imbus de notre religion du travail et de notre fierté nous nous nourrissions au pain mal acquis ? 

عن المقدام رضي الله عنه عن رسول الله صلى الله عليه وسلم قال :" ما  أكل  أحد  طعاما  قط  خيرا  من  أن  يأكل  من  عمل  يده ، وإن  نبي  الله  داود  عليه  السلام  كان  يأكل  من  عمل يده

Ce blé qui nourrit nos enfants est-il le produit de la sueur du front de leurs pères ? Non.
Doit-on admettre que c’est le texan qui, loin là-bas dans son ranch, nous envoie ses excédents pour nourrir notre progéniture ? Eh bien oui, qu’on l’appelle “aide internationale” ou autre, c’est toujours la sueur du front de l’autre et de son travail que l’on reçoit.

Notre prophète, que la paix éternelle soit sur lui, n’avait-il mis en garde contre la mendicité en ces termes :
"ما يزال الرجل يسأل الناس حتى يأتي يوم القيامة وليس في وجهه مزعة لحم"

La honte instituée en vertu. 

Et aussi curieusement que cela puisse paraitre, nos médias, nos journaux publient en gros titre cette aide, cette charité ;   et même nos dirigeants l’annoncent en fanfare. La honte instituée en vertu. La Mauritanie se pâme d'être la fille ainée du PAM.

Nos ministres semblent en faire une fierté et l’inscrivent même dans leurs performances !
Ainsi recevoir une aide internationale est “une fierté” !  Un mendiant est-il fier de recevoir la charité. Allez le lui demander.

La fierté appartient à celui qui donne, pas à celui qui reçoit. Comme le dit le proverbe africain : « La main qui donne est toujours au-dessus de celle qui reçoit ». Et c’est la fierté qui nous manque.

Certes, il ne fait pas de doute qu’aucun pays au monde n’est à l’abri de catastrophes humanitaires ou naturelles  (sècheresse, tsunami, guerre etc.) requérant une aide internationale d’urgence qu’il pourra lui-même fournir à d’autres en d’autres circonstances. Mais ce qui est grave c’est qu’un pays en paix, ayant la capacité et les moyens de faire face à son propre destin, de se développer continue à vivre de la charité internationale. Sinon en faire un recours permanent, sans chercher à lui substituer sa propre production par ses moyens propres.

La Mauritanie s’est inscrite malheureusement dans une logique d’assistance permanente, qui a fait de cette assistance un pan important de sa stratégie économique et ses dirigeants en ont fait un moyen pour compenser leur incompétence et l’inefficacité de leur politique économique. N’est-il pas plus facile de tendre la main pour recevoir que de produire ?

Mais si seulement, il ne s’agit que cela. L’aide internationale reçue est détournée et remplit les boutiques et autres comptes de commerçants et décideurs. Et il est probable que c’est là tout son intérêt pour nos décideurs qui y tiennent, et qui en font une politique de la corruption et du vol généralisé. Et dans son éternelle sagesse Dieu a pourtant bien averti :

قال تعالى: “وكم أهلكنا من قرية بطرت معيشتها

Pour la Mauritanie, le développement ne sera pas pour demain. A cause de la mendicité de ses gouvernants instituée en économie du développement, et du leurre permanent dans lequel ils plongent leur peuple qu’ils nourrissent au pain du Texan. 

Sans une fierté nationale, sans une vision politique, sans les lumières de sa religion, sans le labeur et ses fruits à la sueur de son front, il n y a ni pays ni nation. Il n y a que des individus qui se refusent à changer leur misérable condition.  

قال تعالى:  إن الله لا يغيّر ما بقوم حتى يغيروا ما بأنفسهم

Pr ELY Mustapha

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Pr ELY Mustapha

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Poésie de la douleur.