samedi 23 août 2008

Les chaînes de Sidioca

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Une télé pour le Président.

Lorsque ceux qui étaient en résidence surveillée avec le Président Sidi Ould Cheikh Abdallahi, furent libérés , ils nous apprirent que ce dernier était le seul qui disposait d’un poste de télévision.

Ainsi donc, le président suivait les actualités. Mais question qui taraude l’esprit. Pourquoi les autorités qui l’on renversé ont mis une télévision à sa disposition ? En principe, moins il en sait mieux il se porterait.

Déjà que le peuple s’abrutit à cause d’elle et admire quotidiennement sa misère, que dire d’un président renversé ?

C’est plus subtile car dans ce cas de figure les autorités ont réagit avec un cynisme hors-pair. Pourquoi donc diriez-vous on lui a laissé la télé?

Simple : la télé viendrait compléter la stratégie et servira de véritable instrument de sape morale .

En effet, les putschistes connaissent très bien la mentalité du peuple et de ses intellectuels. Elles savent que dans le petit écran ne défileront qu’applaudisseurs et laudateurs. C’est-à-dire tous ceux déjà décrits dans un précédent communiqué (voir ici, communiqué n°1 ) et que la télévision ne manquera pas de faire défiler à la queue leu leu , pour remplir son rôle d’information défilante et défaillante.

Et le Président Ould Cheikh Abdallahi, saura que ceux qui l’applaudissaient hier, le vilipendent aujourd’hui et que ceux sur lesquels il comptait se pavanent en l’appelant de tous les noms d’oiseau. Mieux encore que ses propres ministres qui ont eu sa bénédiction et auxquels il a fait confiance organisent des marches entières pour protester contre sa politique honteuse et dévastatrice pour le pays.

Il verra aussi des dizaines de députés et de sénateurs qui siègent dans des assemblées décapitées et qui proclament que c’est un haut-criminel puisqu’il doit être hautement jugé par une Haute Cour de Justice et que son épouse a raflé tous les biens de la république y compris les terrains vagues et les dunes de sables. Sénateur et députés qui ont la force de leur côté et qui justement s’attaquent à lui pour faire oublier leurs propres fautes.

Et ce général aux étoiles toutes fraiches qu’il lui a lui-même octroyées et qui salut une foule qui scande son nom en lieu et place du sien. Et qui leur promet monts et merveilles, comme si lui-même ne pouvait pas le leur promettre la même chose. Allons donc !

Et Sidioca regarde la télé, cet instrument de torture qu’il ne peut se résoudre à éteindre et il médite.

Il médite à la vanité de ce monde et des images infinies se succèdent devant lui.
Oui, il savait déjà depuis longtemps que ces années de plomb avaient réduit le mental de classes entières de la société à des béni-oui-oui fortement intéressés et qui se rangent du côté du plus fort. Mais il avait trop cru à la solidité des remparts que lui procurait sa légitimité acquise par la volonté du peuple. En une matinée un général avait franchi les remparts et pris son trône.

Mais devant cette télé tout entière dédiée aux piaillements de militants d’une nouvelle cause à laquelle ils adhèrent avec une mauvaise conscience qui ferait rougir le diable, il ne peut que se réduire à l’évidence : ce peuple valait-il vraiment qu’il prenne ce fameux décret qui lui valut toute cette misère ?

N’aurait-il mieux valut pour lui qu’il restât dans la fraicheur de son palais ocre, passer calmement son mandat et guerroyer du bout des lèvres avec ses frondeurs en leur trouvant mille et une entourloupes à l’image de ce qu'il lui ont fait ?

Mais enfin, va-t-il éteindre cette télé qui le torture !

Mais à chaque fois qu’il veut le faire , il se ressaisit. Car n’en déplaise à ces faux-jetons d’intellectuels, à de ministre de paille, et à ce peuple trompé, il reviendra.

N’a-t-il pas entendu de cette même télé que le Conseil de sécurité, que l’Union africaine, que les USA, que la France et bien des pays ont condamné le coup d’Etat et veulent le rétablir dans ses fonctions légitimes ? N’a-t-il pas suivi ces manifestations de coalitions syndicales et politiques condamnant le putsch et appelant à son retour ?

Et ce général qu’il a fait général, où ira-t-il pécher les moyens de son ambition ?
Ce n’est pas Kaddafi qui déversera ses millions sur la Mauritanie en contrepartie d’une hypothétique rupture des relations avec Israël. Ce ne sont pas les pays du golfe qui supporteront à bout de bras une économie mauritanienne privée de ses moyens financiers internationaux et qui ne leur offre aucun retour sur investisseement. Ce n’est pas le monde arabe qui le supportera empêtré lui-même dans ses difficultés et qui ne peux piper mot face à la volonté des américains. Où ira-t-il alors trouver les moyens de sa perpétuation au pouvoir ?

En définitive, et quoi qu’on en dise, cet instrument de torture qu’ils lui ont laissé, distille parfois de bonnes nouvelles. Mais si on veut bien l’entendre, il n’a plus qu’une requête. Si seulement on pouvait lui supprimer de toutes ces chaînes qu'il voit, la seule chaîne qui le torture: la TVM.

Pr ELY Mustapha

4 commentaires:

  1. Professeur, 2 remarques :
    1) Pourriez-vous mettre un peu moins de gras et de rouge, dans vos articles, ça me fait fait mal aux yeux personnellement quand je les lis
    2) Vous êtes contre le coup qui a eu lieu, mais que ce serait-il passé sinon ? Merci imaginer pour nous le scénario B.

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  2. jetez un coup d'oeil sur ce blog: http://optimisteama.blogspot.com/

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  3. jetez un coup d'oeil sur ce blog: http://optimisteama.blogspot.com/

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  4. J'ai des problemes de vision et le gras et le rouge, je les vois bien. Mais Prof vous pouvez satisfaire Ano 1 et nous autres on se debrouillera. Peut-etre eliminer le rouge et conserver le gras, pour appuyer quelques arguments clés. Merci.

    N.B: je voudrais que Prof ajoute un scenario C tel que l'implication directe de l'Union Africaine et des Nations Unies dans de nouvelles elections (en fait plus directes comme placer le pays sous mandat ONU/AU du moment que notre classe politique semble pourrie - je m'excuse de ce terme qui m'est venu a l'esprit - et que quelque soit la solution, il faut s'attendre a un autre coup d'etat ou d'autres coups d'etat. Soit pour remettre le pays sur un autre "droit chemin" que n'aurait pas l'assentiment de tout le monde ou parcequ'un groupe de la grande muette n'est pas d'avis que la promotion des trois generaux est meritée. On ne sais jamais. Il faut definitivement en finir avec les coups d'etat et l'implication directe de l'armee dans des choses pour lequel ils sont mal prepares. Merci Ano 1 pour votre proposition d'un scenario B.

    A-

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Pr ELY Mustapha

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Poésie de la douleur.