mardi 17 juillet 2007

.Voilà comment il faut sauver Mohamed El Ghassem


. Un test pour notre diplomatie

L’Etat mauritanien se doit de réagir pour sauver notre compatriote Mohamed El Ghassem de la peine de mort prononcée contre lui par les tribunaux soudanais.

Du point de vue du droit international tout Etat est le protecteur de ses ressortissants en terre étrangère tant que cette protection n’a pas été expressement confiée par cet Etat à un autre Etat (exemple en temps de guerre ou de ruptures des relations diplomatiques).

L’Etat d’origine doit protéger ses ressortissants lésés par des actes contraires au droit international commis par un autre Etat.

Dans le cadre de la protection diplomatique, l’Etat intervient, en son propre nom, en faveur de son ressortissant.

Bien que pratiquement, cette intervention est difficile car les conditions posées peuvent s'avérer complexes, l’Etat intervient beaucoup plus souvent en faveur de ses nationaux au titre de la protection consulaire.

Une protection consulaire expréssement prévue par la convention de Vienne sur les relations consulaires du 24 avril 1963.

La convention de Vienne sur les relation consulaires est entrée en vigueur pour la mauritanie le 20 Août 2000 et pour le Soudan le 22 Avril 1995 (après que le premier pays y a adhéré le 21 jullet 2000 et le soudan le 23 mars 1995).
Le soudan a donc « adhéré » tout autant que la Mauritanie à cette convention sur les relations consulaires.

C’est autant dire que les dispositions de cette convention lient les deux Etats au sens de la convention de Vienne sur le droit des traîtés du du 23 mai 1969. En effet celle-ci dispose en son article 15:
« Le consentement d'un Etat à être lié par un traité s'exprime par l'adhésion:a) lorsque le traité prévoit que ce consentement peut être exprimé par cet Etat par voie d'adhésion..(..) »

Ce qui est bien le cas de la convention de Vienne sur les relations consulaires qui admet « l’adhésion » et la « succession » comme modes de consentement des Etats à être liés par ses dispositions.

D’autre part, la convention de Vienne sur le droit des traités dans son article 2 mentionne bien que « l’accord international conclu par écrit entre Etats et régi par le droit international .(..) quelle que soit sa dénomination « (traités, convention, charte etc) lie les parties.

L’Etat soudanais est donc bien lié par la convention sur les relations consulaires que la Mauritanie peut bien faire valoir pour interférer dans le processus de condamnation de son ressortissant.

Elle peut recourir à l’article 36-b de cette convention de Vienne sur les relations consulaires qui est explicite.

En effet cet article dispose que «Si l’intéressé en fait la demande, les autorités compétentes de l’Etat de résidence (ou la personne a été condamnée) doivent avertir sans retard le poste consulaire de l’Etat d’envoi (c’est-a-dire le pays du ressortissant) lorsque, dans sa circonscription consulaire, un ressortissant de cet Etat est arrêté, incarcéré ou mis en état de détention préventive ou toute autre forme de détention.

Sur la base de cet article l'’Etat Mauritanien peut agir à deux niveaux :

- sur le plan du défaut d’information par l’Etat soudanais de la détention de son ressortissant

- et si même l’Etat Mauritanien a été informé, il pourrra s’appuyer sur l’absence de célérité dans l’information car l’article 36-b précité mentionne bien que l’Etat du resortissant doit être « averti sans retard ».

Or cette notion d’avertissement sans retard est éminemment importante car elle peut avoir des conséquences importantes sur la révision du procès.

En effet, la jurisprudence récente de la Cour Internationale internationale de justice (CIJ), la plus haute instance juridictionnelle des Nations unies, confirme l’obligation pour l’Etat condamnant les ressortissants d’un autre Etat d’en avertir ce dernier.

Ainsi dans l’arrêt des « 51 mexicains » condamnés par les Etats-Unis d’Amérique à la peine de mort, la Cour Internationale de justice a rendu le 31 Mars 2004 un arrêt « obligatoire et sans appel » qui juge que les Etats-Unis, en condamnant à mort 51 Mexicains sans au préalable informer les autorités consulaires de leur pays, ont violé la Convention de Vienne sur les relations consulaires.

Et mieux encore « la Cour Internationale de justice demande un réexamen du verdict et de la peine prononcés ».

Ainsi fort de son droit l’Etat Mauritanien pourra aller assister son ressortissant et pourquoi pas le tirer des prisons soudanaises. Le droit étant de son côté, l’Etat mauritanien pourra négocier une solution préservant les intérêts du prévenu. Son ressortissant.

Ceci est d’autant plus important que la constitution soudanaise reconnait la préeminance des traités internationaux sur le droit soudanais. Un droit qui est très repressif.

En effet, basé sur la Sharia, le Code pénal soudanais prévoit des punitions corporelles comme les flagellations, les amputations, les lapidations et les crucifixions, en plus de l'exposition du corps en public après l'exécution.Sur la base de l’article 146 du Code pénal soudanais de 1991, n'importe qui commettant le délit d'adultère doit être puni par la lapidation si le coupable est marié ; cent coups de fouet si le coupable n'est pas marié, tandis que l’homme célibataire peut être sujet, en plus des coups de fouet, à l’exil pendant un an. Selon les articles 167 et 168, la peine pour le délit de vol à main armée, dite « harraba », est la mort ou la mort suivie de la crucifixion. L'article 171 établit que n'importe qui commet un vol peut être condamné à l'amputation de la main droite si la valeur des choses volées est égale ou supérieure à 4,25 grammes d'or.

Mais tant ce code que cette shariaa, sont écartés par l’application du droit international précité. Nous en avons donné la preuve.

Aussi pour sauver notre concitoyen, il n’en tient qu’ à notre diplomatie de se mettre à l’oeuvre.

Elle peut aussi recourir, pour renforcer son argumentaire, à l’arsenal du droit humanitaire international car la peine de mort est incompatible avec le droit humanitaire international et les obligations du Soudan, en particulier envers le Pacte international sur les droits civils et politiques que le Soudan a ratifié et la Convention contre la torture et les traitements et punitions cruels, inhumains ou dégradants qu'il a signée.

Je suis convaincu que si une simple volonté de notre diplomatie est mise dans cette affaire de sauver notre concitoyen, elle y arrivera.

Hélas ce qu’il y a craindre c’est que le danger ne vienne ni du Soudan (qui pourra commuer la peine), ni des contradicteurs (contre les arguments desquelles le droit international est évident), mais de...la Mauritanie.

Le laxisme connu de notre diplomatie, le peu de cas qu’elle fait de ses ressortissants qu’elle ignore à l’étranger serait lui le premier des dangers.

Souhaitons que sous ce régime démocratique, notre diplomatie se ressaisisse et s’occupe de son devoir premier : protéger les ressortissants mauritaniens à l’étranger et à, travers eux, l’image de l’Etat.

Le cas de notre compatriote Mohamed El Ghassem , condamné à mort, et auquel elle peut porter secours se doit d’être un test pour notre nouvelle diplomatie ; celle d’un pays démocratique.

Nous l’invitons vivement à le réussir.

Il y va, dans le futur, de la crédibilité de notre Etat, de notre image à l’extérieur, du respect du droit de nos ressortissants à l’étranger par les autres Etats. Et il y va, dans l’immédiat, de sauver la vie de notre concitoyen. Cela ne vaut-il pas l’enjeu ?

Pr ELY Mustapha


Le tableau représenté s'intitule Le Cygne menacé peint vers 1650 par Jan Asselijn (1610-1652)

23 commentaires:

  1. merci et mille merci notre professeur!!!!!

    Voilà qui s'appelle bien faire. Nous vous sommes tous reconnaissant pour ce geste de publier ça.
    Aider ce pauvre type, un national, c'est notre devoir.

    Merci encore et encore!

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  2. Vous l'avez bien dit professeur, le danger pour le Ghassem, c'est son pays..souhaitons simplement que nos diplomates ne vont pas l'enfoncer. Ce sont des ignares.

    Bibi

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  3. Cher prof,
    le pauvre monsieur condamné, il est plus condamné par les intérêts de certains qui ne peuvent pas parler pour ne pas perdre leurs sous.
    Je parles de ELY ould Mohamed Vall et son partenaire sudatel.
    Il va mourir le pauvre.

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  4. Mes chers ami(e)s,

    il faut absolument que l'Etat mauritanien prenne ses responsabilités à l'égard de ses ressortissants à l'étranger.
    Beaucoup de nos ressortissants sont souvent livrés à eux-mêmes à l'étranger.

    Nos missions diplomatiques et consulaires se doivent dans la mesure leurs compétences, remplir leur devoir d'assistance à leur égard.

    Le cas de Mohamed EL Ghassem, n'est pas unique, mais au-delà du jugement, il doit exprimer une solidarité vis-à-vis de nos concitoyens partout dans le monde . Dans leurs épreuves et essayer de leur porter secours. C'et cela qui fait un peuple une nation.

    Il suffit de voir comment réagissent les pays occidentaux lorsque l'un de leurs ressortissants est incarcéré: réaction immédiate et continue pour lui porter secours.

    Sont-ils plus humains que nous? Sont-ils plus conscients que nous des intérêts de leurs citoyens?

    Un Etat se fait respecter à travers le respect qu'il assure à ses citoyens, à l'intérieur et à l'extérieur du pays.

    Et l'on partage donc le même poinrt de vue.

    C'est en cela que le cas de Ghassem, au-delà du fait qu'il faut réagir pour les sauver et connaitre la vérité, doit être une épreuve pour l'Etat mauritanien.


    fraternellement
    -------------
    Ps: Pour notre ami qui signe ses posts avec un pseudonyme offensant pour la bienséance et les lecteurs de ce blog mais dont les idées sont éminements intéressantes, je le convie fraternellement à contribuer avec nous sous un pseudo plus acceptable.
    Merci.

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  5. Etonnat que les gens s'occupent de futilités et se mettent à piayer pour rien alors que notre citoyen attend la mort.

    Mais ils font quoi ces politiciens? Ils mangent, ils dorment et c'est tout!

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  6. Il faut au moisn que l'on découvre pourquoi ghasem a été condamné et que l'on sait s'il est victime ou coupable. Après il faut demander de passer sa peine dans son pays.C'est plus juste.

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  7. prof

    J'aimerai savoir pourquoi vous ne mettez pas vos talents (incontestes) au service de votre pays en enseignant dans l'universite de nouakchott?

    Cela ne vous empechera pas de continuer votre combat par vos ecrits pertinents a travers le net.

    Je vous assure, vous seriez bien utile a l'interieur plus qu'a l'exterieur.

    hamid

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  8. Hamid, mon ami

    Votre proposition me va droit au coeur et elle émane d'une âme généreuse. Je vous remercie beaucoup et je comprends votre légitime intérrogation.

    Non pas que je puisse avoir un talent quelconque que ne puisse posséder n'importe lequel de mes concitoyens mais c'est tout simplement une question de circonstances.

    Me trouvant en Tunisie pour enseigner, je me suis trouvé avec des charges académiques et des obligations universitaire qui ont entrainé deux choses:

    - la première, c'est qu'à l'égard de ceux avec lesquels on travaille on a l'obligation de respecter ses engagements (enseignement, encadrement, recherche etc), il y va de son image et, à travers soi, celle de son propre pays.

    - la seconde, c'est que l'université de Nouakchott a été durant ces vingt dernières, un lieu où l'on plaçait davantage les personnes pour des considérations autres que scientifques ( à de rares exceptions près) et ceux qui présidaient à sa destinée ne cachaient nullement leur volonté d'en faire un moyen de protéger des intérêts personnels qu'une institution au service du pays. Toutes les crises de l'université prennent leur cause dans cela.

    Je souhaite que les changements démocratiques actuels contribueront à changer les choses.

    Toutefois, j'essaie de contribuer chaque fois que cela est possible, de façon très indépendante, aux activités de l'université.
    J'organise à chaque venue pour les étudiants une ou deux conférences.

    La dernière en date a été faite à la faculté des sciences suivie d'une remise au profit de la bibliothèque d'importants ouvrages et de l'installation pour le centre de cette faculté d'une bibliothèque numérique en intranet comprenant une centaine d'ouvrages...

    J'essaie donc malgré l'éloignement d'apporter ma contribution à l'effort de développement du système d'enseignement en Mauritanie.


    A l'université tunisienne, je crois que durant ces 25 dernières j'ai eu dans mes cours autant d'étudiants mauritaniens que tunisiens. ET j'ai pu encadrer des dizaines de mémoires et de thèses d'étudiants mauritaniens inscrits dans les écoles et facultés tunisiennes (dont certains sont actuellement enseignants à l'université de Nouakchott et dans les rouages économiques en Mauritanie). Ce qui veut dire que directement j'ai aussi participé à la formation de nos étudiants.

    Enfin, si je devais faire un bilan rapide, ma contribution à la formation des ressources humaines mauritaniennes est similaire à ceux de mes collègues de l'université de Nouakchott.

    L'éloignement dans ce cas n'est pas un handicap au contraire , il permet de voir les choses avec du recul pour mieux les juger.

    Il est vrai toutefois, qu'il perdure toujours chez celui qui est loin de sa patrie, ce sentiment qu'à si bien exprimé le revolutionnaire Danton: " On n'emporte pas sa patrie à la semelle de ses souliers".

    On reviendra, c'est certain.

    Merci Hamid.

    Avec mes amitiés.


    Pr ELY Mustapha

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  9. Merci prof pour brillant plaidoyer que vous faites et pour vous et pour tous intellectuels hors du pays.

    Houbou Al Watan Mine El Imane, cela s'adresse a toutes les religions car les cerveaux americains et europeens(et aujord'hui asiatiques) restent chez eux pour contribuer au developpement de leur nation, tandisque la Diaspora africaine et Tiers mondiste "participe" au delabrement de leur pays en le laissant a la proie des ajustument (en fait ce sont des dereglements) des institutions internationales et meme des politiques locales irreflechies.

    Notre Diaspora fait les beaux jours de l'occident pendant que l'on s'enfonce dans la misere.

    C'est ici l'arene.

    Avec mes amities.
    hamid

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  10. Même beaucoup de ceux ki sont restés au pays n'ont rien fait pour changer les choses...

    maintenant ki a changé les choses à Nouakchot en Mauritanie en général? personne. il faut voir l' état miserable du pays après ces années.

    Au contraire, tous les gens ki doivent sauver ce pays à l'inétrieur, ils l'on détruit. ceux ki ne voulait pas de ça a été isolé et aujourdhui il est à l'etranger ou il est pauvre et misérable en mauritanie.

    Donc mantenant, ça a changé et ul faut revenir pour aider si possible. c'et un choix.

    lawiste

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  11. Bonjour Pr.
    Juste trois questions :
    Vous dites, « du point de vue du droit international tout Etat est le protecteur de ses ressortissants en terre étrangère tant que cette protection n’a pas été expressément confiée par cet Etat à un autre Etat ». Mais là, le problème de droit qui se pose n’est pas la protection des citoyens expatriés mais la souveraineté territoriale du Soudan qui implique que sa loi pénale soit appliquée sur son territoire. Qu’en pensez-vous ?
    Le problème de « la protection diplomatique » ne se pose pas : d’abord il faut qu’il y ait différend entre le national mauritanien et l’Etat soudanais, en suite il faut que le national ait épuisé toutes les voies de recours internes. Qu’en dites-vous ?
    Enfin, est-ce que les conventions étatiques font naître des droits justiciables pour les ressortissants des pays signataires ?

    Merci pour ce que vous faites.
    Un compatriote

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  12. pour préciser la question précédete, est-ce que vous vous rendez compte que selon votre argumentation, la Belgique pourrait également agir pour faire échapper son national actuellement inculpé par la justice mauritanienne dans une affaire de drogue par exemple?

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  13. Salut

    Je ne comprend pas pourquoi notre diplomatie ne bouge pas et surtout ne communique pas.

    L'exposé brillant du Pr ELY sur cette affaire est suffisant pour donner du temps aux avocats de plancher de façon sérieuse sur ce dossier et de prononcer enfin le droit.

    Quand en est-on dans cette affaire?
    Je suis sûr que les arguments qui ont été avancés ici ne sont pas passés inapperçus...

    C'est là une affaire comme tant d'autres qui doit nous faire reflechir sur la justice et la défense de nos concitoyens là où ils sont après avoir ignoré leurs droits à élire leurs représentants.

    On paye toujours les fautes de nos dirigeants et de leurs décisions...

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  14. Yanis, mon ami,

    Tu as vu juste. Notre diplomatie est constituée de missons diplomatiques qui ne sont pas préoccupées par leur mission.

    Ainsi dans tous les pays que j'ai visités il m'a été rarement donné de voir une de nos ambassades remplissant son rôle.

    Celui justement qui lui est dévolu par les conventions de Vienne sur les relations diplomatiques ou les relations consulaires.

    J'ai curieusemnt l'impression en entant dans l'une de nos ambassades qu'elle est davantage régie par le droit commercial et plus spécialement par le droit du courtage.

    Les diplomates sont versés dans le népotisme et l'absenteïsme généralisés et la seule chose qu'ils savent bien faire est le shopping. Des villégiatures où la farniente est l'unique article de leur statut diplomatique.

    Enfin, espérons que cela changera, mais en attendant combien de nos concitoyens ont souffert de cet état de fait, combien de fois notre Etat a été spolié dans son image et dans ses ressources dans les pays étrangers?

    Et si l'on considère la situation actuelle de notre compatriote condamné au Soudan (et ceux qui furent éxecutés ailleurs) on comprend que la diplomatie inerte et laxiste peut s'apparenter curieusement à une antichambre du crime.

    Avec mes amitiés.

    Pr ELY Mustapha

    22 juillet 2007 00:04

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  15. Cher(e) ami(e),

    En réponse à votre question complémentaire qui est :

    « pour préciser la question précédete, est-ce que vous vous rendez compte que selon votre argumentation, la Belgique pourrait également agir pour faire échapper son national actuellement inculpé par la justice mauritanienne dans une affaire de drogue par exemple? «

    Réponse :

    Non, les conventions internationales ne peuvent se substituer aux jugements des Etats sauf dans deux cas :

    - Lorsqu’une convention dûment ratifiée par un Etat le soumet à des obligations vis-à-vis de l’autre Etat ratifiant. Exemple dans le cadre des conventions ou protocoles de coopération judiciaire. Ces conventions peuvent décider que les ressortisssants de l’un ou l’aute des Etats en cas de condamnation purgent leur peine dans leur Etat d’origine etc. Mais aucune convention internationale ne se substitue au droit régalien de justice de l’Etat sur son territoire et sur tous les crimes et délits commis sur son territoire par ses ressortissants ou par des étrangers. Sa justice faisant partie de sa souveraineté et elle s’exerce en tout point de territoire. Pour être plus clair l’Etat du condamné n’a aucun droit d’interférer dans cette justice souveraine.

    - Lorsque les crimes commis relèvent de ceux classés comme crimes contre l’humanité, génocides etc. Le droit a défini les principes qui régissent ces crimes (résolution des Nations unies de 1948 « confirmant les principes du droit international reconnus par le statut de la cour de Nuremberg et par l’arrêt de cette cour »)., leur imprescriptibilté (Convention sur l’imprecriptibilté des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité de 1968 etc. ) et les modes d’intervention des tribunaux internationaux constitués (tribunaux pénaux pour le Rwanda, la Yougoslavie etc) et des juridictions institutionalisées (cour pénale internationale etc.) pour les sanctionner .



    L’application de la convention sur les relations consulaires que nous invoquons pour notre ressortissant ne concerne pas les deux situations précitée. Elle ne vise pas à donner le droit à un Etat quelconque de refuser à un autre Etat le droit de juge les crimes et délits commis sur son territoire même s’il s’agit de ses ressortissants.

    Ceci posé, il apparaît donc clairement qu’aucun Etat individuellement ne peut en droit « faire échapper » son ressortissant à la justice d’un autre Etat sur le territoire duquel un crime a été commis par ce ressortissant .
    La Belgique ne peut donc se substituer à l’Etat mauritanien pour rendre justice même si le criminel est son propre ressortissant.

    Mais la belgique peut faire exactement ce que nous préconisons que la Mauritanie fasse à l’égard du Soudan : demander l’application de la convention de Vienne sur les relations consulaires.

    Et la Mauritanie serait en faute si elle n’a pas averti « sans delais» la Belgique de la détention de son ressortissant (dans l’affaire de drogue), lui permettant ainsi de suivre sa détention, son jugement et demander pour lui l’application transparente des voies et procédures ainsi que la garantie de ses droits ( de défense , de communication etc.)

    La convention de Vienne sur les relations consulaires, n’a pas pour but de « faire échapper » un inculpé à la justice de l’Etat dans lequel il a commis son fait (avéré ou non), mais de permettre à son Etat d’origine de l’assister et de suivre son procès dans les meilleurs conditions et s’il ya lieu demander pour lui le bénéfice de la révision du procès,de la commutation de peine , de réduction de celle-ci etc.

    Et notre compatriote Mohamed El ghassem, tout autant que beaucoup de malheureux comme lui, mérite bien que l’Etat mauritanien fasse valoir à l’égard du Soudan ses droits à travers la convention sur les relations consulaires.

    Un petit effort, pour sauver une vie.

    Pr ELY Mustapha

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  16. Cher Professeur je ne sais pas si ces diplomates ont lu ce que vous avez écrit mais j'en suis fier en tant que Mauritanine qui voit qu'il y a des gen ssérieux comme vous qui n'ont pas abandonné les vrais sentiments à l'égard des pauvres. Merci beaucoup et Dieu vous garde.

    Lematt

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  17. Un excellent exposé de droit et un riche support de défense pour ceux qui veulent agir .

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  18. Elycom, a lui tout seul (par le biais de Sodatel ) pourrait regler le probleme de notre compatriote.

    Comme quoi les interets economiques et financiers peuvent etre une importante "une source de droit international".

    Hamid

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  19. cher Hamid,

    votre remarque est très pertinente. Mais le pouvoir financier ne peut résoudre la situation. Cependant, il peut au moins aider à faire avancer le cours des chose. Ne pouvant rien résoudre par lui-même et pour plusieurs raisons.

    Et c'est là où votre remarque est importante car elle éclaire le droit positif d'un certain pragmatisme essentiel aux relations internationales d'où l'apport de la sciences politique.

    En effet ,toute solution doit prendre en considérations les réalités actuelles du Soudan.

    Depuis l'affaire du Darfour, tous les analystes politiques s'accordent sur une hypersensibilité des dirigeants soudanais à toute volonté de contester un quelconque acte de souveraineté de l'Etat soudanais (politIque étrangère, affaires intérieures , justice..).

    Il y a un lever de bouclier chaque fois qu'une décision d'une autorité soudanaise est contestée y compris celle des juridictions.
    Et d'ailleurs les autorités soudanises ne manquent pas de le rappeler à chaque occasion.

    Ainsi par exemple dès l'ouverture du dernier sommet de la ligue Arabe Oumar El béchir avait condamné toute action qui " violerait la souveraineté du Soudan et le soumettrait à la tutelle de l'extérieur »...

    Il déclarait aussi récemment: "La CPI n’est pas compétente pour juger des Soudanais, pour quelque crime que ce soit. (...) Le soudan jouit d’une magistrature indépendante, réputée pour son intégrité,et qui dispose des moyens de faire appliquer les jugements..." (voir REVUE JEUNE AFRIQUE, N°2411, DU 25 AU 31 MARS 2007 " cinq questions à Oumar El Béchir".

    Le problème de résolutions des différends ou d'application de quelque covention qu'elle soit est fondamentalement lié à l'Etat d'esprit et à l'atmosphère qui règne au Soudan ( la cessession du Sud a engendré une forte jalousie quant à sa souveraineté).

    C'est pourquoi pour résoudre le problème de notre ressortissant, notre diplomatie doit faire preuve d'un doigté et d'une finesse qui seront les règles d'approche du régime soudanais.

    Le facteur financier est intéressant mais il prend une importance relative lorsque les dirigeants sont plus regardant sur des questions de fièrté d'indépendance et de souveraineté.
    Or la situation actuelle du soudan est sur ce point assez spécifique.

    "les intérêts économiques et financiers", ne sont et ne peuvent être une source du droit international.

    Ils sont cependant une source de compréhension des relations internationales qui sont le cadre dynamique où s'exerce, se développe et s'applique le droit international.


    Merci pour votre intéressante remarque, Hamid.

    Pr ELY Mustapha

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  20. monsieur,
    Intéressante découverte de ce blog. Je suis content que la réflexion sur un sujet ne soit pas des boniments et des futilités. Ce blog apporte un support de discussion et d'action intéressants.
    En tout cas ce pauvre type au soudan, c'est la galère et les Etats qui appliquent la peine de mort sont du moyen-âge.

    Franquin

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  21. Que fait l'Etat mauritanien,

    Il attend quoi? Et si on exécutait ce type demain?

    Tout ça c'est vraiment triste.

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  22. Votre blog est super je viens de le decouvrir aujourdhui .Professeur Je ne comprends pas l'attitude de nos diplomates au Soudan qui n'ont meme pas fait un geste pour venir en aide a notre compatriote.D'habitude le soupconne'ne doit signer aucun papier sans la presence du consul s'il se trouve a l'etranger.Seulement par decision du tribunal le detenu peut etre reconnu coupable,mais je pense que le regime soudanais et sa justice ignorent l'existence des conventions internationales plutot il ne reconnaissent que la chaaria islamique.Ca me rappelle le regime des talibans en Afghanistan.Si le regime mauritanien ne fait rien ou fait semblant d'ignorer ce probleme,c'est aux Mauritaniens de le faire par des actes publics comme sittings ,meetings devant l'ambassade soudanaise a Nktt avec des slogans demandant la liberation de Ghassoum et meme jusqu'a bruler leur drapeau comme c'est pratique'partout,et inviter AL jazeera a recouvrir se spectacle,quand ca passera a la tv les soudanais ne se seront plus a l'aise et peut etre Inchallah qu'ils se rendront compte qu'il faut enfin voir la realite' et resoudre ce probleme le plus vite possible pour garder l'image devant la communaute internationale.Courage et succes .SALUTATIONS FRATERNELLES.
    Dah O.T (Ukr.)

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  23. Mon cher frère Dah,

    Merci pour ce passage de la lointaine Ukraine.

    Tes commentaires sont justes. Mais qu'est-ce qui peut défendre les intérêts de ses ressortissants que l'Etat lui-même?

    Je ne te fais pas dire que notre diplomatie est l'une des plus mauvaises du monde et ses préoccupations ne sont pas ceux de protéger les ressortissants.

    Tu en sais quelque chose et chacun de nous en sait quelque chose.

    Mais vois-tu le reproche n'est pas à faire à notre diplomatie mais à ceux qui nomment aux postes diplomatqiues, ce sont les premiers responsables.

    Et qui va pâtir de la bétise institutionnalisée? Celui ou celle qui un jour aura besoin de son ambassade ou de son consulat. Il trouvera des boites vides où les préoccupation de ceux qu'elles contiennenet sont à vingt mille lieux de ce qu'il attend.

    Tu as vu les dernières nominations diplomatiques: Un changement dans une continuité dont les conséquences pour le pays, pour son images et pOur les droits de nos ressortissants sont incalculables.

    On a appris, hélas, en Mauritanie à ne prendre la mesure des choses que lorsqu'une catastrophe survient.

    Et avec une diplomatie pareille, la catastrophe est déjà en place.

    Fraternellement.

    Pr ELY Mustapha

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Pr ELY Mustapha

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Poésie de la douleur.