dimanche 20 octobre 2019

La bonne et la mauvaise diaspora : militantisme et victimisation



« La rengaine sur la colonisation et l’esclavage est devenue un fonds de commerce[1] » (Fatou Diome).


Il existe une diaspora, digne et fière, représentant son pays par son savoir, sa science et sa culture et qui fut acceptée dans les pays hôtes et qui reçut son statut de résidence, et même sa double nationalité grâce à cet apport à ces pays. Dans cette diaspora se retrouvent de véritables patriotes qui ont subi des exactions, individuellement ou à travers leur communauté et qui utilisent les moyens de dialogue et de conciliation permettant de trouver des solutions dans l’intérêt de la patrie. Et cela sans violence et sans heurts.

Il existe, par contre, une autre Diaspora  qui ne doit sa présence dans les pays-hôtes que grâce une « victimisation » permanente et auto-entretenue. Une victimisation qui a ses « gestionnaires », qui la capitalisent dans des objectifs d’intérêts personnels et d’instrumentalisation pour obtenir des statuts, politiques, sociaux et économiques indus et surtout les justificatifs de leur séjour dans les pays-hôtes. Entrainant avec eux une masse de personnes exilées (sans ressources et sans papiers) dont ils acquièrent le soutien à travers les « services » qu’ils leur rendent.  Son objectif n’est ni la conciliation, ni la paix mais l’instrumentalisation de la victimisation pour continuer à séjourner à l’étranger et bénéficier des mannes du pays-hôte.

Cette diaspora contrairement à la première est toute tournée vers la tension et la vindicte.
Il y a ainsi deux diasporas qui,  hélas, font l’objet d’un amalgame qu’il convient de lever afin de séparer le bon  grain de l’ivraie.


La Mauvaise Diaspora : Achalandage et victimisation


C’est un réseau d’individus qui utilisent les grands idéaux humains pour entrainer dans leur sillage, une masse d’individus acquise à une « cause » qu’ils brandissent et qui la leur font apparaitre sous un jour toujours plus sombre, pour émuler chez-eux un esprit de persécution sur lequel ils surfent en permanence.  En somme, une diaspora recrutant dans ses rangs des zombies qu’elle utilise pour contester, tout et n’importe quoi pourvue que la zizanie persiste et profite à ses intérêts

Pour s’en convaincre, Il suffit d’émettre une opinion sur des sujets nationaux partagés (langue officielle, langues nationales, l’esclavage, discrimination…) ou sur tout sujet à débattre pour qu’une horde de la mauvaise diaspora bien entrainée à la vindicte se met en action et se met à se plaindre et à gémir. Et crier au « racisme », à la « discrimination », à « l’apartheid » etc. etc…. D’ailleurs cette armée de diaspora-zombie, à tout des réflexes pavloviens, elle est conditionnée pour dénoncer, brouiller et entretenir les tensions sur des sujets qui, cependant, pourrait bien être résolues.

Cette réaction s’explique par le fait que ces sujets sont en fait un fonds de commerce, qu’il ne convient d’aborder que dans le sens que cette diaspora a défini. Et comme tout fonds de commerce, il se doit d’être achalandé, étalé, brandi, pour en accroitre la valeur. Et c’est justement ce que cette diaspora fait en relançant de façon perpétuelle ces « sujets » en les présentant sous l’éclairage d’une « victimisation » savamment capitalisée.

C’est effectivement, une forme avancée de capitalisation à l’étranger de ces sujets qu’elle  travaille avec ruse pour qu’ils soient mis en contradiction avec des valeurs humaines (droits de l’homme…) et générer donc la sympathie et l’empathie envers ceux qui les agitent pour en tirer bien des profits qui vont de l’octroi de statuts d’opposants politiques, de réfugiés, d’opprimés, , et donc, matériellement,  de  permis de  séjour, de travail et d’ assistance sociale du pays-hôte ;    bref de tout un spectre de privilèges qui leurs permettent de trouver asile et de continuer à « fructifier » leur fonds de commerce.

Leur stratégie est de créer des tensions et des provocations pour continuer à entretenir et justifier le statut souvent erroné qui leur est octroyé dans le pays d’accueil. Ils n’hésitent pas à déformer la réalité sur leur véritable situation dans leur pays d’origine ; à désinformer les médias et à envahir de plaintes, de doléances et d’accusations la société civile du pays hôte ;  créant, chez cette dernière, une culpabilité qu’ils mettent à profit pour qu’elle plaide en leur faveur. Profitant de n’importe quel évènement pour capitaliser et entretenir cette « victimisation » permanente.

Cette frange de la diaspora s’est créée des sites web, des moyens de désinformation, a tissé des réseaux à l’étranger qu’elle utilise pour manipuler l’opinion et les médias. Son intérêt n’est pas, véritablement, que ce qu’elle dénonce trouve solution, car cela mettra en faillite son fonds de commerce, mais plutôt œuvrer à attiser les dissensions pour continuer à profiter des statuts et privilèges mentionnés.

Pour continuer à pérenniser son action, cette diaspora marchande avec son environnement de résidence pour continue à y séjourner.

Il en est ainsi par exemple de cette diaspora qui a fait de la langue française un fonds de commerce. Et qui a adopté cette langue non pas pour sa beauté, mais parce qu’elle l’utilise pour s’attirer les faveurs de la France et de la francophonie et de ses agences de soutien financier et de coopération. Elle tire de cela, des financements à travers les institutions françaises de promotion de cette langue et elle leur sert de fer de lance pour pérenniser le français dans leur pays d’origine. Le suivisme linguistique de cette diaspora, est présenté sous le couvert, encore, d’une « victimisation » qui se présente sous l’argumentaire du refus d’assimilation qu’entrainerait l’usage de la langue arabe, et, donc, le français serait le « bouclier » contre cette assimilation.

Il en est de même d’une frange de la Diaspora arabophone qui fait exactement la même chose en s’acoquinant avec des courants panarabes et qui n’hésite pas à se faire financer par des structures de  pays de résidence pour continuer à influencer l’opinion interne et les membres de la diaspora à l’étranger. Cette Diaspora trouve même un prolongement dans des structures partisanes internes qui lui servent de relais. Cette diaspora se caractérise par une fermeture plus importante à tout dialogue, ne  considérant que l’arabité à l’exclusion de toute autre vocation non arabe. Elle dispose aussi de son réseau et de ses zombies qui opèrent sur internet et qui n’hésitent pas à produire une littérature totalement partisane et complétement déconnectée de la réalité socio-culturelle et ethnique du pays.

Cette diaspora développe un fonds de commerce connu et typique celui de « l’envahissement négro-africain de la Mauritanie », « la perte de la Mauritanie de sa vocation arabe » sous l’impact de la langue française et de l’aliénation des mauritaniens négro-africains aux colons. Elle trouve une oreille attentive et souvent de soutien dans les pays-hôte. Une diaspora de diabolisation du négro-mauritanien.

Cest ainsi que beaucoup des membres de cette mauvaise diaspora, ont pris conscience de cette manipulation et se sentent pris au piège d’une situation dont ils ont compris qu’elle n’avait pas d’issue. Ceux-là ont, depuis, pris le parti du silence ou du retrait, alors qu’ils étaient bien en vue dans les rangs de cette diaspora. Certains d’entre-eux ont d’ailleurs fait l’objet d’attaques en règle quand ils ne jouent pas le jeu ou dénoncent la manipulation.

A côté de cette mauvaise diaspora, intéressée manipulatrice et instrumentalisante des revendications et des idéaux, figure une diaspora, honorable, travailleuse et militante.


La bonne diaspora : Travail et militantisme


Cette diaspora est constituée d’individus, qui ont réellement subi, eux-mêmes  et ou leurs communautés les affres de la déportation et de la répression des années quatre-vingt et des crimes perpétrés par le Régime de Taya et ceux qui l’ont précédé et suivi. Et cela justifie que ces individus demandent justice, réparation et reconnaissance des faits et des droits des ayant-droits des victimes emprisonnées et fusillées…en somme le règlement de ce passif humanitaire de façon complète et acceptée.


 Cette Diaspora, très honorable se retrouve dans certaines organisations constituées,  qui ont pris  le parti de la concertation et du dialogue pacifique. Elle fait des conférences, publie et sensibilise sur ces questions. Elle est ouverte et met les intérêts de son pays avant celui des autres. Contrairement à la mauvaise diaspora, dont les membres sont mus par un « militantisme du ventre », la bonne diaspora puise sa crédibilité dans les individus qui la composent et qui sont respectées, par leur travail, leur savoir et l’apport à la communauté du pays-hôte dans laquelle il se trouvent. Ce ne sont pas des parasites vivant uniquement sur l’assistance sociale et publique que leur apporte le pays-hôte du fait d'un faux statut de réfugié ou de persécuté politique tel que mentionné plus haut, mais de leur travail et de leur valeur ajoutée reconnue dans leurs pays de résidence

L’une des caractéristiques principales de la bonne diaspora, c’est qu’elle est toute tendue vers le retour au pays et prépare ce retour par le déploiement de tous les efforts pour que les problématiques et les dissensions soient solutionnées dans la dignité et la fraternité. Elle n’instrumentalise pas ses membres, ne les harcèle pas et plus encore ne les exploite pas, et surtout pas dans leurs faiblesses (notamment matérielles) ou dans leur situation juridique (sans-papiers etc.)


J’ai durant ces trente dernières années à l’occasion de mes voyages dans beaucoup de pays du nord, du Sud de l’Est et de l’Ouest pu rencontrer et croisé nos compatriotes dont beaucoup souffre de cette diaspora du « militantisme du ventre », vivant sur des fonds de commerce (racisme, ségrégation, discrimination, esclavage etc.) , tout comme j’ai rencontré des compatriotes appartenant à une diaspora responsable, consciente et bien intégrée par sa plus-value aux pays-hôte et qui est  consciente que la solution à trouver aux problèmes dont d’autres font des fonds de commerce, existent mais qu’il faut les solutionner dans l’intérêt de la nation. A savoir par les rencontres, le dialogue, la concertation, la tolérance   et surtout la proposition de solutions acceptables et acceptées, sans préjugés, ni ressentiments, ni agressivité. Et que si nos communautés ont vécu des drames humains, ceux-ci  doivent recevoir juste solution et ne pas servir à diviser plus encore le peuple et détruire la nation.

Cette bonne diaspora c’est celle qui est la véritable ambassadrice des idées de paix et des valeurs dans le pays-hôte. C’est en cela qu’elle se doit d’être associée au devenir du pays, au règlement de ses problèmes (de l’esclavage au passif humanitaire), car elle est indépendante de toute influence, de la mauvaise diaspora (avec ses réseaux du ventre et des fonds de commerce « humanitaires ») et des autorités du pays-hôte (auprès desquelles elle doit le séjour de ses membres de façon légitime et transparente.)


Entre ces deux diasporas, laquelle devrait nous représenter et laquelle sert le devenir de la nation ?
La réponse sera évidente pour celui ou celle qui croit, en son âme et conscience, que le pays a besoin de la contribution de tous ses enfants de valeurs pour le bâtir, y compris ceux de l’étranger qui ont dans leurs esprits et dans leurs actes la volonté de résoudre les difficultés de leur pays, dans l’honneur, la tolérance et le respect de leurs semblables.
La réponse ne sera pas évidente pour celui ou celle qui croit que c’est dans la fuite en avant et le refuge dans le giron des autres nations que les fils et les filles de ce pays pourront le bâtir en misant sur une éternelle victimisation qui ne justifie que leur mauvaise conscience.

Pr ELY Mustapha



[1] https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/08/25/fatou-diome-la-rengaine-sur-la-colonisation-et-l-esclavage-est-devenue-un-fonds-de-commerce_5502730_3212.html?utm_term=Autofeed&utm_medium=Social&utm_source=Facebook&fbclid=IwAR2P9erMO0bgHIFeE6HBT7UuCexAhp-ubtz2qbEcLyczeQ1wx3YdZ3argUA#Echobox=1566750951

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Pr ELY Mustapha

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Poésie de la douleur.