vendredi 11 avril 2008

Une société mauritanienne traumatisée

Les seigneurs de la guerre

J'ai écrit l'article qui suit le 21 juin 2006 et il fut publié sur Cridem. Je le reprends ici car en vérité tout cela n'était-il pas prévisible et dans l'air du temps? (je n' y ai pas changé la moindre virgule, car rien n'a changé.)


Que s'est-il passé dans notre pays pour que tant de haine latente, tant de coups, tant d'arrestations, tant de règlements de comptes viennent spolier notre espace de vie et d'espérance ?
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Qu'avons-nous fait durant toutes ces années, pour que notre pays si paisible aux mœurs si clémentes devienne le champ de tant de tensions et de soubresauts, de revanche et de réactions hostiles ?
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Est-ce ces coups de force à la tête de l'Etat qui ont convaincu le citoyen que plus rien dan notre pays ne peut plus se faire que par la force ? Avons-nous transposé cette violence jusque dans nos comportements quotidiens, reproduisant dans nos rapports sociaux cette violence qui inconsciemment nous vivons ?
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Est-il possible qu'une société saine se bâtisse dans la tourmente des complots, des arrestations et des actes de violence ? Est-il possible que le mental naissant de nos enfants d'aujourd'hui se construise autour de cette tension permanente, sans engendrer des générations futures de seigneurs de la guerre?
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Qu'on se le dise, la société mauritanienne est profondément traumatisée par tant d'années de coups de force, de frustration et de violence ; à telle enseigne que ce qui préoccupe n'est plus un éphémère putsch mais une inguérissable plaie qui s'est ouverte dans l'inconscient collectif engendrant la peur, la crainte et la révolte contenue.

Si l'Etat par la violence qu'il montre et par les tensions qu'il engendre est bien le premier responsable de cette traumatisante situation, ils n'en reste pas moins que les facteurs immunisant du peuple se sont depuis longtemps émoussés. En effet, ce qui protégeait mieux, que tout autre bouclier notre société et l'esprit de nos enfants des dérives, était notre foi, notre culture et le respect de nos valeurs.Où est donc notre foi qui prône la tolérance et l'amour du prochain ?
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Notre Islam s'est réduit dans nos têtes à un simple appel de muezzin et non point en une confiance en l'infini miséricorde de Dieu.
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Nous avons réduit notre foi en prières de pardon mille fois répétées oubliant que bien mieux que de demander pardon c'est de ne point commettre de crimes. Nous avons, jusque dans ces lieux construits pour adorer Dieu, immiscé les politiques d'ici-bas au nom de gouvernants éphémères face à l'éternité de Dieu.
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Nous avons réduit nos enfants à quémander dans les rues leur pitance pour plaire à quelque marabout au détriment d'une bonne éducation coranique initiée par leur géniteurs.
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Géniteurs défaillants, enfants abandonnés. Une foi en déliquescence. La culture qui est le moyen de résistance des peuples à l'oppression et à l'adversité s'est quant à elle réduite à sa plus simple expression. Elle est ce que les organes officiels veulent qu'elle soit ou qu'elle devienne. En somme rien.. Sinon une culture du non-développement, de l'esprit grégaire. Une culture de l'oisiveté et de la propagande. Quant à nos valeurs, elles ont souffert de tant d'années d'injustice et d'oppressions qu'elles ont fini par céder et se transformer en leur contraire.
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Tout ce que la morale réprouvait, tous les vices se sont transformés en vertus...Le vol, la traîtrise, le mensonge, pour ne citer que ceux-là, ont envahi l'espace des valeurs. Et le dernier bastion de résistance à l'interdit, est tombé mettant ainsi à nu les faiblesses du citoyen face aux hégémonies du pouvoir.
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Voilà pourquoi, la foi, la culture et les valeurs morales s'étant affaiblies, la brèche par laquelle la violence s'est infiltrée s'est ouverte. Et quand cette violence est au quotidien que restera-t-il au peuple sans défense sinon le trauma ou la reproduction de cette violence?
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La haine n'engendre que la haine. Et dans cet amalgame les tensions poussent et repoussent au gré des dissensions et des structures socio-politiques et politico-militaires qui se reproduisent à l'infini.
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Oeuvrons pour que tombe cette tension et cette violence, retrouvons notre foi, réhabilitons notre culture, redorons nos valeurs pour qu'en nos enfants ne grandissent pas des seigneurs de la guerre.

Pr ELY Mustapha
21 Juin 2006


Lien de l'article sur Cridem: http://www.cridem.org/index.php?id=82&no_cache=1&tx_ttnews[swords]=ely%20mustapha&tx_ttnews[pointer]=4&tx_ttnews[tt_news]=4332&tx_ttnews[backPid]=84&cHash=7552e7708f

1 commentaire:

  1. Bonjour Pr,
    D'abord je vous félicite pour les contributions pertinentes que vous publiez régulièrement et qui éclaire
    l'opinion d'une façon simple et non ambigu.
    Je trouve inquiétant ces jours-ci que aucun membre du gouvernement n'est venu nous expliquer dans un point de presse ce qui ce passe et quelles sont les mesures prisent pour répondre a cette situation dramatique.
    Je pense que c'est soit l'incompétence ou la malédiction!!!
    Que pensez vous

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Pr ELY Mustapha

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Poésie de la douleur.