mercredi 31 octobre 2007

Souvenirs d’un symbole ami

Habib Ould Mahfoudh : la fierté d'une nation


La dernière fois que je le vis c’était en 2000, il était dans son bureau au Calame, visiblement très fatigué mais comme à l’accoutumée, il ne le faisait pas transparaître. Dans une attitude que nous lui connaissions depuis le lycée il s’appuyait sur son ineffable dérision qui lui servait de bâton de pèlerin.

Il avait les yeux cernés et l’article que je lui proposais emporta une adhésion qu’il m’exprima avec son allant de battant. Je craignais, en effet, que cet article là n’entraîne encore une millième censure du Calame. Le titre sonnait le glas d’un régime : « Je suis revenu en Mauritanie dix ans après et j’ai retrouvé un pays qui a fait dix ans en arrière. ». Et Habib balaya mes appréhensions, il en avait vu d’autres et qu’importe une censure pour celui-là ou pour d’autres…Mon article fut publié et je sus que le journal en a subit les foudres, mais cela ne faisait que grandir celui qui, hélas, s’éteignit une année plus tard.

Habib fut mon promotionnaire au lycée national de Nouakchott et si mes souvenirs sont bons, il était détaché, désinvolte et studieux à sa manière, grand lecteur doublé d’éloquence. Il a avait déjà l’étoffe de celui qu’il allait devenir : le plus grand journaliste que la Mauritanie ait connu depuis l’indépendance.

Qui n’a pas lu les « Mauritanides » de Habib, n’a jamais lu la presse du temps où il vivait. Et celui qui ne les lirait pas maintenant ne comprendra jamais ce qui est en train d’advenir de la Mauritanie d’aujourd’hui.

C’est autant dire que Habib Ould Mahfoudh est toujours parmi nous par son esprit et celui de ses écrits. Il a donné à son pays les plus belles pages de l’écriture journalistique engagée. Un combat de la plume et de l’honneur qu’il a mené jusqu’au bout souvent dans un dénuement retenu et une solitude totale.

Mais ceux qui furent l’objet de sa plume se souviennent de ses boutades qui ébranlèrent leur conscience. Les arrivistes, les clientélistes, les opportunistes, les malfaiteurs du cercle politique, les colonels, les caporaux, personne n’a échappé à ses vindictes.
Un frondeur qui donna à nos régimes déchus les gifles qui marquent encore les joues de ceux qui les ont traversés.

Habib restera longtemps le combattant d’une Mauritanie de la pensée libre, de l’humanisme et de la fierté et si ceux d’aujourd’hui, ses victimes d’hier, partis à la reconquête du pouvoir pensent qu’il s’en est allé, qu’ils désenchantent : Habib Ould Mahfoudh est bien vivant dans le cœur de ceux qui l’ont lu et de ceux qui le liront. C’est autant dire bien des générations passées et à venir.

Pr ELY Mustapha

2 commentaires:

  1. allah yarhmou,
    notre dernière rencontre exactement le 08 septembre 2000 à la clinique ibnou sina ou nos deux enfants sont nés le 09 septembre 2000.
    Meima

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  2. Habib repose en paix dans la misericorde d'Allah,je suis un promo de Habib. Un jour à la buvette de la Radio il m'a dit "en 2000 Nouakchott sera encore plus dégradé et plus sale qu'aujord'hui. C'etait exactement en en Mai 79.

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Pr ELY Mustapha

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Poésie de la douleur.