dimanche 14 octobre 2012

Aziz touché, nous le sommes aussi.

 

Rectifier le tir

 

KEPI GENERALAziz touché, nous le sommes aussi. Non pas que nous ayons jamais soutenu ce putschiste légalisé en Président mais parce que nous ne souhaitons pas qu’un de nos compatriotes, fût-il Général, puisse souffrir en son corps. Il est donc de notre devoir de prier pour le prompt rétablissement du Général Mohamed Ould Abdel Aziz. Nous savons faire la différence entre la lutte des idées de celle des personnes .A travers les articles de ce blog nous avons toujours privilégié la première au détriment de la seconde.

Aujourd’hui, que le général est touché nous faisons profil bas, pour respecter sa souffrance. Mais l’on ne peut que s’interroger sur ce qui s’est passé. ; non pas à propos des tirs qu’il a essuyés (des enquêtes établiront probablement la vérité), mais pourquoi en est-il (en est-on )arrivé là ?

Ce qui est certain, c’est que la Mauritanie vit des tensions internes et externes très vives. Et lorsque le chef de l’Etat essuie des tirs au point d’en être blessé par les forces qu’il dirige, une question cruciale se pose : le pays est-il capable de supporter les tensions qui le secouent jusque à ses frontières ?

Autant de questions qui trouvent un essai de réponse dans les éléments suivants qui tous relèvent de l’observation de l’évolution politique de la Mauritanie depuis l’avènement de Aziz au pouvoir. Ces éléments tiennent à la personne elle-même du général Aziz (I) et à son environnement politique immédiat (II)

 

I- Les éléments tenant à la personne même du général

 

Nous avons sur ce blog consacré plusieurs articles à l’analyse de la personnalité du général Aziz; voir notamment :

Analyse psychique d’un putschiste légalisé, sur le départ.

Analyse psychique d’un général (deux fois) putschiste, chef d’Etat

Approche psychique d’un général emprisonnant

Le général limogé ou la solution à la crise

La politique d’Aziz : la terre brulée

De la phraséologie du général

Icare en Etat de Siège

Ce qui en ressort peut être résumé en quelques lignes et explique pour une part ce qui est arrivé :

- Aziz est imbu de sa personnalité, il n’écoute que lui-même ;

- Il est trop sûr de sa façon de gérer l’Etat et ne reconnait pas ses erreurs ;

- Il est toujours sur la défensive et prend ses adversaires de haut ;

- Il a trop de certitude quant à sa capacité de se protéger lui-même (le « syndrome du Basep)

- Il a une négligence manifeste pour le reste de l’armée mauritanienne qu’il pense amadouer en mettant ses hauts officiers dans le confort matériel ;

- Il a une confiance infantile au BASEP qu’il surarme et en fait un bouclier.

La conséquence d’une telle attitude de mépris et d’autosuffisance ne pouvait que générer la frustration et l’esprit revanchard de toute une partie de l’armée, notamment des officiers et des sous-officiers (au front et à la corvée) et d’une classe politique rabrouée et matée occasionnellement par la force.

 

I- Les éléments tenant à l’environnement politique immédiat du Général

 

Bien qu’il soit resté longtemps dans l’ombre de Taya, qu’il ait vécu dans les coulisses d’un pouvoir répressif et omnipotent où il a fait ses classes de putschiste parmi les intrigants de Palais, Aziz n’a cependant pas assimilé une leçon essentielle : le pouvoir corrompt. Et en Mauritanie, il corrompt à travers les courtisans.

Les courtisans se sont ceux qui ont fait croire à Aziz qu’il avait la légalité et la légitimité de gouverner, qui l’on entouré, dès le premier jour de son accès forcé au pouvoir, applaudissant à se rompre les « phalanges ».

Ces courtisans ce sont ceux qui lui ont confectionné un parti fantôme (UPR) et qui lui ont fait croire qu’il gouverne avec une légitimité partisane. A-t-on jamais vu un parti qui nait après des élections présidentielles et qui se déclare « majorité présidentielle ». Le ridicule ne tuant pas , il induit son homme en erreur. Aziz en fut un.

Des courtisans brassant à bout de bras les deniers de l’Etat sous la bénédiction d’Aziz (des banquiers des commerçants cousins), des projets bradés à la parentèle (blocs, aéroports, concessions diverses de service public, marchés publics…).

Aziz accapare et distribue dans une stratégie aussi vielle que le temps : une bouche pleine ne peut parler, un ventre rassasié s’endort et un intérêt partagé est un soutien.

Mais Aziz a vite oublié que ce qui s’obtient par la force finit toujours par être rendu par la force. Et que ce qu’il aurait dû faire c’était d’œuvrer à résorber une violence qu’il a inaugurée, depuis son coup d’Etat. Car la violence n’engendre que la violence et doublée d’injustice, elle emporte son homme.

Aziz n’a ni bâti la paix intérieure et encore moins la paix extérieure. Cette dernière a été sacrifiée aux alliances floues (avec des groupuscules) et aux accords secrets (avec des factions) qui ont miné toute crédibilité de son action sincère dans la sous-région.

Ses courtisans avides de gains à l’intérieur, sa médiocre diplomatie à l’extérieur, finiront par avoir raison de lui. Ses blessures aujourd’hui, il les doit à cette situation. Car ce n’est pas un ennemi potentiel, El Qaida qui les lui a infligées, c’est bien des éléments de son propre environnement interne.

 

En effet, comme nous l’écrivions, il y a quelques mois à peine, la Mauritanie est en danger  (voir l’article ici) Nous constations que les prémisses de la crise deviennent des symptômes apparents d’un danger qui risque d’emporter toute la nation : « Ce qui est certain, puisque pris entre le marteau (son gouvernement irresponsable) et l’enclume (son espace géopolitico-humain bouillonnant), le fer ( le peuple opprimé, miséreux et dominé) va chauffer. Il est à craindre que l’instigateur de tout cela et ses courtisans du palais ocre ne soient bientôt marqués au fer rouge. »

 

Aujourd’hui où nous constatons que l’Etat est frappé à sa tête, nous ne pouvons que prier pour que celui qui le représente (plus de force que de gré) se remette au plus vite et… remette en cause sa façon de gouverner. Il en va du devenir d’une nation plongée dans la tourmente, les hommes, eux, sont éphémères.

Aziz de la “rectification de la Démocratie” (dixit Ahmed Daddah), se doit désormais de rectifier le tir.

Pr ELY Mustapha

11 commentaires:

  1. Merci encore mon cher ami pour cette belle et pertinente analyse. Il n´y a rien à y ajouter. LLC.

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  2. Merci professeur.
    Bon rétablissement à Aziz.

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  3. cher ami

    n'hésitez pas à proposer
    vos articles aux webmasters de la place
    afin d'en faire profiter le plus grand nombre

    ciao

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  4. Cher prof,

    C'est une bonne leçon pour tous ceux qui veulent faire croire que nous sommes des ennemis les uns pour les autres.
    Comme d'hab vous nous éclairez.

    @Tanguy

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  5. Un article à faire lire à tous.

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  6. comme d'autre on rien a ajouter votre article et complet merci

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  7. comme d'autres on dits y'a rien a ajouter votre analyse et complet merci

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  8. Les actes rattrapent toujours leur homme. Aziz a voulu présider à sa façon. Il n'a écouté personne comme vous l'avez très bien dit.
    Maintenant, nous demandons à Dieu de le sauver. Votre article est très noble.

    Grand merci.

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  9. Sir,
    You deserve the badge of intellectual courage.

    Ely O. Sneiba

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  10. Ah! Si seulement on vous nommait premier ministre prof. Beaucoup de choses changeraient.
    Je suis parfaitement d'accord avec l'un des commentateurs. Envoyez vos commentaires pour les sites nationaux, beaucoup de vos concitoyens en profiteraient en bien.
    Merci professeur.
    Mohamed ould Hanefi Koweit.

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  11. Vous nous avez beaucoup édifié comme par le passé. J'espère que la Mauritanie profiterait de votre savoir et clairvoyance.
    Bien à vous

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Pr ELY Mustapha

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Poésie de la douleur.