mercredi 31 octobre 2007

Le Président de la République est-il trop payé ?

Voici comment fixer le « salaire » du Président de la République


Le salaire du président de la République française vient d’être augmenté le 30 octobre 2007 de 140 %. L’amendement gouvernemental voté par l’assemblée nationale a aussi triplé le budget de la présidence de la république.

En Mauritanie le Président de la République a quant à lui réduit son salaire en acceptant une réduction de 20% aussitôt suivie par ses ministres. Ce geste est important car il dénote de la perception que le chef de l’Etat peut avoir de son salaire par rapport aux revenus en Mauritanie. Il comprend que moralement un salaire trop élevé est mal perçu dans un pays pauvre comme la Mauritanie.
Toutefois l’on pourrait seposer la question de savoir si cette attitude visant à juger du niveau du salaire du président de la République est justifiable ?

En France si Sarkozy a demandé l’augmentation de son salaire c’est bien pour…aligner son salaire sur celui de son Premier Ministre ! En effet jusqu’à l’amendement du 30 octobre 2007, le salaire du Premier Ministre français était le triple de celui du Président de la République. Soit un salaire de 20 206 € (brut par mois) contre 6 594 € (brut par mois) pour le Président de la République.

Salaires convertis au cours de l’ouguiya/euro (au 31 octobre 2007 ): 7.355.961,99 ouguiyas pour le Premier Ministre et 2.400.535,16 ouguiyas pour le Président de la République.

Ainsi en France et jusqu’à l’avènement de Sarkozy, le Premier Ministre était mieux rémunéré que le Président de la République. Et cela ne soulevait pas beaucoup de vagues. Aujourd’hui que leurs salaires sont équivalents cela n’empêche pas la critique générant le pour et le contre. Ainsi certains pensent qu’au « pays des SDF », c’est un acte odieux et amoral, d’autres pensent au contraire que le Président de la République ne doit être moins payé que les mieux pays de la République notamment les dirigeants d’entreprises qui reçoivent des millions d’euros en salaires.


Le Président de la République n’a pas de prix, mais il a un coût.


Le salaire d’un Président de la République ne doit pas être très élevé du fait de la nature même hautement morale et symbolique de la fonction.

Toutefois, il faut comprendre que le Président de la République plus que toute autre personne se doit d’être mis à l’abri non seulement du besoin mais de tout tentation matérielle qui risquerait d’hypothéquer son indépendance à l’égard de toute personne physique (individu opulent) ou morale (entreprise nationale ou multinationale). Situation qui on le sait pourrait non seulement avoir des conséquences sur sa personne mais aussi à travers ses décisions. Or les décisions du Président de la République tout autant qu’elles peuvent être bénéfiques pour la nation peuvent aussi lui être fatales. Ni la tentation financière, ni la corruption, ni le trafic d’influence ne doivent effleurer la fonction présidentielle. Le Président de la République se doit d’être au-dessus de la mêlée. Pour cela il convient de lui garantir un revenu respectable et suffisant.

Combien diront certains ? Et c’est là où il convient de trancher le problème. Et nous pensons qu’il faut plutôt ne plus penser « combien » mais « comment ». En voici les raisons:

- le président de la république n’est ni un « employé » d’une entreprise privée, ni un « fonctionnaire » de la fonction publique et il convient de ne pas appréhender sa fonction sous cet angle. Il ne peut être sujet ni à une appréciation de rentabilité économique ou financière pouvant le faire sous un angle de rentabilité ou de productivité quelconque. Ses actes ne se jugent pas à l’aune et à la mesure financière.

- Le Président de la République est une autorité constitutionnelle, il est le chef de l’exécutif, l’un des trois pouvoir constitutionnels et il est le chef de l’Etat. Il est par son existence institutionnel, un symbole. Et on ne peut évaluer le valeur d’un symbole. Il représente la morale, l’intégrité, la souveraineté et l’invulnérabilité de l’Etat. Il est l’image du pays et cela n’a pas de prix.

Toutefois si l’institution présidentielle n’a pas de prix (et ne doit pas être appréciée en tant que telle) elle a cependant un coût. Et c’est ce coût qui saute aux yeux du citoyen et lui fait poser des questions. Dans un pays démocratique aux ressources limitées c’est bien une interrogation légitime à laquelle d’ailleurs l’actuel président Mauritanien a déjà répondu par son attitude de diminution de son salaire.

En effet, la question du niveau du salaire du chef de l’Etat est à la mode et semble désormais s’inscrire dans les droits démocratiques du citoyen de s’interroger à son propos.
Mais si un tel droit est légitime est-ce vraiment là la bonne question ?

Car si le salaire du président de la République est connu et peu faire l’objet d’une révision légale, périodique, en suivant des règles prescrites à l’avance, la vraie question qui doit être posée pour la sécurité de la nation est la suivante :

Le Président de la République a-t-il le droit de diminuer son salaire ? En le faisant rend-t-il réellement service à la Nation. ?

C’est là un questionnement vital pour la préservation de l’autonomie financière du Président garante de son indépendance vis-à-vis de tous les groupes d’influence financier économiques et autres qui pourraient exploiter cette défaillance

En clair, ne pas octroyer un salaire important au président de la République, c’est mettre les intérêts de la nation en danger. Et nul n’est infaillible.

Alors, il faut que la nation supporte le coût d’une institution constitutionnelle qui n’a pas de prix. Et que ce coût soit à la mesure de la fonction de Président de la République.

Mais pour que la question de ce coût qui est perçue, populairement, à travers le « salaire » soit tranchée, il faut absolument proposer des critères d’évaluation de ce coût.


Proposition de critères d’évaluation du salaire du Président de la République

Le président de la République étant élu au suffrage universel direct et tirant sa légitimité directement du peuple, nous proposons de prendre le peuple comme référence pour établir le salaire du président de la République.

Première solution : Au moment du vote aux présidentielles le peuple votera en même temps pour le président et pour ses émoluments(intervalle salarial).
Au moins le peuple ne sachant pas ce que le président lui coûtera politiquement aura au moins une certitude de ce qu’il lui coûtera financièrement. C’est déjà cela de gagné.
Mais cette solution on le voit est difficile à mettre en œuvre et peut entraîner des confusions et de mauvaises interprétations.

La seconde solution : cette solution nous semble la plus adéquate. Il suffit simplement d’indexer le salaire du Président de la République sur le nombre de la population. Ainsi le salaire sera égal statistiquement au nombre de Mauritaniens vivant sur le territoire national (et pourquoi pas à l’étranger) auquel on pourrait affecter un multiplicateur (quinquennal ou décennal) s’il y a lieu approuvé par législation mais non modifiable sur dix ans.

Ainsi en adoptant cette méthode, le salaire du président de la république (sans multiplicateur) sera de 3 millions d’ouguiya environ et si on lui affecte un multiplicateur décennal (exemple "2)", il sera le double 6 millions d’ouguiyas hors avantages et services affectés à la présidence.

Ce critère offre l’avantage de la clarté et de la précision, il évite la contestation et l’aléa dans l’attribution du salaire.

La règle démocratique sera donc: un mauritanien un vote.

La règle financière : un Mauritanien, une ouguiya.


Quelques remarques utiles :

- Avec la règle, "un mauritanien, une ouguiya", les mauritaniens à l’étranger seront sans aucun doute invités très cordialement à voter.

- le chef de l’opposition pourra voir lui aussi son salaire indexé sur le nombre de votes qu’il a reçus ; mais sans prétendre comme le Président de la République au nombre total de la population. Car un chef de l’opposition ça ne représente que ceux qui ont voté pour lui alors que le Président de la République élu est constitutionnellement celui de tous les Mauritaniens.

- Surveiller attentivement les statistiques démographiques car habituée aux manipulations l’administration publique pourrait interdire le planning familial…


Voici donc un salaire que personne ne pourrait plus contester car si le Président de la République est l’ombre du peuple, son salaire le sera de son nombre.

Le président de la Président n’ayant pas de prix, il aura un coût que personne ne peut contester et équivalent au nombre des citoyens qu’il représente.

Pr. ELY Mustapha

8 commentaires:

  1. Serions nous soixante million que le salire de notre president serait d'autant?
    Le president de la France devrait être payé 60 millions d'euros ou devrait on instaurer l'ouguiyas comme unité internationale des salaires presidentiels de part le monde?
    Voici ce que quelqu'un que je connais appelerait un raisonnement capillotracté. On dirait que les ujets vous manquent, pas l'inspiration.
    Désolé prof, mis vous avez de bien meilleures analyses.

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  2. Non Ano 31/10/07,le Salaire de Sarko,serait de 120 Millions d'Euro,selon le prof(60x2).D'accord,avec toi,Ano,ce n'est pas la bonne manière de fixer le salaire du président,qui doit dépendre de plusieurs facteurs:le salaire des ministres,du niveau de vie du pays,de l'inflation,etc.

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  3. Cher(e) anonyme,

    Bonjour et merci pour votre message.


    Si la population mauritanienne passait à 60 millions d’individus cela signifierait suivant les estimations de l’essor démographiques pour notre pays que nous serions en l’an 2100 et que d’ici là si par notre croissance économique et notre expansion industrielle et technologique nous ne pouvons assurer un salaire de 60 millions d’ouguiyas (sans tenir compte de l’inflation, de la dépréciation et de l’érosion monétaires) à notre président de la République,vous conviendrez avec moi que nous ne sommes pas une nation viable.


    D’autre part, si vous avez l’amabilité de lire les commentaires à l’article précédent vous comprendrez que, outre que cet article est une réponse à une question qui m’a été adressée par un lecteur, actuellement le sujet est fortement d’actualité du fait de l’approbation, aujourd’hui en France, de l’amendement gouvernemental et qui a généré les polémiques.


    Enfin, vous remarquez bien justement que ce ne sont pas les sujets qui manquent mais vous comprendrez aussi que l’on ne peut les traiter tous en même temps et que l’intérêt pour un sujet est variable d’une personne à l’autre.


    Fraternellement

    Pr. ELY Mustapha

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  4. salut,

    le professeura bien dit il faut comptabiliser la population et lui affecter un multiplicateur; donc c'est correct.
    Ce multiplicateur peut être + ou -

    le salaire en Mauritanie du presid peut être de:

    3 million X 2 = 6 millions d'ouguiyas

    etcelui de sarkosy de:

    60 millions X 0,001 = 60 000 euros

    Et comme le dit le prof ce multiplicateur estfixé parla loi il est plus sure.

    En tout cas la solution donnée par le prof existe eton peut l'amélioré.

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  5. C'est vrai et c'est une bonne question que tu poses prof : le président ne doit pas baisser de lui même son salaire! Car il risque d'être en manque d'argent et c'est grave pour ses décisions pour certains personnes qui ont de l'argent.

    merci

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  6. j'apprécie beaucoup votre sens de reflexion notamment sur le salaire qui aurait comme déterminant la population totale (je dirai résidente)avec un multiplicateur qui n'est pas nécessairemnt supérieur à 1. merci pour vos articles pertinents; A l'endroit de ceux qui pensent que vous manquez de sujets ... qu'ils fassent des propositions
    salut prof

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  7. Notre prof ELY
    Beaucoup d'humour et de sérieux dans cet article et comme vous le dites très bien "un président ça n'a pas de prix mais ça à un coût" et surtout que ce coût peut être évalué.
    Importante analyse dans le respect de la fonction de président et de son indépendance.

    je vous ai relis souvent deux fois et je trouve que vous écrivez comme personne.

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  8. Prof,

    Je ne suis pas d'accord avec votre proposition !.

    D'accord pour indexer le salaire du president sur le nombre de votants potentiels (disont 3 millions). Cela fait 3 million d'UM par mois (suis pas d'accord avec l'ano qui multiplie la population par 2, soit 6 millions par mois - c'est certainement un membre de sa famille).

    Alors, pourquoi ne pas indexer le salaire de depart de 3 millions sur l'inverse du taux d'inflation. Cela le forcerait a regarder de pres la cherete de la vie et il gagnerait en luttant contre l'inflation, au lieu de gagner des ouguiyas supplementaires des qu'un enfant est né. Avec d'autre alternative que la pauvrete et l'inflation, les pauvres n'ont d'autre option que de faire des enfants (lol). Cette proposition tient-elle la route? Il a fallu aujourd'hui ou hier pour que le salaire du President français avoisinne celui du Président mauritanien ! C'est du vol légalisé pour les deux !

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Pr ELY Mustapha

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Poésie de la douleur.