lundi 17 septembre 2007

L’opposition mise en cage

Où est Ahmed Daddah ?

Y’a-t-il un capitaine à bord ? Pourrions-nous dire. Ahmed Daddah a disparu de la scène politique. Une brève apparition lors des inondations de Tintane et c’est tout. Va-t-il limiter ses apparitions aux inondations ? Ce qui est certain c’est que le calme plat règne sur le parcours politique récent de cet homme politique.
L’homme qui était de toutes les situations, qui pourfendait vents et moulins s’est assagi d’un seul coup. La scène politique mauritanienne le désole-t-il à ce point ou a-t-il trouvé que tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles ?
De toute évidence, Ahmed Daddah, n’est plus de toutes les guerres, il semble avoir choisi le front de la paix. Mais est-ce là le rôle d’un opposant historique ?

On aurait pu le croire, si arrivé au pouvoir il avait été satisfait des réformes entreprises et si convaincu de ses réalisations, il s'était refugié dans le calme, celui de la satisfaction d’un travail accompli. Or on le sait, il n’en est rien.

Le paysage socio-économique est en déliquescence avancée et le pouvoir n y a pas apporté des solutions convaincantes, la scène politique se repeuple d’ombres mystérieuses de jadis, le paysage politique se recompose à la hussarde en une mosaïque partisane à l’allure de déjà-vu. La drogue sévit et la mafia s’est appropriée les créneaux du système économique, le pauvre citoyen peine sous le poids d’une économie de la cherté, de l’endettement, du besoin et de la pauvreté.

Et dans tout cela où est Ahmed Ould Daddah? Où est, à travers lui, toute l’opposition qu’il haranguait ?

C’est aujourd’hui et maintenant que l’opposition se doit de jouer son rôle. C’est aujourd’hui et maintenant que le système politique en place a besoin d’interlocuteurs dynamiques et capables de redresser la barre à travers une opposition contrepoids au dérapage.

Le vide du paysage politique laisse perplexe ces 47,15% de Mauritaniens qui ont voté Ahmed Daddah, aux élections présidentielles, et qui se retrouvent aujourd’hui devant un homme qui semble peiner à continuer cette lutte qu’ils lui ont confiée.

Ahmed Daddah a-t-il baissé les bras ?

Tout semble le faire croire à travers sa disparition du paysage médiatique.

L’opposant aguerri s’est-il laissé prendre par le confort institutionnalisé de sa « fonction » de leader de l’opposition et s’est, à travers cet office, imposé un droit de réserve ?

On ne saurait le dire mais si l’on compare l’homme dynamique, virulent, actif, dénonciateur et pourfendeur de l’ordre d’avant mars 2007 et celui d’aujourd’hui, assagi, prudent, épisodique dans ses déclarations, effacé on peut dire qu’Ahmed Daddah n’est plus ce qu’il était. Car rien ne justifie une telle attitude. Ni la situation économique et financière, ni la situation politique du pays ni sa situation sociale ne sont des motifs de satisfaction . Et l’opposition semble avoir disparu de la scène politique.

Quelles conclusion en tirons-nous ?

Une conclusion qui se base sur un constat amère : l’opposition et son leader se sont laissés piéger par l’institutionnalisation de leurs fonctions.

D’un côté le leader de l’opposition s’est trouvé enfermé dans une fonction aux devoirs et aux rôles législativement bien définis le transformant en une institution statique qui se meut avec le pouvoir , qui l’accompagne, qui se concerte mais ne s’oppose pas. Une forme de « ministère de l’opposition » qui a institutionnalisé une neutralité de fait basé sur une gestion « concertée » de l’opposition. On ne s’oppose plus : on discute. Une opposition à palabre.

De l’autre côté une opposition prise dans l’enceinte du parlement et qui avec ses quelques députés s’évertue chaque jour à discuter, à amender des lois oubliant que ce n’est là qu’une infime part de son rôle.
Une opposition qui s’est complètement réduite à un rôle en aval de pronunciamiento sur des actes qu’elle aurait du plutôt moduler en amont par l’influence qu’elle doit exercer sur le pouvoir à travers son opposition sur le terrain social et économique. En somme auprès du peuple. Et à travers ses méthodes de sensibilisation populaire, ses dénonciations, ses manifestations, ses négociations et son poids dans la scène politique partisane.

L’institutionnalisation de l’opposition , « parlementarisée » et réduite à amender des lois dont la confection et l’essence lui échappe, la fonctionnarisation de son leader, le réduisant à un gestionnaire de l’opposition, explique pour une large part cette léthargie dans laquelle l’opposition est tombée.

Or l’opposition a besoin de liberté, elle a besoin de n’être liée que par des principes qu’elle défend. Elle doit être présente dans le peuple et avec lui . Défendant pied-à-pied et au jour le jour ses intérêts. Haranguant les foules quand il le faut , appelant à la résistance quand c’est nécessaire. Bref une opposition qui s’oppose.

Or en entrant dans le jeu de l’institutionnalisation et de la « fonctionnarisation" , l’opposition a été prise au piège. Elle est devenue une partie du système auquel elle est sensée s’opposer. On l’a mise en cage..dorée.

Pr ELY Mustapha
* La calligraphie illustrant cet article est de Moustapha Al-Arabi elle reproduit en Calligraphie un proverbe russe: "Pour le rossignol, cage dorée n'est pas une joie". Site Web: http://www.kaosmos.be/oeuvres/artistes/moustafaalarabi.htm

10 commentaires:

  1. cher prof
    aod a tout donne à la mauritanie et la mauritanie ou le peuple mauritanien n'ont rien donne à aod lui au moins a su recompenser maalouma en l'a rendant senatrice.
    si aod savait bien ecouter ses compagnons de combat il aurait laisse la scene politique et abandonnerait ce maudit poste de chef d'opposition qui n'est qu'un cinema.

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  2. cher anonyme de 18 septembre 2007,

    Je suis d'accord avec toi que Ahmed,malgré toutes les critiques récentes qu'on lui porte n'a pas été recompensé à la mesure des efforts qu'il a consentis pendant toutes ces années.

    Mais il faut persévérer. La scène politique sans Daddah, serait bien vide. Et le peuple semble avoir hélas, une mémoire bien courte.

    Pr. ELY Mustapha

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  3. Avec le temps, on s'assagit. le poids de tant d'annees d'effort pese sur le dos de l'eternel et farouche opposant qui au bout de la course s'essoufle, se remet en question, reflechit et peut-etre se demande: Cela vaut-il la peine ? Jusqu'a quand vais-je continuer ma lutte, les mauritaniens meritent-ils tout ce sacrifice?

    Et puis voila qu'on propose au lion fatigue une cage doree.....difficile de resister.

    hamid

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  4. Ahmed s'est tu, à mon avis, car il a constaté avoir commis une erreur monumentale en entérinant sans réchigner le coup d'Etat d'aout 2005.

    Il aurait après ce coup l'organisation immédiate d'élections prédientielles et législatives et ne pas laisser les militaires préparer le terrain pour leur succession.

    Il a raté ce virage malheureusement.

    Sanhaji

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  5. Sanhaji,

    Tu as raison. Ahmed s'est fait avoir par les militaires. Rapelle-toi comme x l'avait dit: ils ont clignoté vers Ahmed (et tu as eu les Hamza et Mint Ahmed Aicha et Co le rejoindre), mais ils ont viré vers Sidioca (avec les ZZ et les ex-PRDS se joindre a ce dernier). C'etait tout planifié depuis le debut et la preuve c'est la creation du parti-etat pour Sidioca avec l'afflux du PRDS et associes. C'est clair comme un diamant, le plan. L'autre preuve: la colle Aziz.

    Pour moi, Sidioca a saboté le processus démocratique en se faisant "voter" parceque tout le monde avait marre des militaires. Il ne reussira rien d'ici 2012. Just a waste of time and energy. Oui Sanhaji, je suis d'accord avec toi. A-

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  6. Prof ,
    Il faut donner du temps à Aod de s'installer dans ses nouvelles fonctions , il faudrait aussi laisser ce nouveau systeme fonctionner un peu avant de commencer à criitquer et proposer etc..
    Aod ne pourra defier les lois de la physique il faut action pour avoir un reaction je dirais plutot une position pour faire une opposition .
    L'on s'accorde aisement de croire que ce nouveau regime ne fait aucune action et ne determine aucune position.
    Autrement dit Aod à du pain sur la planche et c'est le factuer temps qui lui portera secours .
    D'autre part l'on critiquait Aod pour son impatience etc... il devient patient et hope c'est un signe de retraite.
    Prds

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  7. cher prof
    je suis l'ano de 00:09 du 18/sept
    je voulais vous dire que non slt aod est decourage, mais il a condamne toute une region qui a vecu l'isolement au temps de mosat et entrain de vivre la segregation jamais connue entreprise par zz et aziz,actuellement mis à part killy qui ne represnte en rien la region de btt et ses environs c'est le vrai chomage pour tout les cadres de btt qui sont entrain de payer le fameux vote sanction du trarza.

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  8. Cher Anonyme,

    Ce que tu dis est désolant et regrettable s'il s'avère juste.

    Cependant, jusqu'à présent rien dans la volonté ou dans les actes de sidioca ou de son PM ne montre une volonté affichée de porter préjudice aux cadres du Trarza.

    Toutefois, et natureellement, dans tous les gouvernements du monde ceux qui arrivent au pouvoir choisissent dans leur entourage et dans ceux qui les ont supportés leurs équipes gouvernementales, leurs conseillers etc.

    Aussi si les gens du Trarza ne sont pas nombreux dans les postes politiques cela pourrait se comprendre.

    Ce qui serait, par contre, grave c'est qu’ils soient explicitement ou tacitement écartés de l'accès à la Fonction publique par exemple ou aux emplois requérant expertise et compétences.Ce que personne ne souhaite et que certainement les autorités n’ont pas intérêts à faire ni pour les gens du Trarza ni pour quelque région du pays qu’elle soit.

    Le passé récent nous montre ce que cela a donné comme réactions violentes que personne aujourd’hui ne veut plus revivre.

    Fraternellement

    Pr ELY Mustapha

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  9. merci mon cher prof
    vous avez bien raison que chaque elu choisi ses proches collaborateurs par gratitude mais prof nous avons constate que jusqu'à present et là je ne parle pas des postes de ministre,conseillers ambassadeurs...
    mais des organigrammes des ministeres les gens du trarza sont rares pour ne pas dire absents,et là chacun rend aod responsable de ce qui se passe actuellement .je pense que le peuple mauritanien a fait son choix et il faut qu'il l'assume.

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  10. cher prof saha esshourak

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Pr ELY Mustapha

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Poésie de la douleur.