samedi 26 septembre 2020

Ne m’appelez plus docteur ! Par Pr ELY Mustapha

Ne m’appelez pas docteur, ingénieur, maitre et surtout pas professeur etc…Appelez-moi, voleur, malfaiteur, criminel, détrousseur, menteur, fourbe, corrompu, chapardeur…etc.  

Quand on acquiert désormais un poste politique en Mauritanie on perd ses attributs académiques et professionnels, on est désormais… juste ce qu’il faut pour être conforme à son poste.

Et la question est désormais, pourquoi empêche-t-on qu’un ministre puisse être interpellé par son titre académique ou professionnel ?

Y’a-t-il plus de noblesse à se faire donner du « ministre » que du « docteur » ? Certainement pas. Et surtout pas en Mauritanie où les tribunaux ne savent plus où ranger leurs justiciables ministres, criminels, corrompus et autres délinquants qui chutent comme des feuilles mortes du sommet de l’Etat, dans les cours et les tribunaux.

Le mot « ministre » vient du mot latin « minister ». Ce mot latin « minister» a été formé de « minus » qui signifie «inférieur».  Il signifie parfois « serviteur » dans le sens de premier serviteur.

Il est donc probable que l’on ne peut être un « minus » docteur car un docteur est un titre de noblesse cognitive et minus un titre de servitude politique. Et de ce point de vue on comprend, qu’un docteur ne peut pas être un serviteur sauf de sa conscience et de sa science. Pas la conscience d’autrui et les turpitudes de son maître.

Cette fonction de « serviteur » ne prend son sens et sa noblesse que dans les régimes démocratiques où la redevabilité, le respect de la volonté du peuple et de ses ressources sont effectifs. Pas dans les régimes où les « serviteurs » de l’Etat ont élu domicile sur le banc des accusés.

Il n’y a donc rien d’exceptionnel dans la dernière décision gouvernementale de supprimer les titres académiques des serviteurs de la politique car il est vrai qu’ils sont antinomiques à la fonction politique en Mauritanie. Et cela constitue, d’ailleurs, une avancée sérieuse dans le respect de ces titres qui ne doivent pas être portées par des serviteurs dans nos pays, où le politique n’a jamais eu ses lettres de noblesse.

Maintenant, qu’un militaire de son état, ayant par les circonstances de la cooptation au pouvoir, contre la volonté du peuple profond, veuille donner ses directives, à un docteur, alors il est préférable que ce dernier se débarrasse de ce titre, le temps de sa  servitude, et se fasse nommer ministre tout court.

Car nos ministres pensent davantage à leur portefeuille personnel qu’à leur portefeuille de ministre. Ils sont au service de leur porte-monnaie. Et cela ne redore pas le blason d’un quelconque titre académique qu’ils pourraient ternir…devant une juridiction.

Toutefois, relativisons les choses, les titres académiques en Mauritanie étant souvent aussi fictifs que les véritables compétences d’un ministre, alors ce n’est qu’un bon retour des choses. Gardons le ministre et supprimons le diplôme. Puisque autant que le second, le premier s’achète.  Comme le disait si bien l’humoriste : “Un ministre, ça ne se vend pas ! Ça s’achète parfois ! Mais ça ne se vend pas !” (Raymond Devos)

Maintenant, sans humeur aucune, véritablement, à quoi rime une telle décision gouvernementale ? N’y a-t-il pas plus urgent à régir des situations critiques que de prendre des décisions à propos de titres souvent fictifs et des fonctions inutiles.

Qu’en est-il de la loi sur les violences à l’égard de la femme ? Qu’en-est-il des lois sur le trafic des médicaments, qu’en-est-il des lois sur viols et les trafics d’enfants, qu’en est-il des lois sur la répression de la délinquance financière ? Qu’en est-il des lois sur l’endettement des ménages ? qu’en des lois sur l’encadrement du crédit et des banques ? etc. etc.

Quelques exemples, qui en disent long sur le caractère factice et inutile de décisions interdisant le port de titres académiques qui ne servent qu’à amuser la basse-cour politique alors que les véritables enjeux de la nation sont ailleurs.

Pr ELY Mustapha

 

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Poésie de la douleur.