mercredi 24 septembre 2008

L’ultimatum du Conseil de Paix et de Sécurité

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Le 6 octobre 2008 est un jour ouvrable

Le premier constat que fait le Conseil de paix et de sécurité de l’Union Africaine dans sa 151ème réunion, du 22 septembre 2008, est que les putschistes ont la tête dure, qu’ils ne veulent rien entendre depuis le début et qu’ils cherchent une échappatoire. Ce qui, en langage protocolaire, a été exprimé par le conseil dans sa déclaration de la façon suivante :

Le conseil « exprime sa grave préoccupation devant le fait que, malgré les efforts déployés à ce jour, aucune avancée n’a été obtenue sur la voie d’un retour rapide à la légalité constitutionnelle.»

La diplomatie putschiste d’approche de l’envoyé de l’Union Africaine en Mauritanie, n’a pas réussi à convaincre. Il a su se démarquer des positions attentistes et dilatoires de la junte.

Le Conseil de paix et de sécurité de l’Union Africaine a, toutefois, été très "fairplay" avec le régime putschiste. Il lui a fixé un ultimatum avant que les sanctions ne tombent. Mais il a pris la précaution de laisser à la junte, le soin de gérer son putsch jusqu’à la fin du mois de ramadan. Comme quoi elle pourra quitter les lieux moins assoiffée… de pouvoir.
Mieux encore et pour rester dans la symbolique le Conseil à fixé la fin de l’ultimatum au 6 octobre 2008.
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Du 6 Août 2006, au 6 octobre 2008, cela fait deux mois. Et comme les putschistes qui ont réussi leurs coups sont friands des multiples de 6 ( 12 décembre 1984 , 3 Août 2005, 6 Août 2008 ..), le Conseil a choisi le 6 ! Et c’est aussi un lundi, un jour ouvrable, on ne sait jamais au cas où ils voudraient retirer des fonds en banque…ou téléphoner à l’Agence pour l’emploi.

Voici en langage, plus protocolaire, les expressions du Conseil :

Le conseil « Exige le retour à l’ordre constitutionnel par le rétablissement inconditionnel de M. Sidi Ould Cheikh Abdallahi, Président de la République islamique de Mauritanie, dans ses fonctions, à la date du 6 octobre 2008 au plus tard, et met en garde les auteurs du coup d’Etat et leurs soutiens civils contre les risques de sanctions et d’isolement qu’ils encourent au cas où ils ne répondraient pas positivement à cette exigence. »

Aussi importante que la position précédente, tous les sous-fifres que le généralissime a eut dans sa mansuétude de nommer à tour de bras, vont bientôt être au chômage. Ils sont déjà en chômage de dignité et d’intégrité, ils le seront bientôt quant à leurs fiches budgétaires. Les ministres auront juste eut le temps de chauffer leurs maroquins et les émissaires tout azimut de la junte s’ils n’y prennent pas garde dormiront en SDF dans des aéroports du bout du monde.
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Ce que, très protocolairement, le Conseil exprime de la façon suivante :

« Déclare nulles et de nul effet toutes les mesures de nature constitutionnelle, institutionnelle et législative prises par les autorités militaires et découlant du coup d’Etat du 6 août 2008 »

D’autre part les manœuvres visant à intéresser un pays pour avoir son soutien a trouvé sa solution dans la position du conseil :

Le conseil « Demande instamment aux Etats membres de l’UA et à la communauté internationale dans son ensemble de considérer comme illégitimes et illégales toutes les actions et initiatives des auteurs du coup d’Etat destinées à faire échec a la restauration de l’ordre constitutionnel »


Résumons donc, sans ambigüité, cette déclaration (que l’on peut lire en intégralité en cliquant ici ) :

- La junte est illégale et illégitime,
- Le coup d’Etat est fermement condamné,
- Exigence de la restauration du régime de Sidi Ould Cheikh Abdallahi,
- Toutes les décisions prises par la junte sont nulles et non avenues,
- Un ultimatum ferme est fixé pour la junte au lundi 6 Octobre 2008, pour restaurer le régime constitutionnel et la légalité institutionnelle.
- Les sanctions et l’isolement sont fermement déclarés,
- L’appel à la communauté internationale pour soutenir la déclaration du Conseil de paix et de sécurité.

Le généralisme ne pourra plus dormir sur ses deux oreilles. Et quoique puissent lui dire ses laudateurs et autres courtisans sur ses chances de perdurer au pouvoir le meilleur conseil est celui de la raison. Et c’est celui-là : Mieux vaut se démettre dans la dignité en réparant volontairement ses erreurs que de soumettre son peuple à la crise et l’Etat à la faillite.

Pr ELY Mustapha

3 commentaires:

  1. Le communique dans son dernier paragraphe n'est-il pas un peu flou, car apres avoir exige le retour a l'orde constitutionnel, il ya la place a des negociations pour sortir de cette crise.

    Lisez vous meme:
    "A cet égard,
    le Conseil encourage le Président de la Commission à poursuivre les consultations
    avec l’ensemble des partenaires concernés, pour examiner avec eux les actions à
    entreprendre en vue du renforcement de la contribution de la communauté
    internationale à une sortie de crise en Mauritanie bénéficiant du soutien de toutes les
    parties et qui soit conforme à la Constitution du pays ;"

    Aliyoune

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  2. A lire ton article, on dirait que tu caches mal ta joie pour cet ultimatum!!! Je suis sur que si tu avais été désigné à la place de ..., ton langage et tes analyses auraient changés!!! me trompe-je?

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  3. Merci prof, pour cet article brillant comme d'habitude.
    L'injustice ne passera pas!!!

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Pr ELY Mustapha

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Poésie de la douleur.