mercredi 17 octobre 2007

Croissance, quelle croissance?


Croissance du sous-développement


Suivant les déclarations officielles, le taux de croissance économique a atteint, cette année, 5,7% contre 4,1% en 2006.


Y a-t-il eu véritablement croissance ? Eh bien non.


Nous allons le montrer dans les lignes qui suivent. Posons d’abord les jalons du problème de la croissance en Mauritanie pour bien montrer que c’est là une croissance absolument fictive.

Pourquoi un pays qui compte un peu plus de 3 millions d'habitants qui dispose d'énormes ressources naturelles (le pétrole, le gaz, la pêche, le fer, le cuivre) et de bien d'autres richesses encore (découvertes ou à découvrir), dont la dette extérieure a été épongée, ne peut-il se développer ?


Mieux encore,en 2005, selon le Fonds Monétaire International, la Mauritanie devait connaître un taux de croissance économique de 26,9% en 2006 en termes réels, et surtout une réduction significative de l’inflation, contre une croissance de 5,4% en 2005 ! Et voilà qu’officiellement on la ramène à 4,1% en 2006 et 5, 7% pour 2007.


Que signifie une chute si vertigineuse d'une croissance attendue? C'est qu'il ne s'agit pas de croissance réelle mais d'une rente qui en suit les variations.


Mais au-delà la valse des chiffres, pourquoi on sort au peuple ces chiffres ?


Ces chiffres signifient-ils quelque chose ? Eh bien non. Car les questions essentielles sont : Comment peut-on croître sans grandir ? Comment une croissance affichée ne se traduit pas en richesses nationales distribuées ou en infrastructures partagées ? Et pourtant officiellement l'économie mauritanienne afficherait un taux de croissance annuel attendu pour 2007 de 5,7% et il fut de 4,1% en 2006 !


De quelle croissance s'agit-il?


La majorité de la population souffre de misère et l'infrastructure publique est un champ délabré au milieu des détritus et des immondices qui couvrent les rues et les avenues ?


Pourquoi nos rues sont peuplées d'enfants et de vieillards mendiants; pourquoi nos hôpitaux sont des cimetières à ciel ouvert, pourquoi notre parc automobile national est un ramassis de carcasses rouillées qui sentent la mort à plein nez ?


Pourquoi, vue de l'extérieur , la Mauritanie n'a aucune industrie qui exporte un produit national compétitif et générateur d'emploi et de revenus, Pourquoi, ne produisons-nous rien commercialement ou technologiquement qui vaille la peine d'être exporté ? Et pourtant le taux de croissance est estimé à 5,7% !


Voilà la désinformation qui s'inscrit dans d'autres désinformations dont les "chiffreurs" de notre économie ont fait une gymnastique politique.


Depuis les fameux chiffres "falsifiés" livrés au FMI (qui nous ont coûté des centaines de millions de dollars du fait du report de six mois de l'effacement de la dette) le plus grand mensonge à venir fut celui de la croissance à deux chiffres !


Si la croissance économique résulte de la production totale de tous les biens et services d’un pays au cours d’une période donnée, alors on comprendra qu'en Mauritanie la croissance est bien négative; car où sont les biens et services qui en Mauritanie engendrerait une telle croissance à 5,7 % et celle des années précédentes?


En fait ce chiffre est trompeur et porte sur la croissance au sens de "l’expansion du revenu national", c’est-à-dire ce "fourre-tout" dans lequel on fait figurer le revenu de la Nation quelle que soit sa provenance!


La croissance est ainsi celle du "revenu national" pas celle de la somme des valeurs ajoutées des unités économiques du pays et qui s'exprimeraient par des variations du Produit Intérieur Brut (PIB) réel (corrigé de l'inflation) ou nominal (exprimant la valeur marchande des biens et des services produits par un pays.).


Donc la croissance dont il s'agit est bien celle du Revenu National et non pas de l'économie nationale!


En effet, la croissance économique, telle qu’elle est calculée, ne mesure que la variation quantitative d’un agrégat économique, elle n’est donc pas synonyme de développement. Le développement est généralement associé à la croissance, mais il peut y avoir croissance sans développement. C'est le cas de la Mauritanie où les taux de croissance affichés ne sont que ceux du revenu national (rente nationale).


La vraie croissance et la fausse croissance


Ainsi si la vraie croissance économique traduit la variation quantitative, durable, auto-entretenue et non réversible de la production de biens et services, la fausse croissance en Mauritanie traduit la variation quantitative non durable, auto-entretenue et réversible d'un revenu national (d'une rente pétrolière et autre) au profit d'une minorité qui a depuis longtemps (et depuis toujours) planifié son détournement au détriment du développement.La vraie croissance repose sur la fonction de production et non pas d'accumulation de revenu national (issu de la rente).


Cette fonction de production repose sur l'utilisation des facteurs de production, travail et capital. La croissance dépend donc des quantités de facteurs de production disponibles et de la manière dont ils sont utilisés.


Le facteur travail : la croissance est possible grâce à une augmentation de la quantité de travail disponible ou par une augmentation de la qualité du facteur travail utilisé.
Le facteur capital : la croissance se traduit par des Investissements qui viennent accroître ou améliorer le stock de capital technique disponible ce qui permet une augmentation des quantités de biens et services produites.

Et enfin, le progrès technique : qui accroît la productivité des facteurs de production utilisés. Près de la moitié de la croissance économique serait le fait de ce progrès technique.


Alors au vu de ce qui précède (le travail, le capital, la technique), vous la voyez où la croissance en Mauritanie ?

Erreurs d'hier reconduites pour demain.


De toute évidence de cette pseudo-croissance, le peuple ne reçoit que des miettes. Une économie pour le peuple : une économiettes.


Pr ELY Mustapha

6 commentaires:

  1. Tous les indicateurs économiques que l'on nous sort n'ont aucun sens pour les citoyens qui vivent au jour le jour la crise qui les frappe de plein fouet.Que sgnifie une inflation de 4%,alors que les produits de première necessité connaissent souvent des augmentations de 100%?Que signifie,un taux de croissance de 5 à 7%,si l'ont voit son pouvoir d'achat fondre comme neige?En fait,ces chiffres sont destinés à tromper les institutions internationales et à surendetter le pays...

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  2. "la croissance des Parapheurs" le peuple ne sen sert pas Messieurs le PM et ton Gouvernement. Elle est strictement déstinée aux Institutions de Bretton Woods. Regardez autour de vous l'etat de vos concitoyens ! regardez la Misére a tous les niveaux,la détrésse; Si jetais un homme politique sérieux comme le prétend ZZ j'aurais démissionné!!!! tout simplement. Le Pays est sur "les Cales" aujourd'hui ! celui qui ne voit pas le Ciel ne le lui montrez surtout pas! comme dit l'âdage de chez nous.

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  3. Bravo prof, il faut un specialiste de la finance pour demontrer qu'on nous raconte des sornettes, que le peuple incredule applaudit en croyant que demain, les prix seront plus accessibles.

    Et comme vous l'avrz dit, cette croissance de revenu national ne beneficie qu'a une minorite, les memes de toujours et qui sont presents a toutes les sauces.

    la3ala ga3 yebgue chi ma7adhrou vih. je ne crois pas que c'est cela l'Islam et je ne crois pas que l'Islam pratique chez nous (publiquement et pour plaire) est l'Islam de la justice,de la fraternite, de l'amour de son prochain et du respect de la vie et des biens d'autri, surtout quand c'est de votre pauvre et affame peuple.
    hamid

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  4. Merci Prof Ely pour avoir remis les pendules a l'heure. Il me semble que la croissance en 2006 a ete corrigee a 11%, secteur petrolier compris. La croissance hors petrole etait, je crois 2-3%. Ceci au lieu des 26% clamés par l'ancien ministre des finances. Et pourtant durant cette fameuse annee 2006, rien n'a circule, en depit d'une recette de 230 millions de dollars (voir www.tresor.mr). Ça c'est des ressources extra. La transition a utilise dans les 181 millions de cette rente extra, laissant quelques 70 millions a Vezzaz. Depuis lors les 70 milions + les 2 millions mensuels ont ete engloutis par la nouvelle equipe. Je suis quand meme etonne que Sidioca se construise une mosquee au sein du palais a quelque centaine de millions d'UM, donner 300 millions a 12 partis, faire un cheque de quelques 3 millions a la plus jeune bacheliere de 2006 alors qu'elle jouit d'une bourse pour ses etudes. Une partie de cette somme aurait au moins dû etre utilisee pour reduire la souffrance de quelque poche de pauvrete. J'ai bien l'impression que Sidioca s'est embarque dans l'aventure presidentielle pour les sous. Rien qu'a voir l'opacite qui entoure la fondation de la premiere dame, on est en droit de se demander si nous devons nous attendre a des ameliorations. L'enterrement d'Air Mauritanie et la vente d'une partie de la SNIM pour quelques commissions ici et la ainsi que la liberation du ciel mauritanien pour un homme deja assez riche me laissent perplexe. On ne connait pas encore la verite. Merci de continuer a nous edifier.

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  5. Ce qui est exceptionnel professeur, c'est qu'il me semble que vous êtes les seul intellectuel mauritaninien qui se bat ouvertement nuit et jour contre l'abrutissement de notre peuple.

    Donc merci et surtout continuez longtemps. On ne veut pas mourir dans l'idiotie.

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  6. Vous nous avez dispensé là un cours d'économie très simple mais absolument pas simpliste. Vous avez dit ce que tout le monde sait mais ne veut pas admettre. la vraie croissance est celle qui s'auto-entretien et non celle de la rente. Et l'on veut céder la SNIM. Ah ! qu'elle soit maudite cette rente.

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Pr ELY Mustapha

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Poésie de la douleur.