Ecris en 1987, déjà, "The Art of the Deal" apparaît comme le blueprint d'une politique étrangère aux résultats contrastés. Si l'approche transactionnelle des relations internationales n'a pas produit les résultats économiques escomptés, la cohérence entre théorie et pratique fait de Trump un cas unique : le premier président américain à avoir appliqué strictement une doctrine formulée 30 ans avant son élection.
Je vous le présente pour mieux comprendre... ce qui arrive.
"The
Art of the Deal", publié en 1987, constitue le manifeste avant-garde de la
doctrine Trump en relations internationales. Ce livre, mélange d'autobiographie
et de manuel de négociation, révèle une conception des relations
internationales profondément ancrée dans l'expérience des affaires. "Je ne
fais pas les choses pour l'argent. J'en ai assez [...] Je le fais pour le
faire. Les deals sont ma forme d'art", écrit-il. Cette philosophie s'est
traduite concrètement pendant sa présidence par des décisions spectaculaires
comme la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d'Israël en 2017,
bouleversant 70 ans de diplomatie américaine au Moyen-Orient.
La transaction comme paradigme des relations internationales
À travers les différents chapitres de l'ouvrage, Trump développe une vision purement transactionnelle des relations internationales. "Dans une négociation, la pire chose est de paraître désespéré de conclure", affirme-t-il. Cette maxime s'est illustrée dans sa gestion du dossier iranien avec le retrait de l'accord nucléaire en 2018 suivi de sanctions économiques massives réduisant de 80% les exportations de pétrole iraniennes. On la retrouve également dans les négociations commerciales avec la Chine, marquées par l'imposition de tarifs douaniers sur 370 milliards de dollars d'importations, ainsi que dans le bras de fer avec le Mexique sur l'immigration, où il menace d'imposer des tarifs progressifs de 5% à 25% pour forcer Mexico à contrôler les flux migratoires.
L'unilatéralisme comme méthode.
L'unilatéralisme comme méthode constitue un autre pilier de sa doctrine. "Parfois, il faut être un peu sauvage", affirme-t-il dans son livre. Sa présidence a concrétisé cette approche avec le retrait de 8 accords internationaux majeurs en 4 ans, la remise en cause de 75% des engagements américains à l'ONU et une réduction de 30% de la contribution américaine aux organisations internationales. Cette attitude s'est manifestée notamment dans le retrait de l'Accord de Paris sur le climat (2017), de l'UNESCO (2017) et de l'OMS en pleine pandémie (2020).
Une vision mercantiliste du commerce international
Sa vision mercantiliste du commerce international, déjà présente dans ses critiques du Japon dans "The Art of the Deal", s'est pleinement exprimée durant sa présidence. Il lance une guerre commerciale avec la Chine coûtant 0,3% de PIB mondial selon le FMI, renégocie l'ALENA qui devient l'AEUMC avec des quotas sur l'automobile, et impose des tarifs sur l'acier (25%) et l'aluminium (10%) touchant même les alliés européens. Paradoxalement, ces mesures aboutissent à un déficit commercial accru de 40% sous sa présidence.
La personnalisation des relations diplomatiques
La personnalisation des relations diplomatiques, principe central du livre où il écrit que "Deal-making is an ability you're born with. It's in the genes", caractérise sa présidence avec 18 rencontres avec Vladimir Poutine, 2 sommets historiques avec Kim Jong-un, 27 appels avec Erdogan et un soutien indéfectible à Mohammed Ben Salmane après l'affaire Khashoggi. Cette approche a souvent court-circuité les canaux diplomatiques traditionnels.
Le nationalisme économique comme doctrine
Son nationalisme économique, incarné par le slogan "America First", trouve ses racines dans sa vision des affaires exposée dans le livre. Sa présidence voit le retrait du TPP coûtant 2% de PIB aux USA selon le Peterson Institute, la renégociation de 7 accords commerciaux majeurs, la construction de 727km de mur à la frontière mexicaine pour 15 milliards de dollars et une réduction de 23% des visas d'immigration.
L'impact sur les alliances traditionnelles, bien que non abordé dans le livre, s'est révélé considérable avec des tensions avec l'OTAN autour de l'exigence de 2% du PIB pour la défense, le retrait de 12000 troupes d'Allemagne, la remise en cause de la protection américaine du Japon et de la Corée du Sud, et une détérioration des relations avec l'UE marquée par une baisse de 12% des échanges commerciaux.
Un pragmatisme brutal
Un pragmatisme brutal caractérise la gestion de la crise nord-coréenne, illustrant ainsi la méthode de Trump. En 2017, le président américain a lancé des menaces de "feu et fureur", marquant une escalade des tensions entre les États-Unis et la Corée du Nord.
L'année suivante, en 2018, un tournant majeur a eu lieu avec le premier sommet historique à Singapour. Cet événement a ouvert la voie à des discussions diplomatiques sans précédent entre les deux nations.
En 2019, Trump a poursuivi cette dynamique avec un deuxième sommet à Hanoï, cherchant à avancer vers une résolution des différends nucléaires.
Toutefois, en 2020, malgré l'établissement d'une "relation spéciale", Trump a maintenu les sanctions contre la Corée du Nord, illustrant son approche pragmatique et parfois contradictoire vis-à-vis des négociations et de la diplomatie.
Le bilan chiffré de sa politique internationale durant quatre ans de présidence a montré une augmentation de 40% du déficit commercial, une chute de 60% de l'image des USA dans le monde selon Pew Research, un recul de l'influence américaine dans 78% des pays selon Gallup, et une augmentation de 12% des dépenses militaires mondiales.
"The Art of the Deal" se présente ainsi comme le fondement d'une politique étrangère aux résultats variés. Bien que l'approche transactionnelle en matière de relations internationales n'ait pas abouti aux résultats économiques attendus lors de s dernière présidence, l'harmonie entre théorie et mise en œuvre distingue Trump comme un président hors du commun.
Pr ELY Mustapha
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