vendredi 20 novembre 2015

29 millions d’euros, pourquoi financez-vous mon pays ?

 

Lettre ouverte à madame Carola Müeller-Holtkemper,

ambassadeur d'Allemagne en Mauritanie

 

MllerHoltkemper2Excellence,

J’ai appris par la presse que votre pays a octroyé 29 millions d'euros à la Mauritanie. La Mauritanie est mon pays et je ne peux, à l’échelle d’un humble citoyen, que vous en remercier. Vous le faîtes au nom de la coopération internationale entre Etats pour appuyer le développement d’un pays qui en a sérieusement besoin sur tous les plans économiques, sociaux, culturels etc.

Excellence,

L’argent par lequel vous financez le développement de la Mauritanie, vous le savez autant que moi, est l’argent du peuple allemand et il est supposé qu’un autre peuple, en l’occurrence mon peuple, en bénéficie. Et sur ce plan, je ne doute pas de votre bonne foi dans ce domaine.

Toutefois, ce que vous financez réellement ce n’est pas le peuple mauritanien mais son intermédiaire, le gouvernement mauritanien. Et là, de la coupe aux lèvres, il y a une distance infinie.

Excellence,

Je ne doute pas de votre excellente connaissance de la gestion des finances publiques en Mauritanie et de l’indice de développement du pays. Et c’est d’ailleurs pour cette raison que je vous interpelle. Comment se fait-il que vous financez un gouvernement dont jamais l’audit de gestion n’a été fait  et qui n’a jamais été soumis à un contrôle économique ou financier interne ou externe quelconque? Et dont les membres eux-mêmes se refusent à faire la déclaration de leur patrimoine ?

Certes, il ne vous appartient pas de vous immiscer dans les affaires intérieures des Etats. Mais il suffit de parcourir les rapports des organisations internationales, la presse spécialisée économique et financière pour vous rendre compte que vous financez non pas un peuple à travers son Etat, mais une nomenklatura à travers son gouvernement.

Excellence,

Les chiffres sont là pour vous montrer que l’argent du peuple allemand que vous servez à la Mauritanie, n’ira pas à son développement. Les chiffres sur la Mauritanie, je vous les rappelle :

- Indice de développement, en 2013, de 0.467

- Le revenu annuel par tête d’habitant est de $1044

- Le taux de pauvreté de 42%

Pour un pays qui a connu une croissance économique soutenue (7 à 6,7% en 2013) et dont le secteur minier représente un quart du PIB soit près de 20 % des recettes de l’État, et plus de la moitié des exportations. Un pays dont les recettes fiscales passèrent de 14 % du PIB en 2009 à plus de 22 % en 2013 ;

Un pays qui dispose de mines de fer, de cuivre, d’or et de gisements importants (hydrocarbure, titane...) qui possède des ressources halieutiques immenses avec l’une des côtes les plus poissonneuses du monde ;

Un pays dont le conseil des ministres n’est consacré qu’à l’octroi onéreux des concessions minières et dont le gouvernement en tire bénéfice par contrats interposés ;

Un pays qui compte un peu plus de 3 millions d’habitants soit moins que la population de la ville de Berlin en 2011 et dont les richesses, si équitablement réparties, pourraient en faire le pays à revenu par tête d’habitant le plus élève du monde. Et pourtant...

Excellence,

Votre pays à travers votre ambassade, tout comme c’est le cas de tant de pays européens, à travers leurs ambassades accréditées auprès du gouvernement mauritanien, verse des millions d’euros à la Mauritanie... sur la base de quels choix, quels principes et quels objectifs ?

Le pays est exsangue, sur tous les plans économiques, financiers, sociaux, éducatifs. L’Etat vend même les écoles primaires pour renflouer son budget (voir ici) et harcèle les investissements privés pour pomper davantage l’économie (voir ici).

Nouakchott, la capitale, que vous connaissez bien, est un dépotoir d’ordures où règne les maladies et la misère quotidienne d’hommes, de femmes et d’enfants, que certainement vous croisez à tous les coins de rues mains tendues (à moins que vous n’ayez des vitres fumées et même là encore !) .

L’infrastructure est une catastrophe, et les villes sont des bidonvilles, des chemins de misère et des nids de poules.

Excellence,

Les prêts, dons et autres libéralités que font les Etats, comme le vôtre, à mon pays ont, je n’en doute pas, d’autres finalités. Celles d’émuler la coopération internationale, d’exécuter des programmes d’aide définis par votre gouvernement pour chaque pays et d’asseoir une présence d’appui au pays-hôte, soucis d’efficacité diplomatique de toute ambassade.

Cependant, la Mauritanie est un pays, dont la corruption des dirigeants est notoire et dénoncée par les organisations et la presse nationale et internationale (voir ici et ici ), dont les ressources publiques sont détournées et les biens publics accaparés par une nomenklatura militaro-politico-mercantiliste qui vide le pays de ses ressources et qui maintient les populations dans un sous-développement indescriptible.

Ne parlant ainsi que de la misère économique, nous pourrions aussi invoquer la misère institutionnelle (autre misère humaine) à travers la violation des droits de l’homme, l’esclavage endémique, l’emprisonnement des opposants, la dissuasion policière et la criminalité organisée. Cela mérite-t-il 29 millions d’euros dans les poches de ses provocateurs?

Excellence,

« Lorsque dans mon pays, les mendiants peuplent les rues, lorsque l’infrastructure tant industrielle, économique et sociale est inexistante, lorsque les quatre-cinquièmes de la population vivent dans la misère et le dénuement complets, lorsque le chômage est le lot de toute une jeunesse, lorsqu’une capitale croule sous l’indigence de ses responsables et le poids de ses quartiers malfamés, lorsque le pays profond vit sous le seuil de pauvreté sans les moindres infrastructures de base, lorsque l’enseignement est un faire-valoir de la misère de l’élève, de l’étudiant et de l’enseignant, lorsque la corruption gangrène le pays au vu et au su de tout le monde, lorsque les détournements de biens public sont le commun de la gestion publique, lorsque le taux de mortalité (enfant et adultes) est l’un des plus élevés du monde … (extrait de lettre à Christine Lagarde –voir ici), le fait d’avoir octroyé à mon pays 29 millions d’euros ne justifiera que le généreux appui de votre pays au mien et l’efficacité diplomatique de votre ambassade mais nullement qu’en connaissance de cause de ce qu’il en adviendra, vous l’ayez octroyé.

Tout comme pour l’homme (Man ist, was man isst), le pays est à l’image de ce qu’il reçoit de l’Etat. Jusque-là misère et sous-développement.

Les 29 millions d’euros, on les retrouvera bientôt dans les villas cossues, les berlines de luxe et les comptes à l’étranger. L’argent du peuple allemand.

Recevez, Excellence, l’expression de ma haute considération.

Pr ELY Mustapha.

mercredi 18 novembre 2015

Petit manuel de survie à l’usage d’une opposition en sursis

 

 

clip_image002Règle n°1 : Savoir jouer son rôle d’opposition

Eviter le dialogue avec le pouvoir et le ramassis des miettes. Purger du parti tous les partisans du dialogue déshonorant. L’honneur passe pas la dignité et un parti sans honneur, ne mérite ni le respect, ni les voix.

Règle n°2 : Se décarcasser pour plus de dynamisme

S’expurger de ses leaders actuels et renouveler ses dirigeants. Dégager la nomenklatura sénilement dialoguante.

Règle n°3 : Mettre au pilori les sangsues militantes

Purger de ses rangs tous les transfuges qui appellent du pied le pouvoir et qui travaillent à la politique du ventre.

Règle n°4 : Déstabiliser légalement le régime à travers ses actes

Déclencher un plan d’action de poursuites judiciaires contre tous les membres du gouvernement, le Président lui-même et ses affiliés si impliqués dans la corruption, le détournement des biens publics et l’empoisonnement du pays.

Règle n° 5 : Se forger une idéologie de ralliement

Un parti sans idéologie est un parti sans idées. Militer pour exercer le pouvoir demande un consensus idéel. Il faut le forger.

Règle n° 6 : Créer les conditions de son indépendance financière

Celui qui dépend financièrement n’existe pas. La politique des moyens est stérile si l’on n’a pas les moyens de sa politique. Un parti pauvre n’arrivera pas à ses buts. On n’emprunte qu’aux riches. Même les voix électorales n’y échappent pas.

Règle n° 7 Provoquer le régime et aller au charbon

Mettre en avant les intellectuels du parti aguerris aux questions militaires, économiques, financières et sociales pour provoquer et susciter le débat et le forcer avec les appointés du régime. Et en faire publicité nationale et internationale.

Règle n° 8 Développer une stratégie de combat

Faire appel à l’expertise en matière de stratégie de lutte socio-économique militante et développer un plan d’action contrant pied-à-pied les velléités (souvent anarchiques) des potentats du pouvoir.

Règle n° 9 Frapper le régime à son talon d’Achille

Mettre en place des cellules expertes de veille et d’action capables d’analyser les actions du régime (corruption/drogue/détournement de biens publics/spoliation des richesses nationales/mise en danger sanitaire du citoyen etc.) de les dénoncer, de les publier et de les poursuivre (en justice à l’échelle nationale et internationale)

Règle n°10 Forger un programme crédible

Elaborer un programme politique qui fédère et attire les sans voix, les jeunes, les démunis et les laissés pour compte, c’est-à-dire la majorité de la population. Un programme politique qui ne soit pas une pâle copie des programmes d’autres partis.

Règle n°11 Harceler le pouvoir sur les questions de l’heure.

Provoquer un tollé médiatique sur les questions (sociales, économiques, de santé et d’ éducation...) qui taraudent le citoyen et ouvrir les forums à tous les niveaux sur les sites internet et sur les réseaux sociaux.

Règle n° 12 Actionner le levier de la redevabilité

Demander des comptes et réclamer sans transiger un audit de la gestion des finances publiques de l’Etat et des entreprises publiques. Demander un audit environnemental sur la gestion du patrimoine naturel par l’Etat en connexion avec les concessions minières qu’il délivre et les exploitations industrielles en cours.

Règle n°13 Emuler un militantisme visionnaire

Se débarrasser de la politique du ventre et adopter celle de la raison militante en élaborant pour son parti une vision fédérative de toutes les attentes de ses membres (qu’elles soient idéelles ou matérielles) en connexion avec le devenir du pays (rayonnement-développement)

Règle n°14 Crédibiliser le parti en clarifiant ses rapports avec le pouvoir

Initier l’autocritique de la stratégie d’action pour l’exercice du pouvoir et en tirer les conséquences pour une redéfinition des rapports avec le pouvoir qui crédibilise le parti aux yeux du citoyen. Une autocritique du parti qui devrait passer par son « mea culpa ».

Règle n°15 Construire un parti sans peur et sans reproches

Certains régimes, militaires notamment, ne cèdent ni au dialogue, ni au discours mais à la dynamique de groupes constitués. Prendre la rue à témoin, organiser de façon continue des meetings publics, porter la parole dans les lieux publics où le citoyen est mis en souffrance (commissariats, hôpitaux, tribunaux...).

Pr ELY Mustapha

mardi 17 novembre 2015

Pourquoi ont-ils fait ça à Paris...et ailleurs ?

 

Le réactif et le combustible

souffrancePourquoi ont-ils fait ça ? Voilà une question terriblement naïve et que, certainement, tout individu se pose, malgré sa logique humaine, sa raison, son cœur et ses sentiments.

Une chose est certaine, Charlie Hebdo, ce n’était qu’un début et les attentats qui se suivent montrent bien que ce n’est pas pour la défense d’un quelconque dogme, ni religion qu’il s’agit, mais qu’il s’agit d’une réaction complexe à autre chose que les analystes et autres experts des mouvements djihadistes n’ont pu, jusque-là, percevoir.

Si l’on observe ceux qui commettent ces attentats, on ne voit que leur physique : arabes, maghrébins, orientaux, occidentaux, islamistes, barbes et appendices : kalachnikov... leur mental invisible est depuis longtemps accaparé par des mentors dogmatiques qui les ont emprisonnés dans des chaines faites d’un métal religieux mais dont les maillons n’étaient que leur prédisposition à être endoctrinés et mis dans les bouches des canons de chair.

Ce que l’on voit se sont des personnes connues, parfois, sans histoires et qui de façon inattendue se mettent à tuer leurs semblables. Aller chercher le pourquoi chez les doctrinaires de la violence en Islam, serait aller trop vite en besogne sans chercher à comprendre ce qui, dans leur discours, met des hommes et des femmes dans les prédispositions à agir ainsi, à adopter la voie violente ?

La vision minimaliste et erronée qui consiste à dire que c’est en utilisant le Coran que les prêcheurs de la violence endoctrinent leurs émules et les envoient au meurtre, se doit d’être totalement révisée.

Le Coran ne porte pas en lui les germes de la violence et n’y encourage pas. Il est vrai, cependant, que toute phrase prise d’un texte, sortie de son contexte, peut signifier autre chose que ce pour lequel elle fut écrite. Il en fut ainsi de la référence au « Jihad » dans le Coran, qui, sortie de son texte, de son contexte historique et de sa justification temporelle à travers les écrits des jurisconsultes, peut être redoutable. Et c’est justement de telles « coupures » textuelles que les doctrinaires de la violence font dans le texte coranique pour exposer la pseudo-volonté d’Allah : éliminer les mécréants.

Toutefois, il serait naïf de croire qu’un doctrinaire de la violence aurait l’adhésion corps et âme de personnes souvent très instruites, en exposant une phraséologie tirée d’un texte sacré, pour les envoyer au massacre.

Il y a bien plus que cela. Il y a ce que l’on ne voit pas et que les doctrinaires de la violence utilisent comme combustible pour enflammer l’âme de leurs disciples. Ce combustible ils le prennent dans le conscient et l’inconscient de tout croyant et l’enrichissent, comme un uranium, avec des références religieuses tronquées.

La question n’est donc pas (comme le soutiennent ceux qui méconnaissent la religion musulmane) de savoir si le Coran est par essence, une source de violence, mais de comprendre comment ceux qui émulent la violence s’en servent pour engendrer la violence.

L’appel au jihad, n’est que le « réactif » (religieux) d’un combustible (conscient/inconscient)) présent chez le potentiel djihadiste et que le doctrinaire utilise pour l’enflammer.

Le réactif, on l’a souligné, ce sont quelques passages coraniques sur le jihad, sorties de leur contexte textuel et historique et qui servent à justifier, auprès du disciple, la « volonté de Dieu »

Mais alors quel est donc ce combustible ?

Les doctrinaires de la violence on très vite découvert le « filon mental » qu’ils vont exploiter pour accaparer l’âme et le corps de leur disciples.

Ce filon est un « inconscient/conscient collectif » qui survit encore, chez les peuples colonisés (politiquement, économique, financièrement...), frustrés et exploités dans le présent et le passé, et que des mentors dogmatiques exploitent encore. Exploitant l’inconscient revanchard et la frustration.

Voici quelques éléments de ce combustible :

  • Massacres par légions françaises entières d’arabes et d’africains au cours de la période coloniale.
  • Spoliation des richesses de peuples entiers et leur soumission aux diktats de gouvernements et de multinationales qui se continue jusqu’à nos jours.
  • Un peuple palestinien spolié de ses terres, de ses lieux saints et quotidiennement sous la terreur et massacres aériens et terrestres généralisés.
  • Des pays islamiques du Maghreb et du Moyen-Orient exsangues et meurtris du fait d’occupation-destabilisation militaire occidentale et des groupes islamiques que ces alliances ont-elles-même créées. Et dont « les armes de destruction massive », qui ont justifié le massacre de peuples entiers, n’ont jamais été retrouvées.
  • La frustration du sous-développement auto-entrenu de pays entiers qui, malgré leurs richesses, dépendent pour leur survie, économique et social de pays occidentaux.
  • La domination de droit et de fait, à travers le Conseil de Sécurité, du monde entier par une poignée de pays.
  • Des gouvernements pillards et corrompus dans les pays arabes et en Afrique portés à bout de bras par l’occident.
  • Une jeunesse de pays sous-développés frustrée, jetée à la mer et cherchant un salut qui ne vient pas.
  • Un monde en globalisation qui ignore les souffrances des démunis et qui met les pays et les peuples sous la pensée unique mercantiliste occidentale.
  • Plus particulièrement, en France, des présidents récents qui n’ont pas su donner à leur pays les moyens de son immunité contre le terrorisme et cela par absence de charisme et de géostratégie propre se moulant dans celle des Etats-Unis et surtout l’absence d’adhésion des français à leur alliance, qui ne dit pas son nom, avec des puissances pour la déstabilisation des pays tiers. .

Si aujourd’hui, des attentats secouent Paris, avec ce que cela implique comme révolte de l’être et de la conscience, l’on ne peut s’empêcher de dire que ce qui arrive au citoyen innocent français prend sa source n’ont pas dans le seul discours religieux violent mais aussi dans ce que la France et autres puissances occidentales ont fait du reste du monde.

Cette révolte de l’être et de la conscience, chacun, à son époque, l’a ressentie. Quand les américains brûlaient des villages entiers au napalm sur des milliers de kilomètres, y laissant cramoisis, hommes, femmes, enfants, animaux et végétation. Quand les bombes de Hiroshima et Nagasaki ont réduit en poussières des millions d’êtres et jeté des familles brûlées et irradiées pour des générations dans les rues.

Quand les japonais en Corée et en Mandchourie, égorgeaient les femmes et les hommes pour donner l’exemple. Quand les chinois au Tibet ont massacré les moines et vidé les monastères, quand la France coloniale en Algérie, alignait les résistants pour les fusiller devant femmes et enfants.

Quand en Irak, en Afghanistan, les soldats alliés mitraillaient les familles qui dormaient, générant ainsi la violence qui secoue encore les communautés en Irak, en Syrie, au Yémen et bien plus loin encore.

Quand leur allié, Israël massacre à la bombe à défragmentation les palestiniens et détruit au bulldozer et à la dynamite leurs maisons...

C’est cette violence, tuant des civils innocents, que sont venus porter dans les rues de la Métropole, ceux-là même chez lesquels la violence a été portée par les puissances militaires. « Ceux-là », ce sont des « combustibles » qui dans leur endoctrinement ont entendu ce passage que tout prêche extrémiste reprend à satiété : « il faut porter chez le mécréant la violence pour qu’il ressente la violence que nous ressentons tous les jours sous ses bombes et ses soldats... »

Délocaliser la violence, voilà un « réactif » du « combustible ». Outre qu’endoctriné, il ne craint pas la mort et il va au charbon la conscience tranquille. Tranquille ? En effet aux questions posées à un potentiel kamikaze sur les réseaux sociaux, voici ses réponses :

  • Pourquoi, vous faîtes exploser ?
  • Pour aller au Paradis
  • Mais vous savez que ce sont des innocents vous tuez ?
  • Oui, ils iront aussi au paradis.

C’est ainsi que pour gagner le paradis, il emprunte la porte de l’enfer. Appliquant le réactif au combustible, le doctrinaire de la violence, porte l’horreur aux portes des innocents.

Pour que le réactif ne puisse plus prendre, il faudrait que le combustible perde ses propriétés explosives. Or le combustible, est un être humain, que d’autres humains ont spolié, frustré. Ils ont détruit son pays, sa maison et l’ont réduit à la misère et à un exil dans lequel il devient la proie des prêcheurs de violence. Ils ont gravé dans son subconscient une violence que d'autres exploitent.

Aucune violence n’est justifiable où qu’elle soit. Mais ce qui n’est pas justifiable c’est que des puissances militaires occidentales et leur alliés, s’acharnent à produire des combustibles (humains), pendant que d’autres puissances argentières au Moyen-Orient leurs appliquent les réactifs (religieux) à travers les prêcheurs de la violence, qu’ils entretiennent.

Le « combustible », ne sera plus combustible et le « réactif » ne prendra plus, le jour où un monde meilleur naîtra. Laissons-nous aller au rêve avant que nos « paupières n’explosent »...

D’Occident en Orient, de Paris à Baghdad, que les âmes des innocents reposent en paix.

Pr ELY Mustapha

jeudi 12 novembre 2015

Aziz quitte le pouvoir

Qui pourra se saisir de Maitre Aliboron ?

 

ane1Aziz quitte le pouvoir, le BASEP est dissous, les associations des droits de l’homme intentent des procès à lui et à sa famille pour corruption, détournements des biens publics, violations des droits de l’homme etc. etc.

Les partis de l’opposition s’arrachent l’audience auprès d’un public assoupi (par la dengue) , depuis longtemps anesthésié par les promesses d’un Aziz qui a pris la poudre d’escampette, avec sa famille en avion spécialement affrété avec quelques caisses des réserves de la Banque centrale. Destination Arabie saoudite via le Maroc.

Le pays est laissé à quelques généraux, ébahis courant en tous sens pour protéger les privilèges qu’Aziz leur a octroyés pour les neutraliser et qui rassemblent leurs biens pour les sortir du territoire. La nébuleuse Aziz s’effondre, ses courtisans, qui l’ont applaudi pour la destruction du pays se transforment en courant d’air et leurs boubous changent de couleur. C’est le branle-bas de combat sous les déclarations tonitruantes de ceux qui tapis dans l‘ombre attendaient le départ de Aziz.

Le premier d’entre-eux le moustachu colonel, ELY ould Mohamed Vall, malgré ses déclarations précédentes, ne se précipite pas pour rentrer au pays attendant comme un vieux renard d’y voir clair et déclare à RFI : « Aziz est foutu, le pays aussi ». Ce n’est pas le courage qui va le tuer.

Ahmed Daddah, se réveillant de son long rêve d’être porté au pouvoir par les militaires, se propose pour « sauver la Nation » (encore !). Il déclara sur deux ou trois chaines locales : « si vous me donnez le pouvoir je redresserai le pays. » En effet, ayant toujours pensé que l’on va lui donner quelque chose depuis Koubeni il attend toujours. En vrai couillon de la politique rampante, il déclara qu’en définitive l’écho qu’il avait donné et le soutien en slogans qu’il avait apporté aux militaires (« non à la chasse aux sorcières », sous le CMJD, « le redressement de la démocratie » avec Aziz...), c’était pour le bien du pays et que maintenant, il faut lui faire confiance. Trop tard.

Ould Mansour , tout en demandant un mandat d’arrêt international contre Aziz, récite quelques versets de coran, pour justifier ce qu’il va dire et il le dit devant un parterre de journalistes-peshmergas : « notre devoir aujourd’hui est de sauver notre pays des mécréants... ». Ce n’est pas Minetou mint Moctar ELY qui sera son porte-parole.

Libéré de prison, après un repos, que Aziz a jugé « bien mérité », Biram déclare, « il faut tout renverser ! ». Comme il avait déjà mis les pieds dans le plat, il va renverser la couscoussière. Son ennemi juré, après Enas Ibnou Malek et autres foukahas, c’est Aziz.. Il bât tambour pour rallier les harratines que Ould Messaoud appelle d’un pied qui déjà beaucoup visité Aziz durant son squatte du pouvoir.

Mohamed ould Maouloud, lui comme à l’accoutumé déclare d’une faible voix (comme d’habitude), « Dialoguons entre nous puisqu’il n’y a pas plus avec qui dialoguer ». Ce monsieur-là de l’UFD étonnera toujours par son ascétisme militant. Il sort quand on l’attend plus et disparaît quand on l’attend encore. Il attend le pouvoir sur un plat d’argent. Comme un Dalaï Lama qui attend le Nirvana.

Entre-temps, le pouvoir n’est pas resté vide, un petit général s’est proposé d’assurer la nouvelle transition aussitôt soutenu par une nouvelle racaille de courtisans issus de la pépinière permanente de safagas et autres malappris du système socio-économique corrompu , qu’entretient la société mauritanienne.

Et c’est la course vers les alliances et le pays s’enlise dans la gangue de la médiocrité et la fange de ses rues. Les incursions terroristes aux frontières font trembler les villes frontalières et le service de voirie s’est arrêté à Nouakchott. Aziz avait créé toutes les conditions d’un pays nauséabond et il part les poches pleines d’argent sale.

Du temps d’Aziz, le dialogue, en général, était, en particulier, le monologue d’Aziz. Ce que regrette le semblant d’opposition après le départ d’Aziz, c’est que l’on ne peut même plus dialoguer sans avoir la bouche pleine de mouches, alors qu’Aziz proposait son monologue par bouchées de billets bleus...

Pays misérable, ressources pillées, citoyens crevant de dengue et de fièvre hémorragique. Une économie exsangue, des entreprises bradées et des gouvernements de filous qui durant le règne d’Aziz l’ont assisté dans sa mise à sac du pays. Ces gens-là, tout un chacun réclame leur procès mais tout comme d’habitude, ils se sont refugié derrière leur tribu ou se sont cachés hors des frontières.

Alors Aziz parti qui pourra le remplacer ?

Ceux qui ont des capacités de pillage, de corruption et de détournement des biens publics, en veux-tu en voilà. Ils sont partout.

Ceux qui attendent leur tour pour refaire un régime Aziz bis, peuplent les salons de Nouakchott.

Ceux de l’opposition (si elle existe) prêt à retourner leur veste au premier putschiste venu, sont en veille permanente.

Ould Daddah, Ould Mohamed Vall, Ould Maouloud, Ould Boulkheir, Ould Mansour, ould…ould… personne ne pourra remplacer Aziz au pied levé.

Ce sera encore et toujours un autre accord de Dakar où un semblant d’opposition ira vendre Maître Aliboron.

En Mauritanie, l’Etat étant un âne, chacun voulant se l’approprier, finit toujours par arriver un larron galonné pour s’en saisir.

Pour un Âne enlevé deux Voleurs se battaient :

L'un voulait le garder, l'autre le voulait vendre.

Tandis que coups de poing trottaient,

Et que nos champions songeaient à se défendre,

Arrive un troisième Larron

Qui saisit Maître Aliboron.

Il est probable qu’Aziz n’a bien retenu de son passage au primaire que cette fable de la fontaine. Comme quoi pour le remplacer, il convient d’éduquer l’opposition aux fables de la Fontaine. Plus particulièrement à celle du loup et de l’agneau : « La raison du plus fort est toujours la meilleure ».

Il est d’ailleurs fort probable que c’est pour empêcher tout accès à sa source d’inspiration politique, qu’Aziz se débarrasse des écoles primaires.

Pr ELY Mustapha

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Poésie de la douleur.