mercredi 6 novembre 2019

Monsieur le ministre, je vous accuse !


Monsieur le ministre de l’intérieur et de la décentralisation, solidairement avec le ministre de l’enseignement supérieur, et face à la violence institutionnalisée, je vous accuse.

Je vous accuse de la violence qui frappe à travers vos administrations réciproques et structures d’intervention, la jeunesse mauritanienne.

Je vous accuse de faire couler le sang d’une jeunesse qui revendique un droit légitime au savoir et que vous maltraitez, battez et humiliez.

Par vos actes vous êtes loin de contribuer à la paix sociale et à la tranquillité de la société. Vous semez la haine et la discorde et vous envoyez vos brigades suréquipées battre d’innocents étudiants.

Je vous accuse de laisser le champ libre à l’agression et au tabassage public de cette jeunesse et de ne pas intervenir pour arrêter cette violence et appeler les forces de l’ordre à la retenue.

En tant que mauritanien, je trouve que c’est une honte pour la nation et en tant qu’enseignant je trouve cela une dégradation de toute volonté de développer une société où le respect des êtres et du savoir  devaient être le moteur de son développement.  Une république qui détruit le corps premier du devenir d’une Nation : une jeunesse du savoir.

Monsieur le ministre, je vous accuse

De continuer à perpétuer un système policier mauritanien qui n’est plus un système de défense et de protection du citoyen, mais qui est devenu depuis ould Abdelaziz, un système répressif tout tendu vers l’agressivité et la violence gratuite.

D’entretenir une police pour servir de bras punitif pour tous ceux qui voudraient exprimer des idées ou revendiquer un quelconque droit sur la voie publique. Une répression aveugle de marches même pacifiques et de revendications légitimes.

Monsieur le ministre, je vous accuse

D’avoir mis une jeunesse, violemment battue, matraquée, en sang et tout en souffrance usant et abusant de la violence qui est loin d’être légitime ou légale.

De laisser les policiers et autres unités d’interventions, agir dans l’impunité la plus totale. Ne tenant compte d’aucune proportionnalité dans leurs actions par rapport aux faits réprimés ; cette police-là n’est pas une fierté de la Nation.


Monsieur le ministre, je vous accuse


De ne point agir pour arrêter cette infamante répression qui frappe de façon aveugle le citoyen et qui, au lieu d’en faire une institution au service du citoyen, est un moyen de le terroriser.

Aussi vous supportez toute la violence que subit la population, jeune et moins jeune qui a, légitimement et légalement,  le droit de s’exprimer et d’afficher ses opinions par des moyens pacifiques. Droits garantis par la Constitution et par les conventions internationales

Monsieur le ministre je vous accuse

De ne pas demander à ce que les responsabilités au sein du corps de la police et des corps d’interventions violentes soient établies conformément aux statuts de la Police et que les agents qui ont commis ces violences soient traduits devant la justice. Il est inconcevable que certains agents de ces corps se dissimulent derrière une impunité bénéficiant de votre silence.

Monsieur le ministre je vous accuse

De faire fi de la loi sur le statut de la police qui stipule bien que « tout manquement d’un membre de la Police Nationale, à ses obligations professionnelles, l’expose  à  une  sanction disciplinaire  sans  préjudice,  le  cas  échéant, des peines prévues par la loi»

D’ignorer les actes de violence qui ont touché l’intégrité physique et morale des manifestants et qui doivent être poursuivis tant au civil qu’au pénal.

L’intervention des forces de l’ordre ne les autorise pas à enfreindre la loi.

 Les actes délictuels ou criminels résultant de l’action personnelle du policier se doivent être punis comme le mentionne la loi sur le statut de la Police :  « le   personnel   de   la   Police Nationale à l’obligation de s’abstenir de tout acte de  nature  à  porter  atteinte  aux  libertés individuelles  et  collectives,  sauf  cas  prévu par  la  loi,  et  de  façon  générale  de  tous traitements  cruels  ou  dégradants  constituant une   violation   des   droits   de   la   personne »

Or les actes que les forces de l’ordre ont commis, dans les dernières actions contre les étudiants et largement relayées par la presse nationale et internationale, sont véritablement des traitements cruels et   dégradants constituant une   violation   des   droits   de   la   personne.

Ces violations   des   droits de  la   personne devraient entrainer suivant leur gravité l’application de sanctions exemplaires prévue par la loi sur le statut de la Police et par le code pénal.

Ceci est applicables à toutes les forces de l’ordre qui interviennent dans la répression des personnes qu’il s’agisse de la police nationale ( en principe chargée de l’application de la loi et du maintien de l’ordre dans les zones urbaines) ou de la Garde nationale ( ayant fonctions policières, et de sécurité des installations gouvernementales) qui toutes  relèvent du ministère de l’Intérieur et de la décentralisation.

Monsieur le ministre je vous accuse, enfin et pour toujours,

De faire d’une jeunesse mauritanienne une chair à battre et à abattre, parce que vous ne saisissez pas que cette jeunesse, devenir d’une nation de paix pérenne, ne doit pas souffrir d’actes violents que, par votre emploi éphémère, vous cautionnez.

Pr ELY Mustapha

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Pr ELY Mustapha

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Poésie de la douleur.