jeudi 13 novembre 2014

IRA cible d’un régime irascible

 

Liberez_ira

Faîtes circuler cette affiche, au nom des droits élémentaires de la personne humaine.

Pr. ELY Mustapha

jeudi 30 octobre 2014

Les perles du blog : Des affaires étrangement singulières et un ministre mauritanien qui parle romain !

 

Des affaires étrangères ….très singulières

Quand la médiocrité des affaires (étrangères) s’affiche en toutes lettres (de créance).

(http://www.diplomatie-mr.com/maec/site/index.php?option=com_content&view=article&id=135:biographie-du-ministre&catid=9:uncategorised)

ministere affairesetrangeres

 

Ave César !

Notre ministre des affaires étrangère(s) parle Romain ! Les romains y perdraient leur latin. Comment ne pas parler la langue de son dictateur ?

Cela prouve bien que la Mauritanie vit mentalement encore au siècle de la grandeur de Rome. Un ministère parlant “Romain”  c’est utile pour contrecarrer les visées de César sur la Mauretanie.

Ave Centurion !

centurion

mercredi 29 octobre 2014

Pays sous-développés d’Afrique … vous le resterez

 

 

SD3Il n y a pas de pays en « voie de développement », il n’y a que des pays sous-développés. Pays auxquels on fait croire qu’ils se développeront. Ce « on », c’est celui qui les maintient dans le sous-développement. Mieux, encore, avec leur propre soutien et appui.

Pays sous-développés d’Afrique, vous ne vous développerez jamais.

Et l’on n’est pas naïf pour engendrer une polémique sur le « développement » auxquels ces pays sont sensés tendre. Ce n’est ni un modèle occidental ni oriental, ni nordique, ni méridional, ce développement dont on traite ici c’est celui qu’acquiert une nation, générant une gouvernance démocratique, par la promotion de l’être humain dans son corps et son esprit, des libertés et des technologies par la création de richesses mises au service du progrès social dans le respect de l’environnement et de la nature.

Ce « développement », même les nations occidentales industrialisées ne peuvent s’en targuer qu’en rangs dispersés chacune réalisant peu ou prou un « morceau de ce développement », mais à la différence des pays « sous-développés », elles ont pris le parti du développement et cela en mettant en marche les « forces » dont elles disposent pour y arriver et cela souvent au détriment des pays sous-développés.

Sans nous apitoyer encore sur le siphonage historique (et qui se continue) des ressources naturelles des pays sous-développés qui a permis aux pays occidentaux, coloniaux notamment (et leurs alliés) de devenir ce qu’ils sont aujourd’hui- des puissances assises sur un capital historiquement mal acquis-, le constat est bien plus amer : les pays sous-développés le resteront à jamais.

Les épidémies, les endémies, les virus mortels et autres calamités virales, les pays « sous-développés » les produisent, les pays occidentaux leur fabriquent le vaccin.

Les pays sous-développés, n’ont aucun moyen de locomotion national (ni voiture, ni train, ni avion…) les pays occidentaux, le leurs fabriquent.

Les pays sous-développés ne fabriquent ni machines industrielles, ni pièces de rechange, les pays occidentaux les leurs fournissent.

Les pays sous-développés n’ont aucun brevet de fabrication des produits de haute technologie, les pays occidentaux les monopolisent pour les leur faire payer.

Les pays sous-développés, n’ont que des budgets de rente et d’endettement. Leurs recettes proviennent essentiellement de ressources naturelles limitées et de prêts et autres facilités d’institutions financières internationales par pays occidentaux interposés.

Les pays sous-développés consacrent les trois-quarts de leur budget national aux dépenses de fonctionnement d’une administration publique souvent incompétente et inefficiente.

Les pays sous-développés reçoivent l’armement et l’équipement militaire et sécuritaire des pays occidentaux, à travers des contrats d’achat faramineux échappant souvent à tout contrôle et réduisant dramatiquement leurs budgets.

Les pays sous-développés n’investissent ni dans l’enseignement, ni l’éducation, ni la culture ni dans la maitrise de la technologie sinon de façon médiocre, insuffisante et dans tous les cas inefficace.

Les pays occidentaux développent les grandes universités, les laboratoires de recherche qui attirent les ressources humaines compétentes des pays sous-développés, les dépouillant de leur matière grise.

Les pays sous-développés, n’ont pas voix au chapitre des relations internationales qui sont davantage dictées par la force et le monopole du Conseil de sécurité et autres puissances alliées.

Les pays sous-développés, pensent qu’ils sont indépendants alors qu’ils ne le sont ni économiquement, ni financièrement, ni même politiquement.

Les ressortissants des pays sous-développés s’agglutinent, dans la frustration et le mépris,  devant les consulats des pays occidentaux pour quémander des visas, ou encore se jettent à la mer pour mourir de désespoir devant leurs côtes. Fuyant la misère du sous-développement.

Pendant que les occidentaux, se préoccupent de conquérir l’espace sidéral et projettent de bâtir sur la lune, les pays sous-développés se préoccupent de la pousse des barbes et projettent de bâtir sur des ruines.

Les pays sous-développés, à travers leurs dirigeants, cultivent les croyances sociales surannées et se réfugient dans des religions qui anesthésient leur peuples et leur font accepter toute fatalité.

Les pays sous-développés, à travers leurs dirigeants, bradent leurs ressources naturelles aux compagnies occidentales, détruisant l’environnement et l’espoir des générations futures.

Les dirigeants des pays sous-développés, sont pour la plupart soit des dictateurs, des putschistes, des élus frauduleux, des corrompus, des agents des métropoles coloniales, soit des « manipulateurs de constitution », soit des otages de leurs courtisans, tribus, ethnies ou factions, et dans tous les cas des dirigeants impuissants face au devenir de leurs pays.

Pendant que les forces industrielles occidentales inventent aujourd’hui, le produit de demain pour préparer le futur de la dépendance économique des pays sous-développés, ceux-ci pompent les ressources de leur sol et exportent leurs cultures de subsistance pour acheter ces produits.

Pris dans la gangue militaro-industrielle occidentale (s’étendant jusqu’au Golfe et au-delà) et dans une mondialisation dans laquelle ils ne sont que des consommateurs forcés au prix de la saignée de leurs ressources naturelles en déclin, les pays sous-développés le resteront.

Pris dans les tourments des politiques prônées par le groupe de Bretton woods, avec des sociétés appauvries et des masses acculturées se tournant vers l’extrémisme et la violence, les pays sous-développés sont le champ d’expérimentations militaro-économiques qui les maintiennent dans une géostratégie de la soumission et de la division.

Les pays sous-développés ne peuvent se tourner vers nulle part pour leur salut et celui de leur peuple. Ceux qui se font appuyer financièrement par le Moyen-Orient finissent dans les révoltes et les manipulations religieuses, ceux qui demandent l’appui industriel de l’Extrême-Orient (la chine et l’Inde notamment) subissent les foudres de l’Occident et finissent par regagner les rangs de la puissance coloniale et le giron occidental.

Les pays sous-développés d’Afrique ont-ils un avenir ? Pas certain.

L’assimilation d’une rente (détournée et ou mal utilisée) à une croissance économique.

La littérature économique qui attribue à l’Afrique des taux de croissance souvent à deux chiffres est aussi mensongère que le sont souvent les affirmations de la BIRD et du FMI à l’égard des pays d’Afrique.

Voici les deux récents exemples :

Banque Mondiale :

« Les perspectives macroéconomiques de l’Afrique subsaharienne demeurent prometteuses, avec une croissance à moyen terme qui reste favorable en dépit d’une conjoncture hostile : le PIB de la région qui s’établissait à 4,6 % en 2014 devrait progresser à un rythme annuel moyen de 5,2 % sur la période 2015-16 et s’élever à 5,3 % en 2017. Le PIB par habitant devrait continuer d’augmenter, pour passer de 2,1 % en 2014 à 2,6 % en 2015, et 2,8 % en 2017. » (Banque Mondiale)[1]

Le FMI :

« Le Fonds monétaire international (FMI) est optimiste pour l'économie de l'Afrique subsaharienne, si l'on en croit les prévisions du rapport publié jeudi 31 octobre. "Les vents contraires qui soufflent à l'échelle mondiale ont peu affecté sa croissance en 2013 et le rythme de celle-ci devrait s'accélérer en 2014", estime les auteurs.

Le taux de croissance est prévu à 5 % pour cette année et à 6 % pour l'année prochaine. Autre bonne nouvelle, le taux d'inflation annoncé est en baisse pour la troisième année consécutive et passera en dessous de 6 % à la fin de 2014. » (Le FMI prédit à l'Afrique sub-saharienne une croissance soutenue- Le Monde : 31-10 2013 )[2] »

Hélas ! Ce que l’on refuse de mettre en exergue, c’est que cette croissance est assise sur des ressources naturelles, agricoles, ­pétrolières et minières.

Il s’agit de la croissance d’une rente (épuisable) et non pas d’une croissance économique au sens où cette croissance devrait être la résultante de la valeur ajoutée provenant du tissu industriel (créativité, technologie maitrisée, produits exportés) et commercial (diversité, compétitivité et offre de produits nationaux) du pays.

Les Pays étrangers achètent les extractions minières et autres, les pays sous-développés engrangent le revenu-rente.

Plus le pays sous-développé vend et plus les institutions financières internationales considèrent qu’il y a croissance. Ironique.

En somme, plus un pays exportateur de fer, fait tourner ses pelleteuses (et détruit le sol et le sous-sol) plus il « croit » économiquement. Mieux encore, si le prix du fer sur le marché international augmente,  la croissance en fera de même.

Il s’agit là d’une conception erronée qui continue à maintenir les pays sous-développés dans l’ignorance de leur croissance réelle (en terme d’agrégats économiques réels, d’étoffement de leur tissu industriel, de leurs maitrise technologique et scientifique) et ne sert qu’à faire délivrer, par les institutions financières de l’endettement des satisfecit béats à leurs dirigeants qui les pillent.

La rente financière n’est pas une croissance. C’est le revenu qu’un pays reçoit du fait d’exportations de ressources naturelles et qu’il engrange. Cette rente ne provient ni d’un progrès économique ou industriel ni d’un savoir-faire exporté, ni d’un tissu industriel exploitant des innovations scientifiques et des brevets nationaux, elle provient de la roche que l’on extrait, que l’on casse et que l’on exporte.

Cependant, Il y aurait eu croissance, si cette rente était utilisée pour le développement économique, industriel, technologique, scientifique et social (soit une vraie croissance). Hélas, ce revenu-rente ne sert pas le pays. Il est détourné par des élites corrompues et cela par mille et un moyens, affecté à des projets dont l’intérêt est davantage de servir des factions, clans et tribus.

Aujourd’hui, les pays sous-développés sont à la merci de leurs dirigeants appuyés dans leurs œuvre par des masses salivantes et applaudissant maintenues dans la misère avec la bénédiction de multinationales et autres lobbies de la corruption internationale.

Les intellectuels des pays africains sont soient bridés, exilés ou, pour ceux qui n’ont pas pu garder un semblant de dignité, réfugiés dans le giron du pouvoir. Un pouvoir qui les achète, les manipule et détruit tout espoir de progrès intellectuel.

Une frange de ces intellectuels s’est fourvoyée dans le snobisme et l’allégeance aux modèles occidentaux à telle enseigne qu’elle vendrait son pays pour un visa pour l’occident. Une forme d’esclavage de l’esprit que perpétuent les médias occidentaux et que renforce l’image d’un occident de la consommation et de l’opulence. Cette fuite des intellectuels par monts et vaux, sinon leur corruption,  fait  que les pays sous-développés perdent la sève de leur espoir de développement : leurs ressources humaines.

Qu’on se le dise, donc, il est temps de mettre fin à cette notion trompeuse  de pays « en voie de développement » et de le dire haut-et-fort, il n’y a que des pays sous-développés vivant sur des ressources naturelles (épuisables), avec une intelligentsia en débandade, gouvernés par des gouffres financiers, sans technologie, sans savoir-faire, sans industries de pointe, sans chercheurs ni laboratoires (si n’est l’extension de groupes étrangers) , sans universités de prestige, sans enseignement de valeur, sans tissu industriel viable , sans influence sur la politique et la finance internationales, sans défense contre l’exploitation abusive de leur richesses et la destruction de leur environnement, dopés par des chiffres de croissance erronées, assistés sans le vouloir, surarmés pour se détruire, colonisés en le sachant.

L’avenir des pays sous-développés africains est une simple image : lorsque les ressources naturelles seront épuisées, leurs peuples miséreux ( sans infrastructures sociales viables, sans ressources humaines capables de créer, d’inventer et d’innover, sans institutions économiques et financières solides ni tissu industriel appuyé sur une recherche scientifique et technique de pointe et des politiques publiques réfléchies), verront leurs dirigeants (comme les rats du bateau qui coule) s’enfuir et leurs institutions et territoires se disloquer. Et à la domination politique et socio-économique, jusque-là latente, qu’ils subissaient, se substituera une tutelle non pas sur des Etats mais sur des territoires arides qui,  au mieux, serviront à l’enfouissement des résidus industriels des pays développés. Ce qui a déjà commencé.

Les populations, quant à elles, se disperseront et pour le grand nombre ce sera la migration (encore) vers les pays occidentaux, qui auront déjà érigé des murs littoraux explosifs, creusé des ravins infranchissables et miné les frontières océaniques contre les boat people.

Scénario apocalyptique n’est-ce pas ? Mais le sous-développement est une voie vers l’apocalypse.

Pr ELY Mustapha


[1] http://www.banquemondiale.org/fr/region/afr/overview

[2] http://www.lemonde.fr/economie/article/2013/10/31/le-fmi-predit-a-l-afrique-sub-saharienne-une-croissance-soutenue_3505774_3234.html

dimanche 5 octobre 2014

Cridem, écrits en deuil.

 

Claude Kheloua, Témoignage de faits et d’amitié

 

cridemNous nous sommes connus durant les années de plomb. Lorsque le régime Taya soufflait le chaud et le froid sur une Mauritanie asservie.

Claude en  froid avec la dictature dans un pays froid, moi, échauffé d’aller en découdre depuis un pays chaud et nous partagions, pour ce faire, la même arme : le verbe.

Quand j’ai connu Claude, il se battait en France, contre les aléas d’une vie sociale difficile mais il avait une volonté tenace, malgré ses moyens limités, de servir une cause juste et c’est ce qui fit que nous nous rencontrâmes sur le web.

A la fin des années de plomb, il s’évertuait déjà à maintenir à flot depuis 2004, le site CRIDEM, chez l’hébergeur Frontier (qui devînt par la suite filnet.fr). Hébergeur dont il se plaignait souvent ; du fait de la lenteur de son support technique. Je lui apportais parfois mon appui pour la remise à flot du site ou le dépannage de sa base de données. Puis après m’avoir  avisé, il adopta un CMS plus stable, Typo 3, qu’utilise encore l’actuel Cridem.

J’eus le plaisir d’avoir été le premier à lui confier une publicité payante pour son site, encore hébergé chez Frontier, dont je lui fournissais le contenu. C’était davantage une relation d’appui amical que commercial. Puis vînt le coup d’Etat de 2005, et Cridem servit de véritable plateforme d’expression et d’information sur la Mauritanie comme le furent avant lui le fameux blog de « xouldy » et les forums sur le net tels « Forum diapora », « Mnet » etc.

Claude avait un sens profond de l’amitié, durant toute la période où il était en France, il ne cessait d’invoquer le bon souvenir de ses amis Mauritaniens, ceux avec lesquels il avait soit fait un bout de chemin en treillis, soit qu’il avait connus durant les exils des années de plomb. J’eu le privilège de recevoir de lui, durant nos discussions sur le net, des photos le montrant accompagné de ses amis mauritaniens en France, dont Diop Moustapha.

C’était un homme, d’amitié, de cœur mais aussi d’engagements, la preuve en est justement l’existence de CRIDEM.

Rares sont les fils de ce pays qui pourraient se vanter d’avoir fait autant que Claude, qui s’est battu des années durant contre l’adversité laissant derrière lui sa terre natale pour adopter une cause jusqu’à son dernier souffle.

En janvier de l’année 2007, j’eus à l’interroger à l’occasion d’une interview qu’il m’accorda, sur la radio du net que j’animais, sur son intention de s’installer en Mauritanie et de ses attentes;‏‎ depuis je le perdis de vue, et compris qu’il avait pris à bras le corps les difficultés de son installation en Mauritanie.

Pour la mémoire, on peut écouter ici, un extrait (que j’ai retrouvé en archive) de cette interview de notre ami, Claude avec son inoubliable diction, ni fluide ni bégayante mais si attachante.

Interview Claude

Que Dieu le reçoive en son saint Paradis. Ina llilahi wa ina ileyhi raji’oun.

Pr ELY Mustapha

vendredi 25 avril 2014

Le descendant de Antar Ibnou Chedad Soutient son Cousin maternel.

 

Chapeau, Biram!

imageJ’apporte mon soutien à Biram...à condition qu’il abandonne le chapeau qu’il porte. Franchement faire campagne à l’ombre d’un tel feutre pour un fils du soleil c’est curieux. Mais cela se comprend. A force de faire la navette entre pays froids et pays chauds, il faut bien qu’il se couvre et se découvre et un chapeau c’est bien pratique. Et d’ailleurs qu’est-ce qui convient le mieux à celui qui veut devenir chef qu’un couvre-chef ?

Mais sans ironie, va-t-il devenir chef celui qui est sous le couvre-chef ? Rien n’est moins sûr. Enfin, je suis pessimiste dans le sens où, dit-on, « un pessimiste est un optimiste averti »

J’avais signalé cela, il y a quelques années déjà à son ambitieux prédécesseur Messaoud Ould Boulkheir lire ici l’article : « Messaoud : vous ne serez jamais président»

Aussi, j’apporterai mon soutien à Biram s’il prouve que les maures qui ont le pouvoir politique, économique et financier en Mauritanie sont prêts à se faire gouverner par un Harratine dut-il être prix des Nations unies et autres Weimar distinctions. Que la lutte contre l’esclavage va résoudre les problèmes économiques de la Mauritanie, qu’elle va propulser ce pays au summum des pays industrialisés et que nous deviendrons un pays classé au top des pays non corrompus et bénéficiant du plus haut niveau de vie au monde.

En somme qu’elle est le programme politique de Biram ? La lutte contre l’esclavage est-elle un programme présidentiel ?

Bon allez, croyons-le ! Biram aussitôt élu Président prend un énième décret supprimant l’esclavage. Mais l’esclavage est déjà juridiquement aboli en Mauritanie. L’esclavage étant une affaire de société, va-t-il recourir à la force publique ? Bon allez, tous les esclavagistes en prison, les anciens esclavages inscrits au bureau de l’emploi. C’est bien et après ?

Programme révolutionnaire

Biram, semble bien avoir compris que l’on ne peut briguer la présidence avec un programme d’ONG. Il a donc sur son site web (consultable sur ce lien : http://biramdahabeid.org/ ) publié un programme de campagne (que je conserve en lettres capitales) :

« Le projet que je promeus et défends est basé sur ces priorités :

1. PROMOUVOIR L’ESPRIT DU SAINT CORAN ET DU PROPHÈTE POUR METTRE EN LUMIÈRE L’IMAGE VRAIE ET ORIGINALE D’UN ISLAM DE TOLÉRANCE, DE JUSTICE, LOIN DES INTERPRÉTATIONS FAUSSES ET INJUSTES.

2. PROMOUVOIR ET PROTÉGER LES DROITS FONDAMENTAUX POUR TOUS.

3. SUPPRIMER LES PRIVILÈGES DE CASTES ET LES ACCORDS TRIBAUX AU-DESSUS DE LA LOI, SUPPRIMER LA CORRUPTION.

4. STIMULER L’ÉCONOMIE PRODUISANT LA VALEUR ET L’EMPLOI.

5. ENCOURAGER LA PRODUCTION NATIONALE, REGAGNER ET PRÉSERVER L’HÉRITAGE ÉCOLOGIQUE.

6. PROMOUVOIR UNE DÉMOCRATIE PARTICIPATIVE.

7. GARANTIR LA PAIX, LA SÉCURITÉ ET LA STABILITÉ DU PAYS.

8. TRAVAILLER À L’INTÉGRATION AFRICAINE ET ARABE DE LA MAURITANIE.

9. PROTÉGER LES RESSOURCES NATIONALES ET ENCOURAGER LES INVESTISSEMENTS, RASSURER LES PARTENAIRES ET INVESTISSEURS ÉTRANGERS. »

Vaste programme en effet, mais qui pèche par la généralité notamment en certains de ses points (2, 4, 5, 6, 9), qui sont le terrain communs des programmes des candidats de tous bords en Mauritanie, et ailleurs…

Restent les points 1, 3 et 8 où le programme de Biram fait la différence. Toutefois, si la volonté de les réaliser ne fait pas de doute, il reste que leur réalisation ne doit ne pas figurer dans un programme électoral mais dans un manifeste révolutionnaire.

Point 1. Ce point (malgré sa justesse dans une société où la religion a souvent été manipulée et mal interprétée n’est pas dénué d’intérêt) entraine un amalgame sérieux entre le rôle que doit jouer un Etat non théocratique, régit par une constitution laïque et la volonté de Biram de « promouvoir » l’esprit du Coran et celui de son prophète (PSL) ». Cette intervention de l’Etat dans la sphère religieuse pour imposer une vision « vraie et originale de l’Islam » est un acte aussi dangereux que celui de vouloir imposer une vision «  obscurantiste et extrémisme », car ces actes seront toujours une volonté de manipulation de la conscience religieuse de l’individu. Ce qu’il faut considérer c’est que la Religion n’est pas une affaire d’Etat ni de groupes, mais de conscience individuelle. Une relation spirituelle entre l’être et son créateur. Vouloir y intervenir à travers l’autorité publique, temporelle par excellence, sur la religion est aussi improductif que dangereux que ce que font d’autres puissances informelles.

Ce que l’on n’a pas compris, c’est que l’encadrement de la religion et les dérives de ceux qui l’utilisent à des fins extrêmes ne doit pas se faire à travers la religion elle-même, qui est un acte de libre conscience mais à travers la loi de l’Etat. La loi doit pouvoir punir et sanctionner les dérives et redonner confiance à ceux qui rejettent l’intolérance. La loi doit être l’élément fondamental de dissuasion de l’intolérance et de l’extrémisme. Elle doit définir les missions et structures d’encadrement et de formation aux sciences religieuses et leur donner les moyens de leur mission dans une perspective moderniste et dans le cadre d’un plan de développement économique et social consenti et discuté à l’échelle nationale.

Un Alem qui vous saura expliquer, par exemple, à ses disciples aussi bien les enseignements du Prophète (PSL) que la philosophie de Mahatma Ghandi ne peut être un maître intolérant, et ses disciples non plus. Or c’est cette ouverture du savoir des oulémas et des savants qui fit l’âge d’or de l’Islam.

(Voir ici mon article «  oulémas...pour quelle République »)

En Islam, le disciple sera ce qu’en fera l’enseignement de son maître. L’Etat ne doit intervenir ni dans la conscience du maître ni dans celle du disciple mais à travers la loi laïque, juste, rigoureuse et impartiale qui organise l’éducation et l’enseignement, qui réprime les manquements aux principes fondamentaux d’une République démocratique et qui redistribue équitablement les revenus par élimination du vecteur principal de l’extrémisme et de l’intolérance : la pauvreté.

Un Etat fort. Une loi juste. Un pays prospère. Voilà le véritable cadre de promotion d’une religion de tolérance et de respect.

Quant au point 3 du programme de Biram : « Supprimer les privilèges de castes et les accords tribaux au-dessus de la loi et supprimer la corruption »

En Mauritanie, supprimer les privilèges des castes et les accords tribaux, est aussi difficile que de supprimer la religion elle-même. Les maures et les négro-mauritaniens, aussi tribalistes les uns que les autres ont érigé la tribu et la caste en organisations sociales sacrées. Y toucher où l’inscrire dans un programme constitue déjà un affront qui n’est pas sans conséquences sur le comportement des chefferies et autres détenteurs du pouvoir tribal en Mauritanie.

La Tribu en Mauritanie, n’est plus depuis l’indépendance une organisation sociale gérant les intérêts socio-économiques primaires et consanguins d’individus, mais une « unité » électorale qui est entré dans le jeu du pouvoir, des négociations et des enjeux politiques. Vouloir supprimer les privilèges et les accords tribaux, c’est se faire marginaliser car c’est couper à ceux qui assurent la dynamique de groupes d’intérêts dans ces tribus, leur influence et cela peut entrainer des réactions inattendues.

Certes, moi qui suit le descendant direct de Antar Ibnou Cheddad, seigneur des Beni 'Abs, de la tribu guerrière de Ould Nasser accepterait bien qu’un Harratine gouverne les tribus de Mauritanie. Mais ai-je la même structure tribalo-mentale que le reste des mauritaniens ? (Voir ici, mon article : « Le descendant de Antar Ibnou Cheddad a dit.. »

En tout cas pour moi, ce n’est pas donné puisque je suis Nassri du coté de mon père, Jekani du côté de ma mère, Sbaï du côté de ma grand-mère paternelle, Dewaalawi du coté de mon arrière-grand-mère paternelle, et tunisois… du côté de mon boulot. Plus tribaliste que moi tu meurs !

Mais, après tout Antar Ibn Cheddad, n’est-il pas lui-même fils d’une esclave abyssine nommée Zabiba. Les coïncidences font bien les choses : alors Biram serait, donc, sans le savoir mon cousin maternel. Donc voilà un argument pour que je soutienne Biram.

Quant à supprimer la corruption, c’est encore plus difficile que de supprimer, la religion, la tribu, et les castes ensembles. La religion n’est sensée nourrir que l’âme du croyant, la tribu ne nourrit que son ego et la caste ne nourrit que sa folie sociale, alors que la corruption ça nourrit et alimente bien des ventres en Mauritanie. Les religieux, les tribalistes, les castrés et des franges entières de la population agrippées à des privilèges d’accointance au pouvoir, en vivent ( voir ici : mon article « les esclaves du ventre » ).

Ce que Biram veut supprimer, la Corruption, c’est le nerf moteur de l’Etat mauritanien. Comment croire que tout un peuple soit soumis à un mécano étoilé, deux fois putschistes, trainant les partis dans la poussière et accaparant les ressources de la nation, si ce n’est parce qu’il en distribue par ses canaux officiels (nominations régionales, tribales etc.) et réseaux informels (marchés publics, investissements octroyés..) pour se maintenir au pouvoir. (voir mon article : “Spartacus au pays de l’Opium” )

Vouloir supprimer la corruption c’est se mettre à dos toute une « intelligentsia » rampante et applaudissante qui s’est dévoyée au pouvoir (à tout pouvoir) parce qu’il la nourrit et qui n’hésiterait pas à se salir les mains (sa conscience l’étant déjà) pour barrer la route à toute bonne volonté voulant changer la triste situation du pays.

Enfin, le point 8. « Travailler à l’intégration africaine et arabe de la Mauritanie ». Les maures ne manqueront pas de remarquer que Biram a fait précéder l’intégration africaine à l’intégration arabe de la Mauritanie, ce qui est une « hérésie » qui ne va pas dans le sens de la pensée unique panarabe en Mauritanie et sur laquelle le pouvoir joue avec cynisme depuis bien des années. Sur ce plan, les réactions marquées sur la langue arabe, unique langue officielle et l’arabité de la Mauritanie ont montré que c’est un terrain extrêmement sensible qui fait l’affaire de bien des missionnaires de la discorde politique(souvent à la solde de qui on sait), au sein du pouvoir ou dans le partis épars.

En définitive, le programme électoral de Biram pour briguer les présidentielles, ne pêche ni par l’originalité ni par la nouveauté.

C’est un croisement de généralités politiques (partagées avec tous les partis politiques en place et avec le pouvoir lui-même) et de revendications révolutionnaires (imbibées du combat politique de Biram) et dont la réalisation dans le futur proche (disons 2 mandats présidentiels) relèverait de l’utopie sinon de la contre-productivité dans un programme électorale.

Ceci dit, je soutiens Biram.

Pour une raison très simple qui au-delà du programme politique du candidat, justifie qu’on le soutienne.

Biram, n’est pas corrompu. Il ne s’est pas enrichi et n’a donc pas pillé les biens de l’Etat.

Il n’est ni putschiste, ni prévaricateur. Il a mené un combat pour une cause juste.

Il a subi les pires sévices de l’enfermement et de l’humiliation et il a, contrairement à ceux qui gouvernent la Mauritanie et piétinent les droits de l’homme, acquis les honneurs et la reconnaissance de la communauté internationale pour sa lutte pour les droits de l’Homme.

Il s’est battu pour sa communauté spoliée en Mauritanie au prix de sa liberté, il se battra bien pour toute une nation. Faudrait-il cependant croire en son combat. Il y croit. Il brigue la présidence. Ceux qui y sont déjà où qui s’apprêtent à la briguer sont-ils meilleurs que lui ? J’en doute.

Je le soutiens, avec mes doutes qu’il puisse devenir si tôt Président. Mais ne faudrait-il pas soutenir ceux auxquels on croit au combat car même si la déception arrivait, ce sera toujours, une victoire.

Pr ELY Mustapha

samedi 1 mars 2014

Lorsque les oulémas se brûlent au contact du pouvoir

 

 

Pugilat des oulémas, risée des oumaras, misère ici-bas.

 

La science resta précieuse, jusqu’à ce qu’elle fut portée aux portes des sultans et qu’on ait pris un salaire en échange,  Allah a alors enlevé la douceur du cœur (des savants) et les priva de la science à cause (du salaire).

Sofiane Ath-Thawrî  (Rapporté par Ibn An-Nadjdjar dans son «Târîkh »)

 

 

 

 

 

bismi lahi Quand un Alem (savant théologien), image de l’homme de Dieu se fait agresser physiquement par l’un de ses propres disciples à la fin d’une prière dans une mosquée, et cela à cause d’un comportement social et matériel, la question qui se pose est de savoir : avons-nous encore des ulémas qui méritent ce titre et cet honneur ? Ne se sont-ils pas brûlés au contact du pouvoir et des matérialités de ce monde ? N’ont-ils pas vendu leurs âmes, aux émirs, rois et présidents entrainant dans leurs sillons, ceux qui croient en eux et qui finissent dans l’ignorance, l’erreur, la pauvreté et la tyrannie de ceux qui les gouvernent et qu’ils servent par leur savoir religieux ?

 

Nos savants ne semblent pas avoir intégré l’enseignement qui, d’El Boukhari à El Ghazali en passant par des milliers d’ulémas et jurisconsultes - et bien avant eux les enseignements du prophète Mohamedclip_image002 et ses compagnons et disciples-, a mis en garde les savants musulmans contre la fréquentation des gens de pouvoir, allant jusqu’à leur retirer toute intégrité morale et dignité !

Le pugilat de nos oulémas d’aujourd’hui, ne fait que le spectacle des oumaras en place. Ils leur ont aliéné leur peuple en usant de la parole d’Allah.

اشْتَرَوْا بِآيَاتِ اللَّهِ ثَمَنًا قَلِيلًا فَصَدُّوا عَنْ سَبِيلِهِ ۚ إِنَّهُمْ سَاءَ مَا كَانُوا يَعْمَلُون

“Ils troquent à vil prix les versets d'Allah (le Coran) et obstruent Son chemin. Ce qu'ils font est très mauvais!”

 bismi lahi

Et si cela ne te plaît pas, tu es un sultan…

 

 

A l’émissaire du Sultan il dit :

«Dis-lui que je ne me permets pas de rabaisser la science ni de la porter devant les portes des sultans. S'il en a quelque besoin, il n'a qu'à venir dans mon oratoire ou chez moi. »

Et au sultan lui-même il dit : "Et, si cela ne te plaît pas, tu es un sultan et tu peux m'interdire de professer. [J'espère] que cela me soit une excuse devant Dieu le jour de la Résurrection" ...».

C’est la réponse qu’El Imam Al-Boukhari fit à l’émir Khaled ben Ahmad Azouhaly, le gouverneur de Boukhara (ancienne province de Khorassan, du règne des Omeyyades, actuelle ville d’Ouzbékistan), qui lui avait demandé de se présenter avec ses livres pour être écouté de ses fils.

Le refus d’Al-Boukhari d'aller chez l'émir lui valut une dissension qui le força à l’exil, mais il ne renonça pas à sa conviction que les oulémas ne sont pas au service des émirs mais à la parole de Dieu et au salut des hommes.

Cheikh Azzeddine Ibn Abdessalam que les gouverneurs et autres potentats de son époque sollicitaient pour leur rendre visite disait :

« J’ai étudié la science pour être un ambassadeur entre Allah et sa création, penses-tu que je vais me rendre à la porte de ces gens ? »

Ibn Al Hâdjdj dans Al Madkhal a dit : Il convient au savant, il lui incombe même de ne pas se rendre chez les fils de la dounya, car il est plus convenable pour un savant que les gens soient à sa porte que l’inverse.

Ibn An-Nadjdjâr rapporte que Mouflih Ibn Al Aswad raconte que le Calife El Maamoun passant près d’un homme qui guidait la prière d’El icha, pria dans ses rangs et  engagea avec lui, après la prière, une discussion sur le fiqh (jurisprudence). L’homme contredisait le Calife sur les points de fiqh et lui apportait la preuve de ce qu’il avançait. Lorsque l’homme eut exposé de nombreuses contradictions aux avis du Calife, celui-ci lui dit : « Prends l’engagement que lorsque tu rencontreras tes amis, tu leur diras que tu as donné tord à l’émir des croyants ». L’homme ne sachant pas qu’il avait affaire au Calife lui dit : « Par Allah, ô émir des croyants ! J’ai honte que mes amis sachent que je suis venu te voir ». Signifiant par-là qu’en tant que savant ce n’est pas un privilège qu’il l’ait rencontré et que au contraire ce serait une honte qu’il ait rencontré le détenteur du pouvoir !

Alors le Calife El’ Maamoun, comprenant l’humilité de l’homme et la profondeur de sa foi en Dieu pas aux hommes, dit alors : « Grâce à Dieu qui a fait en sorte qu’il y ait parmi mon peuple quelqu’un qui ait honte de me rencontrer » Puis il se prosterna par gratitude envers son Seigneur.

L’Imam derrière lequel il pria n’était autre qu’ Ibrâhîm Ibn Ishâq AlHarbî. »

Al Bayhaqi dans Chouaib Al Imane rapporte que Bichr Al Hâfî a dit «

Qu’il est repoussant de demander après un savant et qu’on réponde qu’il est à la porte de l’émir. »

Foudayl Ibn iyad a dit : «…méfiez-vous des portes des sultans car elles causent la disparition des bienfaits (...) dès que le savant entre les voir et voit ce qu’Allah leur a octroyé comme demeures et servants, il méprisera le bien dans lequel il se trouve et c’est ainsi que les bienfaits disparaîtront.»

Les vrais et respectés oulémas de l’Islam d’autrefois se méfiaient des détenteurs de pouvoirs et ne recommandaient pas leur fréquentation, car cela corrompt l’âme et avilit le rang du savoir.

Aujourd’hui, au contraire, les oulémas sont aux portes des sultans et des émirs et la plupart ont perdu leur âme et la neutralité qu’ils devaient garder pour transmettre le savoir religieux. Ils ont confondu entre le spirituel et le temporel et se sont brûlés aux flammes matérielles du second oubliant les lumières salvatrices du premier.

El Imam El Ghazali conseillait dans son livre «  Ihya Ouloum Eddin » (Revivification des sciences de la foi) le savant à propos de la fréquentation des gens de pouvoir :

« Sache que tu as le choix entre trois situations avec les émirs et les califes injustes : la première qui est la pire est de rentrer chez eux, la deuxième qui est moindre est qu’ils viennent chez toi, la troisième qui est la plus prudente est que tu t’écartes d’eux, que tu ne les vois pas et qu’ils ne te voient pas »

Mieux et par-dessus,  tout le prophète Mohamed clip_image002[1] a mis en garde ceux qui prêchent la parole d’Allah  en décrivant certains d’entre eux  comme suit :

«Des prédicateurs aux portes de l’Enfer, dans lequel ils précipiteront ceux qui leur répondent».

Houdhayfa clip_image004, Compagnon du Prophète, lui demanda:

« Oh Messager d'Allah! Décris-les-nous».

Le Messager d’Allah clip_image002[2] lui répondit alors :

" Ils sont des nôtres et ils parlent notre langue." (Mentionné par Al-Boukhari)

Le prophète clip_image002[3] a dit dans un célèbre hadith :

« Allah ne fera pas disparaître la science en l’ôtant aux hommes, mais Il la fera disparaître en faisant périr les savants, si bien que lorsqu’ils auront disparu, les gens prendront pour guides des ignorants qu'ils interrogeront, et qui leur donneront des fatwas sans aucune autorité, ils les égareront en s’égarant eux-mêmes. »

Ce qui explique bien l’injonction de Mouhammad Ibn Sirîne : " Cette science est une religion, prenez donc garde de qui vous prenez votre religion " (rapporté par Mouslim)

Il est donc apparu, de nos jours,  des porteurs de la parole de Dieu qui l’utilisent pour leur intérêt personnel ou pour leur rayonnement. Ils fréquentent les gens de pouvoir et utilisent les médias pour rayonner. Alors que l’humilité et la discrétion sont les caractéristiques du vrai savant. Son rayonnement nait de sa propre science et la reconnaissance de ses disciples et des croyants et non point forcée par une quelconque autorité au pouvoir ou un média quelconque.

Ces savant qui fréquentent le pouvoir et agissent pour quelques deniers en appliquant sa volonté et souvent son despotisme ce sont les oulémas du pouvoir.

L'imam Ibn Taymiyya écrivit :

« Quand le savant abandonne ce qu’il connaît du Coran et de la sounna du messager qu’Allah le bénisse et le Salue, et suit le jugement du gouverneur qui contredit le Coran et la sounna, il est alors un mécréant apostat, qui mérite le châtiment ici-bas et dans l’au-delà. » [Majmoua Al Fatawa 35/372]

Nous avions dans un article précédent consacré des développements aux oulémas du pouvoir et aux oulémas de la dignité (voir « de l’obeissance au gouvernant »)

  bismi lahi

Assassiné sans couteau…

 

Certains savants de l’Islam, on considéré que la fréquentation des oulémas des couloirs du pouvoir conduit à assimiler leur dégradation morale et spirituelle à leur mort par  assassinat  sans couteau.

Voici ce que dit Abu Bakr al-Aajurri (savant du 4ème siècle de l’hégire) du savant du pouvoir :

« Il est devenu infatué avec l'amour de cette vie, et avec les louanges et sa position auprès des gens dans ce monde. Il utilise la science comme un ornement tout comme une belle femme s'orne elle-même avec les bijoux de ce monde, mais il n'orne pas sa connaissance d'actions qui lui est liée. »

« Alors ces caractéristiques et ressemblances prédominent le cœur de celui qui ne tire pas bénéfice du savoir, et tandis qu'il porte ces caractéristiques son âme va commencer à avoir l'amour de sa notoriété et sa position - de sorte qu'il va aimer s'asseoir avec les rois et les princes de ce monde. Ainsi il aime partager leur style de vie opulent, partager leurs vêtements prodigieux, leur transport confortable, leurs domestiques, leurs habits fins, leur literie délicate et leur nourriture délicieuse. Il aimera que les gens accourent à sa porte, que ses paroles soient écoutées, qu'il soit obéit - et il ne peut atteindre ce dernier qu'en devenant un juge (Qadhi) - alors il va chercher à en devenir un. Ainsi il ne sera possible d'en devenir un qu'en propageant sa Religion, donc il va se rabaisser devant le gouverneur et ses ministres, en étant à leur service et en leur donnant sa notoriété comme tribut. Il garde le silence lorsqu'il voit leurs mauvais actes après être entré dans leurs palais et leurs maisons. Alors sur ce il se peut même qu'il loue leurs mauvais actes et les déclarer bonnes grâce à quelques mauvaises interprétations afin d'améliorer sa position auprès d'eux.

Puis lorsqu'il devient habitué à faire ceci durant une longue période et que le faux a complètement pris racine en lui - alors ils le promulguent à la position de juge (qadhi) et l'assassinent ainsi sans couteau. [1]

Ainsi il lui a été accordé une telle faveur qu'il est obligé et doit leur montrer sa gratitude, alors il use de grands efforts pour s'assurer qu'il ne les fâche pas et ne se fasse pas retirer sa position. Mais il ne se soucie pas de ce qui peut attirer sur lui la colère de son Seigneur, le Très-Haut, et ainsi il détourne le bien des orphelins, des veuves, des pauvres et nécessiteux, le bien réservé des waqf (dotations religieuses) pour ceux qui combattent au Jihad et les besoins de la Mecque et de Médine, et le bien qui est supposé profiter à tous les Musulmans - mais à la place il l'utilise pour satisfaire ses commis, chamberlains et domestiques. Alors il mange ce qui est haram (interdit) et se nourrit de ce qui haram et augmente ce qui lui cause du tort. Ainsi la routine prend celui que la science lui vaut d'avoir ces caractéristiques. Alors qu'au contraire c'est dans la science où le Prophète,
clip_image002[4]- allait chercher refuge et dont il nous ait ordonné d'aller chercher refuge. C'est à propos de la science que le Prophète, clip_image005- a dit : « Ceux parmi les gens qui recevront un sévère châtiment le Jour de la Résurrection sont les savants qui n'ont pas tiré bénéfice de leur science auprès d'Allah »[2]

Al Imâm Abû 'Amr 'Abdourrahman Al Awza’i, disait quant à lui : « Il n’y a rien de plus détesté par Allah qu’un savant qui rend visite à un calife. » (rapporté par El Imam El Ghazali)

El Imam Ghazali rapporta qu’il entendit dire : « Si vous voyez le savant rendre visite au sultan alors soupçonnez-le au sujet de votre religion. Je ne suis jamais rentré chez ces gens-là sans faire un examen de mon âme à la sortie et je l’examine en profondeur même si je les affronte avec dureté et que je contredis leurs passions ».

Said Ibn Al Moussayib clip_image004[1]- faisait du commerce d’huile et disait : « Il y a en ceci ce qui nous dispense (d’avoir recours aux) sultans ».

Wahb clip_image004[2] a dit : « Ceux qui rentrent voir les rois sont plus nuisibles à la Oumma (communauté musulmane) que les personnes s’adonnant aux jeux de hasard ».

Mohammed ibn Maslamaclip_image004[3] a dit : « Les mouches sur les restes de nourriture sont meilleures qu’un lecteur (de Coran) à la porte de ces gens-là ».

Qaunt à Alî Ibn Al Hassan As-Sandali, il répondit au Sultan qui demandait pourquoi il n’est pas venu lui rendre visite : « J’ai voulu que tu fasses partie des meilleurs rois en rendant visite aux savants et je n’ai pas souhaité faire partie des pire savants en rendant visite aux rois. »[3]

L’histoire des savants musulmans qui refusèrent de rencontrer les sultans, les émirs et les rois de leurs temps est si éloquente qu’il semble bien que nous vivons actuellement une époque où nos oulémas ne semblent jamais avoir appris cette histoire. Pourtant, ils se brûlent au contact du pouvoir et scellent avec lui le sort de populations entières qui croient en eux et qui finissent dans l’ignorance, l’erreur, la pauvreté et la tyrannie de ceux qui les gouvernent et qu’ils servent par leur savoir religieux.

 bismi lahi

 

Tout le monde n’est pas satisfait de ton émirat, et je déteste mentir…

 

Nous sommes loin de l’attitude des oulémas et des hommes saints d’autrefois qui craignaient de rencontrer les détenteurs de pouvoir et quand par la force on les obligeait à les rencontrer savaient leur dire les vérités au risque de leur propre vie.

C’est l’exemple de Tawous ben Qiçan Al Yemeni El Hamdani clip_image007:

A son arrivée en pèlerinage à la Mecque, Hicham Ibn Abdel Mâlik , Calife omeyyade (71-125 de l’hégire ), demanda qu’on fasse venir un homme parmi les compagnons du prophète.

On lui répondit : « Ô émir des croyants, Ils sont tous morts.»

« Un parmi les Tabi’in, alors », demanda-t-il.

On lui ramena Tawous ben Qiçan Al Yemeni El Hamdani, l’un des disciples du prophète clip_image002[5],

Dès qu’il entra chez le sultan, il se déchaussa au bord du tapis et lui adressa le « salam » sans l’interpeller par son titre « émir des croyants ».

Au lieu de cela, il dit : « Assalamou alayka Ya Hicham ».

Il ne l’appela pas non plus par sa kounya ( qui est une appellation traditionnelle par référence à la descendance immédiate. Exemple:Abou Ali, Abou Ahmed etc.) - mais plutôt s’assit face lui en demandant : «Comment vas-tu Ô Hicham ? ».

Hicham se mit en colère au point qu’il faillit le tuer et lui demanda ce qui le poussait à agir de la sorte.

Tawous ben Qiçan Al Yemeni El Hamdaniclip_image008 lui dit alors : « Agir comment ? »

Hicham s’énerva de plus belle et lui répondit : « Tu t’es déchaussé au bord de mon tapis, tu n’as pas baisé ma main, tu ne m’as pas salué en m’appelant émir des croyants, tu ne m’as pas non plus appelé par ma kounya et tu t’es assis en face de moi sans m’en demander la permission et tu m’as interpellé en disant ‘ô Hicham’ ».

Tawous lui répondit:

- « Concernant le fait de m’être déchaussé au bord de ton tapis, je le fais cinq fois par jour entre les mains de mon Seigneur, il ne me punit pas, ni ne se met en colère contre moi.

- Quant au fait que je n’ai pas baisé ta main, et bien j’ai entendu Ali Ibn Abi Talib clip_image009 dire : « Il n’est permis à personne de baiser la main de quelqu’un si ce n’est sa femme par désir ou son fils par miséricorde. »

- Quant au fait de ne pas t’avoir salué en t’appelant « émir des croyants », c’est parce que tout le monde n’est pas satisfait de ton émirat, et je déteste mentir.

- Pour ce qui est de ne pas t’avoir appelé par ta kounya, Allah soubhanahou wa ta‘âla a appelé ses alliés en disant : « Ô Dawoûd, ô Yahyâ, ô Îssâ » et a appelé ses ennemis par leur kounya:« Périssent les mains d’Abou Lahab » (Sourate 111, Verset 1.)

- Si je me suis assis face à toi, c’est parce que j’ai entendu Ali Ibn Abi Talib clip_image010dire : « Si tu veux regarder un homme parmi les gens du feu, regarde un homme assis et autour de lui un groupe de gens se tenant debout. »

Hicham lui dit alors : « Conseille-moi ! »

Il lui dit alors : « J’ai entendu Ali Ibn Abi Talib clip_image011 dire : « Il y a dans la géhenne des serpents tels une clôture et des scorpions tels des mules, ils mordent chaque émir qui est injuste envers ses gouvernés

Il se leva alors et sortit.

Alors véritablement où se situent dans leur comportements et leurs attitudes face aux gouvernants nos « oulémas » d’aujourd’hui par rapport à Tawous ben Qiçan Al Yemeni El Hamdani clip_image011[1] ?

Il n y a aucune commune mesure.

 bismi lahi

 

  Par ta faute, ils ont semé la suspicion au sujet des savants et ont meurtri les cœurs des ignorants.

Les savants digne de ce nom en Islam n’ont pas hésité à prévenir leurs condisciples contemporains sur les dangers spirituels et temporels qu’ils courent en fréquentant les détenteurs du pouvoir, la lettre d’un contemporain au grand érudit AbouBakr Azzahri (vécu de 50 - ou 51 – à 124 de l’hégire) est un chef-d’œuvre en la matière :

« Qu’Allah nous préserve des Fitans (guerres intestines) ainsi que toi ô Abâ Bakr, tu t’es mis dans une situation où il convient à celui qui te connaît d’invoquer pour toi et d’implorer la miséricorde d’Allah sur toi.

Tu es devenu vieux et les bienfaits d’Allah t’ont alourdi alors qu’Il t’a accordé la compréhension de Son Livre et t’a appris la Sounna de son Prophète . Ceci n’est pas l’engagement que les savants ont pris envers Allah.

Sache que le plus aisé de ce que tu as commis et le moins grave de ce que tu as porté (comme fardeau) est d’avoir tenu compagnie à celui qui est injuste et que tu as facilité la voie de l’égarement, tu as donné de l’importance à celui qui n’a pas rendu aux gouvernés leurs droits, et qui n’a pas délaissé le faux alors qu’il t’a rabaissé.

En effet, il t’a pris comme pôle autour duquel tourne le moulin de leur injustice, un pont à travers lequel ils traversent en direction de leur affliction et une échelle par laquelle ils montent vers leurs égarements.

Par ta faute, ils ont semé la suspicion au sujet des savants et ont meurtri les cœurs des ignorants.

Ce qu’ils ont construit pour toi est insignifiant par rapport à ce qu’ils ont ruiné en toi. Comme sont nombreuses les choses dont ils t’ont dépossédé en corrompant ta religion. Qu’est-ce qui te garantit de ne pas faire partie de ceux au sujet desquels Allah a dit :

« Vinrent à leur suite d’autres générations qui délaissèrent la prière et suivirent leurs passions »?

Tu as affaire à quelqu’un qui n’est pas ignorant, et ceux qui ont appris de toi ne sont pas insouciants, soigne donc ta religion car s’y est introduite une maladie et prépare ta provision car va survenir un voyage lointain, et rien n’échappe à Allah dans les cieux et sur Terre, wa as Salâm ».

Notons la clairvoyance de celui qui adressa ce message. Une clairvoyance qui ferait pâlir nos oulémas d’aujourd’hui. C’était  quelques années après l’Hégire.

Et ce qui renforce encore davantage la suspicion qui doit régner à l’égard des oulémas qui fréquent les émirs ce hadith du prophète Mohamed clip_image004[8].

D’après Al-Hassan Ibn Soufian, d’après Ibn Malik, le Prophète Mohamed clip_image004[9], a dit :

« Les savants sont les garants des Prophètes auprès des serviteurs d’Allah, tant qu’ils ne fréquentent pas les sultans. Car, quand ils fréquenteront les sultans, ils auront trahi les Prophètes. Prends alors garde à eux et ne les approche plus » (Rapporté par l’Imam Souyouti, , dans son livre «  les pionniers et leur comportement à l’égard des sultans »)

 bismi lahi

 

  Au temps où le savant faisait pleurer de piété le Calife

 

Voici enfin le récit de la lettre que Sufiane Ibn Said Ethawri envoya au Calife Harouna Errachid qui l’invitait à lui rendre visite lorsqu’il devint Calife .Harouna Errachid entretenait une amitié avec Sufiane Ibn Said Ethawri et pourtant celui-ci ne vint pas à son invitation alors que tous les oulémas du Califat sont venus lui rendre hommage.

Le récit de cette lettre est rapporté par l’Imam Ibn Balban et l’Imam el Ghazali.

La lettre de Harouna Errachid à Sufiane Ibn Sa’id Ethawri :

« Au Nom d’Allah le Clément le Miséricordieux,

De la part du serviteur d’Allah, Haroun, le chef des croyants à son frère en Allah Sufiian Ibn Said Ethawri

Tu sais, qu’Allah subhana wa ta‘ala a lié les croyants par des liens de fraternité .Quant à moi, je te considère comme mon frère en Allah, et pour cette fraternité, je n’ai pas rompu les liens d’amitié que j’ai pour toi, j’ai en moi une grande amitié pour toi et je suis à ton entière disposition. S’il n’y avait pas les responsabilités dont Allah subhana wa ta‘ala m’a chargé, je serais venu à toi, même à quatre pattes, et ce, en raison de l’amour que j’ai pour toi dans mon cœur.

Sache, ô Abou Abdallah ! Qu’il n’y a pas un de nos frères à tous les deux qui ne soit venu me rendre visite et me féliciter pour les fonctions qui m’ont été confiées. J’ai ouvert la trésorerie et je leur ai donné des cadeaux magnifiques, ce qui m’a fait plaisir et qui m’a réjoui. J’ai trouvé que tu as tardé à venir me voir, et c’est pour cette raison que je t’écris cette lettre pour t’informer du désir ardent de te voir que j’éprouve envers toi.

Oh Abou ‘Abdallah ! tu connais les hadiths qui ont été rapportés au sujet du fait de rendre visite au croyant et d’entretenir les liens avec lui, alors dès que ma lettre te parviendra, empresse toi de venir à moi ! »

La réponse de Sufiane Ibn Said Ethawri au Calife Harouna Errachid :

«  Au Nom d’Allah le Clément le Miséricordieux

De la part du serviteur et du pécheur Sufiane, à l’attention du serviteur berné par l’espoir de vivre longtemps, Haroun, celui a qui, la douceur de la foi, ainsi que le plaisir de la lecture du Coran ont été enlevés.

Je t’écris afin de t’informer que j’ai coupé les liens avec toi et que j’ai rompu l’amitié que j’avais pour toi. Tu as fait de moi, un témoin contre toi, et ce, car tu as reconnu toi-même, dans ta lettre, que tu as assaillis la trésorerie des musulmans, et que tu as dépensé et gaspillé à tort ; sache que je témoigne contre toi, moi et mes frères qui ont assisté à la lecture de ta lettre, et nous allons nous servir de ce témoignage auprès du Juge Juste ;

Ô Haroun ! Tu as assaillis la trésorerie des musulmans sans leurs consentement ;

Les nouveaux venus à l’Islam, ainsi que ceux qui s’occupent d’eux et qui se trouvent sur la terre d’Allah, les combattants pour la cause d’Allah et les orphelins t’ont-ils agrée pour ton acte ?

Ceux qui connaissent le Coran par cœur et les gens de science, c'est-à-dire ceux qui mettent cette dernière en pratique, t’ont-ils agrée pour cet acte ?

Les orphelins et les veuves t’ont-ils agrée pour cet acte ?

Les gens parmi tes sujets t’ont-ils agrée pour cela ?

Alors ô Haroun ! Sers ta ceinture et prépare les réponses que tu vas donner lors de ton interrogatoire et arme toi de patience pour les malheurs que tu vas subir.

Et sache que tu vas te tenir debout entre les mains du Juge Juste, alors crains Allah pour toi-même, et ce, si t’ont été ôtés la douceur de la science et de l’ascétisme, les plaisirs du Coran et le fait de t’asseoir avec les bienfaisants, et que tu as accepté pour toi-même, d’être un tyran et d’être pour les tyrans un chef.

Ô Haroun ! Tu t’es assis sur le trône et tu t’es habillé de moelleux ; tu as baissé les rideaux devant ta porte et tu t’es assimilé au Maître du monde avec ton planton ; ensuite, tu as mis devant ta porte tes soldats tyrans, qui oppriment les gens et qui ne sont pas justes ; ils boivent du vin et ils punissent ceux qui boivent le vin, ils commettent l’adultère et ils punissent celui qui commet l’adultère, ils volent et ils coupent la main du voleur, ils tuent et ils celui qui tue.

Ces jugements devraient tout d’abord s’appliquer à toi et à eux, avant qu’ils ne soient appliqués sur les gens.

Ô Haroun ! Quel sera ton état demain lorsque l’on criera auprès d’Allah : « Rassemblez les injustes et leurs épouses » [Coran 37 : 22 ],

« Où sont les tyrans et leurs aides ? »

Et que l’on te mettra devant Allah subhanahou wa ta‘ala alors que tes deux mains seront attachées à ton cou. Seules ta justice et ton équité pourront les détacher. Les tyrans seront autour de toi, et toi tu seras leur chef pour les guider vers l’enfer. C’est comme si je te voyais, alors que tu es attaché par une courte corde au cou et que tu endures les souffrances. Tu vois tes bonnes actions dans la balance des autres personnes, et les mauvaises actions des autres personnes s’ajoutent aux tiennes dans ta balance, tu vis malheur sur malheur et ténèbres sur ténèbres.

Alors, Ô Haroun ! Crains Allah subhanahou wa ta‘ala en ce qui concerne tes sujets, et prends soin de la communauté de Mohamed clip_image004[10].

Sache que ce que tu possèdes ira à autre que toi, et il en est de même pour la vie terrestre qui se déplace d’une personne à l’autre.

Certaines personnes font des provisions qui leurs seront utiles, d’autres personnes perdent leur vie terrestre et perdront leur vie de l’au-delà.

Fais attention et prends garde de m’écrire après cette fois, car je ne te répondrai pas et reçois mes salutations. »

 

Le Calife Haroun Errachid conserva la lettre de Sufiane Ibn Said Ethawri et il ne cessa de la lire après chaque prière et il pleurait, et ce, jusqu’à ce qu’il mourut.[4]

 

Alors, si aujourd’hui nous sommes soumis à des ulémas de ce bas monde qui œuvrent pour ici-bas et se mettent au service des potentats, ce n’est pas seulement de leur faute, mais aussi de la nôtre, celle d’avoir ignoré notre histoire islamique, celle de ses hommes pieux, de ses savants de lumière, de sa sagesse éternelle en pensant avoir tout inventé, alors que tout existait avant nous jusque les réponses à notre ignorance.

C’est cette ignorance-là que tant et tant de ceux qui pensent détenir le savoir spirituel exploitent pour maintenir des âmes innocentes et des esprits crédules, en sommes l’essence humaine des peuples, dans la domination de leurs maitres temporels.

Maintenant qu’ils se violentent eux-mêmes jusque dans les mosquées à l’heure de la prière, il n’est plus permis de penser autre chose sinon d’invoquer, encore une fois et toujours,  les paroles divines :

اشْتَرَوْا بِآيَاتِ اللَّهِ ثَمَنًا قَلِيلًا فَصَدُّوا عَنْ سَبِيلِهِ ۚ إِنَّهُمْ سَاءَ مَا كَانُوا يَعْمَلُون

“Ils troquent à vil prix les versets d'Allah (le Coran) et obstruent Son chemin. Ce qu'ils font est très mauvais!”

Pr ELY Mustapha


[1] Allusion un hadith du Prophète : «Il est celui qui est promu comme un juge qui a été tué sans couteau » (rapporté dans Sunan Abī Dāwud qui est une collection de hadiths par le savant Abū Dāwud Sulaymān ibn al-Ash‘ath - 817 à 888 de l’Hégire)

[2] Cités par Ibn 'Abdel-Barr dans Jaami' Bayaanil-`Ilm al-Aajurri at-Tabaraani dans as-Saghir mais son authenticité est douteuse du fait de l’intégrité contestable de l’un de ses rapporteurs dans la chaine source de transmission des hadiths.

[3] Rapporté par l’ imam as-Souyouti , dans Tabaqât Al Hanafiyya

[4] Voir le récit complet sur http://bibliotheque-islamique-coran-sunna.over-blog.com/

 

mercredi 19 février 2014

Le papier à mouche : « un président consensuel »

 

L’opposition revient au dialogue : Maure de rire !

 

mouche_transp- 2 Si vous avez envie d’éclater de rire quittez ce blog, car si vous ne pleurez pas en même temps (ce qui est humainement possible, mais rationnellement ne l’est pas), vous ne résisterez pas à entrer dans un désespoir profond suite à ce constat de la médiocrité de nos dirigeants politiques.

 

L’exemple le plus illustratif de cette médiocrité le voici :

Lundi 17 février 2014, le premier ministre, Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, a rencontré Mohamed Ould Maouloud, président de l’Union des Force de Progrès (UFP), un parti membre de la COD. Cette rencontre a eu lieu sur demande du premier ministre.

Objet de la rencontre : « échanger les points de vue sur la meilleure manière d’organiser une présidentielle consensuelle. »

A la suite de cette rencontre, le président de l’UFP, a fait la déclaration suivante :

« Le premier ministre m’a dit que l’objectif de notre rencontre est de discuter de l’organisation d’une élection présidentielle consensuelle. »

Maure de rire !

Une élection présidentielle consensuelle ?

Non ?

Vous avez bien lu une  « élection présidentielle consensuelle ». (Hé ! Défense de mourir de rire avant de terminer cet article !)

A-t-on jamais vu dans un pays une majorité au pouvoir et une opposition discuter pour l’élection d’un « président consensuel » ? Dans ce cas de figure : Où se trouve « l’opposition » et où se trouve la « majorité » ? Et vice-versa ?

On aura tout vu !

Une opposition qui veut élire un Président conjointement avec la « majorité ». S’entendre sur un président commun. Un président de consensus. Le ridicule en politique mauritanienne c’est l’élément absorbant permanent de la démocratie.

Les partis politiques de l’opposition – et ceux qui les composent- sont en Mauritanie comme les mouches, c’est le sucre qui les attire et c’est le pouvoir qui se sucre sur leur dos. Mais cette fois, il est en train de les attraper carrément au papier tue-mouche.

En effet, contre les mouches, on utilise soit une tapette (qui est déjà au pouvoir), soit le papier tue-mouches (le pouvoir en a déployé tout un tapis) soit du fly-tox (de l’intox haut vol). Et tous ces instruments politiques se trouvent déjà en Mauritanie.

Un proverbe américain dit : « Vous devez perdre une mouche pour attraper une truite ». Mais pour un pouvoir voulant aller à la pêche sans perdre sa place, il lui est donc plus facile de tuer les mouches puisque la truite est déjà dans ses rangs.

L’erreur des scientifiques est donc de croire qu’il y’a seulement 100 000 espèces de mouches dans le monde car en Mauritanie de nouvelles espèces sont encore à découvrir. Pourvu seulement qu’elles ne laissent pas des larves dans l’esprit des générations futures.

Mais comme à toute chose malheur est bon, on vient de découvrir,  grâce à la médiocrité de nos politiques une institution fondamentale de la médiocratie : le « président consensuel ».

Notion que nous pouvons définir comme étant : «  l’expression la plus basse du comportement politico-électoral lorsque, face à son impuissance, une opposition à un pouvoir en place, qui la piétine, lui propose les moyens de son propre avilissement institutionnel ».

Pr ELY Mustapha

mercredi 5 février 2014

Au bâtonnier de l’ordre des avocats de Mauritanie.

 

avocats

Prouvez-le !

 

J’exprime par cette lettre toute l’indignation que peut inspirer l’attitude de l’ordre des avocats mauritaniens à l’égard de l’affaire Ould Mkheitir ; cet homme qui, en plein XXIème siècle, est accusé de blasphème et d’apostasie, sur un écrit que rares sont ceux qui l’ont lu. L’ordre des avocats a, dans cette affaire, entretenu un silence sinon un immobilisme qui ne sied pas à la profession qu’il représente.

Monsieur, le bâtonnier,

Vous qui, ces dernières années dénonciez à cors et à cri, les dérives du régime politique mauritanien, du népotisme à la corruption en passant par l’abus de pouvoir et d’autorité, allez-vous garder le silence face à cette inimaginable transgression des droits de l’individu ?

N’est-ce pas vous qui avez écrit : « Nous devons être à la hauteur de notre mission qui va au-delà de l’organisation et la défense des intérêts matériels et moraux des avocats pour assurer, défendre et garantir les droits de l’homme, les libertés, l’indépendance de la justice, la séparation des pouvoir, l’accès à la justice, le procès équitable et la primauté de la loi. »[1]

Eh bien prouvez-le !

Si vous ne le pouvez pas, vous remettrez en cause toute la profession d’avocat en Mauritanie que vous représentez. Vous aurez reculé devant l’injustice et l’obscurantisme et failli au droit de porter assistance à personne en danger. Et de primus inter pares vous serez le dernier d’entre tous.

Vous aurez comme votre collègue qui s’est désisté  jeté l’opprobre sur une profession sensée défendre les opprimés d’entre la veuve et l’orphelin.

Si Ould Mkheitir est aujourd’hui orphelin, ce n’est ni de sa famille qui l’a rejetée, ni de ses collègues qui l’ont banni, ni de la compréhension de son acte mais d’une défense digne de ce nom qui pourrait faire valoir ses droits devant la justice. Et sur ce point vous ne pouvez échapper à la mission qui vous incombe du fait de la nature même de votre profession.

Qu’à travers vous, l’ordre des avocats de Mauritanie prenne ses responsabilités face à cette transgression manifeste des droits et des libertés qui, si elle devait aboutir, jetterai une ombre sur le devenir du droit et de la justice en Mauritanie et consacrerait le discrédit de l’avocat mauritanien.

Aussi, Je vous invite urgemment à désigner un collectif d’avocats pour défendre au nom de la présomption d’innocence et du droit de la défense, ce jeune homme jeté à la vindicte populaire; vindicte attisée par d’obscures personnages jouant sur la sensibilité et la crédulité de certains, sur le fanatisme d’autres et sur la complicité certaine et silencieuse d’autorités officielles plus préoccupées de leur assise électorale que par le droit des personnes.

Et il n y a pires conjectures que celles qui peuvent mener un individu à la potence.

{يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا اجْتَنِبُوا كَثِيرًا مِّنَ الظَّنِّ إِنَّ بَعْضَ الظَّنِّ إِثْمٌ }[الحجرات: 12

 

Pr ELY Mustapha


[1] http://www.avocatmauritanie.org/fr/index.php?option=com_content&view=article&id=133&Itemid=7

lundi 27 janvier 2014

Manuel Valls citoyen d’honneur de Nouakchott…par correspondance.

 

Une quenelle, encore une ?

 

bidonville Décidément, le ridicule ne tuant pas, le maire de la commune de Nouakchott vient de délivrer une attestation de citoyen d’honneur à Manuel Valls. On élève les autres en citoyens alors que chez eux, les mauritaniens ne se sentent même pas citoyens. Pire encore, des citoyens de seconde zone. Surtout quand ils s’adressent au consulat de France à Nouakchott pour un visa !

Il y a quelque chose qui cloche chez nos dirigeants, nationaux et communaux, cette volonté de ramper pour obtenir de la considération.

Comment peut-on délivrer la citoyenneté dût-elle être honorifique à des autorités françaises qui trainent nos citoyens dans la boue. Allez donc voir comment nos concitoyens  sont accueillis au service des visas au Consulat français. On dirait qu’ils se présentent aux portes du paradis. Seulement les « anges » qui les reçoivent ont rarement le sourire.

Alors délivrer la citoyenneté d’honneur à des autorités qui font val(l)ser nos concitoyens chez nous et chez eux, c’est soit de l’hypocrisie soit de la mauvaise politique.

Qu’en tire le maire De la Commune de Nouakchott ? Obscure politique qui fait que même le local se met à jouer à l’international, à coup de papiers tamponnés.

Ce qui est encore plus étonnant c’est que les bénéficiaires du certificat de citoyenneté, ne sont même pas venus  le chercher ! Ni Emmanuel Valls, Ni Delanoë, n’ont cru bon de se déplacer. Grandeur oblige, petitesse impose.

Cela valait-il réellement le déplacement?  Demandez à Valls et Delanoë s’ils sont fiers d’avoir été déclarés « citoyens d’honneur », citoyens d’une ville dépotoir aux bidonvilles nauséabonds.

Ils ont, donc, été déclarés Citoyens d’honneur de la ville de Nouakchott...par correspondance ; une quenelle ! Encore une ?

Pr ELY Mustapha

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Poésie de la douleur.