La Commedia Del Armée
Il était une fois, des militaires qui tentèrent un coup d’Etat et qui réussirent. Ils devinrent des chefs d’Etats et des présidents. Et personne ne trouva rien à en dire. Ils avaient de la chance.
Il était une seconde fois, des militaires venus du nord qui tentèrent un coup d’Etat, qui furent pris torturés et fusillés. Et personne ne trouva rien à en dire. Ils n’avaient pas de chance.
Il était une troisième fois, des militaires venus du sud qui tentèrent un coup d’Etat, qui furent pris torturés , internés dans un fort et fusillés. Et personne ne trouva rien à en dire. Il n’avaient pas de chance.
Il était une quatrième fois, des militaires qui furent soupçonnés de fomenter un coup d’Etat et qui furent condamnés au chômage perpétuel. Et personne ne trouva rien à en dire. Ils n’avaient pas de chance.
Il était une cinquième fois, des militaires qui firent un coup d’Etat et qui ne le réussirent pas. Ils furent pourchassés, jugés et emprisonnés. Ils n’avaient pas de chance.
Il était une sixième fois, des militaires qui firent un coup d’Etat et qui le réussirent. Ils avaient transitoirement , de la chance.
Qu’est-ce que alors le droit des militaires ? Le droit des plus chanceux.
Maintenant la question qui se pose est de savoir de quel droit ceux qui ont réussi leur coup d’Etat, doivent avoir tous les droits et ceux qui les ont pas réussi aucun droit ? Et pourquoi ceux qui n’ont pas réussi leur coup d’Etat ont été fusillés , emprisonnés ou bannis et ceux qui les ont réussi reçoivent tous les honneurs et les fonds qui vont avec ?
Des premiers militaires qui ont renversé la première république aux derniers militaires qui renversèrent la dernière des républiques en kaki, en passant par ceux qui tentèrent entre les deux de tout renverser, il n ya qu’une seule et unique appellation : putschistes.
Tous putschistes, qu’ils eurent de la chance ou qu’ils n’en eurent pas. Putschistes de fait, négateurs du droit.
Alors quelles conclusion tirer de cela ?
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Simplement que tous les militaires qui ont été putschistes, ont agit contre l’Etat, la sécurité de la nation et ont mis le peuple en danger. Ce n’est pas la chance qui a accompagné leur coup d’Etat qui doit leur donner plus de droit que ceux qui n’ont pas eu cette chance. Tous putschistes. Tous répréhensibles.
L a logique veut alors que :
- Tous les militaires putschistes fusillés, soient réhabilités par l’Etat et leurs familles indemnisées
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- Tous les militaires putschistes qui furent torturés emprisonnés, soient justement indemnisés par l’Etat
- Tous les militaires radiés de force de leur corps soient réintégrés dans leur corps d’origine et replacés à leur grade d’avancement et indemnisés.
Pourquoi cette logique ?
Parce que :
- un putschiste ne peut se prévaloir au nom de l’Etat de condamner un autre putschiste. Car en fait, ils partagent le même crime et en droit, ils sont tous les deux condamnables.
- dans un Etat de non-droit, l’acte se mesurant à ceux qui l’accomplissent , la logique humaine supplée le droit.
Et dans cette « commedia d’el armée », que fut l’exercice du pouvoir dans l’Etat mauritanien depuis 1978, aucun candide ne put avoir ce monologue :
"- depuis 1978, quel chef d’Etat en Mauritanie n’a pas été putschiste ?
- Personne ?
- Alors au nom de quel droit de la « chance » des putschistes décident du destin d’autres putschistes ?"
On n’applique pas le droit quand on le bafoue.
Et quand on le bafoue, on est hors-la-loi.
Et un hors-la-loi ne peut , au nom du droit, se prévaloir de plus de droit qu’un autre.
Pr ELY Mustapha