Le réveil de Sidioca
Waqef est revenu en tant que premier ministre. Quels espoirs en ce que le choses changent ?
Waqef n’a que des choix limités, les voici :
- Composer un gouvernement entièrement constitué de personnes intégres et reconnues pour leurs compétences. Ce qu’il ne fera pas. Parce qu’elles sont difficiles à trouver et parce qu’on l’empéchera de le faire. Le président n’ a pas été élu par ces gens là.
- Composer un gouvernement d’une opposition et d’une Majorité. Ce qu’il ne fera pas. C’est l’un des ingrédients de la chute de son gouvernement précédent.
- Composer un gouvernement à 100% de la Majorité. Ce n’est pas concevable non plus. Il s’attirera les foudres de ceux de la Majorité qui n’ont pas trouvé « un poste » et celle de l’opposition qui criera à la gabegie.
Alors, quelle sera la composition du prochain gouvernement ?
Vue la situation, Il ne faut pas se leurrer Waqef est pris au piège des compromis infinis entre les intérêts d'une cour-haute à laquelle il fait patte blanche et qui vît au palais et d'une basse-cour qui lui tient la dragée haute et qui vit dans les assemblées.
Son choix est bien restreint : ou il démissionnera suite à la jactance de la basse-cour ou il acceptera le diktat de la Cour Haute... Et dans les deux cas il est politiquement en difficultés.
Alors pourquoi tant d’espoirs placés dans le prochain gouvernement ?
Il n’est pas besoin d’être devin pour savoir qu’il est déjà promu à une chute certaine.
Car en fait, Waqef, c’est un exécutant d’une volonté présidentielle. Or cette volonté a jusque-là deçu. Et au pays des dures réalités, il ne faut pas s’attendre aux miracles.
Ce qui risque vraiment d’arriver.
Un gouvernement quelconque sera constitué. Aussitôt un lever de bouclier interviendra. Les frondeurs réapparaîtront. Et ce sera encore de longues semaines de « rejets », de « dénonciations », de tractations en haute et en basse-cours.
En somme, la remise en ligne, de la « nouvelle » tradition inaugurée par les parlementraires de contrer tout et partout, de l’attitude téméraire du premier ministre d’en référer au Président, de la réaction de celui-ci qui sera toujours aussi molle que les précédentes. Et chacun tenter d'utiliser les mecanismes « démocratiques », pour bloquer les institutions à son avantage.
Car ce que l’on oublie, c’est que cette démocratie à la Mauritanienne n’en est pas une. Elle est un cheveu dans une soupe de mauvaises volontés qui font fi de la citoyenneté, du patriotisme et de l’intérêt de la Nation.
C’est une démocratie à l’occidentale, greffée sur un pays sous-développé dirigé par un Etat dont les institutions exécutives et délibérantes sont peuplées en majorité d’individus (pas des citoyens !) qui n’ont aucun sens de la mesure et de la tolérance qui font les institutions démocratiques des grandes nations. (Pour connaître la différence entre « un individu et un citoyen », cliquer ici)
Des individus qui ont découvert que les mécanismes des institutions démocratiques peuvent aussi servir leurs intérêts personnels et ils ne sont pas prêt d’en démordre.
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Quelle est la solution ?
Elle réside en un vœu (pieux ?) : que le Président de la République se réveille de sa léthargie, qu’il prenne en main les destinées de la nation en adoptant les mesures salutaires qui remettront la démocratie à la dérive sur les « rails ». Mesures dont on a longuement traité dans d’autres articles (voir notamment : « Adieu Sidioca » en cliquant ici) et que voici:
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- Révoquer le gouvernement et son premier ministre, et constituer une cellule de crise sous la direction directe du Président de la République, chargée de gérer les affaires courantes des départements et superviser le déroulement des mesures d’urgence à venir.
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- Dissoudre immédiatement le parlement et convoquer des élections anticipées
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- Assigner par Décret les généraux dans leur rôle de militaires en posant des règles strictes d’interactions du système militaire avec le système politique . Soit en éloignant ceux qui « squattent » les allées du pouvoir, soit en les ramenant à leur juste rôle de gardien des institutions républicaines. Une remise au pas forcée s’il le faut.
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- Convoquer les partis politiques et la société civile et l’associer pleinement au mouvement démocratique du changement, à sa préparation et sa réussite.
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En définitive, tout remettre à plat, par la contrainte légale s’il le faut. C’est là, la condition essentielle de tout changement.
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Ainsi si, aujourd’hui, rien n’est à espérer d’un quelconque gouvernement dans les modes, les circuits et l’environnnement politique actuels, il reste que le premier responsable de ce qui se passe est sans conteste le président de la République.
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Se reveillera-t-il ou ne se reveillera-t-il pas ?
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Espérons simplement qu’il n’est pas déjà trop tard. La basse-cour s’étant déjà remise à jacter, la haute se cirant les bottes. Et Sidioca somnole dans l’arrière-cour du pouvoir. Avec vue imprenable sur sa mosquée.
Pr ELY Mustapha
Entierement d'accord avec vous Prof, sur les solutions que vous preconisez. C'est la solution à l'algerienne quand ils ont "demissionné" Chadli par la main des généraux et on connaît la suite. Au lieu que ça soit les generaux chez nous qui prennent cette decision, il faut que Sidioca la prenne. Je ne vois pas d'autre alternative de solution avec les ficelles qui s'enchevetrent dans cet environnement politique difficile.
RépondreSupprimerA-
Et si Sidioca elevait une vingtaine de colonels de plus au grade de generaux a titre retroactif a partir de janvier 2008? Il choisira exactement qui et de quelle region. Question de mettre un peu de zizanie au sein de la haute instance militaire, pendant qu'il s'occupe des frondeurs?
RépondreSupprimerBoutef vient de la faire. Lire l'article ci-dessous.
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Bouteflika élève vingt-deux colonels au grade de général
El Watan, 6 juillet 2008
L’Armée nationale populaire (ANP) vient de renforcer son commandement et de consolider son organisation. Vingt-deux colonels sont en effet élevés au grade de général, à l’occasion de la célébration du 46e anniversaire de l’indépendance.
La cérémonie de remise de grades, présidée par le chef de l’Etat, Abdelaziz Bouteflika, également ministre de la Défense nationale et chef suprême des forces armées, s’est déroulée hier au siège du ministère de la Défense nationale (MDN). La liste nominative des promus a été donnée intégralement par l’agence officielle APS. Il s’agit de Saïd Maameri, Abdelkader Aït Ouarabi, Boumediene Maazouz, Youcef Bensaci, Abdelkader Benzekhroufa, Mustapha Chakor, Boudersa El Hadi, Djamel Karoui, Noureddine Hambli, Rachid Saoudi, Rabah Akkad, Mohamed Boulahouache, Mohamed Guelmami, Abdelkader Kherfi, Mustapha Segueni, Bouabdellah Meliani, Tahar Besbes, Mustapha Debbi, Rachid Chaibi, Mohamed Bachir Souid, Omar Farouk Zerhouni et Mohamed Hadjar.
Les attributions ont eu lieu en présence de Abdelmalek Guenaïzia, ministre délégué auprès du ministre de la Défense nationale, du général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah et chef d’état-major de l’ANP, et de plusieurs officiers supérieurs. Ayant toujours évolué dans l’ombre et loin des feux de la rampe, il est difficile d’évoquer leur parcours. Mais les promotions semblent obéir aux besoins de l’ANP en matière de professionnalisation, qui est actuellement en phase de concrétisation. La promulgation du nouveau statut des personnels militaires en 2006 était la première étape pour faire de l’ANP une armée professionnelle, répondant aux nouvelles exigences du monde d’aujourd’hui. Certaines promotions peuvent être intimement liées aussi à la (ré)organisation de la lutte antiterroriste qui constitue à l’heure actuelle la priorité de l’armée. La bataille menée durant plus d’une décennie et qui se poursuit toujours a permis certes à la « grande muette », comme aiment à la surnommer les médias, d’acquérir une expérience en la matière, sollicitée notamment par les USA et l’Union européenne. Cette expérience acquise sur le « champ de bataille » a été consolidée par la mise en place d’une nouvelle forme organisationnelle qui tend à garantir plus de cohésion entre l’action menée par l’armée et les différents services de sécurité dont la police.
La promotion, le 5 juillet 2006, de l’ancien commandant de la Gendarmerie nationale, le général de corps d’armée Abbès Ghezaïel, avec Mohamed Mediene, chef du DRS, le chef d’état-major de l’ANP, Ahmed Gaïd Salah, au grade des plus prestigieux et enviables, à savoir celui de général de corps d’armée, s’inscrivait dans le cadre d’une nouvelle stratégie de lutte contre la bête immonde. L’un des points importants de cette stratégie est la mise en place d’une coordination efficace entre les différents corps d’armée, notamment entre l’état-major et la Gendarmerie nationale. C’est pour cette raison que le général de corps d’armée Abbès Ghezaïel avait accepté de ne pas prendre sa retraite professionnelle et de veiller à l’unification de l’action des différents services participant à la lutte antiterroriste. Noyau dur de la guerre contre le terrorisme, les services de renseignement, dont les succès et les acteurs restent peu connus du grand public, occupent une place prépondérante au sein même de l’ANP. D’ailleurs, certains des nouveaux promus relèvent plus du Département de renseignement et de sécurité (DRS) que des autres corps de l’armée.
Par Mokrane Ait Ouarabi