N’en déplaise aux apologistes
d’une entité harratine, spécifique, unique et distincte des maures : les harratines
sont des maures.
Comme les zouayas sont des
maures, comme les griots sont des maures, comme les forgerons sont des maures…
Les harratines ne peuvent être
une ethnie à part, isolée des maures et considérer qu’il faut leur appliquer
les critères d’identification qui les caractériseraient, linguistiquement,
culturellement ou même morphologiquement.
L’ethnie se définie par :
« Groupement humain qui possède une structure familiale, économique et
sociale homogène, et dont l'unité repose sur une communauté de langue, de
culture et de conscience de groupe. » (Larousse)
Les questions primaires sont
alors/
-
Quelle langue parlent les harratines,
si n’est l’arabo-berbère : le hassanya ?
-
Quelle est leur culture, si
n’est la culture maure avec ses valeurs, ses conduites, ses rites et ses traditions ?
-
Quelle conscience de groupe
avaient-ils, si ce n’est d’appartenir à un ensemble de populations maures, qui
n’étaient différentiées traditionnellement, au sein de l’entité maure, que par la
nature du travail, la place dans la hiérarchie sociale, la caste et la tribu.
La structure féodale de l’entité
maure, a fait que les griots sont des musiciens, les forgerons, des forgeurs,
les marabouts, des intellectuels, les guerriers, des soldats et les harratines,
des esclaves.
Mais nul ne peut proclamer que les
griots, les forgerons, les marabouts, les guerriers et les harratines ne sont
pas des maures.
L’argument de la couleur de peau,
de l’origine ancestrale, de la condition économique et sociale d’un groupe pour
le soustraire à son entité ethnique maure, est fallacieux.
Les maures, sont clairs, gris et
noirs, et la langue maure utilise d’ailleurs les termes de couleur « jaune
et bleu », pour désigner la peau claire et celle foncée. Exit donc
l’argumentaire de la couleur.
Les forgerons, sont une caste
brimée dans la féodalité et jetée socialement au bas de l’échelle, mais cela n’est pas un argument pour déclarer
qu’ils ne sont pas des maures….
Les marabouts, sont issus de
tribus berbères qui par l’histoire et les guerres de soumission, devinrent des
maures, c’est-à-dire cet ensemble culturel arabo-berbère…peuvent-ils
aujourd’hui se revendiquer autrement que des maures ?
Les griots, de diverses origines,
arabes, berbères, négro-africaines, ont intégré l’ethnie maure, ce sont des
maures.
Les harratines, anciens esclaves
descendant des razzias des tribus maures, au nord et au sud sont issus de
populations négro-africaines et aussi berbères, ne peuvent aujourd’hui se
réclamer ni des négro-africains, ni des berbères, mais des maures.
Ainsi, les maures sont une ethnie
qui est la résultante historique de la rencontre d’arabes, de berbères, de
négro-africains, qui, par les invasions successives, les luttes de soumissions,
d’intégration et d’assimilation, se sont fondus dans le moule d’une même entité
: les maures.
Les maures parlent le hassanya,
ont une culture arabo-berbéro-négro-africaine islamique. Ils sont d’origine
arabo-berbéro-négro-africaine. Ils doivent leur langue à la rencontre de
l’arabe et du berbère, ils doivent leur culture aux traditions arabo-berbéro-africaines,
jusque dans leur musique, leurs instruments de musique et leur habillement.
Les maures sont une ethnie,
culturellement et linguistiquement homogène et qui a pris naissance dans un
creuset ethniquement hétérogène : arabe, berbère et négro-africain.
Ainsi les tribus guerrières
descendent, originellement des conquérants arabes (biens qu’elles se soient
mélangées, au cours de l’histoire, avec les berbères et les négro-africains).
Les marabouts, Zouayas et griots descendent originellement des tribus berbères.
Les harratines, des tribus négro-africaines.
Il n’y a donc pas dans l’ethnie
maure, un ancêtre unique. Tout maure est historiquement un descendant,
directement ou indirectement, d’un arabe, d’un berbère ou d’un négro-africain.
Jusque les émirs maures sont des descendants de négro-africains.
En définitive, les harratines
sont des maures, au sens arabe-berbéro-négro-africain. Ils ne sont cependant ni
arabes, ni berbères ni négro-africains mais une composante de l’ethnie maure
avec sa langue, sa culture et ses traditions.
Maintenant qu’est-ce qui spécifie
la frange maure des harratines, du reste des maures ? Leur situation
sociale dans un système féodal maure. Ils furent historiquement des esclaves et
les séquelles de cet esclavage persistent toujours.
Cette situation socio-féodale
d’esclaves, ne peut nullement être un argument pour déclarer qu’ils sont une
entité ethnique à part et les opposer à leur propre ethnie maure.
Si cela était, alors les griots,
les forgerons et les zouayas ne seraient pas des maures, car ils vivent tous
une situation socio-féodale à des degrés divers.
La féodalité et l’esclavage ne
sont nullement un argument valable pour détacher un individu ou un groupe
d’individu de son ethnie. » (Voir mon article satirique « les harratines
sont des grecs » : http://cridem.org/C_Info.php?article=685265)
Alors, lorsque des ténors anti-esclavagistes
de la scène politique, proclament l’existence d’une ethnie harratine différente
de l’ethnie maure et créent une opposition ethnique entre elles, alors cela est
irresponsable.
Ce qu’il convient simplement
d’admettre, c’est que les harratines, ont été réduits à l’esclavage, tout comme
les griots ont été réduits à forger, les griots à chanter et les marabouts à
psalmodier.
Cependant l’esclavage étant pire
que tout, il faut le combattre, l’éradiquer, punir les esclavagistes, rendre
aux esclaves leurs droits, leur élaborer, juridiquement, un système de
discrimination positive, pour leur emploi, leur éducation et pour
l’amélioration de leur situation économique.
C’est là un combat légitime, mais
ce n’est pas un combat pour dresser des maures harratines, contre des maures
guerriers, marabouts, griots ou forgerons mais pour que l’entité maure éradique
ce fléau, que les harratines aient les mêmes droits sociaux et économiques au
sein de leur ethnie maure.
Cela doit se faire sans
comportements générant la violence, la scission de l’ethnie maure, mais par la
loi, l’autorité publique nationale et la contribution des organisations
internationales.
Un observatoire national de l’esclavagisme
se doit d’être mis en place pour collecter, traiter, analyser les données sur
l’esclavage, les divulguer à l’échelle nationale et internationale.
Il faudrait que le combat contre
l’esclavage, tout en restant politique, social et économique, ne soit pas
seulement le combat d’un individu, ou d’un groupe d’individus mais celui de
toute une nation.
Il ne faut cependant pas se tromper de combat.
Le mauvais combat c’est de croire
que l’esclavage se solutionne en dehors de l’entité maure, dont les harratines
sont une composante indéfectible.
Le mauvais combat c’est de croire
que dresser des composantes d’une même ethnie, les unes contre les autres, résoudrait
l’esclavagisme.
Le mauvais combat, c’est de personnifier un
combat en en faisant une chasse gardée, hors de la sphère des maures, appuyée
par une propagande hors des frontières dont les effets réels sur la suppression
de l’esclavage restent à démontrer.
L’éradication des séquelles de la
féodalité sur toutes les composantes maures (zouayas, griots, forgerons,
harratines) et des poches esclavagistes passent d’abord par la présomption
irréfragable que la solution ne passe pas par la génération de l’animosité des
harratines contre leur propre ethnie maure ; et, ensuite, par la
conviction irrécusable, que s’il y a une solution durable, elle doit venir des
maures eux-mêmes. Une solution que consacrerait le droit, qui s’appliquerait
par la force publique mais qui dans tous les cas serait née d’un consensus
national qui raffermirait la solidarité et éviterait la division.
Monter une composante ethnique
maure contre sa propre ethnie maure, c’est faire qu’un serpent se morde la
queue. Faudrait-il alors, pour son salut, qu’il survive à son venin.
Pr ELY Mustapha
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