Monsieur le ministre de l’intérieur
et de la décentralisation, solidairement avec le ministre de l’enseignement
supérieur, et face à la violence institutionnalisée, je vous accuse.
Je vous accuse de la
violence qui frappe à travers vos administrations réciproques et structures
d’intervention, la jeunesse mauritanienne.
Je vous accuse de faire
couler le sang d’une jeunesse qui revendique un droit légitime au savoir et que
vous maltraitez, battez et humiliez.
Par vos actes vous êtes
loin de contribuer à la paix sociale et à la tranquillité de la société. Vous
semez la haine et la discorde et vous envoyez vos brigades suréquipées battre d’innocents
étudiants.
Je vous accuse de laisser
le champ libre à l’agression et au tabassage public de cette jeunesse et de ne pas
intervenir pour arrêter cette violence et appeler les forces de l’ordre à la
retenue.
En tant que mauritanien,
je trouve que c’est une honte pour la nation et en tant qu’enseignant je trouve
cela une dégradation de toute volonté de développer une société où le respect
des êtres et du savoir devaient être le
moteur de son développement. Une
république qui détruit le corps premier du devenir d’une Nation : une
jeunesse du savoir.
Monsieur le ministre, je
vous accuse
De continuer à perpétuer un
système policier mauritanien qui n’est plus un système de défense et de
protection du citoyen, mais qui est devenu depuis ould Abdelaziz, un système répressif
tout tendu vers l’agressivité et la violence gratuite.
D’entretenir une police pour
servir de bras punitif pour tous ceux qui voudraient exprimer des idées ou
revendiquer un quelconque droit sur la voie publique. Une répression aveugle de
marches même pacifiques et de revendications légitimes.
Monsieur le ministre, je
vous accuse
D’avoir mis une jeunesse,
violemment battue, matraquée, en sang et tout en souffrance usant et abusant de
la violence qui est loin d’être légitime ou légale.
De laisser les policiers
et autres unités d’interventions, agir dans l’impunité la plus totale. Ne
tenant compte d’aucune proportionnalité dans leurs actions par rapport aux
faits réprimés ; cette police-là n’est pas une fierté de la Nation.
Monsieur le ministre, je
vous accuse
De ne point agir pour
arrêter cette infamante répression qui frappe de façon aveugle le citoyen et
qui, au lieu d’en faire une institution au service du citoyen, est un moyen de
le terroriser.
Aussi vous supportez toute
la violence que subit la population, jeune et moins jeune qui a, légitimement
et légalement, le droit de s’exprimer et
d’afficher ses opinions par des moyens pacifiques. Droits garantis par la
Constitution et par les conventions internationales
Monsieur le ministre je
vous accuse
De ne pas demander à ce que les responsabilités au sein du corps de la
police et des corps d’interventions violentes soient établies conformément aux
statuts de la Police et que les agents qui ont commis ces violences soient
traduits devant la justice. Il est inconcevable que certains agents de ces
corps se dissimulent derrière une impunité bénéficiant de votre silence.
Monsieur le ministre je
vous accuse
De faire fi de la loi sur
le statut de la police qui stipule bien que « tout manquement d’un
membre de la Police Nationale, à ses obligations professionnelles, l’expose à
une sanction disciplinaire sans
préjudice, le cas
échéant, des peines prévues par la loi»
D’ignorer les actes de
violence qui ont touché l’intégrité physique et morale des manifestants et qui
doivent être poursuivis tant au civil qu’au pénal.
L’intervention des forces
de l’ordre ne les autorise pas à enfreindre la loi.
Les actes délictuels ou criminels résultant de
l’action personnelle du policier se doivent être punis comme le mentionne la loi
sur le statut de la Police : « le personnel
de la Police Nationale à l’obligation de
s’abstenir de tout acte de nature à
porter atteinte aux
libertés individuelles et collectives,
sauf cas prévu par
la loi, et
de façon générale
de tous traitements cruels
ou dégradants constituant une violation
des droits de
la personne »
Or les actes que les
forces de l’ordre ont commis, dans les dernières actions contre les étudiants
et largement relayées par la presse nationale et internationale, sont
véritablement des traitements cruels et dégradants constituant une violation
des droits de
la personne.
Ces violations des droits
de la
personne devraient entrainer suivant leur gravité l’application de
sanctions exemplaires prévue par la loi sur le statut de la Police et par le
code pénal.
Ceci est applicables à
toutes les forces de l’ordre qui interviennent dans la répression des personnes
qu’il s’agisse de la police nationale ( en principe chargée de l’application de
la loi et du maintien de l’ordre dans les zones urbaines) ou de la Garde
nationale ( ayant fonctions policières, et de sécurité des installations
gouvernementales) qui toutes relèvent du
ministère de l’Intérieur et de la décentralisation.
Monsieur le ministre je
vous accuse, enfin et pour toujours,
De faire d’une jeunesse
mauritanienne une chair à battre et à abattre, parce que vous ne saisissez pas que cette jeunesse,
devenir d’une nation de paix pérenne, ne doit pas souffrir d’actes violents que,
par votre emploi éphémère, vous cautionnez.
Pr ELY Mustapha
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