Après le goudron, la (dé)route.
« Le président de l’Assemblée nationale mauritanienne, Messoud Ould Boulkheir, a remis, mercredi en début de soirée, au président Mohamed Ould Abdel Aziz la feuille de route de dialogue, préparée par la Coordination de l’opposition démocratique, a constaté APA à Nouakchott. »
Information importante : la feuille de route à été remise à Aziz « en début de soirée » ! C’est bien la feuille d’une route qui commence au crépuscule. Et qui veut en fait maintenir dans l’obscurité les véritables raisons de son existence.
L’opposition sait que Aziz n a pas besoin de « dialoguer avec elle. C’est lui le maitre à bord. Il y a donc quelque chose de pas très net.
En effet, à y voir de plus près, Aziz est en train d’instrumentaliser l’opposition et cette dernière visiblement est en train de jouer le jeu.
Et ce jeu le voici :
- Le mouvement de contestation de la jeunesse qui a secoué la Mauritanie (mouvement du 25 février) a en fait été fatal pour l’opposition qui n’ayant pu le récupérer ni l’intégrer s’est vue obligée de trouver une stratégie pour le contourner. Cette stratégie est justement matérialisée par cette feuille de « route » qui devrait « re-légitimer » l’opposition dans son rôle qu’elle ne joue plus depuis longtemps et relancer un dialogue fictif qui se base sur un accord non moins fictif : l’accord de Dakar.
- Aziz de son côté, dans une volonté de neutraliser le mouvement de la jeunesse, après que toutes les manipulations que sa majorité a voulu faire pour lui rallier des transfuges de ce mouvement n’aient pas réussies, a fait un appel du pied à l’opposition pour s’en servir contre le mouvement du 25 février et surtout neutraliser toute contestation d’autres mouvements qui pourraient en naitre.
Et comme d’habitude, une certaine opposition est en train de jouer le rôle qu’elle a toujours joué depuis 2005, œuvrer à l’encontre des intérêts du pays.
En définitive, cette feuille de « route » là, joue deux rôles :
- C’est une manière des plus cyniques de maintenir certains leaders de cette opposition dans leurs privilèges et leurs postes . En effet, Messaoud, à défaut de pouvoir rallier la «Majorité», s’est fait le facteur de l’opposition. Il faut bien qu’il s’exerce à un métier d’avenir, d’autant plus qu’il est au perchoir de l’Assemblée nationale à cause de circonstances historiques non légitimes et qu’il n y tient que grâce à Aziz. Quant à Ahmed Daddah, son statut de leader de l’opposition vaut son ralliement (d’ailleurs ne s’est-il pas toujours rallié au plus fort depuis 2005)?
- D’autre part, cette feuille de « route » a pour rôle de museler une vraie opposition qui est en train naître à travers l’élan de la jeunesse contestataire. Et qui menace une vieille opposition qui s’est assise sur ses privilèges et sur la volonté de ses militants.
Cette feuille de « route », n’est donc en fait que le plus récent moyen trouvé par une certaine opposition pour détruire l’espoir de renouveau politique mauritanien. Renouveau de sa classe politique vieillissante intéressée et incapable de se départir de son opportunisme politique. Et encore une fois, elle sacrifie sur l’autel de ses intérêts, ceux du pays.
Quant à Aziz, il utilise cette feuille de route avec la bénédiction de l’opposition, pour entrainer la « déroute » de son véritable adversaire qui n’est pas le semblant d’opposition vieillissante qui veut « le dialogue », mais le mouvement de fond qui est en train de naitre et qui le menace autant qu’il menace « l’opposition » elle-même.
La feuille de route n’est donc en réalité qu’un accord tacite entre ceux qui veulent protéger leurs acquis en tant qu’opposants et ceux qui veulent conserver leurs intérêts que personnifie Aziz, le semblant de « majorité ».
Pr ELY Mustapha
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