mardi 21 juin 2011

Le bouc Commissaire

 

Prisonnier de droit peu commun

loupUn mouvement s’est formé pour la libération de Ould Dadde et  appelle à manifester à Paris ce 26 juin 2011.  Un mouvement qui voudrait clamer haut et fort l’innocence de l’ancien commissaire aux Droits de l’Homme, à l’Action Humanitaire et aux relations avec la Société Civile.

Mais si à la question : “faudrait-il libérer Ould Dadde”, la réponse par l’affirmative ne fait pas de doute, il reste que l’autre question qui la sous-tend ,“qui doit libérer Ould Dadde?”, doit aussi trouver une réponse. Est-ce la Justice? Si  cela était, Ould Dadde ne serait pas aujourd’hui incarcéré après plus de 9 mois de prison. Il aurait été jugé, relaxé ou incarcéré à la suite d’un jugement juste et équitable. mais il n’en est rien.Il croupit en prison. Alors où est la justice? Eh bien la réponse ne pourra certainement pas venir de l’appareil judicaire qui ne semble pas remplir son rôle. C’est la raison pour laquelle nous croyons fermement que le sort de ould Dadde dépend non pas d’une quelconque justice mais du bon vouloir de l’exécutif et plus précisément de Ould Abdel Aziz lui-même.

Mais qu’à fait Ould Dadde pour mériter tout cela,  alors même que des enquêtes sont lancées contre la plupart  de ses collaborateurs qui ont certainement bien plus de responsabilités que lui dans cette affaire de détournement des biens publics?

Nous avions sur ce blog, montré le “piège” dans lequel s’est fourvoyé Ould Dadde en acceptant un poste aussi sensible que celui du  Commissariat aux Droits de l’Homme, à l’Action Humanitaire et aux relations avec la Société Civile (voir article ici). Ould Dadde est bien moins un prisonnier de droit commun qu’un prisonnier politique. Il sert d’exemple  pour une politique qui veut, à l’encontre des droits des personnes, donner  un exemple d’intégrité qu’elle n’a pas su se forger elle-même.

L’IGE  a fait  ses rapports, et ses inspecteurs en mission commandée ont rempli leur mission. Mais si tout cela est vrai, pourquoi un homme croupit-il encore en prison? Pourquoi la justice ne se prononce-t-elle pas?

A quoi sert-il de maintenir en prison un individu dont le seul tort est d’avoir cru pouvoir diriger une institution dont il n’a pas pu saisir la démesure  et qui a défaut de pouvoir crier avec ses loup s’est fait prendre dans la bergerie. Mais de mouton, il n’en avala point. Mais se fit , tout au long de sa présence au sommet du commissariat,  avaler des couleuvres.

Ould Dadde s’est rallié à Ould Abdel Aziz. il reçut une récompense. Un commissariat, héritier d’une suite d’institutions voraces éclatées et qui sert de refuge à une pléiade d’ogres publics, qui ont trouvé en lui un petit chaperon rouge. Et la galette fut bien avalée.

S’il faut chercher la défense de Ould Dadde, ce n’est pas  sur le terrain du droit commun mais sur celui du droit peu commun que s’arroge Aziz pour mettre en prison ceux qu’il juge pouvoir mieux servir sa politique au fond d’un cachot.

En effet, la politique de Aziz, à défaut de résultats,  est basée sur la recherche permanente de sa crédibilisation. A défaut de résultats tangibles et de preuves socio-économiques de sa réussite, c’est  à travers les mises en accusation et les emprisonnements, de ceux qu’il accuse, que Ould Abdelaziz, veut crédibiliser de sa politique. C’est en quelque sorte, un processus pathologique qui à l’inverse des processus connus, veut éliminer le “malade”, en conservant la maladie.

Le commun des mortels pourrait se demander quelle est l’envergure de Ould Dadde après quelques mois à la tête d’un Commissariat, par rapport à cette foule d’individus qui ont absorbé, sinon mis à genoux des institutions économiques entières et qui peuplent les couloirs du pouvoir et des entreprise publiques et privées?

Tout simplement parce que le Commissaire, comme bien d’autres d’hier et d’aujourd’hui, n’est qu’un bouc émissaire. Le général le veut ainsi, jusqu’à ce qu’il trouve qui lui fera entendre raison. Et il est fort à parier que le général connait bien les fables de la Fontaine.  A défaut d’agneau, un bouc….Commissaire. “Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage ?”.

Pr ELY Mustapha

---------------------------------------------------------------------------------------------------------Communiqué reçu--------------------------------------------------------------------------------------------------------

Libérez Mohamed Lémine Ould Dadde !!

Lémine est innocent !!

Tous présents le dimanche 26 juin à Paris

Mohamed Lémine Ould Dadde, ancien Commissaire aux Droits de l’Homme en Mauritanie, a été arrêté le 21 Septembre 2010, puis placé en détention provisoire à la prison civile de Nouakchott, sans être jugé jusqu’à maintenant.

Sa détention est arbitraire et sans fondement. Nous demandons sa libération immédiate et souhaitons le faire savoir aux autorités Mauritaniennes en organisant une manifestation et un sitting devant l’ambassade de Mauritanie le 26 Juin prochain. Nous vous invitons à nous rejoindre. Nous devons mettre la pression sinon il ne retrouvera pas sa liberté.

Détail sur l’affaire : Au nom de la lutte contre la corruption, il a été accusé de malversations financières sur le fondement d’un rapport de l’IGE (Inspection Générale de l’Etat). La Justice Mauritanienne lui demande de rembourser la somme de 279 975 784 UM (soit environ 718 000 euros) correspondant à l’achat tentes-kits de survie à un prix trop élevé. Ces achats ont été faits suite à des catastrophes naturelles (inondations), il fallait trouver une quantité importante de tentes en quelques heures pour secourir ceux qui avaient tout perdu. Non seulement il n’a pas du tout été tenu de ces conditions d’urgence mais les prix de IGE sont totalement absurdes et basés sur aucune preuve alors qu’il suffit de consulter les prix proposés sur internet, pour constater que ceux-ci sont nettement supérieurs à ceux payés par le Commissaire aux Droits de l’homme et donc aussi très loin de ceux estimés par le rapport de l’IGE.

En fait ce défenseur des droits de l’Homme est victime de ses opinions, de sa détermination à aider les plus démunis et notamment la communauté Haratine (anciens esclaves). Les nombreuses initiatives entreprises pendant l’exercice de son mandat dérangent manifestement ceux qui souhaitent que surtout rien ne change en Mauritanie.

Les nombreuses anomalies de procédure viennent étayer ce constat :

· Dès le début de sa détention, il a réclamé d’être jugé  par la Haute cour de Justice, seule habilitée à juger un ministre, mais cette requête lui est refusée.

  • Il a été auditionné par un juge en décembre 2010, à trois reprises. A l’issue de ces auditions, le juge a lancé des commissions rogatoires pour réouvrir l’enquête auprès de la police économique. Ce juge a alors été « promu » à d’autres fonctions quelques jours après.
  • Le 3 Mars 2011, il a reçu un rapport de la Cour des Comptes. Ce rapport provisoire diffère beaucoup de celui de l’ IGE, à la fois sur le montant réclamé qui s’élève cette fois à 161 768 917 UM (soit 414 000 euros) et sur le contenu : de nombreux points du rapport de IGE ne sont pas repris par la cour des comptes et sur les sujets en commun les calculs sont très différents. Il avait un mois pour répondre. Pour avoir accès aux dossiers, il a fait une demande de liberté provisoire. Celle-ci lui a été refusée. Il a de sa prison répondu à la cour des comptes mais celle-ci n’a toujours pas délivré son rapport définitif ni accepté comme la procédure le prévoit de l’entendre.

· Les contrôles effectués ont été bâclés, à en juger le nombre et l’importance des erreurs : le rapport de l’IGE compte pas moins de dix erreurs de calcul dont une grossière de 6 501 525 UM. Et celui de la Cour des Comptes a imputé à tort à l’ex Commissaire un montant de 21 355 400 UM dont l’origine et le paiement sont antérieurs à la sa nomination.

  • Le 23 Mai le nouveau juge en charge de son dossier a émis 8 mises en demeure à des hauts responsables du commissariat et des fournisseurs pour leur réclamer des sommes initialement imputées à Ould DADDE, sans pour autant statuer sur sa détention, ni lui notifier de montant à payer. Mais coup de théâtre une semaine plus tard le juge de la cour d’appel a annulé ces mises en demeure. Ould Dadde est toujours en prison, sans savoir maintenant si on lui reproche encore quelque chose. Son dossier se perd dans les méandres des différentes juridictions mauritaniennes.

Cette comédie risque de durer encore longtemps car il est manifeste que certaines personnes souhaitent qu’il reste en prison, même si les juges cherchent une porte de sortie, ils sont stoppés. C’est pourquoi nous vous invitons à manifester notre indignation au Pouvoir Mauritanien en participant à la manifestation et sitting que nous organisons devant l’ambassade de Mauritanie le 26 Juin 2011.

Le Comité de Soutien

Lieu de la manifestation :

Ambassade de Mauritanie
5 Rue Montevideo
Paris  XVIème (16)
Métro : Porte Dauphine

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1 commentaire:

  1. L'artcle de Mr Ely Mustapha en dit long sur cette affaire et fait preuve d'une bonne clairvoyance. Néanamoins, il tend à faire un peu passer Mohamed lemine pour un benet, alors que son passage au haut commissariat a été marqué par une multitude d'actions concrètes pour les plus défavorisés et notamment pour la communauté hartani.

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Pr ELY Mustapha

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Poésie de la douleur.