vendredi 19 décembre 2025

Pour une théorie de "la Stabilité Institutionnelle par l'Incurie (TSII)" en Mauritanie Pr ELY Mustapha

  La Mauritanie n’est pas financée pour ses progrès, mais pour ses périls

 

 J'avais, il y a quelques années, développé la théorie de la "gouvernance par l'inanition" (Gouvernance par la faim) , qui fut aussi présentée à l'université de Tunis et aux chercheurs doctorants de l'université de Nouakchott. 

Aujourd'hui, face à l'incompréhension des flux financiers énormes  (de bailleurs de fonds ) dont bénéficie la Mauritanie, malgré tous le indicateurs négatifs de sa désastreuse gestion publique, il m'est apparu urgent d'expliquer ce paradoxe par une approche intellectuelle qui permet de le saisir de façon rationnelle et de proposer une explication pour la recherche. Aussi est née cette  TSII ou ce que j'appelle la théorie de la Stabilité Institutionnelle par l'Incurie (TSII).

 

   Dans une précédente analyse du rapport PEFA 2025 publiés sur mon blog, j'ai essayé d'expliquer à travers les indicateurs négatifs de ce rapport, les raisons géopolitiques et stratégiques qui poussaient les bailleurs de fonds à prêter à la Mauritanie malgré la faillite de sa gouvernance budgétaire et financière; et ma conclusion fut que les bailleurs de fonds maintenaient la Mauritanie sous perfusion financière pour la maintenir en survie géostratégique pour leurs intérêts du moments (contenir les flux  migratoires , et l'expansion et la  remontée de la menace jihadiste)  : La Mauritanie n’est pas financée pour ses progrès, mais pour ses périls.

 

Dans ce qui suit, je théorise cette approche pour expliquer pourquoi la défaillance institutionnelle (gouvernance de la corruption, de la pauvreté ) n'est pas un obstacle au financement (par les bailleurs de fonds , bras armé des puissances mentionnées) , mais le moteur même d'un équilibre instable et machiavélique entre la Mauritanie et les puissances occidentales. Dans lequel, la Mauritanie, est déjà un bouc émissaire, qui survivra le temps d'un péril qu'elle se fait financer pour endiguer…s'enlisant chaque jour dans une gouvernance d'une main tendue qui à défaut de nourrir son peuple (gouvernance par l'inanition) sustente l'incurie.

 

Mon Postulat : Le "Risque Systémique Préférable"

Je soutiens que dans le cadre mauritanien, l'aide est conditionnée à la gravité du péril évité. Le rapport PEFA 2025, en actant des notes catastrophiques (D et D+) sur des piliers vitaux comme l'audit, le contrôle de la paie ou la passation des marchés, fournit aux bailleurs la preuve dont ils ont besoin pour maintenir le pays sous perfusion.

Ma thèse est la suivante : Si la Mauritanie était "guérie" de sa corruption, elle deviendrait souveraine et donc moins docile. L'incurie est donc institutionnelle: elle maintient l'État dans une dépendance structurelle utile aux puissances étrangères.

La gestion financière défaillante de la Mauritanie alimente une "rente de l'insécurité" structurée autour de partenariats stratégiques avec les puissances occidentales. Pour l'Union Européenne, le pays agit comme un sous-traitant sécuritaire où le financement d'un système budgétaire corrompu est accepté comme une "prime d'assurance" nécessaire pour bloquer les routes migratoires. Parallèlement, les États-Unis privilégient l'opacité financière mauritanienne car elle permet au pouvoir de s'assurer la loyauté de l'armée via des circuits informels, garantissant ainsi un allié stable et aligné sur les intérêts de Washington dans un Sahel hostile.

Au-delà de ces enjeux sécuritaires, les institutions internationales comme le FMI et la Banque Mondiale participent à un mécanisme d'endettement préemptif. En prêtant massivement à un État incapable de gérer ses projets, ces organismes utilisent les futures rentes du gaz et de l'hydrogène vert comme collatéral, créant ainsi une véritable "trappe à dette". Ce système garantit que les futures richesses naturelles seront déjà pré-affectées au remboursement de dettes actuelles, maintenant le pays sous une tutelle financière qui sert à perpétuer l'opacité institutionnelle.

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Démonstration Chiffrée (Indicateurs PEFA)

 

Je fonde ma théorie sur des données pertinentes :

  • L'Empire du "D" : Sur 31 indicateurs, je constate que près de 45 % (soit 14 indicateurs) sont notés D ou D+. C'est le score d'un État en état de mort clinique comptable.
  • La Capture par le "Gré à Gré" : Je note que la concurrence dans les marchés publics a chuté de 12 % en deux ans. Plus de 22 % des dépenses de l'État sont désormais exécutées via des circuits dérogatoires invisibles.
  • Le Trou Noir de la Paie : Je souligne que les dossiers du personnel accusent jusqu'à 45 mois de retard. Cette incurie permet de financer des clientèles politiques sur fonds internationaux.
  •  

Pourquoi je développe cette théorie ?

 

Je développe la TSII pour briser le "théâtre d’ombres".:

-       Je dénonce la "Réforme comme Somnifère" : L'État produit des rapports pour acheter une virginité financière, sans jamais appliquer les recommandations (PEFA).

-       Je pointe une complicité tacite : Les bailleurs ne sont pas dupes, ils sont pragmatiques. Ils financent la "corruption stable" pour éviter un "chaos imprévisible".

-       J'alerte sur le prix payé par le peuple : Je montre que la pauvreté n'est pas un accident, mais le dommage collatéral nécessaire de ce pacte.

 

On ne finance pas la Mauritanie pour ses progrès, mais pour ses périls. Je soutiens que le PEFA 2025 est l'inventaire d'un naufrage organisé où l'Occident achète sa tranquillité au prix de la dignité du peuple mauritanien. Le réveil ne sera pas une réforme, ce sera une faillite souveraine dont les chaînes sont déjà forgées.


La Théorie de la Stabilité institutionnelle par l'Incurie (TSII) : Une Anatomie du Cynisme Géopolitique

 

Le Postulat du "Risque systémique préférable"

Alors qu'en science politique classique, l'aide est conditionnée à la performance, dans le cadre mauritanien, nous observons une inversion de ce paradigme : l'aide est conditionnée à la gravité du péril évité. Curieux, n'est-ce pas ? …Mais explicable.

Le rapport PEFA 2025, en actant des notes catastrophiques (D et D+) sur des piliers vitaux (audit, contrôle de la paie, passation des marchés), fournit aux bailleurs la preuve scientifique dont ils ont besoin pour maintenir le pays sous perfusion. Si la Mauritanie était "guérie" de sa corruption, elle deviendrait souveraine et donc moins docile. L'incurie (la mauvaise gestion) est donc institutionnelle : elle maintient l'État dans un état de dépendance structurelle.

 

Mécanismes de la Rente de l'Insécurité

Pour simplifier et pour plus de clarté, j'expose, tout comme pour ma précédente théorie (la gouvernance par l'inanition),  la mécanique et l'exemple.

 

1.      Le "Paradoxe du Gardien" (l’Axe Nouakchott-Bruxelles)

2.       

Pour l'Union Européenne la Mauritanie n'est plus ni moins qu'un sous-traitant sécuritaire.

 

      -    Mécanisme : Le coût politique d'une crise migratoire en Europe est infiniment plus élevé que le coût financier du détournement de fonds en Mauritanie.

-       Démonstration : Bruxelles accepte de financer un système budgétaire "troué" (PI-22 sur les arriérés de paiement) car ce gaspillage est considéré comme une "prime d'assurance". La corruption locale est le lubrifiant nécessaire pour que l'élite sécuritaire mauritanienne continue de bloquer les routes migratoires. Le PEFA 2025 est la "facture technique" que l'UE accepte de payer pour son confort intérieur.

2. La "Loyauté Prétorienne" (l’Axe Nouakchott-Washington)

Pour les États-Unis, la Mauritanie est le dernier point d'ancrage stable dans un Sahel dominé par des régimes hostiles ou pro-russes (Mali, Burkina, Niger).

-       Mécanisme : Le manque de contrôle sur la paie des fonctionnaires (PI-23) et l'opacité des dépenses permettent au pouvoir central de maintenir la loyauté de l'armée via des circuits financiers informels.

-       Démonstration : Washington préfère un allié dont les finances sont opaques mais dont le commandement est aligné sur les intérêts de l'AFRICOM, plutôt qu'une démocratie transparente qui pourrait, sous la pression populaire, exiger le départ des coopérants militaires étrangers.

3. L'Hypothèque des ressources (Le Modèle de l'endettement préemptif)

Le FMI et la Banque Mondiale utilisent les futures rentes (Gaz, Hydrogène Vert) comme collatéral pour une dette actuelle qui finance... l'opacité.

-       Mécanisme : En prêtant massivement à un État dont le PEFA confirme l'incapacité à gérer les projets (PI-11), les institutions créent une trappe à dette.

-       Démonstration : Lorsque les revenus gaziers arriveront, l'État sera tellement endetté par des décennies de "réformes simulées" que la totalité de la rente servira à rembourser les créanciers. C'est une stratégie de mise sous tutelle préventive des ressources naturelles.

L'Équilibre de Nash de la corruption stable

En théorie des jeux, nous sommes face à un équilibre où aucun acteur n'a intérêt à changer de stratégie :

-       L'Élite locale : Simule la réforme (LOLF, PEFA) pour capter la rente sans jamais l'appliquer réellement, ce qui préserve ses privilèges.

-       Les Puissances Occidentales : Valident ces simulations pour maintenir un partenaire stable dans une zone de chaos, tout en hypothéquant les ressources futures.

-       Le Perdant Systémique : La population mauritanienne, dont la pauvreté est le "bruit de fond" nécessaire à la validation de ce pacte.

La Géopolitique du Linceul

Le constat est implacable :Si le rapport PEFA 2025 n'est évidemment pas  un plan de sauvetage, il reste l'inventaire d'un naufrage organisé.

Les puissances internationales ne financent pas la Mauritanie malgré sa corruption, mais à cause des équilibres que cette corruption permet de maintenir. Un État mauritanien transparent, géré selon les standards scandinaves, serait une menace géostratégique : il serait trop autonome, trop riche et trop exigeant.

En maintenant la Mauritanie dans la zone grise de la "réforme permanente" et de la "défaillance contrôlée", l'UE et les USA s'assurent un gendarme fidèle et un fournisseur d'énergie à bon marché. Le peuple mauritanien est pris en otage dans ce Pacte de Faust au bord du désert, où son sous-développement est devenu la condition sine qua non de la sécurité de l'Occident.

Le réveil ne sera pas une réforme, ce sera une faillite souveraine dont les chaînes sont déjà forgées par les rapports techniques que nous feignons de célébrer.

Pour structurer cette théorie de façon démonstrative et scientifique, nous allons l'exposer sous la forme d'un modèle de Science Politique et d'Économie du Développement. Nous l'appellerons : La Théorie de la Stabilité institutionnelle par l'Incurie (TSII).

 

Voici ma démonstration structurée de ce « Pacte de Faust » géostratégique.

 

Modèle Théorique : La Rente de l'Insécurité

Analyse de la corrélation entre défaillance de gouvernance (PEFA 2025) et flux de capitaux internationaux en Mauritanie.

 

Postulat de base : L'Inversion de la valeur étatique

 

Dans le modèle classique, l'aide internationale est une récompense pour la performance (croissance, transparence). Dans le modèle TSII, l'aide est une prime d'assurance contre le risque que nous érigeons en Axiome (non kantien, hélas!).

 

  • Axiome : La valeur géostratégique d'un État tampon (en Anglais: Buffer State) est inversement proportionnelle à sa santé institutionnelle. Plus l'État est fragile de l'intérieur, plus son maintien "sous perfusion" devient une nécessité vitale pour ses voisins (UE) et alliés (USA).

 

Les trois piliers de la démonstration

 

1. Le Paradoxe de la Validation Technique (l'Interface PEFA)

Le rapport PEFA 2025, avec ses notes « D » sur la transparence et l'audit, constitue la preuve scientifique de l'inefficience.

-       Mécanisme : Les bailleurs utilisent le PEFA non pas comme un levier de sanction, mais comme un outil de formalisation. En produisant un rapport technique, l'État mauritanien entre dans un processus bureaucratique qui transforme un "État souffrant de corruption généralisé" en un "État en cours de réforme".

 

-       Démonstration : L'existence du rapport (la forme) compte plus que les résultats (le fond). Cela permet aux chancelleries occidentales de justifier légalement les décaissements devant leurs propres parlements.

 

La Théorie de la Sous-traitance des externalités négatives

L'Union Européenne et les États-Unis gèrent la Mauritanie comme une zone de confinement.

 

-       Externalité Migratoire (UE) : La mauvaise gouvernance maintient la population dans la pauvreté, créant des candidats à l'exil. Mais au lieu de financer le développement réel pour stopper le départ, l'UE finance la rétention (garde-côtes, camps). Le péril migratoire est ainsi "monétisé" par l'élite locale.

-       Externalité Sécuritaire (USA) : Dans un Sahel en décomposition, la stabilité militaire de la Mauritanie est vendue comme un rempart contre le djihadisme. L'opacité des finances publiques (PI-23, contrôle de la paie) permet de financer une élite prétorienne sans contrôle parlementaire, assurant sa loyauté envers Washington.

 

3.      L'Hypothèque Préemptive (Le Mirage des Ressources)

 

La découverte de gaz et d'hydrogène vert change la nature de la rente.

  • Démonstration : Les institutions internationales ne prêtent pas sur la base de la richesse actuelle, mais sur la captation future. En tolérant la corruption aujourd'hui, les puissances occidentales s'assurent que l'État restera dépendant de l'assistance technique et financière extérieure pour exploiter ses propres ressources demain. C'est une stratégie d'endettement de contrôle.

 

Équation de la Stabilité Nécrophage

 

Le modèle peut être résumé par l'équation suivante :

A = P × G​ / 4

Où :

  • A = Aide et Flux financiers internationaux
  • P = Potentiel de Péril (Terrorisme, Migration, Chaos régional)
  • G = Géolocalisation stratégique
  • K = Gouvernance (Transparence/Anticorruption)

Si K (Gouvernance) augmente, la dépendance diminue, et les puissances perdent leur levier de contrôle. Si K diminue (cas du PEFA 2025), le risque de voir P (Péril) exploser oblige les bailleurs à augmenter A (Aide).

 

Conclusion de la Théorie : Le point de rupture

 

La démonstration prouve que la Mauritanie est entrée dans un équilibre de Nash négatif . Un équilibre de Nash négatif (souvent associé au "piège de Nash" ou à un équilibre sous-optimal) est une situation où tous les acteurs d'un système font le choix le plus logique pour leurs propres intérêts immédiats, mais où le résultat final est mauvais pour tout le monde (ou pour la collectivité). Ainsi:

  1. Le gouvernement mauritanien n'a aucun intérêt à améliorer radicalement son PEFA, car l'excellence mettrait fin à la rente de l'insécurité.

 

  1. Les bailleurs n'ont aucun intérêt à exiger une transparence réelle, car cela déstabiliserait l'élite qui assure leurs intérêts sécuritaires.

 

Le résultat final : La pauvreté et la corruption ne sont pas des échecs du système, ce sont des paramètres de sa stabilité. Financer les "périls" plutôt que les "progrès" est une stratégie rationnelle de court terme pour l'Occident, mais une sentence de mort à long terme pour le développement souverain du pays.

C'est la science du cynisme : on maintient l'État assez faible pour qu'il obéisse, mais assez vivant pour qu'il garde la frontière.

 

Pr ELY Mustapha

 

 

 

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Poésie de la douleur.