Interrogé par « Zoom alumini » dudit institut, le 17 septembre courant, sur le pourquoi de son engagement dans une thèse d’exécutive DBA, Ould Bilal a répondu : « durant mon parcours professionnel, j’ai eu à diriger et à coordonner des activités importantes dans la vie des entreprises industrielles et commerciales telles que les techniques de planification stratégique et opérationnelle, de gestion des ressources humaines et matérielles ainsi que les techniques d’audit et de monitoring. Je me suis engagé dans une thèse d’Exécutive DBA dans l’objectif d’approfondir, conceptualiser et documenter cette expérience notamment dans le domaine des infrastructures de BTP en vue d’en faire profiter les professionnels du secteur et de renforcer mes connaissances théoriques sur ce sujet »
Cet Executive DBA coûte environ 21000 euros soit près de 9 millions d’ouguiyas.
Outre que l’on a compris maintenant son engouement pour les BTP, qui explique cette étude d’un marché de construction de 10 échangeurs à Nouakchott, voilà donc un premier ministre qui dépense… dans le savoir.
Un premier ministre qui semble bien croire en la valeur du savoir et en l’importance des diplômes réellement acquis et leur apport pour le développement.
Alors les questions que chacun se poserait :
Pourquoi ce premier ministre participe-t-il à cautionner la médiocrité dans l’administration publique mauritanienne qui hypothèque toute la gestion des ressources publiques humaine, matérielle et financière ?
Pourquoi ce premier ministre ferme-t-il les yeux sur les nominations abusives et injustifiées dans l’administration publique mauritanienne, qui n’ont pour référence, que la tribu, le clan ou l’omnipotence des géniteurs ?
Pourquoi ne s’est-il pas opposé aux récentes et scandaleuse nominations au ministère des finances ?
Pourquoi ne diligente-t-il pas une enquête sur les faux diplômes qui gangrènent l’administration mauritanienne ?
Pourquoi ne s’opposent-ils pas à ces résultats de concours et autres recrutements dans la fonction publique et ailleurs qui excluent des franges entières de la population ?
Pourquoi, participe-t-il et laisse-t-il faire un système éducatif défaillant et une université déficiente, qui, depuis des décennies, ne produisent que bigotisme et chômage ?
La réponse à toutes ces questions se trouve tout simplement dans la réponse à une seule et unique question : Pourquoi le Premier ministre Mohamed Ould Bilal, s’est-il inscrit en doctorat ?
Un exécutive DBA qui coûte très cher et qui lui permettra d’avoir un diplôme de plus ?
Les diplômes ne sont que la preuve d’un savoir, d’une science. Ils doivent servir une propédeutique de l’action sociale ; des connaissances qui préparent à une dynamique plus approfondie au service du développement de la société humaine.
Si par son intérêt pour la véritable diplomation, le premier ministre a bien pris conscience de l’intérêt des diplômes chèrement acquis (en temps, moyens et en vie humaine), alors il ne cautionnera pas ce délabrement de la science, du savoir, de l’éducation qui mine aujourd’hui le pays. Et les questionnements précédents trouveront une réponse à la mesure des enjeux qu’ils posent, et il prouvera que son attachement au savoir ne se limite pas à un DBA.
Si, par contre, son DBA, n’est qu’un faire-valoir chèrement payé pour une promotion professionnelle, alors il n’aura pas saisi la dimension de sa charge de premier ministre ; et celle-ci, détachée de la morale, de l’éthique et de la déontologie de la fonction qu’il occupe, ne ferait de lui qu’un diplômé inconscient. Or comme le soulignait déjà Rabelais, « science sans conscience n’est que ruine de l’âme ».
Et les questionnements précédents ne trouveront, comme toujours, et pour le malheur du pays, aucune réponse.
Pr ELY Mustapha
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