Si le viol est une atteinte à l’intégrité physique et morale, si le viol est une agression violente, perpétrée avec ou sans armes, si le viol est un crime et s’il laisse des séquelles irréparables, s’il entraine des dégâts irréversibles, s’il détruit le corps et l’âme, s’il piétine la dignité, l’honneur et s’il réduit l’être qui agresse à un animal et celui qui subit à une proie, s’il enlève à la victime ses moyens et ses capacités jusque dans son psychique, s’il emporte la colère, la rage, le courroux et l’indignation, s’il démontre l’impuissance, la lâcheté et la vilénie….alors nous sommes tous violés !
Lorsqu’une fillette est violée, tuée et jetée dans les ornières des quartiers obscurs, l’on s’étonne que cela arrive et l’on se mortifie.
Cette enfant violée, n’est que la perception sociétale immédiate et violente d’un crime que commettent des êtres façonnés à l’image d’une société... tout entière violée.
Violée dans ses institutions politiques, séquestrées, confisquées par les coups d’états successifs, qui imposèrent tout comme dans le viol, la force et la violence à toute une nation.
Violée dans ses ressources, une Nation possédée n’engendrant que des ogres qui dévorent jusque l’avenir de leurs enfants.
Violée dans son éducation, jusque dans son berceau, ses écoles bradées, et engrossée de médiocrité, procréant des générations aux cerveaux atrophiés par l’ignorance et la médiocrité.
Violée dans ses valeurs, une société qui n’enfante plus que des vices devenus vertus : mensonge, violence et corruption.
Violée jusque dans sa dignité par ses laudateurs qui ont érigé leur peu de vertu en paroles de blasphèmes érigeant des putschistes et des violeurs de constitution en dirigeants de la corruption et du déshonneur.
Violée par l’amnistie et la grâce de bourreaux et criminels qui de Oualata à Dar- Naim, n’enfantèrent que la haine, l’injustice et l’impunité de violeurs aujourd’hui exilés dans la soie au bout du monde
Violée par le bigotisme de ses chefs religieux qui se parant d’une sainte vertu justifient les viols légaux, par mariages approuvés, de l’innocence et de la vertu de mineures qui engendreront des orphelins, des laissés pour comptes, des suicidés, des parias de sociétés, des violeurs.
Violée dans ses espoirs, par tant d’années de promesses non tenues par des gouvernants qui se succèdent, se cooptent, et qui la méprisent.
Violée, dans sa jeunesse, enfantant une jeunesse frustrée réduite au chômage et à la misère par contingents de diplômés entiers.
La Mauritanie, est une terre propice au viol, car elle est elle-même violée. Un peuple violé dans sa propriété et ses biens, une société violée dans ses valeurs, un État violé dans ses institutions.
Alors si chaque jour que Dieu fait, l’on jette une innocente violée dans un caniveau, ceux qui ont commis cela ne sont que le produit eux-mêmes de ces viols. Viols de toute une société qui, à l’image de ses violeurs, a enfanté des criminels.
Les larmes de cette fillette suppliant ses violeurs, sont les larmes de chacun de nous. Car ses violeurs ne sont que l’image de ceux qui, depuis des décennies, violent la dignité de tout un peuple.
Alors, c’est l’État, lui-même, qui enfanta tant de haine et de criminalité, le violeur potentiel, c’est contre lui qu’il faut se retourner pour demander justice. Demander justice non pas seulement de ces délinquants des quartiers de misère (ou d’opulence à outrance) mais de ces délinquants en cols blancs, qui au sommet de l’État créent la pauvreté et la misère, berceaux de la frustration de la haine et de la criminalité. Ce sont eux les violeurs, à appréhender en premier, ce sont eux qui, par leurs actes de gouvernance criminelle, ont façonné la société à leur image.
Les larmes de cette fillette, au moment où dans son dernier souffle, elle subit le martyr, ce sont toutes nos larmes, celles de tous ceux qui impuissants devant tant de crimes et de violence, maudissent à jamais ces tortionnaires en cols blancs, ces gouvernants de ces dernières décennies dont la politique criminelle, a enfanté le crime et la criminalité.
Nos larmes ne cesseront donc jamais de couler, parce que encore et encore les viols ne s’arrêteront pas parce que la revendication judiciaire n’est pas seulement de demander de punir des criminels de circonstance, mais d’exiger que les vrais criminels, au sommet de l’État, soient tenus responsables et punis.
Ce sont eux qui, sur des décennies, ont créé la criminalité à travers leurs actes impunis, et qui ont renvoyé à la société et à des générations entières, l’image d’un état voyou, d’une classe politique de voleurs et de violeurs des institutions qui a imprégné les comportements et l’esprit de toute une jeunesse. Une jeunesse dont les repères ont été corrompus et qui sombre dans la criminalité.
Ainsi et en vérité, le véritable violeur c’est l’État. C’est lui qui, par la violence de ses actes, à travers les actes criminels de ses dirigeants (aujourd’hui trainés devant les tribunaux, pour certains, ou se pavanant encore au sein des institutions publiques pour d’autres), a violé toute une société.
Le viol de ces jeunes filles martyres, n’est que l’expression la plus visible de toute une nation violée, dans ses institutions, dans ses biens, dans son peuple, dans sa société, dans sa jeunesse et dans sa conscience.
Les larmes de cette fillette qui supplie son violeur, ne sont que celles d’une nation …qui, depuis des décennies, supplie encore son violeur.
Etat sans âme, dirigeants sans compassion, nation souillée.
Mauritanie des viols, Mauritanie violée.
Par ELY Mustapha
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Bienvenue,
postez des messages respectueux des droits et de la dignité des autres. Ne donnez d'information que certaine, dans le cas contraire, s'abstenir est un devoir.
Pr ELY Mustapha