Qu’advient-il lorsque la diplomatie d’un pays est
ordonnée par un mécanicien auto et exécutée par un professeur de math ?
Un moteur dont la combustion interne est
une inconnue. Et à la vitesse où il tourne, c’est un moteur à explosion qui va…exploser.
Appelons-là, mécaniquement, une diplomatie clef-à-molette et, mathématiquement,
une conjecture insoluble…sauf dans l’intérêt personnel.
C’est, en effet, une diplomatie de l’exclusion
et non une diplomatie de la conciliation
avec l’ensemble des Etats de la sous-région avec pour seul mot d’ordre l’intérêt
premier du pays.
Depuis qu’Ould Abdelaziz est arrivé au pouvoir, l’appareil diplomatique mauritanien est vissé,
comme un écrou, à la plaque tournante des intérêts de la nomenklatura d’Etat. .
Il sert tout entier à s’acquérir les
faveurs des potentats du golfe. Une diplomatie de la négociation utilitariste permanente.
Ici on cède les terres arables du sud aux émirs du golfe, là on envoie des
troupes mauritaniennes au Yémen pour les beaux yeux de qui on sait et on
organise un sommet sous sa bénédiction. Le but ultime : obtenir les dons et autres faveurs financières qui
sont englouties par la nomenklatura d’Etat.
On cire, diplomatiquement, les pompes des princes pour organiser un sommet arabe qui fut, de l’avis de tous, un fiasco national et international et dont le
pays paiera longtemps les pots cassés.
La diplomatie mauritanienne est extravertie. Une diplomatie qui se met à
dos les plus proches voisins de la Nation, notamment le Sénégal et le Maroc pour
aller plaire aux monarques du Golfe, est
une diplomatie de la différenciation irréfléchie qui ne mène que vers le désastre.
L’avenir de la Mauritanie se
construit avec ses voisins (arabes et africains) immédiats. Le Maroc et l’Algérie se doivent d’être traités
diplomatiquement dans les mêmes termes. L’affaire du Sahara occidental se doit d’être
traitée dans le cadre des conventions internationales, en prenant en compte les
intérêts de toutes les parties prenantes sans que ces intérêts puissent prévaloir sur les
intérêts de la Nation. Or la diplomatie mauritanienne est un instrument qui
sert moins le compromis positif et la résolution pacifique des différends que les
intérêts mécaniques du détenteur du pouvoir en Mauritanie.
C’est une diplomatie de l’alignement
manifeste sur des positions tranchées ; or « l’alignement », les « positions »
et les « tranchées » relèvent du langage militaire non de celui de la
diplomatie. Cette confusion manifeste est porteuse de tensions dont les effets
avant-coureurs sur l’environnement géopolitique de la Mauritanie, se font déjà gravement sentir.
Ainsi, la diplomatie telle que voulue par Ould Abdelaziz
et mise en œuvre par son ministre des affaires étrangères, ne peut être que
biscornue. A quels résultats a-t-elle abouti ? Pas grand-chose, des dons
de véhicules à l’occasion d’un sommet dévastateur, déjà oublié que des responsables
trafiquent déjà en toute impunité.
Quelle image de la Mauritanie, notre
diplomatie donne-t-elle au reste du
monde ? Des voisins sous tension, des
prises de position belliqueuses, une diplomatie tout orientée vers la collecte
des « dons » et autres financements, donnant l’image d’une immense gamelle
tendue.
Elle a personnifié, au nom de son
donneur d’ordre, le principe d’action
diplomatique : « un pays n’a pas d’amis, il n’a que des intérêts ».
Principe qu’un fameux général avait énoncé
pour montrer l’importance de son pays par rapport au reste du monde. Mais il
est vrai que les généraux se suivent et ne se ressemblent pas. De Gaulle ne
faisait pas la diplomatie avec une clef à molette.
Pr ELY Mustapha
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