Mon ami, mon frère!
Dieu sait que je n’aurai jamais aimé de ma vie écrire ce billet; ni même de penser que l’évènement qui en est l’objet puisse jamais arriver. Dans sa terrible dimension, le fait est douloureux, pénible, insupportable et désespérément triste à vider l’esprit de toute résignation et le corps de toute mortification.
Il y a à peine quelques jours je le taquinais au téléphone et, comme à son habitude, il protestait de sa voix qui m’est si familière depuis plus de 45 ans entrecoupée d’un léger bégaiement que, déjà, à l’école primaire je lui connaissais.
Je suis en deuil et pour longtemps de mon frère et de mon ami d’enfance, de mon ami de toujours. Alioune Ould Tomy.
“Tom” et moi nous gambadions depuis notre tendre jeunesse dans les rues de Nouakchott et nous partagions les mêmes espoirs et les mêmes rêves. Nous étions inséparables, tout comme le furent nos deux familles arrivées ensemble en 1959 à Nouakchott. Son père Ahmed était aussi le mien et dans la petite maisonnée de la famille de Tomy nous faisions les quatre cents coups entre le primaire, le collège et le lycée. C’était chez moi, c’était chez Tom.
Tom disparu, il y a sans aucun doute un pan de moi-même qui s’est effondré. Comment retrouverai-je les traces de mon enfance, celles de celui qui m’accompagna toute ma vie durant ? Alioune ould Tomy occupait une place que nul ne peut combler et en disparaissant il emporte avec lui une part de moi-même.
Je me rappelle encore, qu’en découvrant qu’il était le personnage clef de mon dernier roman (“Oualata: le secret d’une Mauritanie heureuse”) il s’en était profondément ému. Aurai-je su que c’était le dernier hommage que j’allais lui rendre?
Mais ma Mauritanie, à moi, ne sera plus heureuse sans Alioune.
Avec lui finis les souvenirs d’une enfance heureuse que l’on évoquait ensemble, finies les belles histoires de notre adolescence entre les dunes de Nouakchott, finies les virées d’antan dans les quartiers aux heures tardives qu’il savait raconter avec un humour à nul autre pareil.
Avec Tom est parti, l’homme intègre et sans reproche qu’il était devenu, vivant à la sueur de son front et élevant ses enfants à la manière des anges. Ahmed et Mimi auxquels je pense le cœur serré.
Avec Tom est parti le petit élève de CP1 que j’ai connu, timide, joufflu et sympathique qui se roulait avec moi dans le sable de la Cour de l’école du marché.
Avec Tom est parti mon inséparable ami de collège qui partageait souvent avec moi sa piaule en me récitant entre deux verres de thé les vers appris le matin même. Est parti mon ami de lycée qui éblouissait par sa maitrise des langues et son inénarrable sensibilité littéraire.
Je me rappelle que déjà au collège, il avait composé un poème. Je le garde encore en mémoire:
“Je te vois à chaque vers d’une strophe
A chaque page que je décèle
Tu es l’unique étoffe
D’une toile universelle”
Je ne sus jamais quel fut son destinataire. Je ne lui ai jamais posé la question. J’avais l’intention de la lui poser. J’ai toujours l’intention. Et je sais que l’on se retrouvera. C’est ma seule consolation dans ce deuil. Alioune, mon ami, mon frère.
ELY Mustapha
Merci Moustapha pour ce recit emouvant par lequel tu rends un grand hommage à notre frere defunt Alioune (Yarahmou).Je ne peux que te temoigner notre gratitude ,Oui comme tu dis il a emporté une part pas seulement de toi meme mais aussi de chacun de nous.Soudainement Il nous a quitté ,il nous laisse la ,tout etourdi,ne sachant que dire.
RépondreSupprimerSans lui, c'etait comme s'il etait encore la ,entre nous tous, si present et si loin...
Il est parti mais les souvenirs restent avec nous.Je repasse les photos et j'ai les larmes aux yeux en regardant tout ce petit beau monde qu'est sa famille,des enfants mignons devenus orphelins suite au destin macabre.
Sur skype que j'arrive à visiter avec difficulté est resté affiché son avatar une photo montrant un enfant entrain de rouler un pneu ,nous rappelle une partie de notre enfance plus cette citation sur son profile qui laisse beaucoup à reflechir : << La banalité la plus absolue,le commun des mortels>> .
Il a commencé à ecrire des commentaires sur ton blog au nom de Hamid je me rappelle bien il voulait etre meconnaissable /C'est dernierement suite aux messages de condoleances sur Vlane et canalh.blogspot que j'ai appris et beaucoup d'autres aussi qu'il portait le pseudo "le bison du ksar".
Depuis lors il n'arrive pas à quitter mes pensées la ou je me trouve n'importe quand ,sa voix est presente la avec ce begayement rare.
Je ne trouve pas de mots pour exprimer tout mon etat .
S'il etait possible de faire revenir le temps en arriere ,mais avec regret ce n'est qu'une illusion sauf peut etre un miracle.
Comme disent les russes "C'est dans le malheur qu'on reconnait les vrais amis"
Merci pour cette bonté et affection que tu as toujours demontré à l'egard de notre frere Al marhoum.Je te resterai reconnaissant toute la vie.
Ton frere Dah.
Salutations cordiales/
P.S. Ecris moi parce que les N de telephones et adresses sur le blog ne sont pas valables.
dahtomy@yahoo.fr
J'aimerai bien recevoir ton livre Oualata coute que coute!
RépondreSupprimerDT
Mon cher Frère Dah,
RépondreSupprimerC’est par ton message sur mon ce blog que j’ai appris la terrible nouvelle et je suis resté tétanisé des jours durant, ne sachant que faire. J’ai dû appeler dans la seconde qui suit plus d’une dizaine de personne à Nouakchott et ailleurs , pour que quelqu’un puisse me dire que ce n’est pas vrai ! Et longue fut mon attente, jusqu’à ce que l’on me confirma la disparition de Alioune. Un stupide accident de la circulation qui a emporté cet être qui nous est si cher !
Il fallait se réduire à la terrible évidence et sombrer dans la douleur. C’est avec toute la peine du monde que j’ai pu écrire ces souvenirs pêle-mêle qui remontaient comme autant de sanglots dans ma gorge. J’aurai voulu me taire si je ne savais pas que Tom m’en voudrait, lui qui tout en aimant par modestie vivre dans l’anonymat (sur le net et dans la vie) savait exprimer ses sentiments avec la sensibilité, le style et l’intégrité que je lui connaissais.
Me voilà donc, mon frère Dah, orphelin de mon ami et frère Alioune et je sais que tu en mesures la portée. Car toi aussi tu as vécu avec nous du temps merveilleux de notre jeunesse à Nouakchott. Aussi je ne t’apprends rien de l’immensité de notre tristesse.
Chaque fois que j’évoquais avec lui ton retour à Nouakchott, il affichait un terrible espoir que l’on puisse tous se revoir. Hélas ! Il est parti trop tôt.
Mais en vérité, il est toujours là. Car qui pourrait en un tournemain effacer tant d’années d’amitié et de fraternité ? Il est toujours là par son attitude, ses souvenirs et son inénarrable présence d’esprit.
Ainsi, lors de la dernière communication téléphonique que j’ai pu avoir avec lui, il m’avait dit qu’il avait déménagé pour une petite maison qu’il avait finalement terminée de construire au ksar. Je l’en félicitais mais comme à l’accoutumée, je lui rappelais ironiquement que suivant les prévisions les plus sérieuses, Nouakchott était inondable et que dans moins de dix ans il disparaîtra sous la flotte. Et il me répondit (allah yarehmou) : « Tu vois je te l’avais, dit il ya deux ans, la solution c’est Idini ! »
En effet, il m’avait dit une fois (lors de l’un de mes passages à Nouakchott, en 2007-2008), que face à l’avancée de la mer sur Nouakchott, il projetait de s’installer à Idini car là-bas « il aura la flotte sans avoir la mer ! »
Allah Yarahmou. Ina lillahi wa ina ileyhi raji’oun.
Ton frère Moustapha.
Ps : Alioune était en effet le personnage clef de mon roman « Oulata : le secret d’une Mauritanie heureuse » ( Editions Cultures Croisées à Paris. )
Je lui en avais offert un exemplaire qui m’a-t-il dit, il avait lu en une nuit ! Et le personnage appelé au début, durant le roman « Ali Youne » et à la fin du roman « Alioune », c’était bien lui. Mon ami mon compagnon de toujours.
Aussi je t’enverrai par mail et par Skype la version numérique du livre.
Gardons sa mémoire vivante. Et essayons de poursuivre ensemble ce qu’il n’a pas pu faire pour sa petite famille, en la soutenant du mieux de nos possibilités.
Ina Lillahi wa ina ilayhi raji3oun.Allah yarahmak ya Alioune.Je ne m'attendais pas à cette nouvelle en arrivant sur le blog de Moustapha.C'etait une sensation bien triste de savoir que cet homme si gentil et correcte a laissé ce bas monde.Il etait toujours souriant et aimable comme je le connaissais depuis mon enfance.Tu es parti et nous a laissé tristes mais jamais tu quiteras nos pensées.On ne peut jamais t'oublier Alioune ,que Allah te reÇoive en son paradis.Amine
RépondreSupprimerQu'Allah allège ta peine et toutes mes condoléances, rien ne remplace les vrais amis
RépondreSupprimermoustaph occupe toi bien de ton site et surtout actualise-le
RépondreSupprimerAllah rahmou, amine
RépondreSupprimerLes musulmans sont respectables, l'islam est une nécessité. Les islamistes et l'islamisme sont la perte du monde, le cauchemar des démocraties, le cancer de l'humanité.
RépondreSupprimerTrès cher professeur.
RépondreSupprimerJe vous salue, et demande a Allah le miséricordieux, le tout miséricordieux d'accueillir notre frère Alioune dans son vaste Paradis a l'ombre de son infinie miséricorde.
Je suis un ancien de l'école marche et je me demande si a un moment donne nous avions joue aux billes ensemble au temps du directeur Ahmed Habott, du maitre Lebatt, de madame Moulay, du surveillant de l'école: Diaw.
De Ahmed "mbourou chocolat."
Je ne sais pas mais votre profil me rappelle vaguement une vieille connaissance.
De toutes les façons professeur, ce qui est sur et certain c'est que je suis l'un de vos lecteurs les plus fidèles. Je nous présente donc mes condoléances à tous deux.
Mohamed ould Hanefi chef département de français Koweït.
Mohamed_hanefi@yahoo.com
Merci Mohamed 0. Hanefi. C'était inattendu, c'était douloureux. Gardons le contact et son souvenir. Merci à toi.
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