Ghazouani eut, hier soir,
Un étrange cauchemar.
Ne pouvant l'interpréter
Par son chef de cabinet
Fit venir, monnaie sonnante,
Une toute veille voyante
"Mon chauve fils, dit-elle
De sa voix de crécelle,
Dans ce songe qu'y a-t-il?"
Il souleva un sourcil
Et tout en re-baillant
Lui dit à tout venant :
"Une foule de marcheurs
Et devant un tirailleur
A voix haute qui disait
"Je l'aurai!, je l'aurai!".
La voyante tétanisée
Le regarda avec pitié
Et lui dit en trompette :
"Porte-t-il une casquette ?
Le rêveur bien effrayé
Répondit sans sourciller :
"Oui madame la voyante"
Et la vieille toute branlante
Faillit son souffle expirer
En disant : "tu dois prier !
Terrible cauchemar :
Aziz revient au pouvoir."
La nouvelle se répandit si vite,
Et ce fut course -poursuite
Les courtisans de la basse-cour
Tinrent un nouveau discours.
"Ghazouani nous a trompé
Il ne faisait que ronfler
Aziz est notre artilleur
Et notre grand marcheur !"
Sitôt dit, aussitôt fait
Le prix, sur le marché,
Des espadrilles tripla
Et personne ne trouva
Raison pour ne pas courir.
Haletant, à en mourir,
De honte et de traitrise
Dans le sillage d'Aziz.
Bel au droit dormant
Tout en re-roupillant
Attend avec angoisse
Que voyante de poisse
Puisse, par pitié, revoir
Son songe d'hier soir
Hélas ! bien avertie
Des choses de la vie,
Des leçons apprises,
Elle court avec Aziz.
Un éclair-coureur Maham,
Rejoignit la bonne femme
Suivi de la flèche Khalil
Qui tendant leurs sébiles
Brossaient sans surprise
Les guenilles d'Aziz.
Aussitôt Ghazouani à terre
Barons et valets de l’UPR
Retournèrent culotte et chemises
Pour courir derrière leur Moise.
Chacun, tout en courant,
Savait bien, cependant ;
Qu’Aziz, aussitôt arrivé,
Lui couperait
le jarret.
Le Président se réveilla en sueur
Et faillit tomber du lit..
« Cauchemar de malheur,
Se dit-il, voilà où j’en suis ! »
Sans attendre mercredi
Et ôtant tout crédit
Au cauchemar sinistre,
Tint Conseil de ministres
Ordre du jour très unique
Pour toute la République :
« Qui suis-je pour vous ? »
Leur dit-il debout.
Aussitôt tous s’écrièrent
Dans un bruit de tonnerre
« vive le chef qu’on courtise,
Vive le président, vive …Aziz ! »
Derrière-lui, à l’entrée, se tenait
Un homme en espadrilles
Qu’acclamait toute une ville
Qui, de travers, le regardait
Le Président se réveilla en sueur
Et faillit tomber du lit.
Le DirCab cloué de stupeur,
La voyante …aussi.
Pr ELY Mustapha
(Les fables du prof qui affabule)
Pr ELY Mustapha
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