Martin Luther King
Policier, demain toi aussi tu plieras l’échine de douleur devant des policiers plus violents que toi.
Demain, tu te courberas sous les coups, lorsqu’en retraité tu manifesteras pour ta pension que des corrompus que tu défends auront mise dans des châteaux en Espagne.
Demain, tes enfants crieront la misère parce que ceux-là mêmes que tu matraquais, étaient venus revendiquer non seulement leurs droits, mais aussi celui de tes propres enfants, dans tous les domaines de l’éducation à la santé.
Demain tu regretteras d’avoir obstrué par tes matraquages les marches de ces citoyens pacifiques qui marchaient pour que face à l’injustice, le pays soit meilleur, pour toi et pour les générations futures.
Pourquoi d’ailleurs attendre demain ? Policier, aujourd’hui, regarde-toi.
Lorsque rangeant ta matraque et ton uniforme au placard de service, tu te retrouves, dans la rue, dans la famille, dans la misère. Lorsque, quittant ce képi ou ce béret derrière lequel tu emprisonnais ta conscience en te transformant en machine à frapper, cette conscience ne te revient-elle pas quand tu subis, en tant que simple citoyen, la frustration, l’injustice et la violence ?
Le kaki, ou le treillis, sont-ils devenus pour toi une drogue, aussitôt revêtus que tu te transformes en violent ?
Mais qui protèges-tu au juste, policier ?
Durant dix ans, tu as protégé des corrompus, et tu as fait couler le sang d’étudiants, de femmes et de d’hommes pour protéger des fossoyeurs de la République qui aujourd’hui sont tous sur les bancs de la justice. Ne devrais-tu pas y être aussi ?
Ne devrions-nous pas t’accuser de forfaiture et nous constituer partie civile contre la police qui a été, durant des décennies, le bouclier de ces corrompus en dispersant par la violence tous ceux qui protestaient. La police n’a-t-elle pas agi contre la volonté de tout en peuple dont les citoyens marchaient contre la corruption, le mal et la misère ?
Policier, tu as été au service de la corruption et de l’injustice. Et cela n’est pas ton rôle, même si on te le fait jouer.
Policier, ton rôle est de défendre le citoyen et de protéger les institutions. Ton rôle n’est pas de violenter le citoyen pacifique et de l’empêcher de défendre ses droits.
Si tu crois que ton malheureux salaire doit justifier ta violence, sache que ce salaire autant que tes matraques, ton gaz, tes armes, tes véhicules, jusque ton uniforme, c’est ce citoyen que tu violentes qui te les fournit. Il te les fournit non pas pour l’agresser, mais pour le protéger. Tu ne remplis donc pas ton rôle. Pire encore ton excès de zèle permanent fait que tu agresses les manifestants de marches pacifiques. Au nom de quel droit, de quels objectifs et de quelles missions ?
Dans toutes les polices du monde, il y a des hommes et des femmes qui sont formés autrement qu’au maniement de la matraque. Une police formée aux objectifs de sa mission et à son importance.
On y trouve des fonctionnaires qui connaissent leur responsabilité et les limites de leur action qu’elle soit préventive, dissuasive ou punitive. En somme, il n’y a pas dans la police que des exécutants imbus du réflexe de violence et qui utilisent leur autorité pour violenter les citoyens.
Et pourtant un tel constat semble ne pas s’appliquer à la police mauritanienne qui use et abuse de ses moyens humains et matériels pour agresser, humilier et maltraiter le citoyen. Cela nous mène à poser la question : avons-nous une police, régie par le droit ou une milice régie par l’omnipotence ?
Comment un corps, équipé, entretenu, payé par le citoyen et mobilisé pour le défendre, le sécuriser et lui porter secours, est devenu un moyen de répression et de violence caractérisée, non pas à l’égard de criminels, qui d’ailleurs lui échappent, mais à l’égard de simples citoyens qui ne font que revendiquer pacifiquement leurs droits ?
Si depuis des années, cette répression dure et si les chefs administratifs de cette police, ainsi que son ministre font la sourde oreille, à une telle criminalité, cela ne peut signifier qu’une chose, qu’il ne s’agit plus de police au sens où on l’entendrait dans un régime républicain, soucieux du droit et des libertés, mais d’une milice organisée qui agit au grand jour et qui est couverte par une totale impunité. Comme ses chefs l’ont été.
Policier mauritanien, tu ne prendras conscience de tes actes et tu ne renonceras à la violence illégitime, que lorsque tu comprendras, que sous les ordres d’inconscients, tu pensais matraquer des citoyens… alors que tu te matraquais toi-même.
Mais d’ici là, tu auras servi encore et encore l’injustice et favorisé la misère…et, ton tour viendra et …tu plieras l’échine de douleur devant des policiers encore plus violents que toi.
Pr ELY Mustapha
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