La Banque Mondiale vient de
démontrer, en février 2020 dans une étude (« "Capture par
l’élite de l'aide étrangère - Preuve provenant de comptes bancaires offshore »), portant
sur un échantillon de 22 pays, que les décaissements d'aide publique et
autres financements pour le développement à la Mauritanie déclenchent des flux
d'argent vers des comptes bancaires étrangers (Paradis fiscaux et autres).
Un train de détournement à grande
vitesse
En Mauritanie, les taux des
détournements augmentent plus rapidement que le taux de croissance du PIB !
Soit quasiment le double. Le TGV des détournements des ressources publiques.
En effet, cette étude montre qu'en Mauritanie, un taux de
croissance trimestriel du PIB de 1.8%, s’accompagne, sur la même période, d’une
croissance de 2,14 % des dépôts dans les paradis fiscaux et une croissance de 2.7 % de
dépôts dans d’autres pays-refuge !
Ainsi, la Mauritanie, figurant en
bonne place dans les statistiques de la Banque mondiale, enregistre un triste record,
à travers les détournements de ses dirigeants vers des comptes-refuges (paradis
fiscaux et autres pays)
Les détournements des dirigeants
mauritaniens sont transférés dans des pays-refuge comprenant les paradis fiscaux
et d’autres pays acceptant les dépôts mais non paradis fiscaux. Dans la première
catégorie on retrouve la Suisse, la Belgique et le Luxembourg et les pays dit de
la catégorie « Jersey » c’est-à-dire l'île de Guernesey, dans les
îles Anglo-Normandes, et l'île de Man. Dans la seconde catégorie on retrouve
les autres pays-refuges l'Australie, le Brésil, le Danemark, la Finlande,
l'Irlande, le Japon, les Pays-Bas, la Suède et les États-Unis.
Un terrible constat !
Dans un échantillon comprenant
les 22 pays les plus dépendants de l'aide dans le monde (en termes d'aide de la
Banque Mondiale) dont la Mauritanie, le constat est terrible : les décaissements de l'aide coïncident, au
cours d’un même trimestre, avec des augmentations significatives de la valeur
des dépôts bancaires dans les paradis fiscaux et autres pays-refuges.
Spécifiquement, dans plus du
quart de ces pays, lorsqu’un de ces pays reçoit une aide équivalente à 1% du
PIB, ses dépôts dans les paradis augmentent de 3,4% par rapport à un pays ne
recevant aucune aide !
Ainsi en moyenne sur la période de
l’échantillonnage des dirigeants mauritaniens ont détourné en moyenne 32
millions de dollars mis en dépôts dans les Paradis Fiscaux et 150
millions de dollars mis en dépôts hors paradis fiscaux dans des
pays-refuges.
Bénéficiaires : les
politiciens et les bureaucrates au pouvoir
Les experts de la Banque Mondiale
notent : « il est presque certain que les bénéficiaires de l'argent
qui circule dans les paradis au moment des décaissements de l'aide
appartiennent à des élites économiques. Des recherches récentes utilisant des microdonnées
provenant de fuites de données et d'amnisties fiscales montrent que les comptes
bancaires à l'étranger sont extrêmement concentrés au sommet de la distribution
de la richesse. En revanche, les segments les plus pauvres des pays en
développement n'ont souvent même pas de compte bancaire national (Banque
mondiale, 2017) et il est tout à fait invraisemblable qu'ils contrôlent les
flux d'argent vers les paradis.
S'il est plus difficile
d'identifier le mécanisme précis par lequel les entrées d'aide provoquent des
sorties de capitaux vers les paradis, la capture de l'aide par les politiciens
et les bureaucrates au pouvoir est une question saillante et plausible.
-
Premièrement, cela peut
expliquer pourquoi la piste mène à des paradis plutôt qu'à des non-paradis : si
l'argent provient de la corruption et du détournement de fonds, nous ne
devrions pas être surpris de le voir couler vers des pays ayant des
juridictions dotées d'institutions juridiques mettant l'accent sur le secret bancaire.
-
-
Deuxièmement, cela peut
expliquer pourquoi nous observons une forte et immédiate augmentation des
dépôts au cours du trimestre de décaissement sans augmentation au cours des
trimestres suivants : dans la mesure où les élites politiques détournent l'aide
vers des comptes étrangers, soit directement, soit par le biais de pots-de-vin
des connivences avec des opérateurs du secteur privé, les entrées d'aide et les
sorties de capitaux devraient se produire presque simultanément. » (voir l’étude: intitulée “Elite
Capture of Foreign Aid - Evidence from Offshore Bank Accounts”. Policy Research Working Paper 9150 . World
Bank. February 2020 –Pages 2 et 3). Le rapport est téléchargeable en PDF
sur ce lien : http://documents1.worldbank.org/curated/en/493201582052636710/pdf/Elite-Capture-of-Foreign-Aid-Evidence-from-Offshore-Bank-Accounts.pdf
)
En conclusion,
l’on peut dire que ce n’est là que la partie apparente du siphonage que les
dirigeants mauritaniens font des ressources publiques. Alors faut-il encore
croire en leur bonne foi, en leurs programmes, en leurs promesses ?
Et si une
institution comme la Banque mondiale, partenaire, bailleur de fonds et
comptable de la dette de la Mauritanie, a diligenté une telle étude dont les
résultats sont si dégradants pour les dirigeants mauritaniens, les vrais
comptes, par contre, ne le seront que le jour où le portefaix de toute cette
misère, le peuple, les demandera.
Le fera-t-il ? Lui si croyant,
recherchant le Paradis dans l’au-delà, eux si malfaisants l’on trouvé dans les
paradis fiscaux.
Pr ELY
Mustapha
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