Quand je
promène, mon regard, sur l’actualité de mon pays. Je ne vois, que batailles
pour le pouvoir. Corruption, vindicte, détournement de biens publics. Procès.
Tout est faux et tout est usage de faux. Des présidents qui ont pillé le pays,
des ministres que l’on nomme proportionnellement à leur forfaiture. Des députés
véreux. Des commissions parlementaires de règlement de comptes personnels. Des
ressources nationales que l’on pille et dont les pillards s’affichent
publiquement et occupent souvent de hauts postes de responsabilité.
Quand je vois
mon pays où les investissements sont détournés par des individus qui ne s’en
cachent pas, alors que des milliers de pauvres peuplent les rues, des milliers
de citoyens se meurent fautes de soins et de moyens de subsistance.
Quand je vois que, dans la gestion publique de
mon pays, le vice est devenu vertu. Le mensonge, la traitrise et le
clientélisme des actes ordinaires
. Quand je
vois tant de laxisme, de laisser-aller, de je m’en-foutisme et
d’irresponsabilité, d’incompétence et de culpabilité, je ne peux m’empêcher de
penser à ces pays, dont les dirigeants ont, malgré leurs moyens limités, la
dignité de travailler pour le développement de leur pays. Je pense
particulièrement à un pays qui n’est d’Amérique, ni d’Europe, ni d’Asie, un
pays d’Afrique. Un pays qui nous est proche par la géographie, la culture, les
liens de sang et l’histoire. Un pays qui se désaltère avec nous dans le même
fleuve et qui partage le même destin.
Et POURTANT…
Pourtant, les dirigeants
de ce pays sont aux antipodes des nôtres. Depuis l’indépendance pas un coup d’Etat.
Une Présidence de la République en alternance dans la transparence et la
démocratie. Donnant souvent au monde un
exemple de dignité et de fair-play dans la passation du pouvoir.
Des dirigeants
au service de leur pays et qui mettent ses ressources au service de son
développement.
Alors que dans
mon pays des groupuscules militaro-tribalo-mercantiles mettent le pays en coupe
réglée, en confisquant la sphère politique, à travers un parti qui s’allie au
plus fort, en confisquant l’économie au profit d’une oligarchie commerçante acoquinée
au pouvoir, en confisquant l’investissement au profit d’une nomenklatura
mafieuse qui s’octroie les marchés publics, de gré-à-gré ou par administrateurs
véreux payés au bakchich.
Alors qu’aucune
infrastructure viable n’a été réalisée dans le pays. Des goudrons épais comme une
feuille de papier, recouvrant des monticules de sable, et dont les couches bitumeuses
ont été volées et dont le gravier vendu ailleurs ; des hôpitaux malsains dont les budgets d’infrastructure
ont servi à acquérir des villas et des troupeaux de dromadaires.
Des routes
crevassées de la mort, des projets de réhabilitation de villes entières
détournés, un aéroport ayant couté 20 fois sa valeur réelle, dont les
structures fuient et qui ne voit atterrir que des mouches …faute d’étude de faisabilité
d’étude de projet, de business plan, de projections de rentabilité, de planification
des ressources de l’Etat et de prévisions managériales (technique, administrative
et commerciale).
Un système
éducatif bradé, dont on a vendu jusque les écoles, des universités médiocres
antichambres du chômage, des enseignants défavorisés, aux salaires ridicules,
frustrés jusque dans leur métier. Un désert de savoir et de technologies, où
ceux qui sont censées le promouvoir sont notoirement corrompus et bradent à
tout-va les ressources affectées.
Alors pendant
que dans mon pays, le pouvoir, piétine dans les miasmes de sa turpitude et que
ses pillards lorgnent encore sur ce qu’il reste encore à dévorer…navigant à vue
sans le moindre plan de développement économique et social accroché depuis des
années à une chimérique « Stratégie de lutte contre la pauvreté » et
qui ne sert qu’à justifier la mauvaise conscience de nos dirigeants devant les institutions
financières internationales.
Pendant ce
temps au Sénégal, pays frère, on investit pour le présent et pour l’avenir. La
fierté sénégalaise, s’est traduite en « Plan du Sénégal émergent (PSE »
que les dirigeants du pays exécutent de la plus belle des manières.
Le Plan
Sénégal Emergent (PSE) est une stratégie décennale sur la période 2014-2023, adossée
à une vision, celle d’un Sénégal émergent à l’horizon 2035 à travers trois axes
stratégiques qui sont (i) la transformation structurelle de l’économique et de
la croissance, (ii) le capital humain, protection sociale et développement
durable et (iii) la gouvernance, institutions, paix et sécurité. Le PSE est
porté par un Plan d’Action Prioritaire (PAP), lui-même scindé en deux phases.
La phase 1 (2014-2018) a permis d’enregistrer des résultats satisfaisants dans
l’ensemble des secteurs et cette phase 2 (2019-2023) s’annonce comme une
continuité mais avec une implication plus forte du secteur privé. (
https://www.tresor.economie.gouv.fr/Pays/SN/cadrage-economique
)
Voici, ces dernières
années, les réalisations au Sénégal.
Un aéroport de pointe.
Aéroport international Blaise-Diagne à Diass (AIBD), 5 fois plus grand que l’aéroport
Léopold-Sédar-Senghor. Capacité de traitement de 3 millions de voyageurs par
an, extensible à 10 millions (20 millions à terme), et de 50 000 tonnes de fret,
6 passerelles télescopiques, d’une piste de 3 500 mètres de long et de 75
mètres de large. Une première dans l’espace Asecna, sa piste peut accueillir
l’A 380 ou le B 747. 610 millions d’euros d’investissement.
- Construction de
toute une ville, technologique et moderne : Diamniadio à 30 kms de Dakar,
Avec des écoquartiers sur 200 ha d’espaces verts et de lacs artificiels.
2 milliards de dollars d’investissements
-Une nouvelle
université de pointe l’université Amadou-Mahtar-Mbow, dans la ville
nouvelle, 114 millions d’euros d’investissement.
Un Institut National
du Pétrole et du Gaz (INPG), afin de développer l’expertise nationale et de
favoriser l’emploi des sénégalais et sénégalaises dans les secteurs pétrolier
et gazier.
Smart city,
parc numérique de 26 ha. 70,6 millions
d’euros d’investissement. Le parc devrait générer 35 000 emplois directs et 105
000 emplois indirects. Les applications de gestion informatisée du trafic routier et de la
sécurité et les performances énergétiques seront pilotées à partir des centres
informatiques de cette smart city.
Un train express régional relie à une vitesse de pointe de 160 km/heure, le
centre de Dakar au nouvel aéroport international Blaise Diagne de Diass.- 225
millions d’euros d’investissement.
Lignes express de la société
de bus Dakar avec liaison sans arrêt entre la corniche ouest et Keur Massar, en
grande banlieue est, via l’autoroute à péage (soit 26 km).
Autoroutes reliant les
régions (ex. Saint-Louis, Touba et Mbour)
Constructions de Marchés
modernes d’intérêt national (Sandaga et autres)
Gares pour gros-porteurs
(Diamniadio) boostant les marchés et les commandes privées et publiques.
Pont reliant le
Sénégal à la Gambie (rapprochant Dakar de Ziguinchor) 60 millions d’euros
d’investissement
Puissance électrique doublée, passant de
571 MW à 1 141 MW. La Senelec exporte désormais son excédent au Mali
Coupures d’électricité
bannies sur tout le territoire entrainant une productivité à grande vitesse.
Zone économique
spéciale pour les industries de pointe nationales et internationales créant à terme
50 000 emplois, Le spécialiste chinois du textile C&H Garments, a
mobilisé 25 millions de dollars pour y installer son usine.
IDE (investissements
directs étrangers) en augmentation constante (532 millions en 2017
soit plus de 4,8 milliards de stock)
Alors, vive le Sénégal !
Quelles leçons
pouvons-nous tirer de l’expérience sénégalaise ?
Selon
le ministre délégué en charge du Développement du réseau ferroviaire, Abdou
Ndéné Sall : « Aujourd’hui, il est prouvé que c'est par la confiance
que l'on peut attirer les investisseurs publics et privés. C'est pourquoi,
au Sénégal, nous avons un cadre de gouvernance fiable et une stratégie locale
crédible avec le Plan Sénégal Emergent (PSE), le FONGIP, le FONSIS avec un plan
d'exploitation solide permettant de mobiliser les investisseurs publics et
privés pour résoudre les problèmes de ce pays et réduire le gap
infrastructurel» conférence sur les infrastructures organisée par l'Association
des investisseurs américains (MIDA), en partenariat avec la commission
économique pour l'Afrique des Nations Unies (ECA))
Que
retenons-nous de ce constat ?
La
confiance en un pays, en ses dirigeants et leurs actes, est la clef qui ouvre
le chemin du développement. La confiance
en leur volonté de développer leur pays à travers une planification nationale, basée
sur une stratégie crédible mise en œuvre par une gouvernance fiable.
Si
telles sont les conditions du développement et au vu de ce qui précède, ce qui
nous sépare du Sénégal, n’est pas un simple fleuve, mais un torrent de mauvaise
gouvernance.
Pr
ELY Mustapha
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