Depuis le temps que nous avons des députes et autres sénateurs (disparus)
qui représentent des mauritaniens à l’étranger alors que jamais un mauritanien
à l’étranger ne les a élus pour le représenter, ni même entr’aperçu leur
physionomie, ni même discuter d’un quelconque mandat représentatif en son nom…
Depuis que les gouvernements
successifs en Mauritanie ont ignoré les compétences mauritaniennes à
l’étranger pour louer et sous-louer pour des milliards, des experts et autres conseils alors que les
administrations, les entreprises, les universités, les centres de recherche,
les laboratoires et les organisations internationales
intègrent les compétences de notre diaspora à l’étranger, nous en sommes encore
à se demander en 2019… « comment associer la diaspora mauritanienne au
développement du pays » !
Sans douter aucunement de la bonne foi et de la volonté du Ministre des
affaires étrangères, de la coopération
et, qui s’est vu rattacher au
portefeuille cette mission des mauritaniens de l’extérieur, il est temps de se
dire qu’il ne s’agit pas d’un
« slogan » mais d’une véritable mécanique qui se doit d’être mise en
place avec ses modalités , ses procédures, ses moyens financiers et sa
politique propre définie dans une stratégie supportée par un plan d’action
effectif doublé d’indicateurs réels (d’objectifs/résultats), d’efficacité ,
d’efficience et de performance.
REJETER LES PREJUGES SUR LA DIASPORA
On ne s’associe pas une compétence mauritanienne
de l’étranger que si les modalités de son intervention sont définies et
pourtant cela ne demande qu’une volonté de faire. Et pour cela il faut d’abord
au-delà de la mise en de la mécanique citée, lever les préjugés et les idées
préconçues sur le recours aux compétences mauritaniennes par leur pays.
-
Premier préjugé : la compétence mauritanienne
de la diaspora vient pour « remplacer » ou prendre la place d’une compétence
existante (« le syndrome du fauteuil »)
-
Deuxième préjugé : la compétence
mauritanienne à l’étranger est dans une situation d’urgence pour venir travailler
en Mauritanie ;
-
Troisième préjugé : Les compétences de la diaspora recherchent des
postes politiques ou des emplois permanents ou stables ;
-
Quatrième préjugé : les compétences
mauritaniennes peuvent être associées à n’importe quelle politique de
développement.
Il faut savoir que s’il y a, il est
vrai, un élan d’une frange de la
diaspora mauritanienne qualifiée, travailleuse et bien intégrée à l’étranger
pour rejoindre le pays, ce n’est nullement par volonté d’investir
l’administration mauritanienne, ses entreprises et ses postes décisionnels (ce
qu’elle pourrait brillamment faire et gérer avec la plus grande science du
savoir et du savoir-faire acquis dans les pays les plus avancés socialement
technologiquement et scientifiquement) , mais c’est qu’elle a cette attache au pays de naissance au
développement duquel elle voudrait contribuer .
C’est autant dire qu’autant le pays a besoin de sa diaspora que celle-ci a
besoin de lui.
Maintenant au-delà des déclarations d’intention, qu’est-ce qui pourrait
être fait ?
Simplement bien définir ce que contient le mot « associer ». Il
comprend plusieurs facettes, malheureusement seule la facette poste permanent
est communément perçue au nom des préjugés précités.
Il faut lever cette vision erronée,
nos experts à l’étranger n’auront jamais ni les émoluments, ni les avantages,
ni le confort, ni les commodités, ni les moyens, les outils et les
infrastructures d’appui à eux et à leurs familles (santé, scolarité,
opportunités d’emploi et d’investissement etc..) qu’ils ont à l’étranger s’ils
revenaient en Mauritanie ; ni même
l’estime due et la reconnaissance qu’ils ont acquises auprès de leur
environnement social et professionnel par un travail de dizaines d’années dans
le pays où ils se trouvent.
Revenus en Mauritanie, ils seront de
parfait inconnus que l’on n’appréhendera que difficilement (professionnellement
et matériellement) à la mesure de leur importance. Alors ?
Revenir pour quoi faire, si tout cela n’est pas compris, apprécié à sa
juste valeur et si les mesures ne sont pas prises pour que
« l’association », soit une réussite de coopération, d’assistance et
pourquoi pas, à terme, de réintégration.
ASSOCIER : comment ?
Ainsi le processus « associer » se doit d’être compris. Pour
faire bénéficier le pays de l’apport de sa diaspora (tant sur le plan technique
que celui de l’investissement), un premier type d’association peut se faire
efficacement et avec souplesse. En effet
cette association peut se faire par :
Des missions d’experts invitées pour :
-
Renforcer les capacités des ressources humaines du
pays (formation académique et professionnelle) dans différents secteurs de
développement en Mauritanie.
-
Réaliser un appui technique aux autorités
nationales dans les domaines spécialisés et pointus du développement (maitrise
des techniques et des technologies, acquisition de savoir et de savoir-faire
scientifiques).
-
Assister la définition de stratégies de développement
et de plans d’action opérationnels basés sur les connaissances avancées et
l’expérience acquise dans d’autres pays
-
Conseiller et assister dans les domaines avancés
du développement économique et financier
-
Relayer les expériences et les acquis d’autres
pays pour les traduire en réalisation de développement en Mauritanie (sur le
plan du développement social et humain)
La diaspora comprend des experts hautement qualifiés ayant longtemps vécu
dans des pays industrialisés et qui peuvent servir de relais et d’introduction
aisée et facilitée auprès de ces pays pour l’association, le partenariat et
l’investissement dans tous les domaines.
NE PAS REINVENTER LA ROUE ET GAGNER DU TEMPS
Le terme « association » peut donc prendre une multitude de
facettes toutes au service du pays et de son développement. Mais ce n’est pas
la définition de l’association qui poserait difficulté, ce sont surtout ses
moyens de réalisation et les modalités d’exécution. Pour cela, la volonté
actuellement exprimée par le gouvernement doit s’accompagner de mesures
effectives ; à savoir mettre en action la mécanique que l’on a cité plus
haut.
Ce qui rassure c’est que le gouvernement mauritanien n’aura pas à
réinventer une approche « d’association de la diaspora au
développement », c’est une thématique depuis longtemps débattue dans les
sphères intellectuelle et expérimentée sur le terrain par des dizaines de pays,
c’est pourquoi nous proposons au gouvernement mauritanien, et tout décideur,
pour gagner du temps, de prendre connaissance de l’importante étude téléchargeable
sur le lien qui suit :
https://www.migrationpolicy.org
› publications › thediasporahandbook_french
Cette étude est intitulée : “comment associer les diasporas au
développement : Manuel à l’usage de décideurs et praticiens dans les pays
d’origine et d’accueil » (Organisation internationale pour les migrations
–OIM et Migration Policy Institute –MPI)
Associer la diaspora mauritanienne au développement du pays, est donc bien possible
et souhaitable.
Mais cela reste tout autant qu’une question de conviction, une volonté
d’action.
Pr ELY Mustapha
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