jeudi 3 novembre 2016

Lettre à ceux qui veulent succéder à Aziz: sans poches pleines pas de place au pouvoir.


Tous ceux qui arrivent au pouvoir en Mauritanie, et qui veulent y rester s’empressent de s’enrichir. Ce sont des voleurs mais des voleurs avertis. Ils savent que nul ne peut accéder au pouvoir ni y rester sans avoir les poches pleines. De ce point vu, ceux qui dirigent, à coups d’Etat, la Mauritanie depuis 1978, ont tout compris : pour rester au pouvoir il faut en avoir les moyens. Et il faut tant qu’on est au pouvoir, les accumuler.

Ils ont compris que l’électeur mauritanien est par essence un électeur du ventre. Et que l’intelligentsia mauritanienne n’est point insensible au froissement des billets et aux avantages en nature.
Si le régime d’Aziz, comme les précédents qu’il a servis, se caractérise par des détournements de biens publics tous azimuts et par des responsables à tous les niveaux, qui, en toute impunité courent les rues et partagent leurs pécules avec qui de droit, c’est parce que la seule voie d’accès au pouvoir en Mauritanie (et d’y rester) c’est d’être riche.

Riche pour se payer les notables, les tribus, les intellectuels véreux, les gradés de l’armée et de la police, les fonctionnaires, les commissionnaires des marchés publics, les attentistes, les opportunistes de salon, les expectants aux nominations, les prêts-à-se dévoyer, les me-voici-malléables- corvéables- à-merci.

 Le pouvoir engrange, à travers les multiples canaux de l’autorité dont il dispose, sur les finances et les ressources du pays, les moyens matériels et monétaires de sa pérennité.

Machiavélique, il sait que tout un peuple appauvri tendant la main, ne suivra que celui qui pourra y déposer une obole, de quoi subsister. Appauvrir un peuple jusqu’à demander l’aumône, pour mieux acheter sa liberté au prix dérisoire.

Ne nous méprenons pas sur ces procès-bidons de personnalités, aux quatre coins du pays, qui détournent les biens publics. Ce n’est qu’une mascarade ; car ceux qui détournent les milliards savent qu’ils seront impunis car ils connaissent avec qui les partager.

Alors ne nous méprenons pas si le pouvoir en place - fort des ressources du Trésor public et des revenus confisqués de la Nation- mette en marche sa machines de zombies fonctionnant aux rétributions et autres nominations.

 Un porte-parole-zombie qui parle comme du papier à musique, des ministres-zombies qui vendent leur âme pour un mandat indu et qui jouent un jeu faustien si macabre que le Diable lui-même n’en voudrait plus.

Autant dire que les régimes successifs en Mauritanie ont compris face à la misère morale et matérielle, tout s’achète. Alors ils abrutissent le peuple, en achetant l’obscurantisme et en vendant écoles, en promouvant le mercantilisme morbide et en détruisant les valeurs sociales.

Ils jettent des générations dans l’indigence intellectuelle et matérielle pour les trainer ensuite par le cordon de leur bourse.

Alors tous ceux qui veulent accéder au pouvoir doivent savoir que la seule voie de salut est de jouer dans la Cour des riches potentats qui actuellement squattent le pouvoir ; et pour cela, il faut en avoir les moyens financiers et matériels.

Le peuple avilit ne répond plus aux idéaux, mais à l’appel du ventre. Que ceux qui comptent  sur les distinctions internationales pour faire comprendre au peuple leur juste cause, que ceux qui pensent qu’être constitué en parti leur ouvre la voie du pouvoir,  que ceux qui ont de nobles idéaux à faire valoir pour briguer le pouvoir doivent savoir que personne n’en a plus cure.

Ce qu’il faut pour lutter pied-à-pied avec le pouvoir aux prochaines élections, c’est la capacité de mettre en œuvre des moyens financier similaires sinon plus importants.

Acheter les tribus, les notables, les religieux, les fonctionnaires, le patron et la ménagère, l’officier supérieur et le BASEP.

Aucun chef de tribu ne résisterait aujourd’hui à la remise d’un « troupeau » de tout-terrains flambant neufs et de ressources pour creuser une dizaine de puits. Aucun notable phagocytant des postes indus ne refusera de monnayer ses prérogatives contre le sonnant et le trébuchant au bénéfice de sa personne. Quant à l’intelligentsia mauritanienne, elle comprend comme on le sait une frange prête à sauter dans le premier chaudron monétaire qu’on lui présenterait.

Alors les marches de l’opposition clamant sous le soleil des idéaux et des valeurs galvanisent ceux qui y sont sensibles mais ils le suivent jusqu’à ce qu’ils trouvent le « juste prix » de leur renonciation à les défendre. En Mauritanien ; à travers les régimes militaires corrompus qui ont corrompu toute une société, les valeurs sociales sont devenue monétaires et l’idéal s’est transformé en refuge auprès de celui qui pourrait assurer la pitance et le couvert.

Alors, au lieu de penser à marcher à tout vent clamant des idéaux, l’opposition doit regarder vers trésorerie et l’évaluer ; car la vraie bataille électoral en Mauritanie, n’est ni idéologique, ni idéelle, ni même de principes c’est un bataille de la Bourse et des nantis.

Ceux qui croient que le militantisme en savates et guenilles, même organisé en partis et le militantisme à la rhétorique enflammée pour galvaniser les foules, permettront d’accéder au pouvoir, sont des perdants d’avance.  

La formule pour accéder au pouvoir en Mauritanie est la suivante : Combien de millions (de milliards) d’ouguiyas (X) je dispose pour « m’allier » un nombre suffisant d’électeurs (Y) me permettant d’accéder au pouvoir par les urnes (Z). Tout l’art de la politique du ventre ici est d’optimiser le rapport entre Y (notables influents) et X (le budget comparé au budget concurrent) pour remplir les urnes (Z).

Cette formule est basée sur les postulats suivants :
  • -          Aller aux élections sans argent est un ridicule ….électoral
  • -          Les notables et autres espèces argentées ne sont sensibles qu’à la monnaie fiduciaire.
  • -          L’idéal social, patriotique, national etc. équivaut, dans cette formule, à zéro (il annule la multiplication des efforts et neutralise leur addition)
  • -          Les militaires qui appuient le détenteur du pouvoir (actuel et futur) conçoivent leurs privilèges comme des barbelés : qui s’y frotte s’y pique. Seul des privilèges plus « privilégiant » les feront ramper sous les barbelés (exercice militaire fréquent depuis les coups d’Etat).

En définitive, si aucun parti politique mauritanien n’a les moyens de faire une campagne électorale d’abondance (et de bombance) comme le feront les potentats du pouvoir qui ont pillé l’Etat depuis 1978, et plus récemment encore, qu’il aille se convertir dans les œuvres charitables.
Si le vote du Mauritanien était un vote basé sur un militantisme idéologique ou sur une conviction d’un idéal que pourrait représenter n’importe quel citoyen à ses yeux, croyez-vous que des militaires putschistes successifs auraient été plébiscités durant des dizaines d’années par des votes « populaires » ?

Allons donc !  Pour gagner les élections en Mauritanie, il faut soit avoir les poches pleines…soit avoir la force de son côté. Un trésor (public) …ou un Bataillon (de préférence ASEP).
Une opposition pauvre, ne représente qu’une chose aux yeux du peuple : elle lui renvoie l’image de sa propre misère….et il est vrai qu’elle y est (par ses compromissions, sa faiblesse et ses divisions) pour quelque chose.

Alors en matière électorale pour les électeurs du ventre la sagesse populaire (celle qui arrange) est plus que de mise : un tien vaut mieux que deux tu l’auras.
Aller aux élections les poches pleines vaut mieux que d’y aller les musettes pleines de principes ; les secondes ne peuvent payer ce que les premières peuvent acheter….dans un pays où les valeurs sociales sont fiduciaires.

Pr ELY Mustapha

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Poésie de la douleur.