Phagocytose
La stratégie d’Aziz est celle de la « terre
brulée». Elle consiste à saper devant tout mouvement qui se crée, la
possibilité de progresser et de se développer. Et cela en lui enlevant ses
moyens, en les corrompant ou en les attirant à lui.
Cette politique est à la base d’une stratégie
militaire qu’Aziz à redéployée dans le monde politique.
« La politique de la terre brûlée est une
tactique consistant à pratiquer les destructions les plus importantes
possibles, impliquant, en cas de conflit militaire, de détruire ou d'endommager
gravement ressources, moyens de production, infrastructures, bâtiments ou
nature environnante, de manière à les rendre inutilisables par l'adversaire.
Cela peut concerner une tactique offensive, consistant à ravager les
territoires de l'adversaire afin de l'empêcher de reconstituer ses forces ou de
trouver un refuge, ou bien une tactique défensive consistant, face à une armée
d'invasion, à se déplacer ou à se retirer (retraite) en détruisant ou en
brulant tout derrière soi (habitations, récoltes, bétail, routes, ponts, moyens
de communications et de production), afin d'ôter à l'ennemi toute possibilité
de ravitaillement.
Au sens figuré, cette expression désigne
aussi l'attitude d'une personne qui, risquant de perdre face à un adversaire,
saccage la place que celui-ci s'apprête à prendre afin de minimiser ses gains
et de gêner toute progression ultérieure. »
[1]
Les exemples sont à ce propos fort illustratifs
depuis l’arrivée d’Aziz au pouvoir et amplement relayés par les médias. Pour
les islamistes (I), le mouvement du 25 février (II),
le mouvement estudiantin (III), l’opposition (IV)
c’est la même stratégie.
I) L’assagissement des intégristes : La raison
sans raison
L’on se rappelle la volonté du pouvoir de ramener
à la « raison » les intégristes emprisonnés en leur envoyant les oulémas en
prison et en leur dispensant des montants financiers en contrepartie de leur
renoncement à leurs activités. Aziz pensant ainsi récupérer le mouvement
intégriste en amadouant certains de ses membres virulents. Sur ce plan, l’échec
a été cuisant. Refusant sa « raison » ils ont été expédiés dans un coin du
désert au mépris de tous les principes des droits de l’homme. N’ayant pu les «
phagocyter », il s’en est débarrassé.
II) Le mouvement du 25 février : manipuler
pour diviser
Lorsque les jeunes mauritaniens, à l’instar de
ceux de la sous-région se révoltèrent, Aziz trouva le moyen de les diviser à
travers des jeunes recrutés à cet effet et qui se constituèrent en « partis »
soutenant Aziz et dénigrant le mouvement, allant même jusqu’à s’identifier
faussement à d’anciens membres de ce mouvement pour entrainer son éclatement.
La politique de la terre brûlée, a consisté à mobiliser une partie de la
jeunesse désœuvrée et intéressée pour contrer une autre qui menace son régime.
La première a été présentée comme le véritable moteur du mouvement du 25
février entrainant ainsi des difficultés de déploiement pour ce dernier.
III) le mouvement estudiantin : nommer pour
neutraliser
Lorsque le mouvement revendicatif s’est amplifié
à l’université, Aziz s’est aussitôt entouré d’un recteur et d’un étudiant
dirigeant d’un des mouvements. Le premier fut nommé chef de cabinet, le second
conseiller au cabinet. Ces deux “nommés” firent un travail de fond pour assagir
le mouvement dont on n’entend plus guère parler aujourd’hui. Aziz a pris les
devants en intéressant des acteurs du mouvement.
IV) L’opposition : diviser pour régner.
Si, aujourd’hui et à juste titre, un bon nombre
de partis de l’opposition crie au « scandale et à la trahison », c’est parce
que Aziz a su phagocyter certains partis pour assoir ses desseins de pouvoir
(sinon à quoi servirai le « piège à merles » du dialogue ?).
L’accord tacitement signé, avec Boidiel et autres
compères (dont Ould Boulkheir) n’aurait d’autres objectifs que de mettre en
quarantaine le reste de l’opposition et fortifier le pouvoir du général.
C’est un accord qui n’est que l’expression de la
politique de la terre brûlée : diviser l’opposition et la priver de ses moyens
dont le premier est son unité face au pouvoir. Sans unité et divisée à propos
d’un accord, l’opposition sombre dans les chamailleries et les coups bas. Et
cela arrange le pouvoir. Il en profite à travers le temps qu’il gagne
(continuant ainsi à « gérer » le pays) et à jouer « l’arbitre » du match qu’il
a gagné d’avance. La diversion (technique très militaire) est alors au
rendez-vous : éparpiller l’attention et les efforts (« dissolution du
Sénat », « provocation des harratines », « dialogue au
compte-goutte », « déclarations provocatrices de ministres en service
commandé» etc.)
Quel est l’instrument de cette stratégie de la «
terre brûlée » ? Simplement la «
phagocytose ». Connue dans le monde cellulaire, la « phagocytose » est une
forme de capture d’éléments à détruire se trouvant dans le milieu ambiant. Soit
que ces éléments menacent l’organisme soit qu’il s’en nourrit.
Depuis l’arrivée d’Aziz au pouvoir, son régime ne
fait que « phagocyter » les mouvements, les biens et les personnes. Il happe
tout mouvement partisan ou populaire qui le menace, et produit immédiatement
son contraire (partis et jeunesse manipulés) pour le neutraliser, il
s’approprie les biens de l’Etat (à travers les privilèges qu’il octroie à ceux
qu’il phagocyte) et immobilise les personnes qui le contredisent (à travers son
système judiciaire et pénitentiaire).
Pr ELY Mustapha
[1] Wikipédia
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